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La difficile mise en place de l’État-nation et l’affirmation de la ville-

L’indépendance se veut avant tout l’époque de l’introduction de l’État, dans sa version moderne d’État-nation, y compris en Afrique, continent alors perçu comme un ensemble teinté d’archaïsmes et soit disant ancré à l’état de nature. Ethnicité, tribalisme, retard, isolement, vulnérabilité, passivité… sont quelques-uns des clichés encore utilisés aujourd’hui pour décrire l’Afrique postcoloniale. Le sous-développement qui la caractérise est souvent mis sur le compte de cette forme « État », imposée universellement dans les années 1960 et qui serait en total décalage avec les sociétés.

Dans sa nouvelle acception, l’État s’appuie sur deux principes fondamentaux : le territoire et la nation. Aux ensembles politiques locaux se superpose cet État, qui s’inscrit désormais dans des limites fixes (ses frontières) qui enserrent son territoire et lui permettent d’être reconnu sur la scène internationale. Par ailleurs, il entend réunir des populations fort diverses, alors comprises sous l’appellation de nation. Au cœur de cette configuration universelle, la ville, et une en particulier se démarque des autres : la capitale. Si celle-ci a toujours été politique, elle se voit attribuer de nouvelles fonctions puisqu’elle est désormais reconnue comme le lieu de la souveraineté. Elle subit dès lors de grandes transformations et se démarque de celles qui l’ont précédée en jouant un rôle central dans l’affirmation de l’État et la construction de la nation.

Dans le cas soudanais, Khartoum perpétue la tradition centralisatrice puisqu’elle devient la ville administrative, la ville du pouvoir à partir de laquelle le nouvel État entend imposer sa puissance sur le reste du territoire. En Mauritanie, l’absence de politique urbaine durant la colonisation commence à poser problème. Les premiers dirigeants, encore fortement liés à la France, vont alors chercher à l’intérieur même du territoire un élément censé légitimer l’existence du nouvel État. Dans cette perspective, une ville est créée de toutes pièces : Nouakchott.

Dès lors, Khartoum et Nouakchott présentent deux rôles essentiels : le premier est d’ordre fonctionnel puisqu’elles centralisent, et en cela, concentrent les gens, l’administration, l’appareil bureaucratique permettant la consolidation de l’espace politique moderne. Mais, elles sont encore empreintes d’une fonction idéologique, devant relever le défi unificateur et permettre la construction de la nation. Car, pour les dirigeants de l’époque, il n’est de nation

s’il n’est de fusion entre un espace et des hommes, entre un territoire et un peuple, susceptibles de se reconnaître dans un même lieu de jonction : la capitale.

3.1 État, nation, territoire et capitale : des concepts à l’épreuve de la réalité sahélo-saharienne

La question de l’introduction, construction, formation de l’État a constitué la toile de fond de nombreux débats. D’aucuns affirment que l’État aurait été importé, imposé, surimposé (Badie, 1992). Pour d’autres, il aurait été intériorisé et repensé par les acteurs sociaux qu’il est censé administrer. Résumer ici en quelques lignes les controverses qui ont lieu autour de la notion d’État en Afrique s’avère bien complexe. Au risque de faire des réductions hâtives et simplificatrices, nous nous contenterons de confronter ces approches conceptuelles aux réalités mauritanienne et soudanaise. Nos propos seront essentiellement axés sur les dimensions territoriales et sociales induites par cette nouvelle conception politique et dans lequel la capitale joue pleinement un rôle.

3.1.1 L’État-nation : « l’impératif territorial »

Bon nombre d’études portant sur l’Afrique, qu’elles soient géopolitiques, géographiques, historiques ou politiques, ont abordé les conséquences spatiales de l’introduction de l’État-nation. Ce dernier présente en effet des « implications géographiques » et un « impératif territorial » (Retaillé, 1997 : 148). Il reçoit pour héritage une entité spatiale, avec une plus ou moins grande cohérence, en fonction des noyaux ethniques auxquels il se superpose. De cette entité spatiale comme legs – que d’aucuns ont qualifié d’empoisonné –, il doit désormais en faire un territoire, c’est-à-dire un espace clairement circonscrit. Le territoire, en tant que projection spatiale du politique, cautionne l’existence même de l’État : il ne peut y avoir d’État solide sans un espace qui lui est dévolu, dont il peut disposer comme support de son pouvoir, comme richesse, sur lequel il inscrit durablement sa marque, et s’assure ainsi la souveraineté. Cette problématique de l’État et du Pouvoir, dont le territoire est le contenant, est justement au cœur de l’Afrique en construction. Un territoire suppose des frontières, dont les tracés évoqués précédemment, répondaient à diverses attentes et logiques. Si certains traits furent tracés vulgairement, cinquante ans après

