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6-1 Hémogramme 6 :

Quatre signes peuvent être diversement associés : l’anémie, la thrombocytopénie, la neutropénie et la présence de lymphoblastes dans le sang. L’anémie est normochrome, normocytaire ou légèrement macrocytaire et arégénérative. La présence de lymphoblastes malins dans le sang est responsable d’une hyperleucocytose dont l’intensité est très variable. Environ 20 % des enfants ont des leucocytes supérieurs à 50 giga/l mais le taux peut être bien supérieur, notamment dans les formes T et chez les nourrissons âgés de moins de 1 an.

Un petit nombre de patients n’ont pas de lymphoblastes cytologiquement détectables dans le sang, le tableau biologique se résumant à une ou plus généralement plusieurs cytopénies. Le myélogramme est alors l’examen clé du diagnostic. En cas de LAL, la moelle est envahie par des lymphoblastes.

6-2 Myélogramme :

En dehors des formes sans lymphoblaste circulant, il confirme généralement un diagnostic déjà fait dans le sang .6

Le myélogramme est un examen clé, qui met en évidence une infiltration blastique supérieure à 30 %, définissant le diagnostic de LA. Plus récemment, la classification de l’OMS a établi ce seuil à 20 % incluant l’entité « anémie réfractaire avec excès de blastes en transformation ». La moelle est en général hypercellulaire, mais des aspects hypoplasiques, voires aplasiques, ne sont pas exceptionnels. L’aspiration du suc médullaire est parfois impossible (dry tap) en cas de fibrose. Ce cas de figure est fréquent lors de la LAM de type mégacaryoblastique (LAM7). La réalisation d’une biopsie médullaire est alors impérative.5

6-3 Cytochimie:

Les études cytochimiques complètent l’interprétation purement cytologique. Les colorations de routine concernent essentiellement deux types d’activités enzymatiques : les myéloperoxydases, caractéristiques des LAM, et les estérases qui sont positives sur les cellules granuleuses et monocytaires.5

6-4 Bilan d’hémostase :

La CIVD est quasi constamment observée dans les LAM3, mais tous les types, en particulier les LAL et LAM4 et 5, peuvent en comporter.5, 107 Elle se caractérise par une baisse du fibrinogène, des plaquettes, de certains facteurs de la coagulation et la présence de complexes solubles. L’acide tout-trans rétinoïque permet en règle un contrôle rapide de ce problème au cours des

LAM3. Dans les autres types cytologiques, le clinicien peut utiliser, selon les cas, les transfusions de plaquettes, le plasma frais, les faibles doses d’héparine ou les concentrés d’antithrombine III. 5

6-5 Dosages biochimiques :

Ils permettent de déceler des anomalies métaboliques : hyperkaliémie (en cas d’acidose et dans les formes hyperleucocytaires) ou hypokaliémie; acidose lactique; 5 hyperuricémie.5, 107. Le taux de LDH (lacticodéshydrogénase) constitue un élément pronostique dans les LAM et dans les LAL.5 De fausses hypoglycémies sont possibles en cas de forte blastose. 5,108

7- Classification :

7-1 Leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) :

7-1-1 Classification cytologique (Figure : 11):

La classification morphologique FAB, 8 initialement décrite par les auteurs français, américains et britanniques, est utilisée très largement. 6 On distingue les formes L1, L2, L3 en fonction de l’aspect du noyau et des nucléoles, du rapport nucléocytoplasmique, de la basophilie du cytoplasme, de la présence de vacuoles cytoplasmiques.

Les lymphoblastes L1 (90 % des patients) sont de petites cellules à très haut rapport nucléocytoplasmique ; les nucléoles ne sont généralement pas visibles ; le cytoplasme dépourvu de granulations est réduit à un petit liseré périphérique (Figure 11.A).

Les lymphoblastes L2 sont des cellules plus grandes, leur cytoplasme est plus abondant, les nucléoles sont visibles (Figure 11.B). La distinction L1/L2 n’est pas corrélée à des profils phénotypiques ou cytogénétiques particuliers.

Les lymphoblastes L3 sont en revanche très spécifiques de la leucémie de Burkitt, c’est-à-dire de la leucémie à cellule B mature qui porte des immunoglobulines de membrane. Le lymphoblaste L3 est facilement reconnaissable par l’intense basophilie du cytoplasme et la présence de nombreuses vacuoles cytoplasmiques (Figure 11.C).6

Figure 11: Classification cytologique des leucémies aiguës lymphoblastiques. 6 Figure 11.A : le rapport nucléocytoplasmique très élevé de

L1 et l’absence de nucléole.

