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Les différences de répartition des TAMs et des Tregs révèlent différents niveau

A. Autour de l!immunosuppression dans le contexte tumoral :

1) Les différences de répartition des TAMs et des Tregs révèlent différents niveau

1.1 Les TAMs s!accumulent dans les tumeurs

La très grande majorité des cellules immunitaires infiltrant les métastases cutanées dans le modèle MT/ret présentent un phénotype CD11b+ Gr1faible/- (Article 1 : Figure 2). L!anticorps anti-Gr1 reconnaissant un épitope commun à Ly-6C et Ly-6G, nous avons précisé ce phénotype par l!utilisation d!anticorps ciblant spécifiquement ces molécules. Les cellules myéloïdes du micro-environnement des métastases cutanées sont, en fait, dans leur majorité CD11b+ CD11c- NK1.1- Ly-6Cfaible/- Ly-6G-, ce qui correspond à la définition phénotypique des TAMs (Article 2 : Figure 1B). De plus, les cellules myéloïdes présentes dans les métastases cutanées expriment des niveaux importants d!ARNm de F4/80, Mgl1 et Fizz1, marqueurs des M2 (Article 1 : Figure 3A). De façon concordante avec nos résultats, plusieurs études ont mis en évidence une accumulation de macrophages dans les tumeurs. Elle est, en effet, retrouvée dans les modèles TiRP de mélanome sporadique (Soudja 2010), MMTV- PyMT de carcinome mammaire (DeNardo 2009) et KP d!adénocarcinome pulmonaire (Cortez-Retamozo 2012). La proportion de TAMs dans le micro-environnement tumoral des souris MT/ret est corrélée à l!agressivité des tumeurs (Article 1 : Figure 2D). C!est également le cas dans les modèles MMTV-PyMT (DeNardo 2009), KP (Cortez-Retamozo 2012) et KPC (Bayne 2012) où une accumulation des TAMs est associée à un mauvais pronostic vital. Les études chez l!Homme viennent renforcer ces constatations. En effet, une forte infiltration des TAMs est corrélée à un mauvais pronostic vital dans les cancers de la thyroïde, du poumon, du foie ou du sein (Ruffell 2012). Dans le mélanome, le rôle pronostique des TAMs reste controversé. Il a été suggéré que la densité de TAMs dans les tumeurs primaires, révélée par

le marqueur CD68, n!a pas valeur de facteur pronostique (Piras 2005), mais une seconde étude utilisant la même technique démontre que plus les tumeurs sont épaisses et agressives, plus l!infiltration de TAMs est importante (Varney 2005). Nos résultats vont dans ce sens puisque nous démontrons que, dans le modèle MT/ret, l!infiltration de TAMs est plus importante dans les métastases cutanées les plus agressives (Article 1 : Figure 2D).

Les macrophages activés alternativement (M2), se différencient en réponse à l!IL-4 et l!IL-13, et sont impliqués dans les réponses de type Th2 (Mantovani 2002). Il a été suggéré que le contexte tumoral peut biaiser la différenciation des macrophages vers le type M2 (Mantovani 2010). Plusieurs études transcriptomiques (Biswas 2006, Ojalvo 2009) démontrent que les TAMs expriment beaucoup de gènes potentiellement immuno-suppresseurs. En outre, ils sont capables de supprimer la prolifération in vitro des LT effecteurs (Movahedi 2010). Nos résultats sur les métastases cutanées des souris MT/ret montrent que les TAMs présentent des niveaux d!expression très importants des gènes arg1, il10, fizz1 et mgl1 (Article 1 : Figure 3A). De plus, ils expriment de forts niveaux de F4/80 et d!IL-4Rc ainsi qu!une faible capacité de sécrétion d!IL-12 (Article 1 : Figure 3B). Enfin, ils suppriment la prolifération et la sécrétion d!IFNi des LT CD8+ (Article 1 : Figure 4). L!ensemble de ces données confirme que les TAMs retrouvés chez les souris MT/ret sont de type M2 et sont des acteurs importants de l!immuno-suppression dans le micro-environnement tumoral.

1.2 Les Tregs s!accumulent dans les ganglions drainants

Une accumulation de Tregs est retrouvée dans la rate et les ganglions cervicaux des souris MT/ret ne développant pas de vitiligo à l!âge de 6 mois (Article 2 : Figure 2A et B, Figure S2). Ceci est également vrai dès l!âge de 6 semaines dans les ganglions cervicaux et de 3 mois dans la rate (données non montrées). De plus, nous démontrons que cette accumulation est spécifique des ganglions drainants (Article 2 : Figure 2C). Ces résultats concordent avec ceux mis en avant aussi bien chez les patients atteints de mélanome (Viguier 2004) que dans des modèles murins de tumeurs transplantées (Hiura 2005) ou spontanées (Tien 2005). Ces données suggèrent également que les Tregs pourraient jouer un rôle dans la suppression des réponses anti-tumorales au niveau systémique en inhibant l!activation des effecteurs anti- tumoraux dans les ganglions drainants. Ce dernier point a déjà fait l!objet de nombreuses études démontrant que la déplétion des Tregs augmente l!activation des effecteurs anti-

déplété en Tregs (Dercamp 2005). Nos résultats sur la déplétion des Tregs chez les souris MT/ret viennent confirmer ces données (Article 2 : Figure 2D).

1.3 Les Tregs s!accumulent dans la peau

Nos données montrent une accumulation de Tregs dans la peau des souris MT/ret de 3 semaines ne développant pas de vitiligo (Article 2 : Figure 5D). Dans ce modèle, la dissémination à partir de la tumeur primaire intervient très précocement, mais les cellules tumorales disséminées sont maintenues à l!état de dormance par le système immunitaire (Eyles 2010). Notre hypothèse est que ces cellules tumorales isolées recrutent ou induisent l!expansion locale des Tregs capables de supprimer la réponse effectrice in situ dans la peau. Les Tregs pourraient alors avoir des rôles distincts en fonction du stade de développement tumoral et de leur localisation. En accord avec ces résultats, il a été mis en évidence que les Tregs sont l!une des premières populations à migrer des ganglions à la peau, et réciproquement, lors d!une réponse immunitaire (Tomura 2010).

Nos résultats suggèrent que les Tregs inhibent la réponse des effecteurs anti-tumoraux dans la peau par un mécanisme dépendant de l!IL-10 (Article 2 : Figures 5E et 6). L!importance de l!IL-10 pour les fonctions suppressives des Tregs est longtemps restée sujette à débat (cf. chapitre B.4.1.1). Nos données démontrant une importance de l!IL-10 dans la peau concordent avec la démonstration que l!IL-10 est cruciale pour les fonctions suppressives des Tregs aux interfaces environnementales (Rubstov 2008). Nous ne pouvons cependant pas exclure la possibilité que les Tregs pourraient utiliser d!autres mécanismes (cf. Chapitre B.4). De façon intéressante, il n!y a pas d!accumulation préférentielle des Tregs dans les métastases cutanées des souris MT/ret (Article 2 : Figure 2A et B) contrairement à ce qui est retrouvé dans de nombreux types de cancer (cf. tableau 7), mais pas dans le mélanome. Ceci suggère que les Tregs ne seraient pas les acteurs principaux de l!immuno-suppression dans les métastases cutanées alors qu!ils semblent l!être dans les ganglions drainants et localement dans la peau.