et autant d’années durant lesquelles elles ont été décriées, ces frontières semblent, dans leur ensemble, intériorisées et acceptées.

En pratique, l’introduction de l’État moderne, au territoire précisément circonscrit, ne se fait pas sans heurt, et ce d’autant plus lorsqu’il s’inscrit dans les espaces traditionnellement occupés par des nomades. Replacé dans un contexte saharien, la notion d’État, par essence sédentaire, apparaîtrait comme antinomique à celle de communautés nomades, étant entendu que celles-ci s’opposent à toute forme d’organisation du pouvoir. En effet, la forme étatique s’inscrit dans une perspective de domination, d’encadrement administratif et de croissance économique, tandis que le nomade se cantonnerait à des tentatives de préservation et de défense dans un espace diffus. L’un entend contrôler pour produire et gérer, l’autre s’attache à rester mobile pour circuler et commercer. Cette dualité de systèmes s’est traduite par des affrontements, et des marques d’hostilité. En se superposant, voire en se substituant au fil des années aux structures antérieures empreintes de nomadisme et pastoralisme, une première discontinuité s’opère puisque au fonctionnement spatial réticulaire des nomades et pasteurs s’impose désormais celui des États, marqué par le cloisonnement et la surface que matérialise la frontière par excellence. Comme le souligne Denis Retaillé, l’inadéquation est totale puisque « dans le cadre idéologique de la société nomade historique, l’État n’est pas légitime. Rien de ses principes ni des ses attributs ne concorde avec les modes d’organisation de la société » (Retaillé, 1998 a : 49).

La logique de l’État contemporain consiste à contrôler l’espace, à gérer les ressources de son territoire, à développer et rendre productif ce dernier. En procédant à un encadrement territorial, il espère par-là même avoir une emprise sur les groupements sociaux qui l’habitent. Par conséquent, les politiques des États prônent-elles, dans un premier temps, la sédentarisation des populations nomades ; sédentarisation qu’ils subiront dramatiquement par la suite avec la période de sécheresse. Diverses stratégies sont usitées par l’État pour canaliser ces populations mobiles : développement de l’agriculture, accès aux postes de santé, campagne de scolarisation sur les ondes radiophoniques, distribution de vivres dans les noyaux urbains. En passant par les moyens de communication immatériels et invisibles, l’État diffuse son discours unificateur, tente de rassembler les individus derrière une idée unitaire, celle de la nation encore bien fragile et branlante. Les politiques de sédentarisation engendrées par l’État sont propres à tous les pays nouvellement indépendants qui administrent des populations nomades : les États développent et débloquent des moyens pour associer, voire tenter d’intégrer cette partie non négligeable de la population au cœur du système politique (Bourgeot, Guillaume : 1989). En Mauritanie, les premiers dirigeants cherchent à

contrôler ces nomades à travers une politique d’urbanisation. Ils mettent tout en œuvre pour les sédentariser dans les villes de l’intérieur. La consolidation des frontières a ainsi un impact déstructurant sur les sociétés nomades. En Mauritanie, dans la mesure où les dirigeants sont tous issus de « la tente », les nomades ne se retrouvent pas dans une position marginale comme ce fut le cas des Touareg au Niger, Mali et Algérie. Ceci étant, le paradoxe de l’État mauritanien apparaît au grand jour, entre un pouvoir étatique centralisé qui cherche à s’approprier un territoire et des populations dont les paradigmes demeurent la mobilité et la plasticité des découpages (Lechartier, 2005 : 107).

