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de Sîdî Boû-Selhàm (Mon Seigneur l’homme au man-

Dans le document Culte des saints musulmans (Page 68-72)

man-teau).

D’après les renseignements recueillis par Mouliéras

levrai

nom

du saint serait

Aboû

Yezîd el-Maçrî

(l’Egyp-tien).

Son surnom

de

Boû-Selhàm

(l’homme au burnous) serait dû à ce vêtement spécial -, habituel aux

musulmans

de l’est, qu’il avait continué de porter au Maroc, en dépit de la

coutume

des Marocains qui revêtent tous lajellâba, granderobedelaineaveccapuchon et decourtes manches.

Egyptien de naissance, Sîdî

Boû-Selhàm

était parti, dit-on, des bords du Nil, avait suivi le rivage de la

Médi-terranée, et, après avoir traversé le Rîf, qui ne lui plai-sait pas, était venu s’établir sur les bords de l’Atlantique à l’endroitse dresse aujourd’hui son mausolée. C’est qu'il

demeura

jusqu’à sa mort. L’époque à laquelle il a vécu est tout à fait inconnue.

Le

derviche

Moh'ammed

ben T’ayyeb a raconté à .Mouliéras une autre version delà légende del’Ez-Zerga^.

D’après cette variante intéressante de la tradition

popu-laire, le saint, à peine arrivé à l’endroitse trouve au-jourd'hui l’Ez-Zerga, se mit à faire ses ablutions dans la

mer.

Témoin

dufait, unsaint de la contrée Sîdî t’-T'eyyar interpella l’étranger d’un ton méprisant : «

Eh!

l'homme,

tu es assurément de basse extraction !

Quand

jeveux faire

.V. Moui.iéras, Maroc inconnu, t. II, p. 553 s.

- Le selhàm est un manteau d’une seule pièceen laine avec capuchon, mais sans manches.

^ .A.Mouliéras, Maroc inconnu,t. II, p. jj5 s.

CULTE DES SAINTS

MUSULMANS

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mes

ablutions, les vagues de l’océan viennent

d’elles-mêmes

jusqu’à moi, pour

me

laver. »

Boû-Selhâm,

sous l’injure, se releva plein de dignité et répondit : « Puisque tu parles ainsi, je jureque la mer, par la puissance d’Allâh,

montera

jusqu’à Fez, et

que

les

filles de la cité viendront s’y baigner. »

Gravissant la

dune

en laissant traîner son bâton, le saint s’avançait vers l’intérieur du pays, et, à

mesure

qu’il

marchait, les eaux de l’océan le suivaient pas à pas, et en-vahirent bientôt la dépression où se trouve maintenant l’Ez-Zerga.

C’est alors qu’une sainte Lâlla

Mîmoûna

Tagnaout, se tournant du côté de la ville de

Moûlaye

Idrîs, fit avec la

main

des signaux désespérés. Aussitôt deux belles

dames

de Fez apparurentet descendantla bergedu nouveaulac, se plongèrent dans ses eaux. «Arrête-toi!

Boû-Selhâm,

cria la sainte, ta prophétie s’est réalisée : les fillesde Fez se baignent dans l’océan. »

Boû-Selhâm

s’arrêta et la

mer

n’alla pas plus loin.

Sidrbel- Abbés.

Lorsqu’on fait l’ascension du Ghilîs, la

montagne

sainte proche de Marrakèch, d’où l’on jouit d’une vue merveil-leuse surla capitaleet surle

Grand

Atlas, on aperçoit au

sommet

le

tombeau

vénéré de Sîdî bel-'Abbés.

Rien déplus gracieux

que

la légende de cepersonnage,

telle qu’elle m’a été racontée à Marrakèch.

Sîdî bel-'

Abbés

arriva, un beau matin, devant les

mu-raillesdelagrandeville; ilétait trèspauvre, mais était pré-cédé par une réputation de sainteté tout à fait

extraordi-EDOUARD

MONTET

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naire.

