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de développer un cancer du sein et du côlon Les cancers pour lesquels un effet préventif de l’activité physi-

que régulière a été recherché sont les cancers les plus fréquents car ce sont ceux pour lesquels nous disposons d’études sur de grandes cohortes.

C’est pour le cancer du côlon qu’il existe le plus grand nombre de preuves de l’effet préventif de l’activité physique. Sur les 51 études portant sur le cancer du côlon et le cancer colo-rectal, 43 ont démontré une diminution du risque chez les sujets ayant l’activité physique la plus importante avec une réduction moyenne de 40 à 50 %. Sur les 29 études ayant recherché un effet dose-réponse, 25 ont démontré qu’une augmentation du niveau d’activité physique était associée à une diminution du risque. Cet effet protecteur n’est en revanche pas retrouvé pour le cancer du rectum.

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Concernant le cancer du sein, sur les 44 études effectuées en 2002, 32 ont démontré une diminution du risque chez les sujets ayant l’activité physique la plus importante. En 2006, 45/64 études ont démontré une diminution du risque chez les sujets ayant l’activité physique la plus importante avec une réduction moyenne de 30 à 40 %. Sur les 23 études ayant recherché un effet dose-réponse, 20 ont démontré qu’une aug- mentation du niveau d’activité physique était associée à une diminution du risque. Il est difficile de donner une quantité minimale d’exercice pour obtenir une protection car différents types d’activité physique peuvent être efficaces : marche, acti- vité physique intense de courte durée, activité physique ména- gère… Néanmoins, si on considère uniquement une activité de type marche, le seuil minimum efficace se situe autour de 4 h de marche par semaine. Chez des femmes préalablement traitées pour un cancer du sein (stade I, II ou III), des études récentes montrent qu’une activité physique de type marche (3 à 5 h par semaine) diminue le risque de décès ou de récidive de 20 à 50 %. En 2003, sur les 23 études sur le cancer du poumon, la plupart ont démontré une diminution du risque chez les sujets ayant l’activité physique la plus importante avec une réduction moyenne de 20 % (allant de 20 à 60 %) mais une étude a rap- porté une augmentation du risque de 40 %. Dans la plupart des études, le rôle du tabac a été contrôlé. Néanmoins, la plupart du temps les sujets sportifs sont non fumeurs et ont donc une faible incidence du cancer du poumon. Deux études ont montré une réduction du risque de cancer du poumon chez les sujets sportifs fumeurs. Ce rôle protecteur de l’activité physique reste à démontrer chez la femme.

Concernant le cancer de la prostate, sur les 37 études publiées, la moitié ont montré que l’activité physique diminuait le risque de cancer de la prostate de 10 à 30 % avec une relation dose- réponse retrouvée dans 10 études sur 19. Mais les résultats des différentes études sont encore trop contradictoires (certaines études rapportent une augmentation du risque de cancer de la prostate avec l’activité physique) pour en tirer une conclusion définitive.

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En matière de cancer de l’endomètre, une revue récente de 2007 indique que 14 études sur 18 montrent une réduction du risque de 30 % en moyenne (une relation dose-réponse est rap- portée dans 7 études sur 13). D’après les résultats de plusieurs autres études récentes, il semble que l’activité physique exerce un effet protecteur probable vis-à-vis du cancer de l’endomètre. Il existe d’autres cancers pour lesquels quelques publications mettent en évidence un rôle protecteur possible de l’activité physique (cancer de l’ovaire, de l’estomac…) mais les données sont insuffisantes pour en tirer des conclusions sur les relations de causalité.

En résumé, d’après les définitions développées par le Fond de recherche mondial sur le cancer et l’Institut américain de recherche sur le cancer (niveau d’évidence scientifique allant de « convaincant » à « probable », « limité » puis « insuffisant »), l’activité physique a un effet préventif convain- cant sur le cancer du côlon, et probable sur le cancer du sein (chez les femmes ménopausées) et le cancer de l’endomètre. En revanche, les preuves sont limitées pour les cancers du poumon et de la prostate. Pour les autres cancers, cet effet reste à démon- trer. Le plus souvent, un effet dose-réponse est observé pour une activité d’intensité modérée à élevée, une activité physique trop intense n’engendrant pas des bénéfices plus importants. Pendant et après le traitement, une activité physique adaptée d’intensité faible à modérée améliore la qualité de vie et diminue la sensa- tion de fatigue.

Les mécanismes sous-tendant l’effet bénéfique de l’activité phy- sique sur la prévention de certains cancers commencent à être identifiés. Cet effet bénéfique fait intervenir soit des effets sys- témiques de l’activité physique soit, dans le cas du cancer du côlon, des effets locaux.

Un des effets systémiques de l’activité physique est la diminution de la fraction biologiquement active (fraction libre) des hormo- nes sexuelles. Cet effet bénéfique s’exerce sur les cancers hormono-dépendants (sein, endomètre, prostate). L’activité phy- sique régulière diminue le risque de survenue de ces cancers en

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réduisant la production endogène des œstrogènes mais aussi en augmentant la SHBG (Sex Hormone Binding Globulin). La SHBG, en se liant à l’œstradiol ou à la testostérone, diminue leur fraction libre donc biologiquement active. La production de SHBG est aussi dépendante de la diététique (régime normo- ou hypocalori- que, alimentation riche en fibres…) et les effets de l’activité phy- sique sont parfois confondus avec ceux de la diététique.

Un autre effet systémique de l’activité physique régulière est la diminution de l’insuline et de l’IGF-I. L’obésité et la sédentarité induisent une insulino-résistance et un hyperinsulinisme com- pensatoire. L’insulino-résistance est associée à une cohorte d’alté- rations métaboliques définissant le syndrome métabolique et conduisant à une diminution de la SHBG et des protéines liant l’IGF (IGF-BP) et donc à une augmentation de la fraction libre, biologiquement active, des hormones liées à ces protéines (IGF-I pour les IGF-BP, œstradiol et androgènes pour la SHBG). Pour le cancer du côlon, les effets protecteurs de l’activité phy- sique régulière font intervenir des mécanismes locaux. Deux types de mécanismes ont été proposés :

• l’augmentation de la motilité intestinale induisant une réduction du temps de transit gastro-intestinal et donc une diminution de l’opportunité pour les cancérogènes d’être en contact avec la muqueuse colique et le contenu fécal ;

• les modifications des concentrations de prostaglandines : augmentation des prostaglandines PGF qui inhibent la prolifé- ration des cellules coliques et augmentent la motilité intesti- nale. En revanche, l’activité physique n’augmente pas le taux de prostaglandines PGE2 qui, au contraire, stimulent la prolifé- ration des cellules coliques.

D’autres mécanismes biologiques ont été proposés tels que la diminution du stress oxydatif et des effets sur l’immunité. Il est évident que les effets bénéfiques de l’activité physique sont dépendants de mécanismes multiples intriqués entre eux. Néan- moins, le niveau de preuves scientifiques pour chacun d’entre eux reste discuté et des recherches sont nécessaires pour déterminer quels sont les mécanismes de prévention pour chaque type de cancer.

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Par ailleurs, les mécanismes des effets bénéfiques de l’activité physique régulière sur la survie après traitement d’un cancer et surtout sur la qualité de vie (diminution de l’asthénie post- traitement, amélioration des symptômes secondaires au traite- ment) restent à déterminer (en plus de la nécessité de savoir quand débuter l’activité physique par rapport au traitement, et à quelle dose : durée et intensité).

L’activité physique, pratiquée de façon régulière,

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