3.1.2 La nation en question : prémisses et difficultés

Pour la plupart des pays africains, il est coutume de dire que le contenant – le territoire – précède bien souvent le contenu qui revêt une dimension sociale. Or, il n’est d’État que lorsqu’une autorité souveraine s’exerce sur l’ensemble d’un peuple et d’un territoire déterminé, et il n’est d’État-nation que lorsque l’autorité politique et la nation ne font qu’un. Au moment où l’idée de nation s’impose en Europe, Voltaire (1990) la définit comme « un groupe d’hommes établi sur un territoire défini, qui forme une communauté politique et se caractérise par la conscience de son unité et sa volonté de vivre en commun ». Ainsi donc, dans les quelques mois qui suivent les proclamations d’indépendance, des groupes sociaux, qui certes se côtoyaient et échangeaient, se voient désormais englobés dans un grand « tout », sous un seul terme qui s’apparente à un fourre-tout sans grande cohérence. Faute de pouvoir réellement créer cette nation parce qu’il n’est encore de conscience d’unité et de volonté de vivre en commun, on tente au mieux de faire correspondre un territoire statique à une ethnie dominante autour de laquelle se consoliderait l’identité nationale.

L’État africain, généralement caractérisé par une pluri-ethnicité, entend modeler et transformer sa société à son image, et pour cela, subsumer les coquilles précoloniales et coloniales. Il espère se défaire des ethnies et tribus alors perçues comme des archaïsmes et des obstacles à la construction nationale (Chrétien, Prunier, 1989 : 9). L’ambition de l’État-nation est grande car il semble impossible de réunir dans un territoire d’État marqué par des forces centripètes des populations qui fonctionnent sur un mode tribal. Par ailleurs, ce nouvel État manque d’assise face aux nombreuses autorités jugées plus légitimes car traditionnelles et/ou charismatiques (chef de tribus, marabouts, confréries). La question de l’acceptation et de l’intégration de l’État en Afrique se pose dès lors en termes de dyade Autorité/Pouvoir. Si

sacralité. Aussi est-il bien souvent contraint de composer avec les autorités dites traditionnelles dont le poids est parfois considérable82

Quarante ans après, on s’accorde à penser que l’État est perpétuellement négocié, résultat d’une large hybridation entre histoire précoloniale, coloniale et post-coloniale entre des structures préexistantes, que l’on a tenté en vain d’éradiquer, et un système importé dont quelques éléments ont été repris, voire intériorisés et même repensés selon les codes et modes de sociabilité déjà en place, et parfois également rejetés. Sans parler véritablement de continuité, il n’y a pas non plus rupture totale. Preuves en sont le tribalisme et l’ethnisme qui continuent d’occuper le paysage social tout en revêtant des acceptions autres, politisées, ce que nous verrons pour les cas soudanais et mauritanien. Les États africains sont pour certains . Alors que depuis ses premières heures l’État a cherché à se démarquer de ces catégorisations (ethnicisme, tribalisme), elles demeurent de véritables référents. Selon Jean-François Bayart (1996 b), les sociétés locales se seraient réappropriées ces concepts au point qu’il est impossible aujourd’hui de démêler les écheveaux entre « africanité et idéologie coloniale ». « Les traditions ont été figées en coutume et folklore » par le travail idéologique et juridique de la colonisation (ibid. : 43). Toutefois, les groupes ne reprennent pas toutes les traditions mais n’en remobilisent que certaines, jugées utiles et édifiantes, en vue de les adapter au contexte contemporain. La tradition est constamment inventée et réinventée, « ré-enchantée » disait même Achille Mbembe (2000 b).

Dès lors, on ne peut s’en tenir à la seule thèse de Bertrand Badie affirmant que l’État en Afrique serait le résultat d’un transfert, d’une « importation », d’une « mauvaise greffe ». En Mauritanie comme au Soudan, au-delà des clivages ethniques, tribaux, sociaux qui peuvent exister, le sentiment d’unité et d’appartenir à un même ensemble est fort. Ainsi peut-on recourir à un second mouvement de pensée, initié par les travaux de Jean-François Bayart qui réfute l’idée d’une « universalisation manquée » de l’État (1996). Dans sa lignée, Jean- François Médard (1990) puis Richard Banégas (2003) se mettent en porte-à-faux avec la théorie première de la greffe de l’État. Ces auteurs reviennent très largement sur l’historicité de l’État en Afrique et ses trajectoires contemporaines marquées par une constante extraversion, et rappellent que « cet État prétendument importé a partout fait l’objet d’une réappropriation par les acteurs « autochtones » » (Banégas, Marshall-Fratani, 2003 : 6).

