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DIFFICULTÉS FINANCIÈRES — VENTE DES BIENS DU CLERGÉ

Dans le document La Grande Révolution ( ) Pierre Kropotkine (Page 70-74)

Ce qu’il y avait de plus difficile pour la Révolution, c’est qu’elle devait se frayer son chemin au milieu de circonstances économiques terribles. La banqueroute de l’État restait une menace suspendue sur la tête de ceux qui avaient entrepris de gouverner la France, et si cette banqueroute arrivait, elle amenait une révolte de toute la bourgeoisie aisée contre la Révolution. Si le déficit avait été une des causes qui forcèrent la royauté à faire les premières concessions constitutionnelles, et qui donnèrent à la bourgeoisie le courage de réclamer sérieusement sa part du gouvernement, ce même déficit posa pendant toute la Révolution comme un cauchemar, qui hantait tous ceux qui furent portés successivement au pouvoir.

Il est vrai qu’à cette époque les emprunts d’État n’étant pas encore internationaux, la France n’avait pas craindre que les nations étrangères vinssent, comme ses créanciers, lui saisir d’un commun accord ses provinces, comme ce serait le cas si un État européen en révolution se déclarait en banqueroute. Mais il fallait penser aux prêteurs intérieurs, et si la France avait suspendu ses paiements, c’eût été la ruine de tant de fortunes bourgeoises, que la Révolution eût contre elle toute la bourgeoisie, grande et moyenne, – tout le monde sauf les ouvriers et les paysans les plus pauvres. Aussi l’Assemblée constituante, l’Assemblée législative, la Convention, et plus tard, le Directoire, durent-ils faire des efforts inouïs pendant toute une suite d’années pour éviter cette banqueroute.

La solution à laquelle s’arrêta l’Assemblée à la fin de 1789 fut celle de saisir les biens de l’Église, de les mettre en vente, et de payer en retour au clergé un salaire fixe. Les revenus de l’Église étaient évalués en 1789 à cent vingt millions pour les dîmes, à quatre-vingt millions d’autres revenus rapportés par les propriétés diverses (maisons, biens-fonds, dont la valeur était estimée à un peu plus de deux milliards) et à trente millions environ de contribution, ajoutés chaque année par l’État ; soit 230 millions par an. Ces revenus étaient évidemment répartis de la façon la plus injuste entre les divers membres du clergé. Les évêques vivaient dans un luxe recherché et rivalisaient en dépenses avec les riches seigneurs et les princes, tandis que les curés des villes et des villages,

« réduits à la portion congrue », vivaient dans la misère. Il fut donc proposé par Talleyrand, évêque d’Autun, dès le 10 octobre, de prendre possession de tous les biens de l’Église au nom de l’État ; de les vendre ; de doter suffisamment le clergé (1.200 livres par an à chaque curé, plus le logement), et de couvrir avec le reste une partie de la dette publique, qui se montait à 50 millions de rentes viagères et à 60 millions de rentes perpétuelles. Cette mesure permettrait de combler le déficit, d’abolir le restant de la gabelle et de ne plus tabler sur les « charges » ou places d’officiers et de fonctionnaires que l’on achetait à l’État. En mettant en vente les biens de l’Église, on voulait aussi créer une nouvelle classe de laboureurs qui seraient attachés à la terre dont ils se seraient rendus propriétaires.

Ce plan ne manqua certainement pas d’évoquer de fortes craintes de la part de ceux qui étaient propriétaires fonciers. – «Vous nous conduisez à la loi agraire !» fut-il dit à l’Assemblée. – « Toutes les fois, sachez-le, que vous remonterez à l’origine des propriétés, la nation y remontera avec vous ! » C’était reconnaître qu’à la base de toute propriété foncière il y avait l’injustice, l’accaparement, la fraude, ou le vol.

