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Chapitre I – Introduction

I.3. a. Descriptions

i. Consommation d’alcool

La relation entre la consommation d’alcool et l’état de santé a généré une vaste littérature (Corrao et al., 2004 ; Rehm et al., 2010). Une consommation d’alcool excessive a des répercutions sanitaires et sociales néfastes, en raison de ses conséquences en termes de maladies chroniques, de blessures ou d’accidents de la route (OMS, 2015). Les seuils de consommation d’alcool considérés à risque sont les suivants : plus de quatre verres standards (verres d’alcool contenant dix grammes d’alcool pur) par occasion pour l’usage ponctuel et plus de vingt-et-un verres par semaine pour l’usage régulier chez l’homme et quatorze chez la femme (Société Française d'Alcoologie, 2015).

De nombreuses études retrouvent une association en J entre la consommation d’alcool et différents problèmes de santé tels que la maladie coronarienne, le diabète, l’hypertension, les AVC, la démence ou la mortalité (Kloner et al., 2007 ; O'Keefe et al., 2007). Ainsi, la consommation modérée d’alcool ne semble pas néfaste pour la santé alors qu’une forte consommation d’alcool, mais également l’abstinence, sont considérées comme des comportements à risque.

La consommation d’alcool régresse régulièrement en France depuis les années 1950 en raison d’une désaffection pour le vin de table (Beck et al., 2011). En 2012, la consommation quotidienne moyenne d’alcool est d’environ 2,6 verres standards par habitant de 15 ans et plus (OFDT, 2013). En 2014, dans la population française de 18 à 75 ans, 39% déclarent avoir bu de l’alcool au moins une fois par semaine (mais pas quotidiennement) et 10% déclarent en consommer quotidiennement (Beck et al., 2015). Dans cette tranche d’âge, la proportion de consommateurs quotidiens est trois fois plus importante chez les hommes que chez les femmes et augmente fortement avec l’âge pour les deux sexes. Il existe également des différences de prévalence de la consommation quotidienne suivant les professions et catégories sociales, passant d’environ 15% chez les agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise et inactifs âgés de 18 à 64 ans à environ 5% parmi les professions intermédiaires et employés (Beck et al., 2011).

ii. Tabagisme

Les produits du tabac sont des produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de feuilles de tabac et destinés à être fumés, sucés, chiqués ou prisés. Ils contiennent tous de la nicotine, un agent psychotrope qui entraîne une forte dépendance. Bien que le tabagisme soit l’un des principaux facteurs de risque de maladies chroniques, comme plusieurs

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localisations de cancer, les affections pulmonaires et les maladies cardiovasculaires, il reste très répandu partout dans le monde (OMS, 2014b).

En France, le nombre annuel de décès attribués au tabagisme a été estimé à 73 000 (DREES, 2015). Bien que le tabagisme diminue en France, notamment chez les hommes (ce qui contribue d’ailleurs à l’allongement de l’espérance de vie chez les hommes au cours des dernières décennies (Mathers et al., 2015)), la consommation de tabac constitue la première cause de mortalité évitable, loin devant l’alcool. En 2014, en France, 25% des femmes et 33% des hommes âgés de 18-75 ans déclarent fumer quotidiennement. Cette consommation diminue très nettement avec l’âge, passant d’environ 35% chez les 18-25 ans à 10% chez les 65-75 ans (Beck et al., 2015).

iii. Activité physique

L’activité physique est définie comme tout mouvement corporel produit par les muscles qui requiert une dépense d’énergie.

De manière générale, l’activité physique régulière et un temps faible passé à des activités sédentaires sont associés à un risque significativement réduit de maladies chroniques (Samitz et al., 2011 ; Biswas et al., 2015). Les recommandations actuelles préconisent une pratique d’activité physique au moins modérée régulière et la réduction du temps sédentaire. En France, les niveaux d’activité physique, globale ou liée à la pratique habituelle d’un sport, apparaissent insuffisants par rapport aux recommandations. En effet, trois à cinq adultes sur dix ont un niveau d’activité suffisant (DREES, 2015). Le temps passé devant des écrans est quant à lui élevé : la majorité de la population adulte passe plus de trois heures par jour devant un écran, en dehors des temps de travail.

