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A. Contexte thématique

2. Hypochœris radicata (L.)

2.3. Description botanique et Biologie

Cette plante, de 20 à 40 cm de haut en moyenne (Figure I.10), présente des tiges pleines, dressées, glauques, ramifiées à l’apex desquelles s’ouvrent des capitules jaune vif

solitaires (Figure I.10 et Figure I.11). Les seules feuilles forment une rosette basale de feuilles hispides, hérissées de poils raides, à bords irréguliers, oblongues, atténuées à la base

et pennatifides (Figure I.10 et Figure I.12). Les tiges à la coupe laissent poindre un latex colorant et irritant mais différent du suc laiteux et blanc de Taraxacum officinale (L.), appelé plus communément Pissenlit dendelion. La Porcelle enracinée est une plante vivace qui fleurit d’avril à septembre. Son système racinaire est profond, fibreux et puissant (Figure I.10), ce qui explique en partie sa résistance et la repousse rapide de son appareil végétatif aérien après la coupe.

Figure I.10 : Dessin (à gauche) et photo (à droite) d’Hypochœris radicata. La plante de 20 à 40 cm de haut, en moyenne, présente une rosette basale de feuilles hispides, hérissées de poils raides, à bords irréguliers, oblongues, atténuées à la base, pennatifides ainsi que des tiges pleines, dressées, glauques, peu ramifiées et à l’apex desquelles s’ouvrent des capitules jaunes vif solitaires.Son système racinaire est profond, fibreux et puissant, ce qui explique en partie sa résistance et la repousse rapide de son appareil végétatif aérien après la coupe (Sources : B.

Figure I.11 : Photo d’inflorescences d’Hypochœris radicata à maturité. La plante présente des tiges pleines, dressées, glauques, peu ramifiées et à l’apex desquelles s’ouvrent des capitules jaunes vif solitaires. (Source : http://www.hear.org/starr/hiplants/images/hires/starr_080317_3615_hypochoeris_radicata.jpg).

Figure I.12 : Rosette basale de feuilles d’Hypochoeris radicata (à gauche) et feuille d’Hypochoeris radicata (à droite). On peut observer que les feuilles sont hérissées de poils raides présents sur les deux faces (Source : http://www.oardc.ohio-state.edu/weedguide/singlerecord.asp?id=910).

La Porcelle enracinée possède un fort pouvoir colonisateur :

En effet, elle se développe très rapidement, pouvant passer du stade germinatif au stade plante fleurie, en deux mois à peine.

Ses fruits rassemblent de nombreuses graines pourvues d’aigrettes, assurant ainsi une très bonne dissémination anémophile et une colonisation géographique très large.

Au pré, cette plante fait preuve d’une grande capacité de concurrence vis-à-vis d’autres végétaux, ce qui en fait une plante opportuniste par excellence. Le recouvrement des surfaces par ses rosettes de feuilles limite considérablement le développement d’autres espèces.

De plus, cette plante possède un potentiel de résistance tout à fait exceptionnel face à des périodes de sécheresse intense et prolongée, mais également face à l’utilisation de nombreux herbicides.

Toutes ces particularités biologiques rendent compte de l’observation récurrente de couverts végétaux composés quasi exclusivement par cette espèce végétale ainsi que de la colonisation de plus en plus fréquente au sein du territoire français, notamment à la suite vraisemblablement des variations climatiques et d’épisodes chauds et secs qui tendent à se multiplier de plus en plus.

Enfin, il est intéressant de noter que cette plante a pour caractéristique d’être très

appétante, les animaux en étant friands. En Nouvelle-Zélande ou en Australie, les animaux

domestiques pâturant sur les prairies, porcs, moutons ou même la faune sauvage privilégient cette espèce végétale aux autres.

Sa présence quasi exclusive à l’état de pleine maturité sur les parcelles en période estivale et son appétence vis à vis des animaux constituent les facteurs essentiels à prendre en compte dans l’apparition de cas de harper.

