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Détermination des migrations contraintes des étudiants de DEA

Reprenant la méthodologie du « choix révélé » définie précédemment (cf. encadré II.1) on se propose de déterminer si la mobilité des étudiants en DEA peut être imputée à une « insuffisance » de l’offre de formation dans la ville d’origine.

Contrainte de niveau H1 : un étudiant entrant en DEA sera considéré comme ayant effectué une migration contrainte de niveau H1 si aucune formation de DEA présente dans sa ville d’origine n’est compatible avec la discipline dans laquelle il a achevé son 2e cycle. Il s’agit donc a priori d’une contrainte absolue : l’étudiant aurait du, pour rester dans sa ville, choisir une formation de 3e cycle qui n’est généralement pas retenue par les étudiants ayant suivi la formation de 2e cycle qui est la sienne.

Contrainte de niveau H2 : un étudiant entrant en DEA sera considéré comme ayant effectué une migration contrainte de niveau H2 s’il existe une seule formation de DEA compatible avec sa discipline dans sa ville d’origine, c'est-à-dire s’il ne pouvait être en mesure d’opérer

l’étudiant aurait pu trouver un DEA dans sa ville d’origine mais son choix aurait été limité à une solution unique.

Contrainte de niveau H4 : un étudiant entrant en DEA sera considéré comme ayant effectué une migration contrainte de niveau H4 s’il existe moins de quatre formations de DEA compatibles avec sa discipline dans sa ville d’origine, c'est-à-dire s’il disposait au plus de trois alternatives pour trouver une inscription en 3e cycle. La contrainte est cette fois beaucoup plus faible que dans les deux cas précédents puisque l’étudiant dispose d’un choix entre plusieurs alternatives d’inscription. Toutefois, ce choix demeure restreint car l’on sait que l’inscription en DEA n’est pas automatique et s’effectue souvent sur concours. Un étudiant ne disposant que de trois choix n’est pas certain d’obtenir une inscription et peut être contraint à migrer pour suivre un DEA dans une autre ville.

Bien que la méthodologie proposée ait été élaborée dans le cadre d’une étude sur les migrations « contraintes » des étudiants, ses résultats pourraient constituer le soubassement d’études plus générales portant sur l’inégale répartition spatiale de l’offre de formation en 3e cycle et sur une typologie des DEA, surtout si la méthodologie proposée est appliquée à des données plus récentes que celles dont nous disposions. Une analyse globale de l’offre de formation en DEA constitue en tout état de cause un préalable indispensable à l’étude des mouvements migratoires et c’est la raison pour laquelle nous en esquisserons les grandes lignes avant d’examiner plus précisément les contraintes qui pèsent sur la mobilité des étudiants à l’entrée du DEA.

- Les probabilités d’avoir accès à une offre de DEA diversifiée

On considère qu’un étudiant pourrait être amené à migrer si, dans une ville où il était inscrit en 1993, son choix ne peut se porter que sur moins de 4 DEA (H4). Sur cette base de dénombrement, on peut, pour chaque discipline d’une part et pour chaque unité urbaine d’autre part, définir la diversité de l’offre à l’entrée en DEA. Une assez grande complexité se dégage alors.

Les situations dans lesquelles se trouvent les étudiants dépendent beaucoup de leur discipline d’origine. L’offre est particulièrement diversifiée en psychologie, en physique, dans les sciences juridiques et politiques, et dans les sciences de la vie, où

entre au moins 4 DEA. Une telle privation concernerait moins de 5% des étudiants en AES et en mathématiques appliquées aux sciences sociales (MASS), et autour de 6% dans les sciences de l’univers, les sciences de la gestion et le génie des procédés. A l’opposé, l’offre est très étroite à la fois pour certaines disciplines dont les points d’accès en DEA sont en nombre très limité comme les sciences religieuses, les cultures régionales, les langues et littératures anciennes, les littératures comparées, la philosophie, les sciences du langage ou encore le génie civil. On note que, à l’échelon de l’ensemble des disciplines, la probabilité d’émigrer du fait de l’absence de choix entre au moins 4 DEA est corrélée négativement avec le nombre de DEA accessibles sur place (coefficient de Bravais-Pearson r= -0,6, cf. tableau II.1). En revanche, on ne discerne aucune relation entre cette probabilité d’émigrer du fait d’une offre trop peu diversifiée et le taux effectif d’émigration (coefficient de Bravais-Pearson r = +0,1). Tout se passe comme si, à ce stade des études, avec des cultures différentes de la mobilité selon les disciplines, les migrations non contraintes jouaient un rôle au moins aussi important.