82A mesure que l’on s’éloigne de la capitale, et donc du centre politique, l’État défaillant peine souvent à

instaurer l’ordre et à assurer la sécurité. On se retrouve généralement avec un « État dans l’État » où l’autorité traditionnelle semble avoir domestiqué le pouvoir politique. Les exemples de la province de Rey Bouba, au Nord du Cameroun tout comme la confrérie mouride du Sénégal, sont fameux. Autour de Touba, l’autorité religieuse mouride détenue par les disciples de Cheikh Amadou Bamba supplante largement le pouvoir de l’État (Guèye, 2002).

admis et pour d’autres encore en gestation. Ils répondent à un processus dynamique, introduisant, sous forme d’un savant dosage, des structures et assises anciennes avec d’autres soit disant plus récentes ou modernes avec lesquelles elles entrent en interaction et se recomposent mutuellement.

3.1.3 La capitale, lieu de la souveraineté

«Édifier des capitales », centraliser le pouvoir et créer des villes

Dans cette nouvelle forme spatiale qu’est l’État, un lieu est désigné pour accompagner la politique d’encadrement territorial : la ville-capitale. Cette dernière devient le sommet de la souveraineté, autrement dit le lieu de l’autorité suprême au cœur du nouvel État. Au premier chef, celui-ci manque cruellement de légitimité car rien ne justifie son existence – ne serait-ce que parce que les premiers dirigeants ne sont pas élus mais désignés par les anciens colons. Seul un territoire précis permet à la nation en construction de s’identifier et au pouvoir de se légitimer. La capitale se présente dès lors comme la pierre angulaire, la condition sine qua

non de cette souveraineté, au même titre que le territoire, les frontières et la nation, comme

l’explique ici Roland Pourtier pour l’Afrique centrale :

« La faiblesse voire l’inexistence de relais locaux, ou inversement la volonté de désamorcer des forces centrifuges prenant appui sur des particularismes ethniques, ont conduit à une très forte concentration du pouvoir de décision dans les instances centrales localisées dans la capitale. Le territoire national est perçu depuis ce lieu, de sorte que les politiques d’aménagement traduisent une conception indéniablement centralisatrice. D’un autre côté, l’aménagement territorial est conçu en fonction des frontières, ces lignes séparatrices majeures que l’action des états n’a cessé de rendre plus effectives. L’espace de l’État prend ainsi corps entre sa capitale et ses frontières. […] Dans les régions d’Afrique Noire où les États sont créés de toutes pièces et sans référence à des antécédents qui leur conféraient une légitimation, le territoire revêt une importance capitale à défaut de profondeur historique : c’est de lui que l’État tire sa légitimité. L’acte fondateur renvoie non pas à des héros, mais au moment où l’établissement des frontières individualisa un espace qui par la suite devint un support de la nation. » (Pourtier, 1989 a : 396)

A mesure que l’État-nation s’impose, la structure urbaine présente un caractère primatial prononcé qui s’explique par l’hyper-centralisme des États nouvellement indépendants. L’ensemble du processus décisionnaire se concentre dans la ville-capitale et dès lors, le choix du site d’une capitale n’est jamais neutre. La situation, le prestige, la taille… sont autant de facteurs qui peuvent jouer et orienter les choix stratégiques d’un État. Possibilités d’importation et d’échanges sont largement passées en revue : la ville doit être accessible, et si possible située au centre du territoire qu’elle est censée administrer. Ainsi, les villes

telles que Nairobi ou Khartoum, sont privilégiées. Une capitale est par définition le siège du gouvernement qui lui-même domine un territoire plus grand. Mais les rôle, prestige, rang et statut de capitale conférés à une ville sont révocables. Les capitales peuvent migrer, comme l’ont illustrés les cas brésilien, ivoirien, tanzanien ou nigérian. D’autres encore sont neuves et ont été érigées dans le seul but d’assurer cette fonction ou d’impulser le changement, tels que La Haye, Islamabad, Canberra, Abuja, Yamoussoukro, Brasilia, et tout récemment Piyanmana83