Figure 11.B : les nucléoles de L2 sont bien visibles (flèche) et le cytoplasme

plus abondant.

Figure 11.C : Noter l’intense basophilie du cytoplasme et les vacuoles des lymphoblastes L3

7-1-2 Classification immunophénotypique :

La mise en évidence par cytométrie en flux de marqueurs cellulaires (membranaires et intracytoplasmiques) a permis d’affirmer la nature lymphoïde des blastes et d’individualiser différents sous-groupes. Ces constatations constituent la base de la classification immunophénotypique de l’EGIL (European Group for the Immunological Characterization of Leukaemias), largement utilisée aujourd’hui et qui reconnaît quatre sous-groupes au sein des LAL B et quatre sous-groupes au sein des LAL T ; au sein de ces groupes sont individualisés les cas dont les blastes coexpriment un marqueur myéloïde (LAL My +). 8

LAL-B 110 :

Pour la lignée B (Tableau II), les marqueurs pan-B sont CD19, cCD22, cCD79a. Les marqueurs de stade de la lignée B étant CD10, cμ (chaîne μ d’immunoglobuline [Ig] cytoplasmique) et sIgM (IgM de surface), le CD20 et le marqueur de maturité FMC7. La molécule HLA-DR et l’Ag nucléaire TdT (désoxynucléotidyl transférase terminale), non spécifiques de la lignée B sont présents dans presque tous les cas de LAL-B .110, 111

Les précurseurs B très immatures sont caractérisés par l’absence d’Ig, que ce soit en surface (sIgM) ou en intracytoplasmique (cμ) et se divisent en deux catégories, les lymphoblastes pro-B (LAL pro-B ou de type I) n’exprimant pas l’Ag CD10 et les blastes pré-pré B (LAL pré-pré B ou de type II) qui l’expriment. Les lymphoblastes pré-B (LAL pré B ou de type III) restent CD10 positifs et acquièrent l’expression de la chaîne lourde μ intracytoplasmique. Enfin, les cellules B matures (LAL-B matures ou de type IV) sont définies par

l’expression en surface d’une Ig complète. La LAL-3 de type Burkitt (classification FAB) 110 (ou lymphome / leucémie de Burkitt selon la classification OMS 110, 112) est une entité particulière où le phénotypage ne correspond à aucun stade physiologique de la maturation d’une cellule B, co-exprimant le CD10 et l’IgM de surface.110

LAL-T 110 :

Pour les LAL-T (Tableau III), les marqueurs pan-T utilisés sont les CD2, CD5, CD7 et le CD3 intra cytoplasmique. Les molécules rigoureusement spécifiques de la lignée T, le récepteur T (TCR) et le CD3, dont l’apparition à la surface des cellules est assez tardive dans la différenciation, ne sont le plus souvent pas retrouvées à la surface des cellules leucémiques. L’Ag cortical thymique, CD1a, et les Ag des sous-populations T, CD4 et CD8 peuvent être utilisés pour classer les différents précurseurs des LAL-T : les cellules blastiques T très immatures CD34+, CD1a–, sCD3–, CD4– et CD8– (LAL pro-T ou de type I) ; les cellules immatures de même phénotype mais CD34– (LAL pré-T ou de type II) ; les thymocytes communs CD1a+, sCD3–, CD4+ et CD8+ (LAL-T commune ou de type III) ; et les cellules T matures CD1a–, CD3+, CD4+ ou CD8+ (LAL-T mature ou de type IV).

Tableau II : Caractéristiques phénotypiques des leucémies aiguës lymphoïdes B .110

cCD79a : CD79a intracytoplasmique ; μ : chaîne μ intracytoplasmique ; sIgM : immunoglobuline M exprimée en surface.

Tableau III : Caractéristiques phénotypiques des leucémies aiguës lymphoïdes T.110

7-1-3 Classification cytogénétique :

La nouvelle classification des leucémies aiguës (LA) proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 8,112,113

intègre des données génétiques et cliniques aux données morphologiques et immunophénotypiques déjà utilisées dans les précédentes classifications du groupe French-American-British (FAB) et du European Group for the Immunological Characterization of Leukemias (EGIL). Ainsi sont prises en considération la valeur pronostique de certaines anomalies génétiques, qui est désormais bien établie, et l’existence d’un traitement cytotoxique antérieur ou d’un antécédent de myélodysplasie qui conditionne le devenir de l’affection. Des entités ayant des caractéristiques morphologiques, immunophénotypiques, génétiques et cliniques particulières ont ainsi été définies. Pour les cas qui ne répondent à ces critères, le recours aux classifications actuellement en cours (FAB et EGIL) est nécessaire .8

Les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) comprennent deux grandes catégories :

- Leucémies aiguës lymphoïdes avec anomalies génétiques récurrentes. - Leucémies aiguës lymphoïdes sans anomalies génétiques significatives.

