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7. INFORMATION SUR LES RÈGLES DE VIE EN HLM

7.3 Développement de deux outils d’information

Dès le départ, le projet Habiter la mixité prévoyait l’élaboration d’outils d’information et d’animation, soit une vidéocassette sur la vie en HLM et des « fiches techniques » sur dix thèmes touchant les règles de vie en commun. La production de ces outils visait initialement à donner la priorité à l’accueil des nouveaux locataires en HLM, en vue de favoriser leur intégration. Ces outils ont été produits au cours de la première année du projet avec la collaboration de deux organismes communautaires, soit le Regroupement des organismes du Montréal ethnique pour le logement (ROMEL) et Infologis de l’Est de l’Île de Montréal.

7.3.1 PRODUCTION DES FICHES TECHNIQUES ET DE LA VIDÉOCASSETTE

La production des fiches d’information a précédé celle de la vidéocassette. Les partenaires26 du projet ont retenu une liste de 10 thèmes, qui s’inspire largement des sujets abordés par l’OMHM dans son nouveau Guide du locataire (2002), soit :

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Des représentants du ROMEL, d’Infologis et de quatre services de l’OMHM (Communications, Développement social et communautaire, Gestion des immeubles, Location et perception).

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1) Sécurité et prévention (incendie, vols, vandalisme); 2) Entretien ménager 1 (cuisine, appareils ménagers); 3) Entretien ménager 2 (salle de bain);

4) Entretien ménager 3 (planchers, murs);

5) Santé et salubrité (vermine, moisissures, aération, chauffage); 6) Bail (responsabilité, droits et devoirs, augmentation);

7) Intégrité des lieux (réparations versus modifications, surpeuplement); 8) Prise en charge (budget familial, assurances);

9) Conciergerie (rôle du concierge, ordures, sorties d’urgence, cages d’escalier, espaces communs, balcons);

10) Vie coopérative (association, activités, entraide).

Chaque fiche d’information se compose d’une page de format lettre, dont le recto comporte des informations se rapportant au thème abordé et le verso, des questions relatives à ces informations.

Au départ, la vidéocassette devait être complémentaire aux fiches techniques qui devaient elles-mêmes compléter le Guide du locataire produit par l’OMHM. On a donc décidé qu’elle aborderait les mêmes thèmes que les fiches, à l’exception de trois sujets jugés difficiles à rendre en version filmée (bail, prise en charge et vie coopérative). La vidéocassette, réalisée en français, met l’accent sur certaines règles de vie en HLM en les insérant dans des scènes de la vie quotidienne : la prévention des incendies vient au premier plan, mais on traite aussi de la gestion des déchets, de la réduction du bruit et des relations entre voisins.

7.3.2 ÉVALUATION DES FICHES TECHNIQUES ET DE LA VIDÉOCASSETTE

Dès le début, le projet de réalisation des fiches techniques et de la vidéocassette incluait leur évaluation parmi ses objectifs. Ces nouveaux outils d’information devaient d’abord être complémentaires par rapport au nouveau Guide du locataire. Dans les faits, les informations transmises dans les fiches et la vidéo ne vont pas plus loin que celles déjà contenues dans ce guide. Dans les fiches techniques, l’accent a été mis sur le maintien du logement en bon état, alors que la priorité a été accordée à la sécurité et à la prévention dans la vidéocassette.

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Faute de temps, les fiches techniques n’ont pu être testées devant des groupes de locataires, contrairement à la vidéocassette. L’examen critique de ces fiches permet toutefois de noter qu’en dépit des améliorations apportées pour le vulgariser et l’aérer, le texte des fiches reste encore difficile à comprendre pour des personnes n’ayant pas une bonne connaissance du français. Malheureusement, les dessins figurant sur chaque fiche ne servent qu’à illustrer superficiellement les sujets traités plutôt qu’à faire mieux saisir le message. Compte tenu de ces restrictions, on ne peut vraiment envisager de distribuer ces fiches aux locataires immigrants lors d’éventuelles séances d’information, plusieurs d’entre eux comprenant à peine ou pas du tout le français. Elles peuvent toutefois servir aux personnes qui s’occuperont de l’animation de ces séances.

Des projections ont été entreprises à partir de février 2002 afin d’évaluer la vidéocassette : quatre d’entre elles ont été faites auprès de groupes de locataires de HLM participant aux activités du projet Habiter la mixité, tandis que les deux autres l’ont été auprès de chercheuses (INRS Urbanisation, Culture et Société) et de responsables27. Toutes les projections s’adressant aux locataires ont été menées suivant le même schéma, incluant des explications ou des informations complémentaires fournies par l’animatrice du projet, qui a aussi adapté ses interventions au niveau de la connaissance du français des personnes présentes (en traduisant en anglais, le cas échéant).

En résumé, les points positifs de la vidéocassette résident principalement dans sa durée, son ton humoristique et son rythme qui en font un outil relativement dynamique, sans trop de lourdeurs. L’animation (dessins, musique, etc.) et l’ajout de légendes, demandés comme correctifs par les partenaires du ROMEL, ont beaucoup contribué à « vivifier » le scénario, à donner une touche d’humour à l’ensemble et à clarifier les messages. D’autre part, cet outil comporte aussi des éléments négatifs qui tiennent avant tout aux difficultés de compréhension des dialogues et des messages écrits pour des personnes n’ayant pas une connaissance suffisante du français, soit une bonne partie de la clientèle immigrante de l’OMHM. On peut envisager d’utiliser cette vidéocassette pour mieux informer les locataires de HLM, mais les lacunes que cet outil comporte font en sorte qu’on peut difficilement penser à s’en servir sans l’accompagner d’une animation adéquate.

