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de la santé des jeunes

Préconisation 6. Développement des services de santé dédiés et adaptés dans chaque université

Plusieurs107 types de services sont disponibles pour les besoins de santé des étudiants : les SUMPPS (Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé), les SSU (Services de Santé Universitaires), les SIUMPPS (inter-universitaires), et les BAPU (Bureau d’Aide Psychologique Universitaire). Ces derniers sont dédiés à la prise en charge psychologique des étudiants à l’extérieur ou sur le lieu même de l’Université quand ils sont intégrés à un SUMPPS.

L’accroissement de la population étudiante a été très élevé depuis vingt ans. Les besoins de santé des étudiants sont particulièrement importants et divers. En effet, devenir étudiant entraîne un changement souvent radical de mode de vie, auquel s’ajoute, pour beaucoup d’entre eux, un changement de lieu. La « décohabitation » d’avec les parents et la famille au sens large peut avoir des conséquences certes financières, mais aussi affectives. Ces conditions nouvelles agissent souvent comme de puissants déterminants de santé.

Plusieurs réponses institutionnelles ont été apportées au cours des dernières années.

La création d’un régime de sécurité sociale étudiant (RSSE)

Tout étudiant inscrit dans un établissement d'enseignement supérieur (université, IUT, BTS, classe préparatoire etc.) doit être affilié à la sécurité sociale étudiante et choisir une mutuelle étudiante. Cette affiliation ouvre droit au remboursement des soins en cas de maladie (ou de maternité) pendant toute la durée de l'année universitaire (du 1er octobre au 1er octobre suivant108).

Ce principe est aménagé pour les étudiants dont les parents ont des revenus modestes : étudiants boursiers, application de la CMU complémentaire (CMUc) ou de l’aide à la complémentaire santé (ACS). Ainsi est respecté le choix fondamental, fait par notre pays dès 1948, d’ouvrir droit à la sécurité sociale aux étudiants comme à toutes les autres catégories d’actifs109 et de permettre ainsi leur accès aux soins.

La sécurité sociale pour tous les étudiants, certes perfectible dans certaines de ses modalités d’ouverture de droits, permet un accès à des soins ambulatoires ou hospitaliers, comme pour l’ensemble des citoyens. Cette ouverture des droits pourrait être simplifiée et plus rapide. Certains étudiants auditionnés ont fait part de plusieurs mois d’attente pour qu’elle soit effective.

107 Nous avons déjà traité auparavant les interventions en prévention organisées avec l’aide des collectivités territoriales (par ex. à Rennes).

108 Le « basculement » au 1er septembre est à l’étude, comme précisé dans le plan national de vie étudiante (PNVE).

109 Salariés, exploitants et salariés agricoles, salariés des mines, professions libérales…

Les services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS)110

Les premiers services universitaires de médecine préventive sont créés dès les années 1920. Ils répondent à la même nécessité que celle qui prévaut pour les salariés des entreprises de production ou de services. Il s’agit, entre autre, de faire face aux risques épidémiques. Depuis lors, et tout particulièrement depuis les années 1950-1960, de nombreuses évolutions se sont produites.

Aujourd’hui, fait référence le décret du 7 octobre 2008 pour l'organisation et les missions des services universitaires ou interuniversitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (SIUMPPS).

Une circulaire du 4 mars 2010 en précise les grandes lignes. Sont évoquées d’abord des missions obligatoires : l’examen préventif au cours des trois premières années d'études dans l'enseignement supérieur ; la participation au dispositif d'accompagnement et d'intégration des étudiants en situation de handicap ; l'impulsion et la coordination des programmes d'éducation à la santé ; la participation au comité d’hygiène et de sécurité etc. La circulaire traite aussi de son organisation : un SUMPPS est un service d’une université qui peut, par convention, intervenir dans d’autres universités ; son budget est fixé en conséquence.

Cette circulaire établit aussi la possibilité pour un SUMPPS d’être agréé comme centre de santé : « Du fait de sa situation de proximité avec les étudiants, un SUMPPS/SIUMPPS agréé "centre de santé"

peut apporter une aide médicale appropriée et rapide aux étudiants, notamment à ceux en situation de précarité ou présentant des besoins spécifiques, qui sans cela renonceraient aux soins ». Ce choix a été fait pas certaines universités qui ont voulu tenir compte de « la situation dans l'environnement médical local ; de la définition des publics accueillis ; de l’estimation des coûts supplémentaires ».

