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Qu’il s’agisse du référencement des défibrillateurs, de l’inventaire des effets secondaires d’un médicament ou de la lutte contre l’implantation du chikungunya, il existe une volonté forte des citoyens de contribuer aux activités de veille et de vigilance sanitaires. Le numérique permet l’organisation de ces nouveaux modes de veille s’appuyant sur la mobilisation de chacun, offrant ainsi une remontée d’informations en temps réel, plus exhaustive et à toutes les échelles, qui complète efficacement l’action des institutions publiques voire en prennent le relais. Par exemple, dans le cas du suivi des moustiques tigres porteurs de la dengue et du virus du chikungunya, l’action des pouvoirs publics se concentre sur les départements jugés les plus à risque et est donc partielle, voire inexistante dans d’autres départements où des cas ont pourtant été relevés. Dans certains de ces départements, la veille est prise en charge par un réseau de citoyens volontaires et habilités au préalable, ce qui permet d’assurer la qualité des informations remontées. Afin de renforcer la coopération entre action publique et action citoyenne portant les mêmes objectifs, le CNNum est donc d’avis de :

Recenser et fédérer les initiatives de veille et de vigilance citoyennes portées par des acteurs privés, publics ou de la société civile : des initiatives de veille et de surveillance disséminées sur le territoire pourraient être rapprochées afin de favoriser les optimisations (éviter des redondances, couvrir des territoires oubliés, etc.) et de mutualiser les bonnes pratiques.

Organiser le partage des données de veille citoyenne collectées à l’échelle d’un territoire ou autour d’un phénomène donné : dans un objectif de recherche et de réponse à un problème de santé publique, les données collectées dans le cadre des actions de veille et de vigilance citoyennes gagneraient à être mise en commun.

L’application iMoustique lancée en Bretagne

Un enjeu de la lutte contre le moustique tigre, qui véhicule la dengue et le

chikungunya, est la détection de sa présence le plus précocement possible dans les zones qui ne sont pas encore touchées, afin de prévenir son implantation pérenne.

Afin de répondre à cet enjeu, la stratégie de surveillance du moustique tigre mise en place par l’Etablissement Interdépartemental pour la Démoustication Atlantique repose notamment sur “la mobilisation sociale qui permet de recueillir un maximum de signalements en provenance des particuliers.” Cette veille citoyenne est

désormais outillée avec la mise à disposition d’une application I moustique. Les citoyens sont invités à transmettre grâce à leur smartphone des photos de moustiques pour identification et signalement le cas échéant aux autorités sanitaires.

Source : www.eidatlantique.eu

Intégrer le numérique dans la gestion des crises sanitaires

La gestion des crises sanitaires nécessite de répondre de façon urgente et dans des conditions parfois difficiles à des enjeux pour lesquels l’apport des outils numériques et mobiles notamment pourrait constituer une aide précieuse :

● prendre la mesure de la crise, en suivre et en comprendre l’évolution : l’évaluation de la crise - recensement des personnes concernées, étendue géographique, infrastructures touchées, etc. - pourrait être optimisée par le recours à des outils de cartographie partagés ;

● coordonner les opérations : la coordination des actions peut paraître difficile et bureaucratique dans un contexte d’urgence. Les outils numériques permettraient de gagner en réactivité et en efficience (planification, optimisation des ressources, etc.) ;

● alerter et informer les populations, lutter contre la désinformation : dans le cas des épidémies virales par exemple, les actes de la vie courante sont les premières causes de transmission. Les enjeux de prévention et d’adoption des gestes appropriés sont donc cruciaux. Par ailleurs, les situations de crises sanitaires peuvent parfois s’accompagner de peurs collectives et de rumeurs se développant à la faveur du manque d’informations, ou encore de croyances locales, qu’il est nécessaire de combattre en s’adaptant au contexte socio-culturel local ;

● maintenir la continuité de services essentiels - sécurité, éducation, alimentation, accès à l’information : les pays qui connaissent des crises sanitaires sont également en proie à la rupture de services essentiels qui peut avoir des répercussions sanitaires, économiques, politiques et sociales d’autant plus lourdes que ces services sont interrompus de façon durable.

C’est à ce titre que le CNNum considère que la mobilisation du numérique devrait devenir un réflexe dans la gestion des crises sanitaires afin de :

Favoriser la coopération d’acteurs techniques numériques et d’acteurs sociaux, sanitaires, et humanitaires (« alliance des geeks et des humanitaires ») et plus généralement de tous les acteurs de la chaîne d’aide : société civile locale, médias, associations, etc. La mise en commun des compétences est propice à une innovation et une souplesse dans les solutions à déployer. Cette coopération pourrait également se traduire dans la mise en commun des données collectées par chacun telles que les données d’inventaire des cas potentiels, confirmés, des décès, ou les données de géolocalisation des personnes en temps réel pour identifier les foyers d’une épidémie voire les anticiper. Ces données seraient également utiles aux acteurs de la recherche. La mise en place de plateformes de gestion de crise localisant l’ensemble des acteurs se trouvant au même endroit, dont les “geeks” et les humanitaires, pourrait faciliter leur rencontre et leur coopération.

Mobiliser le numérique dans les opérations de cartographie permettant de localiser les infrastructures de santé, de transport, alimentaires, etc. et ainsi d’optimiser la distribution des ressources sur le terrain.

Organiser le partage des données en lien avec la crise à des fins de recherche : la collecte et la mise en commun de ces données de natures diverses (géographiques, scientifiques, etc.) constitueraient un matériau particulièrement utile à la recherche. Des outils de type “plateforme collaborative” permettraient par ailleurs la constitution de communautés de recherche élargies (chercheurs, pôles de ressources, citoyens, etc.) chargées d’étudier la crise.

S’adapter aux usages numériques des publics ciblés pour diffuser l’information essentielle comme les messages d’alerte, les gestes d’urgence et de prévention, l’information sur les points d’accueil de proximité, etc.

Exploiter les outils d’écoute et d’analyse du web social afin de mieux comprendre les mécanismes de propagation de la désinformation et concevoir des stratégies de contre-discours adaptées.

Cartographie et lutte contre l’épidémie Ebola : l’initiative de Flowminder-Orange Telecom

Grâce aux données anonymisées de géolocalisation de 150 000 utilisateurs d’Orange Telecom, l’ONG suédoise Flowminder a établi une modélisation des déplacements en Afrique de l’Ouest, permettant l’anticipation de nouveaux foyers. Il s’agit de construire des cartes de mouvement de population permettant de bâtir des scénarios d’évolution et d’endiguement à très court terme. Ces cartes sont

facilement mobilisables et traduisibles.

Source: www.worldpop.org.uk/ebola/