• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE IV : LES FACTEURS NATURELS ET HUMAINS A L’ORIGINE DE

III. DES DEFAILLANCES INSTITUTIONNELLES PESANTES

L’inégale valorisation des atouts touristiques naturels et culturels dans le département de la Mvila est une conséquence inéluctable des faiblesses de l’Etat dans ses politiques de mise en valeur du potentiel touristique. Cela s’observe par l’absence de synergie dans les actions, des politiques touristiques orientées vers la nature.

1. Le manque de synergie entre les acteurs

L’équipe gouvernementale au Cameroun est repartie dans 36 portefeuilles. Dans le même temps, l’Allemagne dont on connait la grande réussite économique et diplomatique de nos

jours n’en compte que 19. S’il est généralement admis que cette répartition est faite à dessein afin de faire participer toutes les sensibilités ethniques du Cameroun au partage du « gâteau national », cette politique d’équilibre régional pose des grands problèmes au niveau de la cohésion et de l’efficacité de l’action gouvernementale. Tenez par exemple, il y a un ministère qui s’occupe de la protection de la faune et de la flore, un autre qui est chargé de l’environnement. Aller donc comprendre les critères qui président à une telle division et les missions assignées à chaque département ministériel. A la fin d’une analyse qui vous aura sans doute épuisé, il ne serait point surprenant que vous parveniez à la conclusion toute faite qui véhicule l’idée selon laquelle : « le Cameroun c’est le Cameroun ». Le tourisme est loin d’échapper à la situation que nous venons de décrire pour l’environnement. Ainsi, il existe dans le même sillage un ministère du tourisme et des loisirs et un ministère de la culture dont les missions assignées à l’un et à l’autre sont communes à s’y méprendre.

Malheureusement, cette situation n’est pas pour arranger l’état déjà peu enviable de la culture dans le département de la Mvila. Bien que la loi N0 98/006 du 14 avril 1998 relative à l’activité touristique stipule que comme le tourisme est une activité transversale, son développement nécessite une synergie avec d’autres administrations et institutions. Mais, cela n’est pas réellement observé sur le terrain. En effet, au niveau de la délégation régionale du MINTOUL au Sud nous avons obtenu l’information selon laquelle il n’existe aucune plateforme de collaboration entre elle et la délégation régionale de la culture. Ces propos ont été réitérés par cette dernière. Ce manque de synergie entre les institutions pénalise donc lourdement la culture du département de la Mvila qui souffre d’un manque de visibilité surtout face au produit touristique phare de la région du sud qui est la plage de Kribi.

Pourtant, il est évident que le ministère du tourisme participe, tout au moins en étant bizarre et à peine croyable qu’il n’existe aucune plateforme de collaboration entre le ministère en charge de vendre l’image du Cameroun tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et le ministère qui est chargé de fournir à celui-ci des produits compétitifs.

Dans le même sillage, il existe une absence de collaboration entre l’administration, les acteurs privés et la société civile. En effet, ceux des investisseurs non étatiques qui s’intéressent au tourisme culturel saisissent généralement l’administration juste pour obtenir les autorisations d’implantation dans les sites. Mais, ils évoluent en freelance pour le reste du processus.

2. Des politiques touristiques orientées vers la nature

La politique nationale de mise en valeur des produits touristique phares par région constitue une réelle entrave pour le développement des autres atouts touristiques présents dans la localité et, qui pourraient même participer à hauteur égale ou voire plus au développement économique. Dans la Mvila, et la région du Sud en général, il existe une dominance touristique orientée vers l’écotourisme. Dans le contexte du Cameroun, il désigne une forme de tourisme qui consiste à visiter les zones naturelles peu perturbées, dans le but précis de découvrir et/ou expérimenter les richesses naturelles et culturelles (DCST, 2005). Mais malheureusement, en dehors de la culture des peuples pygmées, l’écotourisme dans la Mvila se résume à la visite de l’ensemble des ressources naturelles soutenues par la plage, les chutes,

grottes, la forêt et rochers. Or, si nous revenons sur la loi N°98/006 du 14 avril 1998 relative à l’activité touristique, il apparait dès les premiers abords (article 1er) que l’activité touristique a pour vocation « la mise en valeur du patrimoine touristique national ». Quittes à trouver une nouvelle définition de patrimoine national, il s’agit pour parler en peu de mots du patrimoine matériel qui est ici représenté par tous les atouts naturels comme la plage par exemple et du patrimoine immatériel dont l’une des grandes composantes est la culture. Pourtant lors de notre enquête de terrain, il nous a été clairement signifié au niveau de la permanence de la délégation régionale du tourisme dans le sud à Ebolowa que la valorisation des atouts culturels ne relevait pas des attributions du ministère du tourisme mais plutôt de celui de la culture.

Par ailleurs, le fait qu’il n’existe qu’une simple permanence dans les locaux du gouverneur en lieu et place de la délégation régionale du tourisme à Ebolowa qui est délocalisée à Kribi n’est pas anodin, des mauvaises langues aux interprétations faciles pourraient y voir un choix délibéré afin de se rapprocher le plus possible de l’aspect du tourisme qui donne le plus d’argent (en l’occurrence ici la plage de Kribi) et qui bénéficie par conséquence de plus d’attention

CONCLUSION DU CHAPITRE 4

La canalisation de la majorité des ressources financières et humaines vers les seules ressources naturelles constitue un véritable goulot d’étranglement pour le tourisme culturel de la Mvila. D’une manière générale, celle-ci est la résultante des problèmes sociaux culturels, économiques et la faillite des institutions. L’élaboration d’une stratégie de valorisation intégrale des ressources capable d’impulser une dynamique nouvelle de l’activité touristique dans le département de la Mvila s’impose donc comme une nécessité.

CHAPITRE V : VERIFICATION, CRITIQUE DES RESULTATS ET