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Chapitre 6 – Discussion

4. Quels sont les obstacles et les facilitateurs à l’atteinte de la sécurité alimentaire

6.5. Difficultés et limites de l’étude

L’un des plus grands défis - et aussi l’une des plus grandes limites - de cette étude a été le recrutement des participants. En plus de devoir composer avec un échantillon non aléatoire

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avec les organismes ayant accueilli les réfugiés syriens a été plus compliquée que prévu, comme discuté précédemment. Il est probable que le long délai (trois ans) qui s’est écoulé entre l’arrivée « massive » des Syriens et notre recherche ait nui au recrutement des réfugiés auprès des organismes étant donné la sur sollicitation et l’importante médiatisation des réfugiés syriens au Québec et au Canada. Il est aussi possible que le moment choisi pour la collecte de données, soit l’été, n’ait pas été optimal pour les travailleurs communautaires étant donné les vacances de certains employés. Pour ce qui est des organismes ou des organisations de parrainage qui ont refusé de nous mettre en contact avec les réfugiés syriens étant donné le thème de l’étude, cela peut démontrer la pertinence de celle-ci, puisque la sécurité alimentaire des réfugiés syriens ne semble pas d’emblée être une préoccupation pour les organismes qui les accueillent et cela pourrait se refléter dans les programmes et activités associés à cette problématique. Ces défis de recrutement ont alors mené à un échantillon quantitatif plus petit que prévu et la stratification de celui-ci a également été affectée (trop de RPCE par rapport aux RPSP). Cela rend alors difficiles les analyses statistiques permettant d’effectuer des associations entre différentes caractéristiques et l’insécurité alimentaire.

Ensuite, notre étude comporte également des limites en ce qui a trait aux outils. Au niveau quantitatif, avoir recours au MESAM comme outil de mesure de l’insécurité alimentaire confère un avantage évident à notre étude puisque cela permet une comparaison plus facile avec les données canadiennes. Toutefois, l’outil possède tout de même certaines limites. Parmi celles-ci, le fait que l’outil ne considère que l’insécurité alimentaire reliée à un manque d’argent a pour conséquence d’occulter l’insécurité alimentaire reliée, par exemple, aux aspects culturels. En plus des limites de l’outil dans sa forme originale, notons aussi que la traduction de l’outil, bien qu’utilisé auparavant demeure une limite lorsque vient le temps de comparer les résultats aux données canadiennes.

Également, on peut se demander si les questions du questionnaire socio-démographique sont adaptées au niveau culturel. Par exemple, nous avons remarqué que les questions reliées au « principal revenu financier » comportaient un biais culturel, puisque les

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de la famille, peu importe qui gagnait le plus d’argent.

Outre la partie quantitative de l’étude, les questionnaires des entrevues semi-dirigées comportent également certaines limites. Au niveau du questionnaire destiné aux réfugiés syriens, celui-ci comportait très peu de questions par rapport aux habitudes alimentaires des ménages avant et après la migration, informations qui auraient été bénéfiques à l’évaluation de la sécurité alimentaire. Au niveau des entrevues, il a été impossible pour l’intervieweuse d’être suffisamment ferme pour effectuer les entrevues avec un seul participant à la fois, ayant pour impact de rendre certains enregistrements cacophoniques et pouvant aussi causer un biais important quant à l’information offerte par certains participants en présence de leur conjoint(e). De plus, la présence de plusieurs répondants fait en sorte qu’il est impossible d’analyser les résultats par genre. Il est également difficile de faire des associations entre l’entrevue et les données socio-démographiques étant donné les répondants multiples. Dans ce contexte, il aurait probablement été préférable d’avoir deux interviewers qui auraient pu prendre chaque membre de la famille à part lors de la visite au domicile des participants.

Ensuite, bien que d’effectuer les entrevues en arabe ait permis d’atteindre davantage de réfugiés, la traduction subséquente vers le français à des fins d’analyse et de rédaction a été un défi important. Il faut comprendre que la transcription de l’arabe est laborieuse étant donné l’alphabet différent de l’alphabet latin. Dans ce contexte, les personnes responsables de la transcription ont dû transcrire les verbatims directement en français, ce qui peut comporter des lacunes. Malgré tout, les traductions ont été validées entre les traductrices et par le coordonnateur du projet au Québec.

Finalement, il est également possible de soulever certaines limites concertant les entrevues avec les informateurs clés. Les questionnaires comportaient une importante section portant sur les services offerts par l’organisation aux réfugiés syriens. Avec du recul, nous avons réalisé qu’il était difficile d’utiliser cette partie de l’information recueillie puisqu’il était relativement facile d’identifier l’organisme en question. Ces informations ont malgré tout été bénéfiques à notre compréhension de la situation. Un autre aspect auquel nous n’a initialement pas pensé est le fait que plusieurs informateurs clés étaient eux-mêmes des

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questions étaient donc trop complexes en français et il fallait les vulgariser davantage. Également, plusieurs questions se référaient aux aspects politiques de l’accueil des réfugiés, sujets avec lesquels la plupart des participants n’étaient pas familiers. Pour ce qui est des questions sur la sécurité alimentaire, encore une fois, le concept et les questions auraient dû être vulgarisées davantage, puisque certains informateurs semblaient croire que la sécurité alimentaire se référait uniquement au fait d’avoir suffisamment de nourriture pour combler la faim.

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