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Difficultés d’un recueil longitudinal en milieu scolaire

Partie 2 Constitution du corpus Scoledit, ressource longitudinale d’écrits scolaires annotés

2. Recueil du corpus

2.3. Difficultés d’un recueil longitudinal en milieu scolaire

Le travail de recueil d’un corpus scolaire, qui plus est longitudinal, n’est pas exempt de difficultés et de facteurs de variation qui influent de fait sur la taille, la structure et le contenu du corpus. Ces difficultés sont de différentes natures : complexité des démarches administratives ; complexité de l’organisation du recueil ; difficultés du suivi longitudinal des élèves ; diversité des contextes de recueil.

2.3.1. Complexité des démarches administratives

Pour les premières années du corpus, nous avons pu récupérer les productions issues d’un autre projet et donc bénéficier des démarches administratives réalisées pour ce projet (conventions avec les écoles, autorisations des parents d’élèves, etc.). Cependant, ce second projet n’ayant pas été prévu au moment de l’établissement des premières conventions, il nous a fallu recommencer ces démarches et établir de nouvelles conventions.

Pour commencer, il nous faut prévenir que ce processus administratif est un processus long et variable. En effet, les interlocuteurs à contacter sont différents selon les académies. Dans certaines académies, un contact avec l’IENA (Inspecteur de l'Éducation nationale, adjoint à l'inspecteur d'académie) est suffisant avant de contacter les écoles et les enseignants concernés. En revanche, dans d’autres académies, il nous a d’abord fallu contacter le CARDIE (Conseiller académique Recherche et Développement en Innovation et en Expérimentation), qui a lui-même contacté les DASEN (Directeur académique des services de l'Éducation nationale). Une fois leur accord obtenu, nous avons alors pu contacter les différents inspecteurs des circonscriptions concernées, avant de pouvoir contacter les directeurs concernés. Bien évidemment, ce processus est fortement chronophage et, bien que nous ayons commencé ces démarches en novembre, nous n’avons pu nous déplacer dans certaines écoles qu’à la fin du mois de juin. Nous avons donc dû nous résoudre pour l’année de CE2 à une seule épreuve, la production de texte, sans la dictée.

De plus, certaines écoles ont préféré ne pas répondre favorablement à notre demande. En effet, sur 50 écoles sollicitées, 40 ont accepté de poursuivre le projet. Beaucoup d’écoles n’ont pas répondu à notre demande ou seulement après plusieurs relances de notre part. Le nombre d’écoles ayant accepté notre demande est variable selon les académies et il semble que plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte. Ainsi, la sollicitation importante pour de nombreux projets de recherche pour certaines écoles, ressentie notamment dans certaines académies et dans les écoles situées en ville semble freiner la participation des écoles. En revanche, l’habitude de certaines écoles ou académies à participer à des projets de recherche sur l’écriture ou la lecture a, semble-t-il, facilité le contact.

Les conventions établies au cours de ces démarches sont établies pour trois ans, le temps nécessaire au recueil des années de CE2 à CM2. Néanmoins il est nécessaire de refaire un travail de communication et d’argumentaire tous les ans, d’une part en raison du changement de direction dans certaines écoles ; d’autre part, parce que nous intervenons dans les classes d’enseignants différents chaque année. Chacun de ces acteurs peut s’avérer plus ou moins

favorable à notre recherche, voire hostile, ce qui peut expliquer qu’une ou l’autre école n’ait pu être suivie à un moment donné.

Après obtention des autorisations de l’éducation nationale et des écoles, nous avons demandé les autorisations des élèves et de leurs parents pour étudier et diffuser les productions recueillies.

Parallèlement à ces étapes, notre projet (deuxième phase de recueil) a été déposé auprès de la CNIL70 afin d’obtenir la validation du processus complet, à savoir le recueil des données, leur

traitement et leur conservation.

