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de baobabs : entre transformation sociospatiale programmée et

Dans le document Organisations & Territoires (Page 62-65)

maintien d’un patrimoine naturel

et historique en milieu urbain

La présence de baobabs peut faire l’objet d’une réinterprétation sociale. Comme l’expriment Berdoulay, Castro et Da Costa Gomes (2001) :

Il y a donc ici une forme d’interdépendance so- ciospatiale de contenu politique et territorial objectivée dans l’imaginaire social. Il s’agit alors de proposer que tout imaginaire social, de même qu’il possède une forte composante

politique, possède également une autre compo- sante spatiale par l’intermédiaire du pouvoir symbolique attribué aux objets géographiques, naturels ou construits, qui sont en relation directe avec une existence humaine (Berdoulay et collab., 2001, p. 422).

L’image du baobab semble marquer son empreinte, comme le démontre le symbole du sceau de la nation sénégalaise. D’ailleurs, la Gare embléma- tique du Train express régional de Diamniadio doit son appellation de « gare emblématique » à la pré- sence de cinq baobabs dans son périmètre. C’est une sorte de stabilisation de la mémoire autour de ces baobabs qui se tiennent désormais de façon majestueuse dans l’espace de la gare. De ce point de vue, l’arbre participe à définir le paysage local, selon 74 % des personnes interrogées (voir figure 11). C’est pourquoi à la question de savoir si les arbres risquent de nuire à l’appropriation du paysage urbain dans le futur, 68 % des personnes interrogées ont répondu « non ».

Figure 11 – Valeurs paysagères du baobab Source : Donnée d’enquête (Badiane et Mbaye, 2018) En tant qu’élément du patrimoine naturel et histo-

rique, le baobab est associé en partie au processus de transformation spatiale de Diamniadio. Quelques faits pourraient illustrer la forte appro- priation de l’image du baobab dans le projet de ville. Il s’agit notamment de la replantation d’un baobab à l’esplanade de la Plateforme industrielle internationale de Diamniadio, inaugurée en 2015 et qui devrait abriter des industries manufacturières non polluantes. L’arbre replanté, bien en évidence, marque l’entrée principale du domaine industriel. Cette action a inspiré certains aménageurs, qui envisagent d’utiliser la même idée dans d’autres secteurs du pôle urbain. Il faut signaler que cette

technique a été réalisée dans d’autres villes, comme le soulignent Bœuf et Robert (2017).

Au-delà de l’imaginaire et de la symbolique, le baobab pourrait, sur le plan concret, être davantage apprivoisé par les futurs citadins. D’ailleurs, la forte connotation culturelle impose le respect de cet arbre, et le développement urbain ne créera proba- blement pas une rupture avec ce mythe, car « les récits traditionnels continuent à être considérés comme pleins de sens » (Claval, 2001, p. 353). Cette perspective semble entretenir une idée forte de la persistance de la mémoire collective autour du bao- bab dans le contexte du pôle urbain de Diamniadio. 16%

74% 10%

Participation au paysage local

Non Oui Pas de réponse 68% 16% 16%

Paysage futur de la ville

Non Oui

Conclusion

Cette recherche pose la question du maintien d’un élément du patrimoine naturel, c’est-à-dire le baobab, dans un contexte de construction d’une nouvelle ville. Il s’agit bien d’une production pro- grammée de territoire urbain qui essaie de prendre en compte les aspects de mémoire collective à travers le baobab, un arbre emblématique.

Les enseignements principaux qu’on peut tirer de cette étude portent sur la réminiscence des sym- boles institutionnalisés ainsi que sur la mise en

cohérence du symbolique et du réel en rapport avec la production de l’espace. Les résultats montrent l’image d’un objet naturel considéré comme emblé- matique et de plus en plus approprié dans le projet d’aménagement urbain. Le baobab devient sans doute un élément du paysage urbain, car il mérite une attention particulière. Cela incite à pousser la recherche sur les pratiques urbaines et sur l’image de l’arbre, surtout lorsqu’il est une espèce protégée en raison de sa valeur patrimoniale et de la réduc- tion du peuplement, notamment dans les zones urbaines.

NOTES

1 Présidence de la République du Sénégal (…). Le sceau. Repéré à www.presidence.sn/presidence/le-sceau 2 Secrétaire général du Gouvernement. Sénégal (2018). Communiqué du Conseil des ministres du lundi 11 juin 2018.

Repéré à www.mesr.gouv.sn/communique-du-conseil-des-ministres-du-lundi-11-juin-2018

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