Des mutations qui amènent à repenser l’intégration de jeunes dans l’agriculture
Une socialisation professionnelle en cours de recomposition dans l’agriculture L’agriculture reste un des secteurs d’activité où la famille joue un rôle important dans la socialisation professionnelle des nouveaux actifs. Cependant, cette situation est en train de changer depuis plusieurs années. Les enfants d’agriculteurs rejoignent de plus en plus le lot commun du reste de la jeunesse pour laquelle le choix de l’activité pro- fessionnelle n’est pas subordonné au métier des parents. C’est pourquoi, si l’on veut assurer un renouvellement suffisant des actifs agricoles, ce secteur d’activité devra de plus en plus accueillir des jeunes non issus de familles agricoles.
Cependant les processus de socialisation professionnelle dans l’agriculture sont encore beaucoup pensés en complément de ce que permet ou non la transmission familiale. Un enjeu fort des années à venir est donc de revoir l’organisation sociale et professionnelle de l’agriculture afin d’accueillir plus facilement à l’avenir des jeunes d’autres horizons.
Une activité agricole en cours de redéfinition
La profession agricole vit des bouleversements qui questionnent fortement l’activité agricole dans son essence même. De nouvelles demandes sociétales sont adressées à l’agriculture. L’objectif n’est pas seulement d’installer des jeunes, mais bien que ces jeunes fassent le choix de l’activité agricole et s’engagent dans les réorientations qui deviennent aujourd’hui nécessaires pour l’agriculture.
Celles-ci montrent surtout le besoin de repenser l’organisation de l’agriculture et des dynamiques sociales qui permettront aux jeunes de bâtir leur propre trajectoire pro- fessionnelle, au sein d’une entreprise plus vaste de redéfinition des fonctions de l’agriculture.
Permettre une première expérience professionnelle déterminante
Pour faciliter l’amorce de trajectoires professionnelles dans l’agriculture, le salariat agricole est une pratique existante dont l’analyse révèle l’effet engageant dans une démarche d’installation agricole. Lorsqu’il s’effectue dans des formes collectives, telles que les groupements d’employeurs et services de remplacement, il permet parfois plus facilement une mise en relation avec d’éventuels agriculteurs en recherche de succes- seurs ou d’associés. Il nous semble nécessaire de multiplier ce genre d’espaces qui permettent l’acquisition d’une expérience professionnelle et qui peuvent confirmer le désir d’exercer une activité agricole.
Innover pour renouveler le contexte de l’installation agricole
De nouvelles démarches sont donc à imaginer dans un objectif d’installation et doivent aussi se penser de manière à offrir des supports pour initier de nouveaux services ou activités agricoles en adéquation avec les besoins du territoire. Ce sera là une manière de s’appuyer sur les jeunes générations pour conduire l’innovation dans le développe- ment agricole. Des espaces restent à multiplier, combinant à la fois expérimentation professionnelle et agricole.
C’est pourquoi ces actions doivent s’inscrire au cœur de stratégies territoriales concertées impliquant aussi bien les collectivités locales, les organisations de déve-
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loppement agricole, que les autres acteurs socio-économiques. L’enjeu est de se saisir de l’installation agricole pour réinvestir le lien entre l’agriculture et son terri- toire et ainsi faire des futurs agriculteurs des acteurs du développement territorial. Ces constats se retrouvent dans l’ensemble de la société française qui se caractérise par ses difficultés d’intégration socio-économique de ses jeunes populations.
Objectifs généraux poursuivis
Objectif principal
« Mener une recherche-action visant à identifier les conditions et les modalités néces- saires à un développement d’espaces coopératifs d’apprentissage et de développement de l’innovation agricole. »
Objectifs opérationnels
– Identifier sur plusieurs territoires les freins et leviers pour l’installation agricole ainsi que la forme possible d’un ECADIA.
Pour mieux mesurer la faisabilité de ces espaces innovants, cinq sites locaux (des équipes MRJC en partenariat avec d’autres acteurs agricoles et ruraux…) ont été choi- sis pour analyser le contexte local à l’installation agricole. Ces sites sont en cours ou en fin d’une démarche de diagnostic local de l’installation et imaginent la déclinaison d’un ECADIA dans ces diverses réalités territoriales.
– Mesurer la pertinence et la faisabilité d’espaces coopératifs d’apprentissage et de développement de l’innovation agricole.
Actuellement, les représentants des sites discutent avec les acteurs locaux (collectivi- tés territoriales, acteurs socio-économiques…) sur la possibilité de mise en place d’un ECADIA. L’objectif est de mesurer les résistances et motivations des acteurs suscepti- bles de s’associer pour sa mise en place. Ceci pour mieux analyser quelles peuvent être les conditions propices à un travail multipartenarial pour mettre en place et faire fonc- tionner un ECADIA.
À travers ces études de cas, confrontations de projets, il s’agit de mieux analyser quel- les peuvent être les conditions propices à des coopérations territoriales en matière d’installation agricole. Nous nous attachons à identifier les moyens d’asseoir sur les territoires pilotes un travail multipartenarial pour mettre en place et faire fonctionner un ECADIA.
– Mutualiser les différentes expérimentations des sites locaux.
Pour la mise en place de cette expérimentation, la tête de réseau du MRJC joue un rôle de coordination et de centre ressource. En effet, elle réunit quatre fois dans l’année des représentants des cinq sites pour confronter les expériences et les confronter au pro- jet de la branche agricole du MRJC. Ces rencontres sont aussi ouvertes à un comité d’experts des questions de l’installation agricole.