Mais la bourgeoisie non propriétaire fut enchantée de ce plan. Par ce moyen on évitait la banqueroute, et les bourgeois trouvaient des biens à acheter. Et comme le mot « expropriation » effrayait les âmes pieuses des propriétaires, on trouva le moyen de l’éviter. On dit que les biens du clergé étaientmis à la disposition de la nation, et l’on décida qu’on en mettrait de suite en vente jusqu’à concurrence de 400 millions. Le 2 novembre 1789 fut la date mémorable, où cette immense expropriation fut votée à l’Assemblée par cinq cent soixante-huit voix contre trois cent quarante-six. Contre trois cent quarante-six ! Et ces opposants, devenus dès lors ennemis acharnés de la Révolution, vont tout remuer pour faire au régime constitutionnel et plus tard à la République tout le tort possible et imaginable.

Mais la bourgeoisie, instruite par les encyclopédistes d’une part, hantée d’autre part par l’inéluctabilité de la banqueroute, ne se laissa pas effrayer. Lorsque l’immense majorité du clergé, et surtout les ordres monastiques se mirent à intriguer contre l’expropriation des biens du clergé, – l’Assemblée vota, le 12 février 1790, la suppression des vœux perpétuels et des ordres monastiques de l’un et de l’autre sexe. Elle eut seulement la faiblesse de ne pas toucher, pour le moment, aux congrégations chargées de l’instruction publique et du soulagement des malades.

elles ne furent abolies que le 18 août 1792, après la prise des Tuileries.

On comprend les haines que ces décrets suscitèrent au sein du clergé, ainsi que chez tous ceux – et leur nombre était immense en province – sur lesquels le clergé avait prise ! Cependant, tant que le clergé et les ordres espéraient encore retenir lagestionde leurs immenses propriétés, qui ne seraient alors considérées que comme une hypothèque aux emprunts de l’État, ils ne montrèrent pas toute leur hostilité. Mais cette situation ne pouvait pas durer. Le Trésor était vide, les impôts ne rentraient pas. Un emprunt de 30 millions, voté le 9 août 1789, n’avait pas réussi ; un autre, de 80 millions, voté le 27 du même mois, donna beaucoup trop peu. enfin, une contribution extraordinaire du quart du revenu, avait été votée le 26 septembre, après un discours célèbre de Mirabeau. Mais cet impôt fut immédiatement englouti dans le gouffre des intérêts sur les emprunts anciens, et alors on arriva à l’idée des assignats à cours forcé, dont la valeur serait garantie par les biens nationaux confisqués au clergé, et qui seraient remboursés à mesure que la vente de ces biens ferait rentrer de l’argent.

On peut imaginer les spéculations colossales auxquelles donnèrent lieu cette vente de biens nationaux sur une grande échelle et l’émission des assignats. On devine facilement l’élément que ces deux mesures introduisirent dans la Révolution. Et cependant, jusqu’à présent économistes et historiens sont à se demander s’il y avait un autre moyen pour parer aux besoins pressants de l’État. Les crimes, l’extravagance, les vols, les guerres de l’ancien régime pesaient sur la Révolution. Commencée avec cet immense fardeau de dettes que l’ancien régime lui avait léguées, la Révolution dut en supporter les conséquences. Sous peine d’une guerre civile, encore plus terrible que celle qui se déchaînait déjà – sous la menace de se mettre à dos la bourgeoisie qui, tout en poursuivant ses buts, laissait cependant le peuple s’affranchir de ses seigneurs, mais aurait tourné contre toute tentative d’affranchissement, si les capitaux qu’elle avait engagés dans les emprunts étaient menacés, – placée entre ces deux dangers, la Révolution adopta le plan des assignats, garantis par les biens nationaux.

Le 29 décembre 1789, sur la proposition des districts de Paris (voy. plus loin, ch. xxiv), l’administration des biens du clergé était transférée aux municipalités, qui devaient mettre en vente pour 400 millions de ces biens.

Le grand coup était frappé. Et, dès lors, le clergé, sauf quelques curés de village, amis du peuple, voua une haine à mort à la Révolution, – une haine cléricale, et les Églises s’y sont toujours entendues. L’abolition des vœux monastiques vint encore plus envenimer ces haines. Dès lors, dans toute la France, on vit le clergé devenir l’âme des conspirations pour ramener l’ancien régime et la féodalité. Il resta l’esprit et l’âme de cette réaction que nous allons voir surgir en 1790 et en 1791, et qui menaça d’arrêter la Révolution à ses débuts.