Classification des leucémies aiguës lymphoïdes sur la présence d’anomalies génétiques récurrentes :

Leucémies aiguës lymphoïdes hyperdiploïdes à plus de 50 chromosomes (entre 51 et 64) :

Leur fréquence est estimée à 20-25 % des LAL chez l’enfant (surtout entre 2 et 10 ans) et à 4-9 % chez l’adulte. Il s’agit le plus souvent de LAL communes (BII) non hyperleucocytaires, dont le bon pronostic chez l’enfant est maintenant établi.8

Leucémies aiguës lymphoïdes hypodiploïdes à moins de 45 chromosomes :

Leur fréquence est estimée à 5 % environ, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Il s’agit habituellement de LAL B communes (BII) mais parfois aussi de LAL T dans 20 % des cas.8

Leucémies aiguës lymphoïdes B avec t (12; 21) (p13; q22) :

Cette forme est fréquente chez l’enfant. Elle concerne en effet 25 % des cas de LAL B de l’enfant, alors que les cas rapportés chez l’adulte sont très rares. Il s’agit le plus souvent de LAL communes (BII) avec un marqueur myéloïde CD13 ou CD33 fréquemment associé. 8(figure 12)

Leucémies aiguës lymphoïdes B avec t (1; 19) (q23; p13.3) :

Elle est mise en évidence dans 25 % des LAL pré B (BIII) ; elle représente 6 % des cas de LAL B chez l’enfant et environ 3 % chez l’adulte. 8

Leucémies aiguës lymphoïdes B avec t (9 ; 22) (q34;q11.2) :

Cette forme est fréquente chez l’adulte, chez qui elle représente environ 30 % des cas de LAL, alors qu’elle est rare chez l’enfant (de 3 à 4 %). Il s’agit le plus souvent de LAL communes (BII), parfois pré-B (BIII) ou plus rarement

pro-B (BI) dont les blastes coexpriment, dans plus de la moitié des cas, un ou plusieurs marqueurs myéloïdes (LAL B My +).8

Leucémies aiguës lymphoïdes B avec anomalies du gène MLL (11q23) :

Sa fréquence chez l’enfant est estimée à 2-3 %, mais elle constitue 60 % environ des LAL B de l’enfant de moins de 1 an. Ces patients sont souvent hyperleucocytaires et le profil immunophénotypique est de type pro-B (BI) avec un marqueur myéloïde, CD15 et/ou CD65. La survie des patients est significativement plus courte que dans les LAL B sans anomalie du gène MLL.8

Leucémies aiguës lymphoïdes B avec t (8 ; 14) (q24 ; q32) :

La translocation (8;14)(q24;q32) et ses rares formes « variantes », t(2;8)(p13;q24) et t(8;22)(q24;q11) sont retrouvées dans le lymphome de Burkitt et les LAL type Burkitt c’est à- dire les LAL3 de la classification FAB qui sont des LAL « matures » exprimant les immunoglobulines de surface ; elle représente 5 % des LAL de l’adulte ou de l’enfant .97

Leucémies aiguës lymphoïdes T avec t (5; 14) (q35; q32) :

Cette translocation est associée à l’expression anormale du gène Hox11L2. Cette anomalie est présente dans 25 % des LAL T de l’enfant et semble associée, dans les formes hyperleucocytaires, à un plus mauvais pronostic que celui des LAL T Hox11L2 négatifs. Cette catégorie, décrite récemment, ne figure pas dans la classification OMS.8, 114, 115

Leucémies aiguës lymphoïdes sans anomalies génétiques significatives :

D’autres anomalies cytogénétiques sont mises en évidence dans les LAL, mais elles ne sont pas associées à des entités particulières. Il existe en outre des LAL B ou T pour lesquelles aucune anomalie génétique n’est actuellement détectée. 8 (figure 13)

