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Chapitre 5 : Synthèse des résultats et discussion

5.2 Développement des résultats en lien avec la question PICOT

Suite à l’analyse des différents articles, nous avons retenu plusieurs

éléments importants qui éclairent la question que nous nous sommes posée

pour ce travail de recherche.

Tout d’abord, nous avons identifié que la consommation d’alcool chez les

personnes âgées dépendait du contexte social (Dare et al., 2014). Dans le

concept 3.1.3 intitulé « l’alcoolisme chez la personne âgée », nous avions

identifié qu’il était important d’investiguer les causes du développement d’une

addiction tardive. Nous remarquons, grâce à cet article, que l’engagement

social joue également un rôle qui peut être positif ou négatif dans la

consommation d’alcool. La personne âgée dans un Établissement

Médico-Social (EMS) peut donc être susceptible de consommer, non pas par sentiment

de solitude seulement, mais également si sa socialisation est élevée. De même,

des facteurs tels que l’anxiété, la dépression, les troubles cognitifs et certains

délires peuvent amener les personnes à consommer (Clark et al., 2017).

Comme indiqué dans nos concepts (chapitre 3.1.3), Menecier (2016) démontre

que la consommation de substances peut être anxiogène, dépressogène et

hypnotique, ainsi nous percevons-là un cercle vicieux.

Encore, différents articles ont permis de mettre en avant que plusieurs

facteurs influençant la consommation d’alcool, tels que la motivation, le retour

à domicile (réseau social pauvre ou riche), la force d’engagement et l’initiation

à un traitement, le perfectionnisme, le besoin d’approbation et surtout

l’alliance thérapeutique. Il est donc important de considérer ces facteurs lors

de la prise en charge de la personne âgée alcoolique et de la mise en place

d’une thérapie dans le but de réduire la consommation d’alcool (Aharonovich

et al., 2014 ; Clark et al., 2017 ; Kay-Lambkin et al., 2017 ; Setodji et al.,

2018 ; Wolfe et al., 2013).

La plupart des articles permettent de mettre en évidence que l’alliance

thérapeutique est un facteur prédictif de la réduction de la consommation

d’alcool. Celle-ci est influencée en premier lieu par la motivation (notamment

la motivation avant le traitement et la motivation interne) et l’auto-efficacité

du patient, l’âge, le fait de travailler et d’avoir un emploi, la capacité

d’adaptation et l’engagement auprès d’un groupe thérapeutique. (Cook et al.,

2015 ; Kan et al., 2014 ; Maisto et al., 2015 ; Urbanoski et al., 2011 ; Wolfe

et al., 2013). Ainsi, ces éléments nous permettent d’avoir des pistes

supplémentaires quant aux déterminants de la participation du patient au sein

de l’alliance thérapeutique. Nous avions relevé dans le chapitre 3.1.1 intitulé

« l’alliance thérapeutique » deux facteurs semblables, notamment la volonté

de s’engager et de s’ouvrir à la relation et l’engament à poursuivre les objectifs

thérapeutiques (Phaneuf, 2016).

Cook et al. (2015) précisent également que la perception de l’alliance

thérapeutique des clients est plus importante que celle des thérapeutes. À

l’inverse, Wolfe et al. (2013) présentent un facteur qui influence de manière

négative l’alliance thérapeutique, qui est la coercition. Cette dernière, peu

importe sa nature, n’a pas d’influence sur la diminution de la consommation

d’alcool et diminue l’alliance thérapeutique. Elle ne semble donc pas pertinente

dans les prises en charge. Pour conclure, plus le niveau d’alliance est élevé,

plus les patients auront tendance à participer au traitement et plus les

pourcentages de jours d’abstinence augmentent (Prince et al., 2016).

Parmi toutes les études des articles retenus, certaines approches

thérapeutiques apparaissent congruentes dans la visée d’une réduction de

consommation, d’abstinence, d’un engagement à un traitement et favorisent

également l’alliance thérapeutique.

La Collaborative Care (CC) permet l’augmentation de l’initiation et

l’engagement à un traitement et entraîne, par cause à effet, une augmentation

de l’abstinence (Setodji et al., 2018). L’HealthCall combiné à la thérapie

motivationnelle (MI) améliore l’engagement au changement et au traitement

et induit une réduction de la consommation d’alcool (Aharonovich et al.,2014).

Parallèlement, Magill et al. (2010) soulignent que l’inclusion d’un proche dans

une thérapie type MI est possible, sans avoir d’influence délétère sur le niveau

d’engagement et la satisfaction. L’étude de Connors et al. (2017) démontrent

également que via la Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC), il y a une

diminution du nombre de jours de consommation d’alcool et parallèlement une

augmentation de l’alliance thérapeutique. Kan et al. (2014) ainsi que Maisto et

al. (2015) comparent les mêmes thérapies dans leurs études et leur impact

sur l’alliance thérapeutique. Il s’agit de la TCC, la thérapie en 12 étapes (TSF)

et la Motivational Enhancement Therapy (MET). Les mêmes conclusions en

découlent : La MET augmente et favorise l’alliance thérapeutique

significativement. L’article de Kan et al. (2014) précise qu’elle a un résultat

seulement sur le court terme, mais ne l’améliore pas dans le temps.

Finalement, Kay-Lambkin et al. (2017) ont, quant à eux, démontré l’efficacité

durant les trois premiers mois de la TCC/MI via l’utilisation d’un programme

informatique nommé SHADE sur la diminution de la consommation d’alcool.

Plusieurs thérapies peuvent alors être intéressantes dans le cadre de la mise

en place d’une alliance thérapeutique. Une partie de ces thérapies ont déjà été

approuvées pour leur efficacité dans de nombreuses études. Certaines sont

encore à un stade exploratoire et nécessitent des recherches approfondies

telle la TCC/MI avec le programme SHADE (Kay-Lambkin et al., 2017).

Afin de conclure cette synthèse, notons que nos articles de recherches ne

sont pas spécifiques à la personne âgée de 75 ans et plus et aucun ne fait

référence aux EMS en particulier. Mais les notions émergentes nous paraissent

congruentes et transférables pour cette tranche de population et dans ce type

d’institution, pour autant que les individus ne présentent pas de troubles

cognitifs. Ils nous ont permis de définir des déterminants importants ayant

une influence dans l’alliance thérapeutique, ainsi que des facteurs prédictifs

de la diminution de la consommation d’alcool. Dès lors, la majorité de nos

concepts de la question PICOT y sont abordés.

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