• Aucun résultat trouvé

a. De nouvelles tendances sociétales favorables au développement de l’IAE

Comme nous le montre une synthèse réalisée par le ministère du travail, de l’emploi et de la santé sur les ateliers et chantiers d’insertion, plusieurs leviers, dus à la crise économique et aux nouvelles tendances sociétales dictées par le développement durable, sont en marches. 18

La crise économique, bien que pouvant fragiliser les SIAE, entraine aussi des opportunités d’évolution pour celles-ci. En effet, l’augmentation du nombre de personne en situation de pauvreté engendre des besoins auxquels les SIAE peuvent répondre, et notamment les ACI ce qui accentue encore leur caractère d’utilité sociale. De plus en plus de friperies ou de recycleries voient le jour et évoluent grâce à une clientèle de plus en plus pauvre, avec des difficultés financières qui trouvent dans ces commerces, des matériaux usagers à petit prix. Mais ces commerces voient aussi, parmi leur clientèle, des personnes qui ont les moyens mais qui reviennent à une consommation plus raisonnée et solidaire comme nous le dit François-Xavier LAPIERRE, directeur de La Remise (ACI) : « on a une clientèle qui se développe et qui a tendance

18 Synthèse n°52 Prospective EMPLOI-COMPÉTENCES, publiée par la DGEFP, réalisé par ESSOR consultants, 2011, « Les

à arriver aujourd’hui, ce sont des gens qui se serrent la ceinture et qui viennent maintenant chez nous. Et puis d’autres personnes qui ont un fort pouvoir d’achat mais qui viennent pour nous aider et qui nous rejoigne sur l’économie sociale et solidaire ».

Le développement durable

Depuis plusieurs années déjà, la notion de développement durable s’est développée pour pallier à une hybridation entre une crise sociale, économique et écologique. Le développement durable, c’est-à-dire le développement qui permet de répondre aux besoins actuels sans empêcher les générations à venir de répondre aux leurs, s’est par la suite développé et apparait aujourd’hui comme un des moyens permettant d’apporter une réponse conciliant ces trois piliers de la crise.19

Comme nous le rapporte la synthèse prospective sur les ateliers chantiers d’insertion : « Le tourisme vert

incite les collectivités locales à créer des sentiers balisés, la crise agricole laisse des terrains à l’abandon à revitaliser, les dérèglements climatiques obligent les communes à entretenir cours d’eau et berges, la récupération et le recyclage des déchets, la préservation de l’eau et des milieux naturels, etc., sont devenus la règle »20 .

Il existe donc de nombreuses activités auparavant délaissées par le secteur marchand ou qui sont apparues avec la notion de développement durable, que les SIAE peuvent saisir, et notamment les ACI pouvant devenir de réels acteurs : « les ACI sont appelés à devenir des acteurs, voire des piliers du développement durable, sur un

territoire dont ils connaissent les besoins »18.

Jusque-là, les SIAE ont toujours réussi à s’adapter au contexte en perpétuel mouvance et à être innovantes. Aujourd’hui, plus que jamais, ils doivent saisir cette opportunité : « et si leur avenir dépend des

financements publics et de leur budget d’autofinancement, il repose également sur leurs capacités à s’adapter à ce nouveau contexte. Ils ont à y gagner sur le plan de leur crédibilité et d’un point de vue financier : le développement durable concernant au premier chef les collectivités locales, celles-ci vont trouver de plus en plus judicieux, et moins onéreux, de faire appel aux structures de l’IAE. Les ACI se sont déjà beaucoup investis dans la gestion des déchets, le recyclage du papier, le tri, la retouche et la vente de vêtements usagés, l’éco-construction, les techniques de production et d’entretien de l’environnement innovantes, la collecte et la dépollution de matériel en fin de vie… »20.

b. Un nécessaire rapprochement au territoire pour développer les structures de l’IAE et mieux insérer les publics

Les collectivités locales se sont dotées d’outils et de services pour organiser le développement de leur territoire. Cependant, elles ont besoin d’acteurs sociaux et économiques privés pour concrétiser ce développement. De plus, ces collectivités recherchent un développement endogène du territoire, c’est-à-

