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4. Résultats

4.3. Niveau d’accessibilité

4.3.1. Approvisionnement

4.3.1.1. Approvisionnement pour la maladie cœliaque

Afin de bien vivre avec la maladie cœliaque et d’avoir une alimentation équilibrée, les cœliaques doivent évidemment suivre la diète sans gluten qui implique de grands changements dans leur alimentation et leur approvisionnement en aliments. Les cœliaques ont maintenant la possibilité de ne pas seulement vivre en cessant de manger tous les

produits contenant du gluten, mais d’aller chercher les substituts sans gluten de ces produits, comme le pain sans gluten, les pâtes sans gluten, les céréales sans gluten et les muffins sans gluten, pour n’en nommer que quelques-uns. Les réponses des participants cœliaques, sur ce sujet, sont plutôt variées. Il y a premièrement Sophie qui, avec le temps, a fini par trouver son pain sans gluten préféré. Elle en a essayé plusieurs et elle trouve que la plupart ne sont vraiment pas très bons. Son amie Caroline remarque les produits sans gluten lorsqu’elle va à l’épicerie. Elle est contente pour Sophie parce qu’elle voit qu’il y a plus de produits sans gluten maintenant et qu’ils sont plus faciles à trouver. Aussi, elle trouve qu’il y a de plus en plus de variété dans les produits sans gluten.

« Il y en a beaucoup à celui où je travaille, au Complexe Desjardins. Il y a beaucoup de rangées avec des barres tendres, etc., et il y a une section dans les aliments naturels congelés. Il y a plein de trucs, de la pizza, du pain. Je n’ai pas remarqué s’il y a du Glutino, mais il y a vraiment beaucoup de variété. » (dit par Caroline, dans entrevue Sophie 2010)

Ensuite, il y a Laura qui, dans les débuts de la diète sans gluten, a eu de la difficulté au niveau de l’approvisionnement. Elle ne mangeait pas varié, elle avait coupé beaucoup d’aliments de sa diète parce qu’ils contenaient du gluten, mais n’allait pas chercher leur équivalent ou leur substitut sans gluten. Aussi, elle mangeait presque uniquement des produits sans gluten à base de riz et il y a plusieurs produits qu’elle ne pouvait pas acheter parce que ça coûtait trop cher. Elle est partie vivre à Halifax et là, elle a retrouvé un équilibre et a trouvé que c’était plus facile de s’approvisionner en sans gluten là-bas, que ça coûtait moins cher et que les aliments étaient meilleurs. Ayant habité à Ottawa, Montréal et Halifax, elle trouve que c’est plus difficile de vivre sans gluten à Montréal que dans les deux autres villes. Ses voyages lui ont confirmé que ce ne sont pas toutes les villes qui s’équivalent dans l’accès aux produits sans gluten, mais elle n’a aucune idée de ce qui

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explique ça. Maintenant, elle cuisine beaucoup avec son conjoint et tient un blogue de cuisine sans gluten. Les seuls aliments sans gluten qu’elle aimerait manger et ne réussit pas à faire sont les croissants et les bagels (entrevue Laura 2011).

En ce qui concerne Dominique, elle était complètement découragée après sa rencontre avec la nutritionniste, lorsqu’elle a appris qu’elle était cœliaque. Elle croyait, à cause de ce que la nutritionniste lui avait dit, qu’elle serait obligée de passer tous ses temps libres à cuisiner.

« Elle avait la maladie cœliaque et elle était, selon moi, vraiment freak. Elle faisait vraiment tout de A à Z sa bouffe. Elle n’achetait même pas les produits sans gluten parce que ça pouvait être contaminé. C’est un peu… tu te fais dire ça et ça te fait « Whoa ». Tu te dis : « Je vais passer combien d’heures à me faire de la bouffe chez nous ? » » (entrevue Dominique 2010) Ses premières épiceries ont été difficiles aussi. Avec le temps, elle a fini par connaître les ingrédients qu’elle devait repérer et les produits qu’elle pouvait consommer. Donc, maintenant, elle n’a plus besoin de tout vérifier comme au début. La mère de Dominique achète des produits sans gluten afin de pouvoir la recevoir sans problème. Au début de la diète sans gluten de Dominique, il était plus facile pour sa mère de trouver des bons produits sans gluten à la campagne qu’en ville. Les choses ont changé et Dominique trouve que c’est plus facile maintenant de trouver des produits sans gluten en ville. Aussi, elle considère qu’il y a plus de variété qu’avant, que les produits ont meilleur goût, une meilleure texture et que ce sont souvent des produits locaux. Elle voit aussi que la population générale connaît plus la maladie cœliaque qu’il y a quelques années. Les gens en ont, en général, déjà entendu parler un peu, alors qu’avant ça leur était complètement inconnu. Le coût, par contre, reste toujours aussi élevé qu’avant, c’est-à-dire environ le double du prix de produits « normaux ». Elle dit que puisqu’elle cuisine beaucoup et sort

moins souvent au restaurant, ça revient environ au même dans son budget, mais que c’est lorsqu’elle n’a pas envie de cuisiner et qu’elle achète des plats préparés sans gluten que ça coûte très cher (entrevue Dominique 2010).