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les nouveaux États ne mettent pas un terme à la politique urbanistique coloniale, mais s’inscrivent dans sa continuité. Plusieurs phases d’intervention se succèdent, laissant penser que la ville n’est pas seulement un élément du décor. Elle se place désormais sur le devant de la scène si l’on en juge par les investissements consentis par les colons en milieu urbain, devenu secteur prioritaire. Les travaux de Sophie Dulucq concernant l’Afrique de l’Ouest ont montré que de 1945 à 1960, les interventions en matière d’urbanisme continuent de jouer un rôle décisif dans l’évolution des paysages, de la morphologie, des fonctions et équipements urbains. Durant cette période, la France entreprend d’« édifier des capitales » (Dulucq, 1997 : 153) en vue de matérialiser cette souveraineté nouvelle. Pour cela, des bâtiments symboliques sont construits : palais, ministères, assemblées nationales, hôpitaux mais encore universités, aéroports sont érigés un peu partout. La ville doit s’efforcer de véhiculer ladite modernité. Elle n’est pas pensée en tant que lieu de vie, mais en terme technique où tout reste à construire et à venir. Les investissements coloniaux, via le FIDES (Fonds d’Investissements pour le Développement Economique et Social), contribuent à promouvoir un type de ville correspondant à une certaine vision de la ville. La part des investissements varie très largement d’un pays à l’autre, en fonction des intérêts et stratégies qu’ils représentent pour la France

. Mais, pour ces dernières, il leur est difficile de s’imposer faute d’assise historique légitimant leur fonction, d’être reconnues comme telles et de concurrencer des villes au lourd passé.

84

83En novembre 2005, du jour au lendemain, Piyanmana, située à 300 km au nord de Rangoon, est désignée

comme la nouvelle capitale birmane. Selon les dires du ministre, la junte militaire à la tête de la Birmanie a entrepris de se développer en nation moderne, ce qui nécessite une nouvelle capitale. (Le Monde, « La junte birmane déménage sa capitale pour un bastion dans la jungle », 09/11/05).

84Notons que la Mauritanie, généralement considérée comme un parent pauvre, a bénéficié d’une

somme importante : elle a reçu 346 millions de francs, ce qui est énorme rapporté au nombre d’habitants ; pour rappel, le Sénégal alors 10 fois plus peuplé, n’a touché « que » 494 millions de francs (Chiffres in Dulucq, 1997 : 118).

Edifier des capitales mais plus encore créer des villes ex-nihilo, tel est le pari des anciens colonisateurs85

« Les unes visent à la mise en valeur de richesses du sous-sol, telle Zouérate, ville du fer et construite par la MIFERMA

. Depuis quarante ans, des agglomérations surgissent dans la zone saharo-sahélienne. Marc Côte (2002) en dénombre 8 et propose deux explications à leur création :

86

Tableau 2 : Les villes nouvelles sahariennes

au Nord de la Mauritanie ; les autres sont voulues comme des villes de commandement territorial, conçues pour organiser un territoire donné, y représenter les services de l’État, desservir les populations » (ibid. : 72).

Villes (Pays)

Population en

2002 Date de création Type

Hassi-Rmel

(Algérie) 12 000 1960-70 Ville pétrolière

Hassi-Messoud

(Algérie) 40 000 1959-65 Ville pétrolière

Zouérate

(Mauritanie) 42 000 1961-63 Ville minière

Tamanrasset

(Algérie) 75 000 1929-50 Capitale régionale

Arlit

(Niger) 80 000 1967-70 Ville minière

Sebha

(Libye) 130 000 1930-69 Capitale régionale

Layyoune

(Sahara Occidental) 150 000 1930-50 Capitale régionale

Nouakchott

(Mauritanie) 700 000 1959-63 Capitale nationale

Source : M. Côte, 2002 : 71

L’Algérie présente plusieurs exemples de villes créées ex-nihilo pour organiser ses « territoires du Sud ». Novatrices dans leur mise en place, ces créations devaient permettre aux responsables de s’engager et ainsi de canaliser la croissance urbaine grâce à des plans d’urbanisme élaborés au préalable (Souami, 1999 : 430).

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La création ex-nihilo de villes n’est pas propre à la colonisation européenne en Afrique. On a pu observer