Figure 12 : Leucémie aiguë lymphoïde B (BII) avec t (12;21) (analyse moléculaire effectuée par le Dr E Delabesse, laboratoire d’hématologie, hôpital Necker-Enfants

Malades, 75743 Paris cedex 15). 8

Frottis médullaire : blastes de petite taille, faible extension cytoplasmique, contour nucléaire régulier ou encoché, chromatine fine

Figure 13 : Leucémie aiguë lymphoïde T (IV, TCR ab+), pas d’anomalies décelées sur le caryotype (caryotype effectué par I Radford-Weiss, laboratoire de cytogénétique,

hôpital Necker-Enfants Malades, 75743 Paris cedex 15). 8

Frottis médullaire : blastes de taille petite à moyenne, cytoplasme basophile, contour nucléaire régulier, chromatine fine, nucléoles visibles ;

7-2 Leucémie aiguë myéloïde :

7-2-1 Classification cytologique :

La leucémie est classée selon l’une des catégories cytologiques décrites par le groupe FAB (tableau IV), en fonction du degré de différenciation, de l’implication d’un contingent monoblastique ou monocytaire, de l’atteinte des lignées érythroblastiques ou mégacaryocytaires. La présence de granulations spécifiques sous forme d’un corps d’Auer (figure 14) et/ou la positivité de la réaction cytochimique identifiant une activité peroxydasique dans les myéloblastes permettent le diagnostic .116

Tableau IV : Classification cytologique des leucémies aiguës myéloïdes 116

Figure 14 : Myéloblastes présentant un bâtonnet d’Auer, spécifique de la leucémie aiguë myéloïde. 116

7-2-2 Classification immunophénotypique :

Les caractéristiques immunophénotypiques de LAM ont permis de mieux caractériser les leucémies d’aspect indifférencié et de « reconnaître » les leucémies biphénotypiques ou biclonales.8

Les anticorps fluorescents permettent parfois de mieux caractériser certaines formes de myéloblastes indifférenciés, par la présence d’une positivité de la myéloperoxydase, par l’expression de certains antigènes membranaires des lignées granuleuses, monocytaires, mégacaryocytaires, des marqueurs d’immaturité tels que le CD34, antigène porté par la cellule souche hématopoïétique.116 (Tableau V)

Leucémie aiguë myéloïde peu différenciée (FAB : LAM-0) : 110

La caractérisation immunologique des blastes prend un intérêt majeur, puisqu’il s’agit de cellules indifférenciées, myéloperoxydases (MPO) négatives en intra- cytoplasmique, et pour lesquelles l’étude cytologique et cytochimique

ne permet pas de faire la distinction entre une LAM-0 et une LAL. La mise en évidence à la surface des blastes, de molécules appartenant à la lignée myéloïde (CD33, CD13, CD117) associées au marqueur des cellules souches CD34, à l’absence de marqueurs des cellules matures (CD15, CD16) et surtout à l’absence de marqueurs de la lignée lymphoïde, aboutit au diagnostic de LAM-0. Il est également indispensable de vérifier l’absence de marqueurs érythrocytaires (glycophorine A), plaquettaires (CD41, CD42b et CD61), et monocytaires (CD14, CD64, CD11b), pour exclure les autres LAM négatives pour les MPO.

Leucémie aiguë myéloïde sans maturation (FAB : LAM-1) et leucémie aiguë myéloïde avec maturation (FAB : LAM-2) :110

Le phénotype des LAM-1 est comparable à celui des LAM-0, avec en outre la positivité des MPO. Les LAM-1 diffèrent des LAM-2 par la présence de marqueurs d’immaturité (forte expression des molécules CD34, HLA-DR et CD117) et l’absence de marqueurs retrouvés sur les formes plus matures (CD16, CD15).

Leucémie aiguë promyélocytaire (FAB : LAM-3) : 110

Le diagnostic de LAM-3, qui implique une attitude thérapeutique spécifique, est possible grâce à un phénotype le plus souvent typique : positivité des marqueurs myéloïdes (CD33, CD13 et intense positivité des MPO intracytoplasmiques) associée à la négativité du CD34 et de la molécule HLA-DR, présente dans tous les autres types de LAM.

Leucémie aiguë myélomonocytaire (FAB : LAM-4) et leucémie aiguë monoblastique ou monocytaire (FAB : LAM-5) : 110

Le diagnostic est porté sur la présence de marqueurs monocytaires (CD14, CD64, CD11b) associés aux marqueurs myéloïdes (CD33, CD13). De plus, le CD36 non spécifique de la lignée monocytaire, est aussi fréquemment exprimé. La différence entre les LAM-4 et les LAM-5 est fondée, comme pour la cytologie, sur la proportion de blastes monocytaires par rapport aux blastes myéloïdes.