Pour les personnes âgées de 65 ans et plus, l’activité physique englobe notamment les loisirs, les déplacements (par exemple la marche ou le vélo) ou les tâches ménagères dans le contexte quotidien, familial ou communautaire. Les recommandations actuelles de l’OMS quant à l’activité physique chez les personnes âgées en bonne santé sont les suivantes (OMS, 2014a) :

- Au cours de la semaine, au moins 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée (comme le vélo, la peinture, la tapisserie, tondre la pelouse, etc.) ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue (comme courir, faire du tennis, bêcher, etc.), ou une combinaison équivalente d’activité d’intensité modérée et soutenue,

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- Les personnes âgées peuvent accumuler les 150 minutes d'activité physique recommandées par semaine de différentes manières, en pratiquant plusieurs activités de plus courte durée par exemple.

Les personnes dont l’état de santé ne leur permet pas de parvenir aux recommandations d’activité physique, devraient être aussi actives que leurs capacités et leur état le leur permettent.

iv. Consommation de fruits et légumes

En raison de ses bénéfices démontrés pour la prévention de certaines maladies chroniques (WHO, 2003 ; Wang et al., 2014), une consommation de fruits et légumes suffisante est un objectif prioritaire de santé publique depuis 2001 en France dans le cadre du Programme National Nutrition Santé. Actuellement, les niveaux de consommation observés dans la population française sont insuffisants par rapport aux recommandations (au moins 400 g par jour, soit l’équivalent de 5 portions) puisque seulement 40% des consommations sont conformes à celles-ci. Cette proportion augmente considérablement avec l’âge : pour les hommes, elle passe de 21% chez les 18-29 ans à 66% chez les 55-74 ans et pour les femmes, de 24% à 61% respectivement (Usen, 2007). D’importantes disparités socio-économiques sont néanmoins observées.

v. Indice de masse corporelle

L’IMC permet de mesurer la corpulence d’une personne à partir de son poids et de sa taille. Dans cette thèse, l’IMC n’a pas été considéré comme un comportement de santé en tant que tel et n’a pas été étudié en même temps que les quatre comportements de santé précédemment décrits. En effet, l’IMC est un indicateur de la balance énergétique entre l’activité physique et l’alimentation et est, par conséquent, très corrélé à ces deux comportements de santé ; l’IMC est donc un indicateur des comportements de santé (ou médiateur) qui apparait très utile pour comprendre le rôle des comportements de santé en général.

Les recommandations de l’OMS pour la classification de l’IMC (kg/m²) sont les suivantes : inférieur strictement à 18,5 (maigreur), de 18,5 à 25,0 (poids normal), de 25,0 à 30,0 (surpoids) et 30,0 ou plus (obésité).

De nombreux pays sont confrontés à une épidémie d’obésité (Finucane et al., 2011). En France, avec des niveaux d’obésité plus faibles qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni, la prévalence de l’obésité chez les adultes de 65 ans et plus a quand même augmenté de 11,2%

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en 1997 à 18,7% en 2012 ; cette augmentation est plus marquée dans cette classe d’âge que chez les personnes plus jeunes (INSERM / Kantar Health / Roche, 2012).

L’impact d’un IMC élevé en milieu de vie sur les comorbidités liées au vieillissement est de plus en plus étudié. En particulier, il est maintenant bien connu que l’obésité à l’âge adulte est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de diabète ou de démence (Beydoun et al., 2008 ; Abdullah et al., 2010 ; Anstey et al., 2011 ; Fan et al., 2013).

Chez les personnes âgées, la prise et la perte de poids sont à interpréter de manière différente que chez les personnes plus jeunes. En effet, une prise de poids modérée n’apparait pas comme un facteur de risque alors que la perte de poids non-intentionnelle est signe de mauvaise santé puisqu’elle est souvent liée à des maladies (Miller et al., 2008b). La perte de poids involontaire est l’un des critères de la fragilité, tout comme la diminution de l’énergie, la sensation de fatigue voire d’épuisement, la diminution de la force de préhension, ou le ralentissement de la marche. La fragilité représente donc un concept de vieillissement en mauvaise santé englobant différents aspects de cette thèse (perte de poids, déclin de la vitesse de marche, dépendance) mais également des aspects plus généraux comme des aspects cognitifs ou sociaux (Rockwood et al., 2000 ; Fried et al., 2001 ; Mitnitski et al., 2001).