2.3.2. Complexité de l’organisation du recueil

Une autre des difficultés rencontrées est à la fois le cout financier, et surtout le temps nécessaire, tant pour l’organisation du recueil que pour le recueil lui-même. En effet, un recueil dans 40 écoles signifie près de 60 passations en classe qui nécessitent chacune entre 45 min à 1h30. Chaque école nécessite environ une demi-journée de disponibilité, si on considère que chaque école ouvre entre 8 et 9 demi-journées par semaine, notre recueil nécessite donc 5 semaines de déplacement au minimum. Un tel recueil est donc très chronophage.

L’objectif du projet est de recueillir les productions des élèves en fin d’année scolaire. Ce lourd recueil doit donc être réalisé dans un laps de temps assez court, de fin avril à fin juin et combiner les emplois du temps bien remplis des écoles avec ceux des chercheurs n’est pas toujours évident. Dans de rares cas, il nous a été nécessaire d’intervenir début juillet, ce qui a entrainé un fort taux d’absentéisme dans les classes.

En ce qui concerne le cout financier d’un tel recueil, il a été estimé, pour la phase de recueil

Scoledit, entre 1 500€ et 2 000€ par an. Ce montant inclut à la fois les déplacements et les

photocopies des feuilles de recueil. Il exclut le cout salarié des enquêteurs, car dans notre cas les enquêtes ont été réalisées par les quatre chercheurs de notre groupe. Heureusement, nous avons pu bénéficier d’un appui financier à trois reprises de la part du WP3 Démarre SHS ! du

Data Institut de l’université Grenoble Alpes.

Actuellement le discours institutionnel incite les chercheurs et chercheuses concernées à travailler en relation étroite avec le terrain, au sein des écoles notamment. On retrouve notamment cette volonté dans les appels à projet PIA3, déclinaisons territoriales du

70 La commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) est chargée de veiller à ce que l’usage de

l’informatique ne porte pas atteinte à la vie privée ou aux libertés individuelles. Dans le cadre de la recherche, elle s’assure notamment que l’anonymat des participants soit respecté et que les autorisations nécessaires soient

Programme d'investissements d’avenir (PIA) qui vise à encourager les liens entre recherche et terrain, notamment au niveau des entreprises. Cette question est donc une question d’actualité pour la recherche. Cependant, comme nous l’avons exposé ici, ce travail de terrain a un cout et nécessite beaucoup de temps pour être réalisé dans de bonnes conditions.

2.3.3. Difficultés du suivi longitudinal

Il semble important également de mentionner la difficulté de suivre les élèves sur une durée aussi longue. En effet, certains changent d’école, d’autres redoublent ou changent de classe pour aller dans le niveau supérieur. Il est également possible que certains élèves soient absents le jour du recueil pour de multiples raisons : maladie, rendez-vous extrascolaires ou médicaux, départ en vacances, etc.

2.3.4. Diversité des contextes de recueil

Enfin, un des objectifs du projet Scoledit est l’élaboration d’un corpus recueilli dans des conditions uniformes, à l’aide d’une même consigne, mais il est nécessaire de prendre en compte la difficulté à respecter cette contrainte.

Ceci s’explique par la pluralité des conditions de passation. Nous avons ainsi eu le sentiment que la présence ou non de l’enseignant, d’un ou d’une AVS ou d’un autre adulte modifiait l’attention, la concentration des élèves, tout comme la salle de recueil, selon que c’était la salle de classe habituelle, la salle de classe des camarades, la salle informatique, la salle d’art ou la salle de science. Il arrivait également qu’un adulte présent donnait des consignes supplémentaires. De même, les affichages pouvant guider les élèves pouvaient varier selon les classes et les salles.

Outre les affichages, de nombreux facteurs peuvent faire varier le contenu des productions, comme les œuvres ou albums étudiés, les contenus linguistiques étudiés récemment, etc. Une attention particulière aux conditions de passation a été portée dans le cadre du projet « Lire – écrire au CP », notamment en termes d’affichage, notamment en raison de l’évolution des affichages dans les classes supérieures. Nous n’avons pas pris en compte ces aspects-là dans la suite du projet. Notons également que nous étions plusieurs à effectuer ce recueil et que nous pouvions donc malgré nous introduire de la variation dans les passations.