Érythroleucémie (FAB : LAM-6) : 110

À côté de la population blastique de type granuleux exprimant faiblement les marqueurs myéloïdes, on observe la présence d’une population érythroblastique représentant plus de 30 % des éléments analysés et qui est positive pour des marqueurs des érythroblastes comme le CD235a (glycophorine A, AGA). Deux marqueurs présents sur les érythroblastes, mais de façon non spécifique, sont également très utiles pour évoquer ce diagnostic : le CD36, également présent sur les monocytes et les plaquettes et le CD71, récepteur pour la transferrine, présent sur toute la lignée érythroblastique mais pouvant être retrouvé sur tout type cellulaire qui prolifère.110 Dans la forme LAM-6 variante,

110, 117

de diagnostic difficile, les blastes peuvent n’exprimer aucun Ag myéloïde et être CD235a négatifs. Le diagnostic repose alors sur le CD36 et doit souvent être confirmé par des cultures in vitro ou une étude en microscopie électronique.110

Leucémie aiguë mégacaryoblastique (FAB : LAM-7) :

La LAM-7 est définie par la présence d’au moins deux molécules spécifiques de la lignée plaquettaire (CD41, CD42b ou CD61) sur des blastes MPO négatifs.110

Tableau V : Caractéristiques phénotypiques des leucémies aiguës myéloïdes. 110

LAM-0 : leucémie aiguë myéloïde peu différenciée ; LAM-1 : leucémie aiguë myéloïde sans maturation ; LAM-2 : leucémie aiguë myéloïde avec maturation ; LAM-3 : leucémie aiguë promyélocytaire ;LAM-4 : leucémie aiguë myélomonocytaire ;LAM-5 : leucémie aiguë monoblastique/monocytaire ;LAM-6 : érythroleucémie ;LAM-7 : leucémie aiguë mégacaryoblastique ;CD : classe ou « cluster » de différenciation ;MPOcy : myéloperoxydases intracytoplasmiques ;AGA : glycophorine A.

7-2-3 Classification cytogénétique :

La mise en évidence d’anomalies génétiques spécifiques de certains types de leucémies a abouti aux nouvelles propositions de l’OMS qui sont basées sur :

– l’intégration des anomalies génétiques récurrentes ;

– la prise en considération des signes de dysplasie de la maturation myéloïde ; – la prise en considération du contexte clinique : antécédent de syndrome myélodysplasique ou de traitements préalables (chimiothérapie ou radiothérapie);

– le seuil de la blastose à 20 % pour le diagnostic de LA (et non plus 30 % comme dans la classification FAB) ;

Quatre groupes principaux sont ainsi reconnus.

Leucémies aiguës myéloïdes avec anomalies génétiques récurrentes :

Leucémie aiguë myéloïde avec t (8; 21) (q22; q22) :

Elle représente de 6 à 19 % des cas de LAM de l’enfant. Il s’agit typiquement de LAM dite « avec maturation » (LAM2) qui associe aux blastes des éléments anormaux de maturation granuleuse jusqu’aux polynucléaires. Cette LAM se distingue morphologiquement des autres LAM avec maturation sans t (8; 21) par l’aspect particulier des blastes, le type de dysgranulopoïèse et l’absence de composante monocytaire. 8

Leucémie aiguë myéloïde avec inv 16 (p13; q22) ou t(16;16) (p13;q22) :

Elle représente de 10 à 12 % des cas de LAM et survient aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Sur le plan morphologique, il s’agit, dans sa forme typique, d’une LAM avec composante monocytaire (leucémie aiguë myélomonocytaire) associée à une maturation éosinophile médullaire anormale dont le taux peut varier de 3 à 30% (M4 Eo).110 (figure 16)

Leucémie aiguë myéloïde avec anomalies du gène MLL (11q23) :

Les translocations impliquant la bande chromosomique 11q23 sont observées dans 5– 6% des LAM et dans 50% des LAM5, surtout chez les enfants puisqu’elle représente 70 % de tous les cas (LAL et LAM confondus). Il s’agit le plus souvent de LA à différenciation monocytaire, soit LAM5a où les monoblastes sont immatures et de grande taille, soit LAM5b où les monoblastes sont plus différenciés avec des monocytes et des promonocytes .77 (Figure 17).

