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AVIS DECLARATIONS/SCRUTIN ANNEXESrégional en appui à la qualité de la production agricole animale ou végétale, à

C - Renforcer l’accompagnement des États tiers producteurs et des acteurs locaux dans la lutte

AVIS DECLARATIONS/SCRUTIN ANNEXESrégional en appui à la qualité de la production agricole animale ou végétale, à

l'adaptation de ces productions au changement climatique ainsi qu'à la sécurité sanitaire, phytosanitaire et alimentaire. Par ailleurs, les grands pays émergents comme le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie devraient constituer l’autre cible prioritaire de la coopération en faveur de la gestion forestière durable ;

- s’agissant des outils de cette coopération, l’UE aurait avantage à consacrer une part des ressources dédiées à ses instruments financiers d’action extérieure (notamment le nouvel instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale, mais aussi celui qui succèdera au Plan d’investissement extérieur de l’UE, dit « Plan Juncker ») à soutenir les investissements dans la gestion durable des forêts, en particulier en aidant les pays partenaires à se doter d'outils catalysant les investissements verts (comptabilité verte, obligations vertes, etc.) ;

- plus globalement, il conviendra de définir une nouvelle stratégie d’aide au développement consistant à tout mettre en œuvre pour fixer les populations sur place, en dirigeant cette aide vers des équipements permettant à ces pays de transformer directement, sur place, les matières premières qu’ils produisent, qui sont aujourd'hui quasi-exclusivement exploitées par des entreprises étrangères, ne profitent donc pas aux populations locales et dégradent souvent l’environnement. Il serait sans doute opportun de revoir certaines mesures imposées aux États par le Fonds monétaire international (FMI), notamment en matière d’agriculture, qui ont conduit à l’abandon de certaines cultures vivrières au profit de l’importation de produits venant de l’étranger. Avec cette nouvelle vision, il sera alors possible d’adapter une action plus efficiente, pragmatique, répondant à des besoins socio-économiques réels, capable d’impacter positivement et directement les populations les plus fragiles et de leur permettre de meilleures conditions d’existence sur leurs territoires.

Préconisation 15 :

Soutenir la mise en place dans les pays partenaires, notamment d'Afrique subsaharienne et d'Amérique latine, de politiques de gestion durable des forêts, d’agroforesterie et d’agro-écologie, notamment via la cartographie :

- en accompagnant les productrices et producteurs locaux dans le développement de trajectoires durables ;

- en permettant aux pays de transformer directement, sur place, les matières premières qu’ils produisent pour en tirer la valeur ajoutée ;

- en mobilisant des instruments financiers innovants et en appuyant les administrations locales dans leurs fonctions de gouvernance.

Avis

La coopération entre l’UE et les pays tiers devrait enfin s’attacher, en ligne avec les engagements de la déclaration de New York, à accroître les moyens consacrés à la compensation de la déforestation, comme la reforestation des zones déboisées ou dégradées et l’afforestation (création d’aires forestières nouvelles) :

- les principales perspectives dans ce domaine se situent là encore en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne, où la reforestation contribuerait à prévenir la dégradation et l’érosion des sols et ainsi à générer des revenus durables, tout en améliorant l’approvisionnement en bois des communautés rurales. Les opportunités de reforestation sont également considérables dans les pays émergents – Chine, Indonésie (où elles atteindraient 60 millions d’hectares), Brésil et Mexique (où elles dépasseraient au total 400 millions d’hectares). Sur l’ensemble de ces pays, la réalisation des possibilités de restauration forestière existantes équivaudrait, selon une étude de CAIT Climate Data Explorer de 2015, à stocker l’équivalent des émissions de GES produites par la consommation électrique de l’UE entière ;

