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Augmentation nécessaire et significative des ressources en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent

de la santé des jeunes

Préconisation 7. Augmentation nécessaire et significative des ressources en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent

L’offre en psychiatrie de l’adolescent doit être renforcée pour des soins et des interventions spécifiques et adaptées, pour de la recherche innovante et pluridisciplinaire et, enfin, pour permettre aux professionnels de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de participer à l’augmentation des compétences de tous ceux qui travaillent avec les jeunes au collège, au lycée, à l’université notamment mais aussi dans tous leurs lieux de vie.

La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent doit être renforcée dans sa composante « soins » (effectifs et organisation)

Cette offre doit être renforcée dans l’ensemble de ses composantes de soins comme l’ont montré les États Généraux de la Pédopsychiatrie qui se sont tenus en 2014 à Paris114. Les mêmes constats ont abouti aux mêmes demandes, portées par tous les professionnels qui interviennent en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Par ailleurs, on retrouve les mêmes conclusions dans toutes les études, comme nous le montrons ici115. Le CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins) dans son atlas de 2016 a mis en évidence le fait qu’il y a eu une diminution de presque 50% des inscriptions comme pédopsychiatre entre 2007 et 2016. Toutes ces analyses plaident pour un moratoire immédiat sur tous les postes de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et une augmentation de 25%

au moins des postes dans l’ensemble du territoire dans les cinq ans. Ce moratoire, puis l’augmentation des postes, doivent concerner les psychiatres d’adolescents aussi bien que tous les autres professionnels qui travaillent au service de ces jeunes : psychologues, infirmiers, assistants sociaux, éducateurs, psychomotriciens, psychiatres de jeunes adultes…

Le passage de la psychiatrie de l’adolescent à la psychiatrie de l’adulte doit être consolidé. Pour cela, il faut créer des réseaux entre services de psychiatrie de l’enfant et services de psychiatrie de l’adulte. Ces créations doivent favoriser la prise en charge des jeunes entre 15 et 21 ans, ainsi que la recherche sur cette période de transition, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres disciplines médicales. Il faut donc concevoir la prise en charge des adolescents et des adultes jeunes comme une discipline à part entière dédiée à cette transition.

La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent doit être renforcée dans sa composante

« recherche »

Il y a aussi très peu de structures de recherche aussi bien à l’Université, à l’Inserm ou au CNRS, dédiées à la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Par exemple, à l’Inserm on ne compte

114 Ces États Généraux, portés par l’ensemble des acteurs de la pédopsychiatrie française, ont renforcé les conclusions déjà établies par les États Généraux de la pédopsychiatrie, réunis avant en Seine-Saint-Denis.

115 En particulier au chapitre concernant l’offre de soins en 2.3.

véritablement qu’une unité partiellement dédiée à la pédopsychiatrie, et en particulier à la psychiatrie de l’adolescent de manière significative. Il s’agit de l’Unité 1178 qui fait partie du CESP (Centre d’Études en Santé Publique dirigé par B. Falissard). Or les questions de souffrance des jeunes à l’école, avec les nouvelles formes qu’elles prennent aujourd’hui, comme l’importance des comportements suicidaires ou des automutilations, l’augmentation des phobies scolaires ou les tentations de radicalisation, exigent des recherches innovantes, internationales et pluridisciplinaires.

Ces recherches doivent être articulées, non seulement avec les neurosciences, mais de manière forte avec les sciences humaines comme la psychologie, la sociologie, l’anthropologie ou les sciences de l’éducation… et ce à l’instar de ce qui se fait sur le plan international116.

• Nous proposons donc de soutenir la création de structures de recherche pluridisciplinaires dédiées à l’ensemble des problématiques de la santé des jeunes en souffrance (équipes universitaires, INSERM, CNRS… sous la responsabilité de chercheurs engagés dans ce domaine) dans les grandes régions et au niveau national. Ceci peut-être favorisé par le fléchage de budgets de recherche spécifiques sur la santé des jeunes.

• Cette recherche doit être consolidée par un Institut National de la Santé des Jeunes117 dont nous préconisons la création et qui a vocation à réunir l’ensemble des disciplines relatives à la santé des jeunes et aux contextes dans lesquels elles se développent (psychiatrie, psychologie, sciences sociales et sciences de l’éducation, pédagogie, anthropologie, didactique, médecine de l’adolescent, épidémiologie etc.).