Figure 15 : Leucémie aiguë myéloïde avec t (8;21) (caryotype effectué par I Radford-Weiss, laboratoire de cytogénétique, hôpital Necker-Enfants Malades 75743 Paris cedex

15 et analyse moléculaire effectuée par le Dr E Delabesse, laboratoire d’hématologie, hôpital Necker-Enfants malades, 75743 Paris cedex 15) (LAM avec maturation, M2). 8

Frottis médullaire : blastes à grains et à corps d’Auer associés à des éléments de maturation granuleuse dysplasique .

Figure 16 : Leucémie aiguë myéloïde avec inv16 (caryotype effectué par I Radford-Weiss, laboratoire de cytogénétique, hôpital Necker-Enfants Malades, 75743 Paris cedex

15 et analyse moléculaire effectuée par le Dr E Delabesse, laboratoire d’hématologie, hôpital Necker-Enfants Malades, 75743 Paris cedex 15) (LAMM, M4 Eo). 8

Frottis médullaire : blastes myéloïdes, précurseur monocytaire et éosinophiles anormaux.

Figure 17 : Leucémie aiguë myéloïde néonatale avec t(9;11) (caryotype effectué par I Radford- Weiss, laboratoire de cytogénétique, hôpital Necker-Enfants Malades, 75743

Paris cedex 15) (LA monocytaire, M5b). 8

Frottis médullaire : blastes de grande taille à cytoplasme étendu de basophilie modérée, avec de fines granulations. Le contour nucléaire est irrégulier avec des replis, la chromatine fine.

Leucémies aiguës myéloïdes avec signes de dysplasie sur plusieurs lignées :

Il s’agit soit d’une LAM de novo avec maturation granuleuse et/ou monocytaire (M2 ou M4), soit de l’acutisation d’un syndrome myélodysplasique reconnu antérieurement. Les signes de dysplasie sont présents sur au moins deux lignées myéloïdes et plus particulièrement la lignée mégacaryocytaire (figure 18, 19A,B). Les signes de dysplasie, pour être pris en considération, doivent être suffisamment marqués et donc présents sur au moins 50 % des cellules. Les anomalies génétiques sont souvent similaires à celles observées dans les syndromes myélodysplasiques : gain ou perte de segments de chromosomes, comme une monosomie (ou délétion) des chromosomes 5 ou 7, une trisomie 8, 9 ou 11, ainsi que des anomalies impliquant le bras long du chromosome 3 (3q21 ou 3q26). Des anomalies génétiques de même type sont à l’origine de syndromes myélodysplasiques qui vont se distinguer de ces LA avec dysplasie uniquement par une blastose inférieure à 20 %.8

Figure 18 : Leucémie aiguë myéloïde avec dysplasie, acutisation d’un syndrome myélodysplasique diagnostiqué 2 ans auparavant, caryotype anormal avec monosomie 7

(caryotype effectué par I Radford-Weiss, laboratoire de cytogénétique, hôpital Necker-Enfants Malades, 75743 Paris cedex 15). 8

Figure 19 : Leucémie aiguë myéloïde de novo avec signes de dysplasie sur les trois lignées, pas d’anomalies décelées sur le caryotype (caryotype effectué par I Radford-Weiss, laboratoire de cytogénétique, hôpital Necker-Enfants Malades, 75743 Paris cedex

15). 8

A. Deux blastes et trois granuleux mûrs dysplasiques (hypogranularité, segmentation nucléaire anormale).

B. Deux blastes et signes de dysplasie sur les érythroblastes.

Leucémies aiguës myéloïde secondaires à un traitement cytotoxique par chimiothérapie ou radiothérapie : 8

Deux groupes de LAM sont reconnus en fonction du type de traitement préalable.

Leucémies aiguës myéloïdes secondaires à un traitement alkylant ou à une irradiation :

Elles surviennent généralement 5 à 6 ans après l’exposition à l’agent mutagène. Il s’agit dans la plupart des cas de LAM avec signes de dysplasie sur plusieurs lignées (granuleuse neutrophile et basophile, mégacaryocytaire et surtout érythroblastique), parfois de LAM avec maturation (M2) et plus rarement de LAM avec composante monocytaire ou de LAM promyélocytaire

(M3). Les anomalies génétiques sont les mêmes que celles rencontrées dans les LAM avec dysplasie de plusieurs lignées.

Leucémies aiguës myéloïdes secondaire à un traitement par un

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