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Différents types de micro-organismes probiotiques

Dans le document PRISE EN CHARGE DE LA DYSBIOSE INTESTINALE. (Page 102-107)

Prise en charge de la dysbiose intestinale

II. Probiotiques 1. Historique

4. Différents types de micro-organismes probiotiques

Les bactéries lactiques Depuis très longtemps, les bactéries lactiques font partie intégrante de notre alimentation, elles interviennent notamment dans la fabrication de nombreux produits fermentés tels que les yaourts, les fromages, la bière ou encore le pain…).

En ce qui concerne les produits issus du métabolisme, une caractéristique commune de ces bactéries est leur capacité à produire de l’acide lactique, produit résultant de la fermentation des glucides.

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Elles peuvent être homo-fermentaires (70% d’acide lactique sont produits) ou hétérofermentaires (50% d’acide lactique produits associés à de l’éthanol, de l’acide acétique…). Elles agissent à différents niveau :

 D’une part, elles assurent la conservation des aliments par abaissement du pH (grâce à l’acide lactique).

 D’autre part, elles déterminent les qualités organoleptiques des produits fermentés.  Enfin, elles contribuent à l’élimination des micro-organismes pathogènes par la production d’agents antibactériens tels que les bactériocines.

Les deux souches bactériennes appartenant aux ferments lactiques les plus utilisées à ce jour sont les Bifidobactéries et les Lactobacilles [117].

4.1. Bifidobactéries

Les Bifidoactéries appartiennent au phylum et à la classe des Actinobacteria, à la sous-classe des Actinobacteridae, à l’ordre des Bifidobacteriales et à la famille des

bifidobacteriaceae. Ce sont des bactéries Gram positif, strictement anaérobies immobiles.

Elles présentent une structure en forme de bâtonnets avec des ramifications primaires et parfois secondaires symétriques. Leur métabolisme est de type hétéro-fermentaire et caractérisé avec la production d’acide lactique et d’acide acétique. Elles font partie de la flore intestinale normale et possèdent une bonne résistance aux sucs gastriques. Dominantes au niveau du microbiote de l’enfant, elles laissent très rapidement place à d’autres micro-organismes pour ne représenter avec l’âge que 5 à 10% de la flore intestinale de l’adulte.

4.2. Lactobacilles

Les Lactobacilles font quant à elles partie du phylum des Firmicutes, de la classe des

Bacilli, de l’ordre des Lactobacillales et de la famille des Lactoacillaceae. Ce sont également

des bactéries à Gram positif, mais anaérobies facultatives. Elles se présentent sous forme de bâtonnets réguliers et sont asporulées. Leur métabolisme énergétique est selon l’espèce homo ou fermentaire. Parmi les produits finaux de dégradation des sucres des espèces

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fermentaires, on retrouve le lactate principalement, mais aussi l’acétate, l’éthanol et le gaz carbonique. Comme les bifidobactéries, les lactobacilles apparaissent après la naissance dans la flore intestinale mais en quantité beaucoup moins importante que les bifidobactéries.

Elles sont présentes dans la partie haute du tube digestif et tout particulièrement au niveau de la cavité buccale (avec L. casei, L. rhamnosus, et L. paracasei). Le côlon se retrouve quant à 38 lui totalement appauvri en Lactobacilles. Elles ne constituent que 0.1 à 1% des bactéries autochtones à ce niveau.

-Les Levures de type Saccharomyces :

Elles ne font pas partie de la flore intestinale humaine mais peuvent également être utilisées en tant que probiotiques : Saccharomyces boulardii constitue une levure probiotique dont les effets sont les plus documentés [117,118].

Figure 17: Les Différents micro-organismes considérés comme probiotiques [119].

5. Nomenclature

Une souche probiotique est classée par genre, espèce : Lactobacillus rhamnosus GG. Il n’existe pas de réglementation pour les noms commerciaux et les marques, et les compagnies peuvent appeler leurs « produits » probiotiques comme elles le désirent par exemple : LGG pour Lactobacillus rhamnosusGG [116].

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6. Indicatios aux probitiques

6.1. Diarrhées post-antibiotiques

Deux méta-analyses datant de 2002 ont montré que les préparations à base de Sb et de Lactobacillus (Lb) réduisent l'incidence des diarrhées postantibiotiques de 60% [120,121]. Ces résultats ont été récemment confirmés par une méta-analyse portant sur 25 études randomisées et contrôlées. [122]. Celle-ci regroupait 2800 patients et relevait la prévalence des diarrhées (M cinq selles en 48 heures) dans les deux mois suivant l'exposition à un antibiotique (diverses molécules). Le traitement de probiotiques (Sb, Lb, Bifidobacterium,

Enterococcus faecium) variait de cinq jours à huit semaines avec une médiane à deux

semaines postantibiothérapie et le dosage moyen était de 3x109/jour. Le risque de diarrhées sur antibiotiques est passé de 27% à 12%, soit une diminution de plus de la moitié, correspondant à un nombre nécessaire pour traiter (NNT) égal à sept. Cette analyse a aussi démontré la supériorité du Sb et du Lb sur les autres probiotiques. A la lumière de ces données, Katz et coll [123]. Proposent de traiter les patients sous antibiotiques par du Sb (1 g/jour) ou du Lb (1010/jour) en prévention primaire. La durée du traitement reste par contre à définir, mais un traitement de deux semaines a montré son efficacité [122].

