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Le tableau 2 présente de façon sommaire la diversité génétique globale observée parmi les ouananiches analysées. On constate que chacun des loci microsatellites sélectionnés possède un taux de polymorphisme relativement élevé, le nombre d'alleles variant de cinq à 16. Cette variabilité est moins élevée pour l'ADN mitochondrial puisque seulement quatre génotypes ont été notés. Le degré élevé de variation se reflète également par la mesure d'hétérozygotie attendue qui varie selon le marqueur entre 0,53 à 0,91 sur une échelle de 0 à 1. Les valeurs élevées de ces paramètres indiquent que l'efficacité de discrimination des marqueurs microsatellites sélectionnés n'est pas limitée par un manque de variation.

Tableau 2. Diversité génétique globale observée au sein des ouananiches analysées.

ADNmt: ADN mitochondrial.

L'ensemble des analyses de diversité génétique a révélé que les ouananiches des différents tributaires constituent des populations génétiquement distinctes. La variabilité génétique intra-population (hétérozygotie attendue) de chacun des stocks est très variable selon les loci (0,05 à 0,89; tableau 3). En moyenne, la Métabetchouane montre une plus faible variabilité que les autres rivières. On note également que les valeurs observées pour l'ADN mitochondrial sont en général inférieures à celles des microsatellites.

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Tableau 3. Diversité génétique intra-population attendue pour chacune des rivières et chacun des loci. Rs: rivière aux Saumons, As: Ashuapmushuan, Met:

Métabetehouane, Oua: Ouasiemsca.

L'ADN mitochondrial permet tout de même de différencier certaines populations. On constate ainsi que la rivière aux Saumons, l'Ashuapmushuan et la Ouasiemsca sont dominées par le génotype BBB, contrairement à la rivière Métabetehouane qui est dominée par le génotype AAA et qui est la seule à posséder le génotype ABB (tableau 4).

Le nombre d'individus analysés pour la rivière aux Saumons avec l'ADN mitochondrial est faible. Ceci provient d'une difficulté à amplifier les régions sélectionnées. Ainsi, nous n'avons pas pu digérer cet ADN avec les enzymes de restriction. Les microsatellites étant des régions beaucoup plus petites à amplifier, nous n'avons pas eu de problème à analyser ces individus.

Pour les microsatellites, les analyses permettent d'établir clairement la différenciation entre les populations des quatre tributaires. La variabilité génétique en général est plus grande que celle de l'ADN mitochondrial sauf pour la rivière Métabetehouane qui montre une moins grande variabilité dans le nombre d'allèles observés à certains loci. Par exemple, on peut voir au tableau 4 pour le locus u79.1 que la rivière Métabetehouane est très fortement dominée par l'allèle 149 (82 %) alors que l'allèle 155 est presque absent (3 %), tandis qu'il domine pour les autres rivières (42 % à 72 %). Pour ce même locus, on observe que la fréquence des allèles est aussi différente entre la rivière aux Saumons et l'Ashuapmushuan. L'allèle 157 est absent pour la rivière aux Saumons tandis qu'on note des différences dans la fréquence des allèles 151 (Rs: 33 %; As: 8 %) et 155 (Rs: 42•%;

As: 72 %). La rivière Ouasiemsca est également différente si on regarde la fréquence de l'allèle 157 (22 %). Pour le locus SSOSL85, on remarque que la Métabetehouane a une

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fréquence allélique élevée pour l'allèle 194 (60 %), tandis que la rivière aux Saumons se démarque par la présence d'allèles qui lui sont propres, tels que 174 (1 %) et 182 (4 %).

Ces deux rivières montrent aussi des différences pour le locus Ssal71 au niveau de la fréquence des allèles 239 (Rs: 26 %; autres rivières 0 à 3 %) et 255 (Met: 41"%; autres rivières: 4 % à 9 %). La Métabetchouane est également très différente au locus Sfo-23 puisque l'allèle 122 est presque fixé (97 %). Les rivières aux Saumons, Ashuapmushuan et Ouasiemsca se différencient par des allèles qui leur sont propres, soit le 116 (2 %), le 126 (1 %) et le 138 (6 %) respectivement. La Ouasiemsca est aussi différente à ce locus par sa composition en allèles et surtout par la fréquence de l'allèle 128 (Oua: 36 %; autres rivières: 1 % à 12 %).

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Tableau 4. Distribution des fréquences alléliques ou génotypiques relatives pour chaque tributaire. Rs: rivière aux Saumons, As: Ashuapmushuan, Met: Métabetchouane, Oua: Ouasiemsca. Pour l'ADN mitochondrial l'ordre des enzymes est Alul, Cfol et Haell.