19LARRERE C. et R., 1997

20 Synthèse n°52 Prospective EMPLOI-COMPÉTENCES, publiée par la DGEFP, réalisé par ESSOR consultants, 2011, « Les Ateliers Chantiers d’Insertion », 30p, téléchargeable et disponible sur : http://www.emploi.gouv.fr/files/files/synthese_aci.pdf

dire qui se développe par lui-même, grâce à ses spécificités et sans apport extérieur. Ce développement est issu des capacités d’innovation et de mise en réseau des acteurs et de structuration de filières locales. De leur côté, les SIAE cherchent à « faire du développement territorial » et à devenir des acteurs reconnus sur le territoire. 21 Il existe donc là un nœud entre les deux à développer.

De plus, le désengagement de l’État et la baisse des financements de l’IAE, et en attendant les effets de la réformes en cours, les SIAE sont nécessairement amenées à s’inscrire dans une économie de proximité et à miser sur un autre modèle économique.

Le territoire est ce lieu de la proximité et le lieu des structures et des besoins du quotidien, « premier étage des

structures de l’économie ou encore celui des marchés locaux de l’emploi » pour reprendre les termes d’Elisabeth

Maurel.

En effet, l’insertion ne peut pas rester en vase clos que ce soit au niveau financier en dépendant uniquement des subventions, et que ce soit au niveau de l’insertion de ses publics. Elle ne peut pas risquer de devenir un segment externe au marché de l’emploi.

Pour les publics des SIAE, l’idée est que, plus la structure est insérée sur son territoire et est force de proposition, plus les chances d’insertion des personnes qu’elles accueillent sont fortes : « d’autres ACI

entretiennent de bonnes relation avec le secteur marchand et favorisent ainsi la réinsertion professionnelles de leur salarié ».22

À partir du moment où un climat de confiance s’est installé entre les différents partenaires, la réinsertion devient plus facile. Le lien entre SIAE et territoire (et notamment avec les entreprises) est donc très important puisque c’est par ce biais-là que les parcours d’insertion peuvent ensuite aboutir à des emplois durables.

Les SIAE s’inscrivent donc dans un tissu local d’entreprises, de services, de partenaires sociaux et également de réseaux d’insertion (50% des structures de l’IAE adhèrent à un réseau). Ces réseaux se sont organisés au Centre National d’appui et de ressources dédié à l’IAE (CNAR/IAE). Celui-ci a pour objectif de rapprocher les représentants nationaux, régionaux, départementaux et locaux du secteur de l’IAE des centres régionaux de ressources et d’animation (C2RA), et des DLA (dispositif local d’accompagnement), de soutenir ces derniers et plus largement les acteurs de l’IAE. 23

La coopération de tout ce petit monde est amenée à créer des dynamiques territoriales.

21 Article de M. OUKSSISSE de Chantier École et le CNIAE paru sur le portail de l’IAE, juin 2008, « Insertion par l’activité

économique et monde rural. Des acteurs pour l’insertion et le développent du territoire », 32p, téléchargeable et disponible sur : http://www.portail- iae.org/IMG/Rapport_IAE_monde%20rural.pdf

22Synthèse n°52 Prospective EMPLOI-COMPÉTENCES, publiée par la DGEFP, réalisé par ESSOR consultants, 2011, « Les

Ateliers Chantiers d’Insertion », 17p, téléchargeable et disponible sur : http://www.emploi.gouv.fr/files/files/synthese_aci.pdf

23 FREMAUX P. (dir.), septembre 2007 « L’insertion au service de l’emploi », Alternative économique, Hors-série pratique, n°30,

L’idée étant de créer localement un acteur collectif autour de l’insertion. 22

Des leviers d’opportunités liés au contexte socio-économique et aux nouvelles tendances sociétales sont donc en marches et à disposition des SIAE. Et celles-ci commencent à s’en saisir. Mais comment s’en sont-elles saisies et qu’est-ce que cela apporte réellement aux territoires ? ».