Catherine a surtout parlé du fait qu’elle a trouvé qu’il était difficile de s’approvisionner en produits sans gluten en voyageant. Un peu comme Laura, elle remarque qu’il est plus facile ou plus difficile à certains endroits de dénicher des produits sans gluten et qu’aussi, la réglementation sur l’étiquetage, étant différente ailleurs, influençait grandement les achats qu’elle faisait. Lorsqu’il est inscrit sur un produit qu’il peut contenir du gluten, elle n’en achète pas et dans certains pays, la réglementation fait en sorte que beaucoup de produits possèdent ce type de mention. Elle a même vu des produits qui sont naturellement sans gluten et qui avaient la mention « peut contenir du gluten », comme du tapioca : « C’est qu’il y a des philosophies comme quoi tu devrais seulement acheter ce qui est étiqueté sans gluten. (…) Quand c’est écrit « riz sans gluten » tu te dis : « Non, mais sérieusement là ? ». » (entrevue Catherine 2010)

La famille de Monique trouve quand même difficile de changer ses habitudes alimentaires. Pendant 14 ans, le pain n’était pas un aliment problématique pour la famille, alors que plusieurs autres aliments l’étaient et maintenant tout le monde doit faire attention à ses miettes de pain à cause de la maladie cœliaque de Monique. Elle prépare la plupart des repas de la famille, donc elle fait toujours des repas sans noix et sans gluten. Elle achète des aliments contenant du gluten pour le reste de la famille, mais évidemment pas pour elle. Elle trouve que les produits sans gluten coûtent cher et elle a de la difficulté à ajuster sa manière de cuisiner. Avant, elle trouvait que c’était simple de recevoir les gens avec un gâteau sans noix, mais maintenant il faut que ce soit un gâteau sans noix et sans gluten et la

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partie sans gluten est la plus difficile à réaliser. Aussi, Monique et sa famille vivent au Nouveau-Brunswick pendant l’été et Monique doit tout apporter d’avance pour faire le trajet, parce qu’il n’y a rien qu’elle peut manger sur la route. Donc, ça lui fait plus de planification et une grosse facture d’épicerie avant le départ. Par rapport aux allergies de son fils Étienne, l’approvisionnement en voyage n’a jamais été aussi difficile que ça l’est pour la maladie cœliaque (entrevue Monique 2011).

4.3.1.2. Approvisionnement pour les allergies alimentaires

La réalité de l’approvisionnement n’est pas du tout la même pour les personnes allergiques que celle des cœliaques. Cela provient, entre autres, du fait que les allergies alimentaires concernent une variété d’aliments et que les gens sont majoritairement allergiques à un ingrédient unique, mais il arrive aussi que leurs allergies soient parfois cumulées. Donc, la situation ne se négocie pas de la même façon. Il n’y a pas, par exemple, une gamme de produits alimentaires « sans allergène ».

Ainsi, malgré ses allergies alimentaires multiples, Lucie dit ne jamais avoir eu de difficulté à s’alimenter et à s’approvisionner en nourriture. Lorsqu’elle était enfant, elle n’a jamais eu l’impression que c’était compliqué non plus, mais il est certain que la tâche revenait plutôt à ses parents. Maintenant, c’est beaucoup son conjoint qui fait l’épicerie, mais il connaît généralement bien ses allergies alimentaires. Il lui arrive de ne pas être certain d’un produit qu’il vient d’acheter. Alors, il le dit à Lucie et elle vérifie tout de suite les ingrédients du produit. Ainsi, ce n’est pas l’approvisionnement qui peut tellement poser problème dans le cas de Lucie, mais plutôt la capacité à composer des menus qui ne contiennent aucun des aliments auxquels elle est allergique (entrevue Lucie 2011).

En ce qui concerne François, il affirme qu’il n’a aucune difficulté par rapport à son approvisionnement en nourriture. Il dit qu’il ne s’abstient pas automatiquement de consommer des produits étiquetés comme pouvant avoir été en contact avec des arachides. Il affirme que l’on retrouve cette mention souvent sur le chocolat noir et qu’il ne croit pas qu’il y a eu de contact avec des arachides, donc il en mange. Il pense que les entreprises mettent cette mention majoritairement pour se protéger d’éventuelles poursuites judiciaires. Il mentionne qu’il ne va pas souvent dans les magasins de produits naturels parce que c’est plus difficile de trouver des produits sans arachide là-bas qu’ailleurs parce que, selon lui, ce type de magasin vend beaucoup de produits contenant des noix (entrevue François 2010).