Renforcer les BAPU pour qu’aucun étudiant ne reste sans soins psychiques

Les bureaux d’aide psychologique universitaire (BAPU) se sont développés quasiment en parallèle et grâce à l’impulsion des mouvements étudiants et de psychiatres et/ou de psychanalystes. Ils sont reconnus officiellement par un décret de novembre 1964 qui précise leurs conditions de fonctionnement. Le titre même de ce décret où figurent l’expression « centres de diagnostic et de traitement (des BAPU) », la précision selon laquelle ils « peuvent être agréés pour donner des soins aux assurés sociaux » et l’absence de signature par le ministre de l’éducation nationale (ou des universités), situent clairement l’orientation de ce dispositif vers les soins. Les BAPU, par le décret même, assurent des psychothérapies essentiellement psychanalytiques, à court et à long terme. Pour cela, ils sont précieux.

Le panorama des BAPU est actuellement limité et fragmenté : seuls 16 BAPU sont clairement recensés. Trois BAPU sont multi-sites, ce qui porte à 21 le nombre de lieux de consultations. A l’exception d’un BAPU géré par un SUMPPS, tous les autres sont portés par une association qui, dans 9 cas sur 16, gère aussi un centre médico-psychopédagogique (CMPP). Il convient de compléter ce

110 Voir aussi la contribution du Pr L Gerbaud, responsable du SIUMPP de Clermont Ferrand en annexe.

tableau insatisfaisant en faisant remarquer, de surcroît, que seules 9 villes universitaires de province disposent d’un BAPU111.

Confronté à un problème temporaire de mal-être, peut-être même à une souffrance psychologique, voire à un trouble psychique émergent, un étudiant risque de ne pas pouvoir s’adresser aisément à un professionnel compétent. Or, il convient de rappeler que les études constituent une période de vulnérabilité particulière du fait de la séparation fréquente d’avec le milieu parental, des problèmes d’orientation qui se posent en fin de licence 1 et début de licence 2, de la difficulté d’entrer dans des masters 2 sélectifs, de la difficulté enfin d’entrer dans la vie professionnelle… Des souffrances dans ces moments cruciaux de la vie entraînent des conséquences importantes pour le devenir adultes si elles ne sont pas correctement prises en charge.

Renforcer les mesures du Plan National de Vie Étudiante (PNVE)

Il convient donc de conforter les avancées portées par le Plan national de vie étudiante. En effet, les dispositifs actuels n’arrivent pas à faire face aux besoins des étudiants. En souffrent nombre d’entre eux et les professionnels dont l’activité leur est dédiée. Les conséquences de cette inadéquation retentissent aussi sur les parents et les proches des étudiants ainsi que sur de nombreux professionnels de la santé, confrontés à des demandes qu’ils ont des difficultés à apprécier.

Les maisons des adolescents, qui accueillent, orientent et accompagnent des jeunes de 11 à 18, 21 ou 25 ans, peuvent apporter une première réponse. Ces réponses resteront toutefois insuffisantes au regard des besoins et des moyens dont elles disposent. Mieux organiser, dans chaque université, une médecine de prévention et de soin primaire, incluant spécifiquement un volet santé mentale, est une nécessité déjà affirmée dans le Plan national de vie étudiante.112.

Le choix de porter de 20 à 30 le nombre de SUMPPS disposant d’un « centre de santé » à échéance de la rentrée universitaire 2017, correspond à ce besoin. Il ne s’agit pas de freiner l’accès à l’offre de soins

« de droit commun ». Tout au contraire : il convient de rendre possible une première étape dans un parcours de soins. Une bonne inscription des SUMPPS dans l’offre de soins locale (mesure 18 du PNVE) constitue la condition indispensable de ces parcours pour les étudiants en souffrance.

La mise en place effective des directives énoncéesdans la mesure 19 du PNVE : « développer l’offre de soins à destination du public étudiant » retient prioritairement l’attention de la mission. Cette mise en place urgente passe par un accroissement du nombre de BAPU. Pour cela, les financements par les agences régionales de santé (ARS) doivent découler de stratégies définies dans des conventions pluriannuelles d’objectifs et de moyens (CPOM), signées entre la ou les universités, la personne morale gestionnaire du BAPU et l’ARS.

111 La liste communiquée à la mission, ne mentionne pas de BAPU à Bordeaux, Lyon, Montpellier, Nantes, Toulouse ni à Dijon, Limoges, Nancy, Poitiers, Rouen….

112 Voir, entre autres, dans le PNVE (oct. 2015) les « mesures » 6 et 16 à 24.

Cette volonté politique forte doit se traduire dans un plan à cinq ans garantissant, à son terme, que tout étudiant en difficulté importante, voire en détresse, soit accueilli immédiatement pour se voir proposer un accompagnement thérapeutique spécifique et adapté.

Enfin, un effort d’information aux étudiants devra être fait pour toutes ces questions de prévention de la souffrance psychologique. A ce titre, on peut citer entre autre l’exemple du Victoria College de Toronto, qui offre sur son portail une information très claire et très pertinente pour les étudiants, avec le programme « Ask, listen, talk113 » (« Poser des questions, écouter, parler »).

113http://www.vic.utoronto.ca/students.htm

Préconisation 7. Augmentation nécessaire et significative des ressources en