Le harper australien, ses manifestations, son contexte, son étiologie probable et l’implication d’Hypochœris radicata ont été présentés. Certaines lacunes persistent donc encore à l’heure actuelle et nécessitent d’être comblées en vue, si possible, de proposer un traitement spécifique.

Cette première partie nous a permis de présenter les données concernant les manifestations et les caractéristiques du harper australien chez le cheval. En résumé, cette

maladie saisonnière tend à se manifester en fin d’été/début d’automne, après une période

exceptionnellement chaude et surtout sèche, sur des animaux pâturant la plupart du temps sur des parcelles pauvres sur lesquelles sont recensées de grandes quantités d’Hypochœris

radicata. Les rares cas où les animaux ont présenté les symptômes, sans être au pré et/ou

sans avoir été en contact avec la plante, semblent plus être des cas de harper dans sa forme classique ou des cas où les inventaires botaniques n’ont pas été réalisés de façon rigoureuse (3,6). La concomitance des facteurs sécheresse et Hypochœris radicata n’est pas anodine : la

sécheresse entraîne la prédominance de quelques rares espèces végétales résistantes dont

Hypochœris radicata et cette dernière, suite aux stress hydrique et climatique, est plus apte à synthétiser d’éventuels métabolites secondaires potentiellement toxiques.

Histopathologiquement, cette maladie s’apparente à une axonopathie périphérique

distale affectant préférentiellement les axones myélinisés de gros calibre et les plus longs

d’où l’atteinte initiale des membres postérieurs, des nerfs récurrents laryngés entrainant le cornage et la prédisposition possible de certaines races équines de grande taille (7). Structuralement, les axones subissent une dégénérescence, la privation d’innervation de certaines régions entraînant une atrophie secondaire sélective des muscles associés. Fonctionnellement, ceci se traduit par un dysfonctionnement de la conduction nerveuse associé à un dysfonctionnement de la contraction musculaire, le tout entraînant une

démarche mal coordonnée aux mouvements exacerbés. La composante nerveuse centrale

n’est pas à exclure du fait de l’aggravation lors de stress, d’excitation ou d’anxiété anormale des animaux et du fait des résultats positifs obtenus avec certaines drogues à action centrale.

L’impossibilité à reproduire expérimentalement cette intoxication dans l’espèce cible et chez les animaux de laboratoire n’a pas permis à ce jour de faire progresser les connaissances sur cette maladie.

Les tests effectués sur chevaux pâturant sur des paddocks envahis n’ont rien révélé non plus, du fait du grand nombre de facteurs pouvant intervenir, de l’hétérogénéité du nombre d’animaux atteints et des degrés variables d’atteinte.

Peut-être les animaux de laboratoire ne sont pas aptes à reproduire la maladie avec les méthodes classiquement employées en toxicologie et leur sensibilité n’est peut être pas suffisante pour développer des lésions ou symptômes.

C’est cet ensemble de facteurs inconnus et cette dépendance qu’ont les méthodes classiques de prospection toxicologique à ne travailler que sur des modèles animaux réceptifs et sensibles, à n’étudier des toxiques qu’une fois les dommages tissulaires et fonctionnels mesurables, qui nous ont conduits à reconsidérer les méthodes d’approche employées.

Nous sommes incapables de reproduire la maladie car le toxique, si il est présent, n’est pas apte à entraîner une réponse cliniquement observable, le point de rupture entre métabolisme physiologique et pathologique n’étant peut être pas atteint. Nous avons donc émis une hypothèse basée sur le concept d’orthologie : avant d’atteindre ce point de rupture, avant que les désordres et dysfonctionnements métaboliques ne soit patents, l’administration d’un toxique ou d’un agent inhabituel doit engendrer une empreinte, une marque visible dans le métabolisme de l’organisme. C’est cette marque que l’on désire révéler.

La métabonomique est l’approche adaptée ; elle sera employée en premier lieu afin de générer des données, sans a priori et en ayant une vision globale de l’organisme. En second lieu, d’autres approches moins globales seront utilisées afin de venir conforter et apporter des éléments de réponse supplémentaires.