Mais la bourgeoisie lutta et ne se laissa pas désarmer. En juin et juillet 1790 l’Assemblée entama la discus-sion d’une grande question, – l’organisation intérieure de l’Église en France. Le clergé étant maintenant un salarié de l’État, les législateurs conçurent l’idée de l’affranchir de Rome et de le soumettre entièrement à la Constitution. Les évêchés furent identifiés avec les nouveaux départements : leur nombre fut ainsi réduit, et les deux circonscriptions — celle du diocèse et celle du département administratif – furent identifiées. Cela pouvait encore passer ; mais l’élection des évêques fut confiée par la nouvelle loi aux électeurs – à ceux-là mêmes qui choisissaient les députés, les juges et les administrateurs.

C’était dépouiller l’évêque de son caractère sacerdotal et en faire un fonctionnaire de l’État. Il est vrai que dans les anciennes Églises les évêques et les prêtres étaient nommés par le peuple ; mais les assemblées d’électeurs, réunies pour des élections de représentants politiques et de fonctionnaires, n’étaient pas les anciennes assemblées du peuple, des croyants. Bref, les croyants y aperçurent une atteinte portée aux vieux dogmes de l’Église, et les prêtres tirèrent tout le profit possible de ce mécontentement. Le clergé se divisa en deux grands partis : le clergé constitutionnel, qui se se soumit, du moins pour la forme, aux nouvelles lois et prêta serment à la Constitution, et le clergé insermenté, qui refusa le serment et se mit ouvertement à la tête du mouvement contre-révolutionnaire.

Ce qui fit que dans chaque province, dans chaque ville, dans chaque village et hameau la question se posa pour les habitants de savoir s’ils allaient se mettre pour la Révolution ou contre elle ? Par conséquent, les luttes les plus terribles durent être vécues dans chaque petite localité pour décider lequel des deux partis allait prendre le dessus. De Paris, la Révolution fut transportée dans chaque village. De parlementaire, elle devenait populaire.

L’œuvre accomplie par l’Assemblée Constituante fut certainement bourgeoise. Mais pour introduire dans les habitudes de la nation leprincipe d’égalité politique, pour abolir les survivances de droits d’un homme sur la personne d’une autre, pour réveiller le sentiment d’égalité et l’esprit de révolte contre les inégalités, l’œuvre de cette Assemblée fut immense. Seulement, il faut se souvenir, comme l’avait déjà fait remarquer Louis Blanc, que pour entretenir et rallumer ce foyer que représentait l’Assemblée, il fallut « le vent qui soufflait alors de

la place publique ». « L’émeute même, ajouta-t-il, en ces jours incomparables, faisait sortit de son tumulte de si sages inspirations !Chaque sédition était pleine de pensées !» Autrement dit, ce fut la rue, ce fut le peuple dans la rue qui, tout le temps, obligea l’Assemblée à marcher de l’avant dans son œuvre de reconstruction. Mêle une assemblée révolutionnaire, ou qui, du moins, s’imposait révolutionnairement, comme le fit la Constituante, n’aurait rien fait si le peuple ne l’avait poussée, l’épée dans les reins, et s’il n’avait abattu par ses nombreux soulèvements la résistance contre-révolutionnaire.

XXIII. LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION

Avec le déménagement du roi et de l’Assemblée, de Versailles à Paris, se termine la première période, – la période héroïque, pour ainsi dire, de la grande Révolution. La réunion des États généraux, la séance royale du 23 juin, le serment du Jeu de Paume, la prise de la Bastille, la révolte des cités et des villages en juillet et août, la nuit du 4 août, enfin la marche des femmes sur Versailles et leur retour triomphal avec le roi prisonnier, telles furent les étapes principales de cette période.

Avec la rentrée de l’Assemblée et du roi, – du « législatif et de l’exécutif » — à Paris, commence la période d’une sourde lutte entre la royauté mourante et le nouveau pouvoir constitutionnel qui se consolide lentement par les travaux législatifs de l’Assemblée et par le travail constructif s’accomplissant sur les lieux, dans chaque ville et village.