Tableau II.1. Offre d’inscription en DEA et discipline d’origine

(Nombre d’étudiants disposant d’une offre limitée (moins de 4 choix) pour un total de 100 étudiants de la discipline)

Disciplines enregistrant les taux de contrainte H4 les plus élevés

Disciplines enregistrant les taux de contrainte H4 les plus bas

Langues et littérature française 34 Psychologie 0,1

Sciences du langage, linguistique 35 Physique 0,4

Philosophie et épistémologie 40 Sciences de la vie 0,6

Littérature générale et comparée 42 Sciences politiques 0,7

Français, langue étrangère 43 Sciences juridiques 1,0

Langues et littératures anciennes 57 AES 2,8

Génie civil 57 Mathématiques appliquées et

Sciences Sociales

4,3

STAPS 73 Sciences de l’univers 6,0

Cultures et langues régionales 100 Sciences de gestion 6,1

Sciences religieuses 100 Génie des procédés 6,4

Médiane (Q2) 11,9

Premier quartile (Q1) 6,4

Ainsi, par exemple, alors que les contraintes semblent très faibles en psychologie, physique, sciences de la vie et sciences de l’univers, les taux de mobilité sont très élevés. A l’inverse, avec des niveaux de contraintes théoriquement très élevés, les sciences religieuses, les cultures régionales, les langues et littératures anciennes, la philosophie, les sciences du langage ont des taux d’émigration faible. A propos de ces apparentes contradictions, quelques remarques peuvent être faites. Dans le premier cas, les catégories disciplinaires de l’étude trop agrégées occultent une organisation beaucoup plus complexe des formations doctorales dans ces disciplines. Ni la physique, ni les sciences de l’univers ne sont une et indivisible, et les DEA en réseaux qui sont mis en place intègrent cette diversité. Dans le second cas, on doit invoquer de probables migrations anticipées qui font que la concentration géographique des étudiants engagés dans des études longues sur ces filières se fait en moyenne plus tôt : ce qui conduit à ce que le recrutement au moment de l’inscription en DEA apparaisse largement circonscrit à l’échelon local.

Si l’on rapproche les spécificités des trames géographiques de chaque discipline de ces probabilités de migrer, l’inscription en 1993 dans une ville donnée rend les chances de migrer très variables d’une ville à l’autre. On isole en premier lieu 5 villes – Arras, Bayonne, La Rochelle, Dunkerque et Saint-Quentin – dans lesquelles l’absence de formation de DEA ouverte en 1994 contraint de fait tous les étudiants souhaitant s’inscrire en DEA à quitter la ville. Au-delà, l’offre apparaît relativement diversifiée puisque dans la plupart des villes aucun étudiant ne se trouve dans la situation où aucune formation ne serait compatible avec sa discipline d’origine. Dans la moitié des villes universitaires les moins bien pourvues, moins de 9% des étudiants n’ont pas le choix entre au moins 2 DEA, et pour le quart des villes dont l’offre est, compte-tenu des inscrits de 1993, la plus étroite, 19,7% de ces derniers se voient proposer moins de 2 DEA (cf. tableau II.2).

Tableau II.2. Proportion d’étudiants disposant d’une offre d’inscription en DEA très faible (moins de 2 choix) en fonction du pôle universitaire d’origine.

Le quart des villes où la contrainte H2 est en % du nombre total d’étudiants

La plus forte La plus faible

Metz 19,7 Compiègne 0,0 Amiens 26,7 Montpellier 0,0 Angers 30,8 Paris 0,0 Avignon 30,9 Grenoble 0,1 Chambéry 34,4 Lille 0,2 Besançon 34,6 Nantes 0,6 Pau 37,1 Bordeaux 1,6 Mulhouse 37,2 Marseille 1,8 Le Havre 37,5 Toulouse 2,5 Perpignan 44,5 Caen 2,8 Corte 71,9 Toulon 3,0 Médiane (Q2) 10,8 Premier quartile (Q1) 3,1 Troisième quartile (Q3) 19,6

A l’opposé, le quart des villes universitaires les mieux dotées privent au plus 3% de leurs étudiants de 1993 de la possibilité de choix entre au moins deux DEA. Quand on porte le choix à 4 DEA le niveau de contrainte s’élève dans toutes les villes (cf. tableau II.3). Pour la moitié d’entre elles, l’offre est inférieure à 4 DEA pour au moins 23% des étudiants inscrits en 1993 et pour un quart d’entre elles, cette offre est refusée à au moins 38% de ces étudiants.

Cette probabilité de n’avoir accès qu’à une offre limitée est liée à la dimension de l’offre de DEA de chaque pôle universitaire (mesurée par le logarithme du nombre d’étudiants inscrits en DEA à la rentrée 1994). Cependant, cette relation négative est d’une intensité moyenne (r = -0,6). D’une part, un certain nombre de petites villes universitaires, qui ont fait le choix de filières très intégrées, sont en mesure d’offrir dans la filière une palette de DEA relativement variée, comme à Compiègne, Belfort, Toulon, Annecy ou Brest par exemple. A l’inverse, les capacités de rétention de villes comme Amiens, Angers, Limoges, Metz ou Orléans par exemple, sont en théorie relativement faibles. Ce qui est en jeu ici est moins la quantité des formations de DEA disponibles à l’intérieur d’un pôle universitaire que leur adéquation avec les

formations suivies antérieurement par les étudiants de 2e cycle. Certains pôles universitaires offrent des formations de DEA très spécialisées, qui leur procurent un rayonnement de niveau régional voire national et qui leur permettent d’attirer des étudiants d’autres villes. Mais cette spécialisation peut avoir pour contrepartie une mauvaise adéquation avec la formation des étudiants de 2e cycle de ces pôles qui, en contrepartie, vont à leur tour émigrer vers d’autres centres.

