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4. LES BESOINS EN QUALIFICATIONS DU PERSONNEL DES ENTREPRISES

4.3. Des techniques nouvelles en restauration-conservation

« techniques scientifiques » est en augmentation sur les chantiers du patrimoine.

Sur l'ensemble des chantiers « patrimoine » dont vous vous occupez, le recours aux

techniques scientifiques est :

Non réponse 77 27,2 %

en diminution 19 6,7 %

stable 114 40,3 %

en augmentation 73 25,8 %

Total 283 100,0 %

Ces techniques entraînent plus souvent l'apparition d'entreprises spécialisées qu'une diversification des savoir-faire et connaissances dans les entreprises Monuments historiques.

Ces techniques entraînent-elles l'apparition d'entreprises spécialisées ?

Non réponse 86 30,4 %

Oui 127 44,9 %

non 70 24,7 %

Total 283 100,0 %

A l'appui de leurs propos, les architectes citent des entreprises qui interviennent dans des domaines tels que :

− la protection des vitraux par parois,

− le renforcement des structures,

− le réancrage de falaises menacées d'effondrement,

− les procédés d'assainissement et de lutte contre les remontés d'humidité,

− le nettoyage laser,

− le diagnostic sur menuiseries, la dendrochronologie,

− la consolidation de charpente bois au moyen de résines,

− le nettoyage de façades par bio-minéralisation, le micro-gommage des façades,

− le traitement contre les termites,

− le traitement des bétons,

− la reprise en sous-œuvre,

− les cordistes (alpinistes) en bâtiment,

− la conservation-restauration de peintures murales,

− les relevés photogrammétriques.

Les techniques scientifiques entraînent-elles une diversification des savoir-faire et des connaissances dans les entreprises MH ?

Non réponse 79 27.9 %

Oui 84 29.7 %

Non 41 14.5 %

NSP 79 27.9 %

Total 283 100.0 %

CONCLUSION

L’enquête auprès des architectes diplômés de l’École de Chaillot a permis de découvrir le monde passionnant, complexe et extrêmement varié de la conservation-restauration du patrimoine architectural. La profession d’architecte du patrimoine présente de multiples facettes et il y a bien des façons d’intervenir sur le patrimoine : le restituer sous sa forme originelle, le consolider en préservant son authenticité, l’adapter en vue de lui permettre de retrouver un usage. L’expérience accumulée au fil des générations d’architectes constitue une formidable culture, un solide point d’appui, pour organiser et structurer un véritable marché de la conservation-restauration.

Pourtant les architectes ne sont pas les moteurs de la construction de ce marché qu’ils pourraient être. La profession d’architecte dans son ensemble n’est pas suffisamment imprégnée de la culture historique, architecturale, technologique que détiennent les architectes du patrimoine. La formation initiale dans les écoles d’architecture a longtemps souffert de carences en ce domaine et les spécialistes du patrimoine sont aujourd’hui trop peu nombreux pour susciter une véritable dynamique. Les architectes diplômés de Chaillot ne sont qu’une poignée dans chaque région et seules quelques écoles d’architecture se sont préoccupées ces dernières années de renforcer leurs enseignements dans le domaine du patrimoine. A cela s’ajoutent les difficultés des échanges au sein d’un milieu professionnel hétérogène : fonctionnaires départementaux ayant des charges administratives prenantes et des préoccupations en matière d’urbanisme, architectes en chef focalisés par la la restauration de monuments historiques s’occupant à la fois d’un territoire et de très grands édifices, architectes libéraux soucieux d’équilibrer l’activité de leur agence entre construction neuve et restauration … Trop peu importante, trop éclatée, la profession ne débat pas assez des doctrines et philosophies de restauration, ne dialogue pas suffisamment avec les autres spécialistes du patrimoine que sont les historiens, les archéologues, les ethnologues ou les conservateurs, rencontre trop peu les autres acteurs concernés par le patrimoine architectural : entreprises, élus, particuliers, associations de sauvegarde.

Enfin, elle ne peut suffisamment se mobiliser pour élaborer les connaissances et les méthodes nécessaire à l’essor de nouvelles activités comme la conservation préventive ou la conservation du patrimoine de pays.

Les architectes savent ce qu’il faut faire pour mieux protéger le patrimoine : développer une information pertinente et efficace en direction de la maîtrise d’ouvrage et du pouvoir politique, aménager les normes et règlements pour les adapter aux interventions sur le bâti ancien, former et éduquer le public, agir en direction des entreprises, développer la recherche et en diffuser les résultats… Mais ils n’en ont pas les moyens … et ne peuvent donc contribuer autant que nous le pensions au départ à la construction du marché du patrimoine.

En revanche, ils livrent au travers de cette enquête, des points de vue très utiles sur les entreprises qui se portent sur ce marché de la restauration. Ces appréciations sont certes à préciser et à valider dans le cadre d’enquêtes s’adressant directement aux chefs d’entreprise mais elles peuvent dès à présent nourrir notre réflexion sur les besoins en qualifications. Les architectes estiment qu’il y a trop peu d’entreprises sur le marché de la restauration des monuments historiques. Il faudrait donc ouvrir ce marché à un plus grand nombre d’intervenants. Ils observent en outre que l’on manque de moyens pour identifier les compétences des entreprises intervenant sur le patrimoine de pays. C’est en maçonnerie et en menuiserie que les besoins quantitatifs sont perçus comme les plus importants. Sur le plan qualitatif, les architectes pensent qu’il faut améliorer les compétences du personnel des entreprises, en remédiant au déficit en savoir-faire traditionnels, en enseignant la connaissance des matériaux et techniques anciennes et en développant la culture nécessaire à l’approche du bâti ancien.

Les architectes sont sensibles à l’impact de ces déficits de compétences sur la qualité des travaux de restauration : manque de précision et de sensibilité dans la mise en œuvre ; recourt abusif à la substitution d’éléments d’ouvrage, dégradations et destructions de patrimoine. La construction d’un vrai marché de la restauration du patrimoine architectural nécessite une meilleure identification des capacités des entreprises, et un développement de la formation professionnelle. L’enquête réalisée auprès des artisans et chefs d’entreprise est l’occasion de découvrir comment ceux-ci analysent le marché et son évolution, et participent aussi pour leur part à la construction de l’offre de restauration du patrimoine, et donc à l’émergence d’un marché spécifique.

ANNEXES