La France a maintenant dans l’Assemblée nationale un pouvoir constitutionnel que le roi s’est vu forcé de reconnaître. Mais s’il l’a reconnu officiellement, il n’y voit toujours qu’une usurpation, une insulte à son autorité royale, dont il ne veut pas admettre la diminution. C’est pourquoi il s’ingénie à trouver mille petits moyens pour rabaisser l’Assemblée et lui disputer la moindre parcelle d’autorité. Et jusqu’au dernier moment, il n’abandonnera pas l’espoir de réduire un jour à l’obéissance ce nouveau pouvoir qu’il se reproche d’avoir laissé se constituer à côté du sien.

Dans cette lutte tous les moyens lui sont bons. Par expérience, il sait que les hommes de son entourage s’achètent – les uns pour peu de choses, les autres à la condition qu’on y mette le prix – et il s’évertue à trouver de l’argent, beaucoup d’argent, en l’empruntant à Londres, afin de pouvoir acheter les chefs de partis dans l’Assemblée et ailleurs. Il n’y parvient que trop bien avec un de ceux qui sont le plus en vedette, c’est-à-dire avec Mirabeau, qui, moyennant de forts paiements, devint le conseiller de la Cour et le défenseur du roi et passa ses derniers jours dans un luxe absurde. Mais ce n’est pas seulement dans l’Assemblée que la royauté trouve ses suppôts : c’est surtout au dehors. Elle les a parmi ceux que la Révolution dépouille de leurs privilèges, des folles pensions qui leur furent allouées jadis et de leurs colossales fortunes ; parmi le clergé qui voit son influence périr ; parmi les nobles qui perdent, avec leurs droits féodaux, leur situation privilégiée ; parmi les bourgeois qui craignent pour les capitaux qu’ils ont engagés dans l’industrie, le commerce et les emprunts de l’État, – parmi ces mêmes bourgeois qui vont arriver à s’enrichir pendant et par la Révolution.

Ils sont très nombreux, ceux qui voient dans la Révolution une ennemie. C’est tout ce qui vivait jadis autour du haut clergé, des nobles et des privilégiés de la haute bourgeoisie : c’est plus de la moitié de toute cette partie active et pensante de la nation qui fait sa vie historique. Et si dans le peuple de Paris, de Strasbourg, de Rouen et de beaucoup d’autres villes, grandes et petites, la Révolution trouve ses plus ardents défenseurs, – que de ville n’y a-t-il pas, comme Lyon, où l’influence séculaire du clergé et la dépendance économique du travailleur sont telles, que le peuple lui-même se mettra bientôt, avec son clergé, contre la Révolution ; que de villes, comme les grands ports, Nantes, Bordeaux, Saint-Malo, où les grands commerçants et toute la gent qui en dépend sont acquis d’avance à la réaction !

Même parmi les paysans qui auraient intérêt à être avec la Révolution, combien de petits bourgeois qui la craignent ; sans parler des populations que les fautes des révolutionnaires eux-mêmes vont aliéner à la grande cause. Trop théoriciens, trop adorateurs de l’uniformité et de l’alignement, et par conséquent incapables de comprendre les formes multiples de la propriété foncière, issues du droit coutumier : trop voltairiens, d’autre part, pour être tolérants envers les préjugés des masses vouées à la misère, et surtout trop politiciens pour comprendre l’importance que le paysan attache à la question de la terre, – les révolutionnaires eux-mêmes vont se mettre à dos les paysans, en Vendée, en Bretagne, dans le sud-est.

La contre-révolution sut tirer parti de tous ces éléments. Une « journée » comme celle du 14 juillet ou du 6 octobre déplace bien le centre de gravité du gouvernement ; mais c’est dans les 36.000 communes de France, dans les esprits et les actes de ces communes que la Révolution devait s’accomplir, et cela demandait du temps. Cela en donnait aussi à la contre-révolution qui en profita pour gagner à sa cause tous les mécontents des classes idées, dont le nom était légion en province. Car, si la bourgeoisie radicale donna à la Révolution une quantité prodigieuse d’intelligences hors ligne (développées par la Révolution même), l’intelligence et surtout la ruse et le savoir-faire ne manquaient pas non plus à la noblesse provinciale, aux commerçants, au clergé, qui tous ensemble prêtèrent à la royauté une force formidable de résistance.