ADNmt Génotype

174 182 186 194

Allèles (pb)

Rs 0.000 0.000 0.149 0.257 .0.068 0.081 0.014 0.054 0.027 0.189 0.027 0.041 0.000 0.081 0.000 0.014 37 As 0.012 0.049 0.098 0.037 0.183 0.085 0.037 0.024 0.085 0.110 0.012 0.098 0.012 0.037 0.110 0.012 41 Met 0.000 0.013 0.000 0.000 0.000 0.128 0.051 0.103 0.115 0.103 0.000 0.410 0.000 0.051 0.000 0.026 39 Oua 0.069 0.0.00 0.222 0.014 0.014 0.056 0.083 0.056 0.000 0.167 0.014 0.056 0.069 0.139 0.042 0.000 36

Sfo-23 Allèles (pb)

0.019 0.000 0.056 0.000 0.027 0.027 0.027 0.000 0.000 0.000 0.000 0.000 0.028 0.028 0.017 0.056

0.093

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Le tableau 5 résume les résultats de chi-carré de la distribution de fréquences alléliques entre les populations des différents tributaires. Le niveau de probabilité correspond à la proportion du nombre de permutations aléatoires sur un total de 1 000 ayant généré des valeurs de chi-carré supérieures à celle calculée. L'ADN mitochondrial montre qu'il y a des différences hautement significatives, principalement entre la Métabetchouane et les autres rivières. Pour les microsatellites, on constate qu'il y a des différences hautement significatives entre tous les tributaires.

Tableau 5. Analyses de chi-carré de la distribution de fréquences alléliques ou génotypiques entre les quatre rivières. Rs: rivière aux Saumons, As:

Ashuapmushuan, Met: Métabetchouane, Oua: Ouasiemsca.

Chi-carré

ADNmt u79.1 SSOSL85 Ssal71 SFO-23 Rs vs As 3.26* 25.28** 43.58** 41.02** 27.39**

RsvsMet 44.10** 56.62** 30.25** 72.93** 32.32**

RsvsOua 1.22 36.35** 29.32** 41.37** 26.28**

AsvsMet 38.12** 97.68** 37.33** 59.19** 62.01**

AsvsOua 3.11 14.24** 24.38** 43.80** 35.12**

Met vs Oua 51.49** 81.72** 50.70** 73.33** 69.41**

* 0.001 < P < 0.05; ** P < 0.001.

Le • degré de différenciation génétique entre les ouananiches des quatre tributaires se manifeste également dans la variance génétique inter-population. Globalement, la composante de la diversité génétique inter-population (PHI-st) montre que les populations des différents tributaires pris deux à deux sont significativement différentes pour trois à cinq loci. Les plus grandes différences sont obtenues, pour tous les loci, entre la Métabetchouane et les trois autres rivières (22 % à 33 %). Nous remarquons également

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que la composante de la variance génétique entre les rivières aux Saumons et Ashuapmushuan est plus grande que celle entre cette dernière et la Ouasiemsca (Rs-As:

14 %; As-Oua: 4 %). Les valeurs de PHI-st se traduisent aussi par un flux génique (Nem:

indice qui est une approximation du nombre moyen de migrateurs entre les rivières par génération) très faible entre la Métabetchouane et les autres tributaires (0,50 à 0,88). De plus, il y aurait apparemment moins d'échange génétique entre la rivière aux Saumons et l'Ashuapmushuan (1.60) qu'entre celle-ci et la Ouasiemsca (5.47).

Tableau 6. Proportion de la variation génétique totale due aux différences inter-population (PHI-st) et nombre moyen d'individus ayant migré entre les quatre rivières par génération (Nem). Rs: rivière aux Saumons, As: Ashuapmushuan, Met: Métabetchouane, Oua: Ouasiemsca.

PHI-st Nem

ADNmt u79.1 SSOSL85 Ssal71 SFO-23 Global

Rs vs As 0.103* 0.188** 0.031 0.024 0.265** 0.135 1.599 RsvsMet 0.885** 0.491** 0.079* 0.286** 0.083* 0.222 0.878 RsvsOua 0.000 0.124** 0.224** 0.021 0.071* 0.080 2.859 AsvsMet 0.596** 0.750** 0.188** 0.104* 0.497** 0.332 0.504 AsvsOua 0.041* 0.000 0.049* 0.000 0.097* 0.044 5.471 Met vs Oua 0.763** 0.667** 0.468** 0.104* 0.318** 0.297 0.593

Moyenne 0.398 0.370 0.173 0.090 0.222

* 0 . 0 0 1 < P < 0 . 0 5 ; * * P < 0 . 0 0 1 .

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Le phénogramme de la figure 4 illustre de façon graphique la différenciation entre les populations. On constate que la population de la Métabetchouane est la plus éloignée génétiquement des populations des autres rivières. L'Ashuapmushuan et la Ouasiemsca sont les plus rapprochées et la population de la rivière aux Saumons est intermédiaire entre celle de la Métabetchouane et celles du groupe Ashuapmushuan-Ouasiemsca.

Rivière aux Saumons

Ashuapmushuan

Ouasiemsca

Métabetchouane

Figure 4. Phénogramme regroupant les échantillons de ouananiches selon la matrice de distance génétique de Shriver.

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