- cette coopération devrait accorder une attention particulière, via le soutien à l’élaboration de programmes forestiers nationaux dans les pays partenaires, à la réduction des répercussions dommageables des plantations forestières tropicales. En effet, les opérations de reboisement ne permettent en général pas de réintroduire une quantité d’essences comparables et de recréer des écosystèmes détruits. Une reforestation de qualité passe donc notamment par l’augmentation du recours à des essences forestières indigènes ; par le développement de la recherche sur les dynamiques forestières et les techniques de gestion capables d’assurer la croissance de forêts saines ayant un haut potentiel de séquestration du carbone ; et par la valorisation du rôle social et économique des plantations forestières, en prenant davantage en compte les besoins des populations locales, notamment autochtones, et des travailleurs et travailleuses. La déclaration de l’ONU sur les droits des paysans constitue un texte de référence67.

Préconisation 16 :

Soutenir, en lien avec les populations locales, la reforestation des zones déboisées et l’afforestation, en particulier en Amérique latine, en Afrique subsaharienne et dans les pays émergents.

67 https://news.un.org/fr/story/2018/12/1032031

AVISDECLARATIONS/SCRUTINANNEXES

Conclusion

L’urgence climatique, l’inefficacité des mesures internationales passées de réduction de la déforestation et le recul alarmant de la biodiversité imposent un nouvel élan dans la lutte de l’UE contre la déforestation mondiale importée, dont elle est l’un des principaux responsables. Il en va de l’avenir du vivant sur la planète, mais aussi du sort de l’UE dont la légitimité tient à sa capacité à relever de tels défis.

Trois leviers d’action principaux sont reconnus comme déterminants dans cet avis : (i) une réorientation de l’ensemble des politiques de l’UE dans un sens davantage compatible avec l’objectif de neutralité carbone et la réduction de l’impact environnemental, ce qui implique une mise en œuvre accélérée du Pacte vert sous un pilotage politique renforcé; (ii) une réforme des filières économiques à l’origine de la plus grande partie de la déforestation - alimentation humaine et animale et agro-carburants notamment – afin d’en réduire l’impact tout en restaurant la souveraineté de l’UE en la matière par une relocalisation de certaines productions (protéines, bois, etc.); (iii) une solidarité accrue avec les pays tiers producteurs où se situent les forêts, afin de les accompagner dans la transition vers une agroforesterie et une gestion durables de leurs ressources.

Le constat d’urgence qui fonde le présent avis est aujourd’hui confirmé, au-delà de ce qui aurait pu être imaginé il y a encore quelques mois, par la crise sanitaire majeure liée au COVID-19. Et ceci à double titre. D’abord, parce que cette crise met en exergue les liens qui existent entre déséquilibres écologiques et déforestation en particulier, d’une part, et émergence de menaces sanitaires nouvelles, d’autre part.

Ensuite, parce que cette crise soulève de nombreuses questions sur la manière de prévenir, de gérer et de limiter les impacts, notamment socio-économiques, d’une catastrophe de nature systémique dont de nombreuses et nombreux scientifiques pensent qu’elle constitue une situation appelée à se répéter.

La « crise du COVID-19 » révèle notre vulnérabilité face à des chaînes de production mondialisées et un commerce international en flux tendu, qui nous empêchent de disposer en cas de choc des biens nécessaires et stratégiques et ne visent qu'à privilégier le profit sur la nature. Elle dévoile à quel point la solidarité internationale et la coopération sont difficiles à mettre en œuvre mais indispensables : ce constat vaut aussi pour la gestion des forêts.

Dans le même temps, ce virus sans doute venu de la forêt, qui n’a ni pensée, ni stratégie et se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre, ignorant les différences sociales, rappelle au monde quelques priorités essentielles. En provoquant, de manière subie, une réduction inédite de la production et de la consommation à l’échelle de la planète, la crise suscite de légitimes inquiétudes quant à l'avenir du vivant, des emplois et de l'activité économique. Elle permet, là encore de manière subie, d'aller vers les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité contractés par de nombreux Etats. De ce fait, cette crise constitue une étape pour envisager, de manière résolue et partagée, le monde d'après.

Déclarations/

Scrutin