Cette sourde lutte de complots et de contre-complots, de soulèvements partiels dans les provinces et de luttes parlementaires dans l’Assemblée Constituante et plus tard la Législative – cette lutte à couvert dura presque trois ans ; du mois d’octobre 1789 jusqu’au mois de juin 1792, lorsque la Révolution reprit enfin un nouvel élan.

C’est une période pauvre en événements d’une portée historique – les seuls qui méritent d’être signalés dans cet intervalle étant la recrudescence du soulèvement des paysans en janvier et février 1790, la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, le massacre de Nancy (31 août 1790), la fuite du roi, le 20 juin 1791, et le massacre du peuple de Paris au champ de Mars (17 juillet 1791).

Nous parlerons des insurrections des paysans dans un chapitre suivant. Mais il faut dire ici quelques mots sur la fête de la Fédération. Elle résume la première partie de la Révolution. Toute d’enthousiasme et de concorde, elle montre ce que la Révolution aurait pu être, si les classes privilégiées et la royauté, comprenant qu’un changement inévitable s’accomplissait, avaient cédé de bonne grâce à ce qu’elles ne pouvaient plus empêcher.

Taine dénigre les fêtes de la Révolution, et il est vrai que celles de 1793 et 1794 furent souvent trop théâtrales.

Elles furent faitespourle peuple, nonparle peuple. Mais celle du 14 juillet 1790 fut une des plus belles fêtes populaires dont l’histoire ait gardé le souvenir.

Avant 1789, la France n’était pas unifiée. C’était un tout historique, mais ses diverses parties se connaissaient peu et ne s’aimaient guère. Mais après les événements de 1789 et les coups de hache portés dans la forêt des survivances féodales, après les beaux moments vécus ensemble par les représentants de toutes les parties de la France, il s’était créé un sentiment d’union, de solidarité entre les provinces amalgamées par l’histoire. L’Europe s’enthousiasmait des paroles et des actes de la Révolution – comment les provinces qui y participaient pouvaient-elles résister à une unification dans la marche en avant, vers un meilleur avenir ? C’est ce que symbolise la fête de la Fédération.

Elle eut un autre trait frappant. Comme il fallait faire pour cette fête certains travaux de terrassements, niveler le sol, bâtir un arc de triomphe, et qu’il devint évident, huit jours avant la fête, que les quinze mille ouvriers occupés à ce travail n’y parviendraient jamais, – que fit Paris ? – Un inconnu lança l’idée que tous, tout Paris, iraient travailler au Champ de Mars, et tous – pauvres et riches, artistes et manouvriers, moines et soldats, se mirent, le cœur gai, à ce travail. La France, représentée par les mille délégués venus des provinces, trouva son unité nationale en remuant la terre – symbole de ce qui amènera un jour l’égalité et la fraternité des hommes et des nations.

Le serment que les milliers d’assistants prêtèrent « à la Constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le roi », le serment prêté par le roi et confirmé spontanément par la reine pour son fils, – tout cela avait peu d’importance. Chacun mettait bien quelques « réserves mentales » à son serment, chacun y mettait certaines conditions. Le roi prêta son serment en ces mots : « Moi, roi des Français, je jure d’employer tout le pouvoir qui m’est réservé par l’acte constitutionnel de l’État à maintenir la constitution décrétée par l’Assemblée

Le serment que les milliers d’assistants prêtèrent « à la Constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le roi », le serment prêté par le roi et confirmé spontanément par la reine pour son fils, – tout cela avait peu d’importance. Chacun mettait bien quelques « réserves mentales » à son serment, chacun y mettait certaines conditions. Le roi prêta son serment en ces mots : « Moi, roi des Français, je jure d’employer tout le pouvoir qui m’est réservé par l’acte constitutionnel de l’État à maintenir la constitution décrétée par l’Assemblée

Dans le document La Grande Révolution ( ) Pierre Kropotkine (Page 70-74)