Deux problèmes importants se posent en ce qui a trait à l’animation éventuelle de séances d’information utilisant les fiches techniques et la vidéocassette. En premier lieu, cette animation risque de demander une grande somme de travail, puisque la personne

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Personnes responsables du projet Habiter la mixité ainsi que la directrice du Service de la location et de la perception, et le directeur du Service de la gestion des immeubles à l’OMHM.

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responsable devrait non seulement présenter la vidéo, mais aussi transmettre les informations des fiches et animer un concours en se servant des questions apparaissant au verso. Le ROMEL accorde beaucoup d’importance à l’animation pour pallier les limites de la vidéocassette, notamment en explicitant les capsules et en développant le message auprès des nouveaux arrivants. C’est une démarche qui peut être longue et ardue si ces personnes ne maîtrisent pas bien la langue française. En second lieu, l’OMHM ne compte pas d’animateurs ou d’animatrices parmi son personnel permanent, ce qui risque d’hypothéquer la présentation de ces séances d’information dans le long terme. Or, il est important d’arriver à préciser à qui l’OMHM confiera la responsabilité de cette animation.

Lors des réunions préparatoires pour la production des fiches et de la vidéocassette, peu de précisions ont été apportées sur la clientèle visée, qui semble comprendre l’ensemble de la population résidant en HLM, mais concerner aussi plus particulièrement les nouveaux locataires, composés en bonne partie des personnes immigrantes. On n’a pas non plus discuté de la contribution éventuelle des associations de locataires dans l’accueil des nouveaux résidants – et donc, dans l’utilisation de ces outils – ni du rôle de l’animatrice du projet, à qui on avait d’abord confié l’animation des séances d’information et l’adaptation des outils développés en fonction de l’origine et de la langue d’usage de l’auditoire. L’OMHM dispose maintenant d’outils d’information, mais comment faudrait-il s’en servir? À quel moment utiliser les fiches et la vidéo? On pourrait éventuellement envisager de le faire en petits groupes, deux ou trois mois après l’installation des nouveaux locataires, avec une animation appropriée. Des questions importantes semblent donc avoir été laissées de côté dans la préparation des fiches techniques et de la vidéocassette, à savoir leur intégration dans la « politique d’accueil » de l’OMHM à l’égard des nouveaux locataires, la planification de leur utilisation ultérieure et l’identification des publics cibles. Ces outils d’information risquent de devenir inopérants si aucune décision n’est prise à moyen terme quant à leur intégration dans les activités courantes ou les projets de l’OMHM.

8. FACILITATION DES CONTACTS AVEC L’ENTOURAGE ET LE MILIEU COMMUNAUTAIRE

Même après plusieurs années de résidence à Montréal, la plupart des personnes interviewées connaissaient très peu les services offerts par la Ville de Montréal (bibliothèques; maisons de la culture; grands équipements tels le Jardin botanique, le Biodôme, etc.) et les ressources des organismes communautaires avant de participer aux projets pilotes de l’OMHM. Comme l’a montré le projet Franc parler, ces personnes n’ont toutefois pas besoin d’être familiarisées avec les commerces de leur quartier ou d’autres quartiers montréalais que la plupart fréquentent déjà. Par ailleurs, bien qu’elles résident en HLM depuis un certain temps (entre deux et dix ans), très peu d’entre elles ont développé des liens sociaux forts avec les autres locataires, leurs relations se limitant le plus souvent à des salutations polies avec leurs voisins immédiats. Depuis le début, les projets pilotes de l’OMHM ont mis en évidence l’isolement social de nombreuses personnes issues de l’immigration dans le milieu des HLM. C’est pourquoi ces projets comportent tous une dimension d’accompagnement social qui s’ajoute à leur fonction informative.

Devant les difficultés de la cohabitation interethnique en HLM et les risques de dérapage, le Service du développement communautaire et social de l’OMHM a manifesté sa volonté de faciliter le rapprochement entre les résidants des HLM et de familiariser les nouveaux locataires avec les ressources de leur environnement. Dès l’élaboration du projet Franc parler, la « sensibilisation de l'entourage des logements sociaux » a constitué l’un des principaux objectifs des projets pilotes de l’OMHM. Cet objectif a ensuite été étendu aux groupes communautaires. Cependant, comme aucune activité n’a été spécifiquement consacrée à sa réalisation, la sensibilisation des voisins et des groupes a été peu à peu considérée comme un effet indirect des projets, découlant de l’ensemble des activités. Au cours des deux dernières années du projet Habiter la mixité, un réajustement a été opéré de façon à ce que cet objectif corresponde plus adéquatement à la nature des activités réalisées. Ainsi, en 2001-2002, le projet visait plutôt à favoriser un meilleur maillage entre les personnes immigrantes vivant en HLM et les groupes communautaires pour en arriver finalement à un objectif encore plus concret en 2002-2003, soit de mettre ces personnes en relation avec les groupes du milieu et les diriger vers ces groupes, le cas échéant.