• Cette dynamique doit être impulsée sur le plan organisationnel par un Pilotage National du Plan118 et sur le plan scientifique et sociétal par une Conférence Internationale sur le Bien-être et la Santé des Jeunes119.

La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent doit être renforcée dans sa composante

« enseignement et formation »

La psychiatrie générale et la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent appartiennent à la même filière médicale. Le diplôme d'études spécialisées (DES) de psychiatrie, qui permet l'exercice des deux disciplines, comporte une formation obligatoire à la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, comptant aujourd’hui au minimum deux semestres de stage dans un service validant pour la pédopsychiatrie et une formation théorique minimale en pédopsychiatrie. En complément, les internes en psychiatrie générale, ainsi que les internes en pédiatrie, ont la possibilité de s'inscrire au Diplôme d'Études Spécialisées Complémentaires (DESC) de pédopsychiatrie. Il s'agit d'une formation facultative dite de type 1, c'est-à-dire apportant une compétence mais ne débouchant pas sur un exercice exclusif. Elle permet donc d'exercer aussi comme psychiatre d'adulte.

116 Cf. Par exemple ce qui se fait en Australie avec les travaux de P Mc Gorry.

117 Cf. préconisation 9.

118 Cf. préconisation 10.

119 Cf. préconisation 9.

Une réforme du troisième cycle des études médicales a été annoncée par le gouvernement. Ses modalités n'ont pas été arrêtées, et devraient être précisées par le Pr Schlemmer, nommé par la Ministre en charge de la santé et par le secrétaire d'État à l'enseignement supérieur et à la recherche à l'été 2016. Un premier rapport sur la restructuration du troisième cycle des études médicales, établi par les professeurs Couraud et Pruvot, préconisait de transformer le DESC1 de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent en option du DES de psychiatrie.

Or, selon une enquête menée, par l'Association Française Fédérative des Étudiants en Psychiatrie (AFFEP) auprès des internes inscrits au DES de psychiatrie pour l'année universitaire 2011-2012120, environ un tiers des internes en psychiatrie souhaitent s'inscrire à un DESC. Parmi eux, 60%

souhaiteraient s'inscrire à un DESC de pédopsychiatrie. 16% des internes déclarent souhaiter exercer en pédopsychiatrie, 22% en pédopsychiatrie et en psychiatrie adulte, 55% en psychiatrie adulte (7% ne savent pas). Mais dans certaines régions, il n’y a pas de professeurs de pédopsychiatrie, ce qui rend leur formation plus difficile et diminue l’offre de soins en pédopsychiatrie.

De même si 20% des internes souhaiteraient avoir une activité de recherche à l'issue de leur internat, l'enseignement et la recherche en pédopsychiatrie sont pénalisés par le très faible nombre de professeurs universitaires-praticiens hospitaliers PU-PH en France dans ce domaine.

• C’est pourquoi il faut reconnaitre la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent comme une spécialité (option) et la renforcer dans ses aspects hospitalo-universitaires : les PU-PH en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent représentent 0,73% de l’ensemble de tous les postes de professeurs avec un taux d’encadrement très bas de 1 universitaire pour plus de 63 internes. Il faudrait au moins 3 PU-PH de pédopsychiatrie dans chaque Faculté de médecine ou ville universitaire petite ou moyenne et 5 dans les Facultés des métropoles d’ici 5 ans pour permettre que tous les champs de la psychiatrie du bébé à l’adolescent soient couverts (différents âges en particulier adolescents, enfants, bébés, addictions, pédopsychiatrie médico-légale…) et qu’il y ait un psychiatre spécialisé dans le champ de l’adolescence dans chaque Faculté de médecine ce qui est actuellement bien loin d’être le cas. Pour développer des compétences pluridisciplinaires, nous soutenons la création de postes universitaires dans toutes les autres disciplines qui spécialiseraient des postes en santé des jeunes (psychiatrie adultes, pédiatrie avec la médecine de l’adolescent, médecine de la transition…).

• Pour être en cohérence avec ce que l’on sait aujourd’hui du développement des adolescents et en convergence avec d’autres rapports récents, la mission propose que la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent soit responsable des adolescents jusque 18 ans (âge de la majorité) et non jusqu’à 15 ans seulement, norme floue parfois encore en vigueur aujourd’hui. Cela suppose bien sûr de rééquilibrer les moyens en faveur de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

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