Avant

de franchir les portes de la cité, il

demanda

aux saints qui l'habitaient la permission d’entrer dansla capitale. Les saints, qui vivaient du

monopole

des

aumô-nes qu’ils s’étaient réservé, auraientbien voulu lui refuser net l’entrée de la ville, mais, pour ne point paraître

mal

disposés à son égard, ils remirent leur réponse aux jours suivants.

En

l’attendant, Sîdî bel-'

Abbés

alla se fixer sur

le Ghilîs. Enfin les saints se décident à lui

communiquer

leur refus; dans ce but, ils lui envoient

un

vase débor-dant d’eau.

Le

vase représente Marrakèch, l’eau est l’image des saints qui l’habitent.

Le

symbole est clair; la ville est remplie de marabouts : il n’y apas de place pour

Sîdî bel-'Abbés. « Si tu peux verser de l’eau dans le vase qui déborde, disent les rusés compères, viens ! »

Le

vrai

saint prit une rose, la laissa se flétrir au soleil, puis la plongea dans l’eau du vase et renvoya celui-ci en partie vidé par la fleur qui avait repris vie au contactde l’eau.

Lessaints égo'istescomprirentet laissèrent Sîdîbel-'

Abbés

libre de s'établir au milieu d’eux.

Ce

miracle, d’ordre pédagogique, est l’un de ceux qui ont le plus de

charme

dans l’hagiologie marocaine.

Sîdî bel-'Abbés, dont le

nom

exact est

Aboû

l-'Abbâs

Ah’med

ben Dja'far el-Khazradjî es-Sebtî (de Ceuta) a vécu, au Maroc, au

XIL

siècle de l’ère chrétienne.

Mouliéras a recueilli de la bouche de son derviche une tradition intéressante sur la cession de Ceuta aux Espa-gnols,

événement

dans lequel intervintnotre saintL Voici ce pittoresque récitque nous reproduisons sous la forme

même

que lui adonnée le derviche.

« Ceuta était une grande 'ville sous l’autorité des

mu-* A. Mouliéras, Marocinconnu,t. II, p. 702 s.

CULTE DES SAINTS

MUSULMANS

55 sulmans; elle possédait un grand saint qui est célèbre, encore aujourd’hui, dans tous les pays mahoniétans.

C’était Sîdî bel-'

Abbés

es-Sebtî, grand saint qui fait des miracles.

Parmi

ces miracles on cite les suivants :

«

Quand

le cultivateur

commence

à labourer, il fait

l'aumôned’une kharroûba(décalitre)de

semence

aux pau-vres en l’honneur de Sîdî bel-'Abbés, et celui-ci protège alors sa récolte contre les fléaux.

Quand

on

met

une

poule à couver un certain

nombre

d'œufs, on faitune

mar-que à l'un de ces œufs, en disant : « celui-ci est pour Sîdî bel-'Abbés, » avec l'idée que si les poussins éclosent tous et sont sauvés, on fera cadeau aux pauvres du poussin qui avait été promis à Sîdî bel-'Abbés.

«

Ce

saint est enterré à Marrakèch. Il a un cénotaphe

à Ceuta ainsi que dans d’autres villes. Les habitants de Ceuta le méprisaient; c'est pourquoi Sîdî bel-'

Abbés

vendît cette place aux Espagnols ou plutôt leur en ht ca-deau.

Dès

lors, les Espagnols passèrentleur

temps

à faire la guerre aux indigènes de l’Endjera, jusqu’àce que, les

ayant vaincus, ils s’installèrent dans la ville. Les habi-tants de Ceuta se retirèrent dans le DjebelEndjeraet ils y habitent actuellement. Voilà pourquoi les Espagnols et les gens de l'Endjera s'exècrent encore de nos jours.

Salut 1 »

Dans

cette légende, il y a un point épineux, c’est la

question de savoirsi le sainta

vendu

Ceuta aux Espagnols ou s’il leur en a fait cadeau. C'est à cette question que répond une autre tradition recueillie par le capitaine

J.

Erckmann'.

D’après cette tradition, Sîdî bel-'Abbés, prévoyant que Ceuta allait être prise par les chrétiens, la

' J. Ekckmann, Le Maroc moderne, Paris, i885, p. io8.

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