6.2. Diarrhées à Clostridium difficile

Dans cette indication, le bénéfice des probiotiques est discutable. Une étude randomisée contrôlée récente a montré que la prescription de Lb en association aux antibiotiques est efficace dans la prévention des diarrhées à Clostridium difficile (Cd) [124]. Elle regroupait 135 patients sous antibiotiques (diverses molécules) qui ont reçu un yaourt contenant du Lb (10 8/ml) dans les 48 heures suivant l'introduction de l'antibiothérapie et jusqu'à une semaine après l'arrêt du traitement. Dans cet essai, aucun des patients sous probiotiques n'a présenté de diarrhées à Cd alors que neuf patients sur 53 en ont été affectés dans le groupe contrôle, soit une réduction du risque absolu de 17% correspondant à un NNT de six. Le nombre de patients enrôlés sur ceux éligibles au départ (135/1760), le nombre de patients perdus au suivi (16%), la prévalence élevée du C.difficile dans les selles du groupe contrôle (50% versus 10%-20%

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des diarrhées sur antibiothérapie généralement admis dans la littérature)[125].et le financement de l'étude par les producteurs des yaourts utilisés, obligent à émettre des réserves quant à la validité de ces résultats qui devront être confirmés par d'autres études.

En revanche, les probiotiques semblent efficaces dans la prévention des récidives de diarrhée à Cdificile [122]. Définie comme un nouvel épisode de diarrhées à Cd dans le mois suivant la dernière infection. Une méta-analyse, regroupant six études (354 patients), a étudié l'efficacité des probiotiques (dose moyenne de 5 x 1010 pour une durée moyenne de trois semaines) ajoutés au traitement antibiotique standard (métronidazole ou vancomycine) dans cette indication. Elle relevait la prévalence des diarrhées avec toxine à Clostridium positive et a montré une diminution de 40% des récidives de C.difficile, avec une diminution du risque absolu de 29% à 18% et un NNT de neuf. Plusieurs autres auteurs confirment la diminution des récidives des diarrhées à Cd grâce à l'utilisation de Sb [123, 126,127]. Les probiotiques ne sont donc pas recommandés en prévention primaire des diarrhées à Cd postantibiotiques mais ils sont efficaces comme adjonction du traitement antibiotique pour diminuer les récidives.

6.3. Diarrhée du voyageur

Selon une méta-analyse de 2005, toutes les souches sont efficaces dans la prévention de la diarrhée du voyageur [128]. Cette étude regroupait douze études et 4709 patients, dont certains ont présenté des diarrhées (M cinq selles en 48 h) durant un voyage à l'étranger (Turquie, Egypte, Mexique, «destinations chaudes»). Les patients bénéficiaient d'un traitement de probiotiques débuté deux à sept jours avant le départ, et continué durant tout le voyage. Les résultats ont révélé une diminution du risque de diarrhées de 15%, soit une diminution du risque absolu de 40% à 34% avec un NNT de dix-sept.

6.4. Maladie de Crohn

Les probiotiques ont montré une certaine efficacité dans la prévention des récidives de poussées de maladie de Crohn. Après un an de traitement par probiotiques comparés à la mésalazine, une étude en simple aveugle retrouve une diminution des poussées endoscopiquement significatives de 50% dans le groupe traité [129]. Cette propriété est

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commune à plusieurs probiotiques : Sb .Lb . et Bifibacterium [131.131132]. Pourtant, il n'y a pour l'heure pas d'étude randomisée contrôlée double aveugle permettant de définir clairement la place et l'efficacité de ce traitement dans la maladie de Crohn, les probiotiques ne sont donc actuellement pas recommandés dans le traitement de cette affection.[133] Il n'existe pas non plus de preuve de leur utilité dans le traitement des poussées inflammatoires[134].

6.5. Divers

Aucune preuve ne soutient l'utilité de ces micro-organismes dans le traitement ou la prévention des gastro-entérites virales chez l'adulte [135]. ni dans le traitement des diarrhées sur alimentation centrale.[136] Enfin, l'efficacité des probiotiques dans le syndrome du côlon irritable est controversée. Bien qu'une diminution des symptômes ait été rapportée [137]. L’hétérogénéité de cette affection et l'influence importante de l'effet placebo rendent les résultats aléatoires [138].

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