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Diagnostic direct ou parasitologie :

4. Diagnostic :

4.3 Diagnostic direct ou parasitologie :

4.3.1 Détection des filaires adultes :

Généralement, un onchocercome est le témoin de la présence de macrofilaires pelotonnées. Même si l’aspect du nodule onchocerquien est caractéristique, il est judicieux de passer par un diagnostic de certitude en réalisant une ponction à l’aiguille ou une extirpation chirurgicale (=nodulectomie) (Figure 35) pour recueillir, après ouverture du kyste, les macrofilaires à l’intérieur.

54 Figure 35 : Nodulectomie chez un patient atteint d'onchocercose

Source : www.eanofel.fr

Cependant, cette méthode ne constitue pas un mode de diagnostic habituel (Robert P-Y et al, 2012).

4.3.2 Détection des microfilaires :

Elle constitue le diagnostic de certitude (Carme B. & Ripert C, 1999). On peut rechercher ces dernières dans le suc dermique obtenu après scarification (Boussinesq M, 1997). La scarification a été préconisée pour la première fois par Hooghe en 1934, elle consiste en quatre incisions de 8 mm de long espacées de 2 mm à la face supéro-externe du bras. Après un délai dix secondes, la peau est pincée et le suc dermique mélangé de sang est coloré au Giemsa après séchage sur lame. Cependant, cette méthode n’est pas préférable pour plusieurs raisons : douloureuse et mal acceptée, se prête mal à la quantification, la sensibilité d’une biopsie est plus grande (Prost A. et Prod’hon J, 1978).

Ainsi, la mise en évidence est réalisée par une technique de référence qui est la biopsie cutanée exsangue ou BCE ou « skin-snip » (Dominique Richard-Lenoble, 2003) : elle est réalisée, sans anesthésie locale et sans faire saigner (pour éviter une contamination par des microfilaires sanguines) (Boussinesq M, 1997) à différents lieux de prélèvements selon les grandes régions d’endémie (Carme B. & Esterre P, 2012) (Figure 36).

55 Figure 36 : Lieux des prélèvements cutanés lors la biopsie cutanée exsangue (BEC)

pour le diagnostic de l’onchocercose

Région 1 : Pointe de l’omoplate ; Région 2 : Crête iliaque ; Région 3 : Mollet Source : Carme B. & Esterre P, 2012

Il convient d’utiliser une pince à sclérotomie de type Holth de 2 mm (Figure 37) pour des prélèvements reproductibles et calibrés (le poids moyen de la biopsie est alors de 2,84 milligrammes) (Prost A. et Prod’hon J, 1978). Il est obligatoire de stériliser la pince entre chaque biopsie par immersion pendant 10 minutes dans une solution de glutaraldéhyde 2% suivie de deux rinçages à l’eau claire.

Figure 37 : Pince à sclérotomie pour la biopsie cutanée exsangue (BCE) utilisée pour le diagnostic de l’onchocercose

Source : www.eanofel.fr

En l’absence de pince, la BCE peut être accomplie à l’aide d’une paire de ciseaux courbes ou d’un scalpel et d’une aiguille pour soulever la peau (Robert P-Y et al, 2012). Cependant, cette technique est délicate à réaliser chez un enfant (Carme B. & Esterre P, 2012).

56 Concernant l’incubation et le temps de lecture à partir des lambeaux de peau de quelques millimètres de diamètre (l’équivalent d’un grain de riz), il convient d’utiliser des méthodes de choix sur le terrain qui sont celles dites de PICQ et de NELSON (Prost A. et Prod’hon J, 1978).

 La méthode dite de « PICQ » : les biopsies sont placées sur une lame dans une goutte d’eau distillée et la numération est faite 30 minutes après le prélèvement. Les microfilaires sortent activement en milieu frais et sont alors aisément observables au microscope à faible grossissement.

 La méthode dite de « NELSON » : les fragments de biopsie sont placés dans 0,2 mL de sérum physiologique dans des puits de microtitration et la numération est faite après une heure d’incubation. Si le prélèvement est négatif, on dépose à nouveau du sérum physiologique afin de réaliser une deuxième lecture après 24h d’incubation (Carme B. & Ripert C, 1999). Si l’on veut éviter de faire l’examen dans des conditions de terrain, l’ajout d’une goutte de formol après 24h permet la conservation des parasites jusqu’au retour au laboratoire.

Concernant l’émergence des microfilaires en fonction du temps : Dans la méthode de PICQ, on observe qu’à 30 minutes d’incubation, 50% des microfilaires ont émergé de la biopsie contre la totalité après deux heures (Prost A. et Prod’hon J, 1978). Cependant dans la méthode de NELSON, Prost A. et Prod’hon J. ayant effectué 302 biopsies sur 151 sujets ont retrouvé des résultats différents : on retrouve une émergence de 71,2% des microfilaires à 30 minutes.

Ajoutons que l’eau physiologique est un milieu plus favorable aux microfilaires que l’eau distillée. Dans l’article de Prost A. et Prod’hon J. (1978), elles ont émergé des biopsies plus vite et en plus grand nombre comme il l’est présenté dans le tableau ci-dessous :

Tableau 1 : Emergence comparée des microfilaires d’Onchocerca volvulus entre la 30ème minute en eau distillée et la

24ème heure en eau physiologique

57 Ainsi, il est recommandé d’utiliser la double biopsie prélevée à l’emporte-pièce au niveau des crêtes iliaques. La lecture se fait après 30 minutes sur lame en eau distillée au microscope (Figure 38 et 39) et est contrôlée après 24h d’incubation en eau physiologique si le résultat est négatif.

Figure 38 : Examen au microscope pour visualiser les microfilaires d’Onchocerca volvulus mobiles dans le liquide pour diagnostic et évaluation de la charge parasitaire

Source : www.eanofel.fr

Figure 39 : Biopsie cutanée exsangue (BCE) plongée dans du sérum physiologique. Observation au microscope des microfilaires d’Onchocerca volvulus

Source : Dominique Richard-Lenoble, 2003

La taille et la morphologie des vers onchocerquiens permettent de les différencier de Mansonella. streptocerca (une autre filaire responsable de filariose cutanée chez l’Homme et dont les microfilaires peuvent être dermiques). En effet, les microfilaires d’O. volvulus ont un déplacement serpigineux dans le liquide d’élution alors qu’il est rigide pour M. streptocerca. Colorées, les microfilaires d’O. volvulus sont entourées d’une gaine et elles ont une extrémité

58 caudale droite contrairement celles de M. streptocerca qui n’ont pas de gaine et possèdent une extrémité postérieure recourbée en crosse (Dominique Richard-Lenoble, 2003) (Figure 40).

Figure 40 : Morphologie des microfilaires Mansonella streptocerca et Onchocerca volvulus. Source : Dominique Richard-Lenoble, 2003

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