Tableau II.3. Proportion d’étudiants disposant d’une offre d’inscription en DEA limitée (moins de 4 choix) en fonction du pôle universitaire d’origine.

Le quart des villes où la contrainte H4 est en % du nombre total d’étudiants

La plus forte La plus faible

Amiens 38,4 Paris 0,0 Angers 41,5 Grenoble 1,0 Besançon 57,8 Nantes 2,1 Saint-Etienne 62,8 Lille 4,2 Pau 69,7 Marseille 4,7 Valenciennes 74,0 Toulouse 5,6 Perpignan 76,6 Compiègne 6,3 Chambéry 80,5 Tours 6,7 Le Havre 96,1 Lyon 7,2 Corte 100,0 Belfort 8,1 Béthune 100,0 Bordeaux 9,2 Médiane (Q2) 22,6 Premier quartile (Q1) 9,2 Troisième quartile (Q3) 38,4

u risque de se répéter, la mobilité étudiante peut être le révélateur d’un fonctionnement très positif du système universitaire dès lors qu’elle est la conséquence d’un double mouvement de spécialisation et de mise en réseau des pôles universitaires. Elle peut en revanche être considérée comme un facteur négatif révélateur de dysfonctionnements si les échanges entre les villes

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retenir leurs étudiants de 2e cycle sans pour autant parvenir à attirer ceux d’autres centres de niveau équivalent. Cette situation est probablement d’autant plus fréquente que les pôles concentrent des DEA très généralistes et sans spécialisation clairement affirmée. A trop vouloir retenir l’ensemble des étudiants qu’elle a formé, en créant des formations de 3e cycle « fourre-tout », une université risque non seulement de limiter l’attraction qu’elle pourrait exercer sur les étudiants d’autres centres mais de voir se réduire sa capacité de rétention de ses propres étudiants qui préféreront émigrer vers des pôles universitaires offrant des formations plus spécialisées. Il reste qu’une spécialisation des formations de DEA est beaucoup plus facile à mettre en place dans des pôles universitaires de grande taille, où il est possible de constituer des équipes pédagogiques sur des questions spécialisées, que dans les pôles universitaires de petite taille, où le nombre limité d’enseignants et de chercheurs rend l’entreprise plus difficile. Un excès de spécialisation peut d’ailleurs s’avérer néfaste s’il aboutit à centrer la formation sur un créneau trop étroit du marché de l’emploi.

L’attitude des étudiants face à la mobilité est d’autant plus intéressante qu’elle est contraire à la tendance enregistrée pour l’ensemble des populations françaises depuis près d’un demi-siècle. Départs de la métropole parisienne, recherche d’une meilleure qualité de vie, héliotropisme sont autant de traductions de l’intensification des migrations et de l’augmentation des distances parcourues d’un recensement de population à l’autre (Baccaïni, 1993). Au-delà des différences de comportements devant la distance à franchir entre les étudiants et le reste de la population française, les axes des mobilités préférentielles comme ceux correspondant aux effets de barrières sont remarquablement similaires. Quand les étudiants franciliens semblent « ignorer » les universités du Bassin parisien, ils ne font que calquer leurs comportements sur l’ensemble de la population. Il en est de même pour les étudiants rennais ou toulousains quand ils privilégient l’agglomération parisienne pour poursuivre leurs formations universitaires, ce qui plaide pour une absence de

spécificités des pratiques migratoires étudiantes. Alors faut-il en rester là et se priver d’un regard sur les dynamiques des mobilités géographiques selon les secteurs disciplinaires, en particulier celles correspondant aux étudiants inscrits en IUT ?

Pourquoi les IUT ? Parce que, lors du plan « Université 2 000 », ces formations ont enregistré de nombreuses ouvertures, se montrant les plus promptes à accueillir les nouveaux bacheliers. Ceci ne doit rien au hasard. Véritables UFR dérogatoires, ils ont délivré pendant longtemps le seul diplôme universitaire de niveau « baccalauréat + 2 ans » reconnu dans les conventions collectives et ont été considérés dès leur création en 1966 comme le premier signe fort de l’ouverture du système universitaire sur le monde du travail. Toutefois – et ce n’est pas le moindre des paradoxes – la dernière phase de déploiement universitaire semble avoir porté un coup fatal à l’originalité des IUT dans le système universitaire français. Les étudiants suivant ces formations ont maintenant les mêmes caractéristiques de déplacement que les autres inscrits à l’Université. Ce qui représente un changement spectaculaire par rapport à la situation constatée au début des années 1990. Est-ce à dire que la formation en IUT est devenue comme les autres ? Oui, si l’on songe qu’en moins de 10 ans, les poursuites d’études pour les titulaires d’un DUT se sont généralisées, atteignant 60 % des diplômés. Oui, si l’on pense à la façon dont cet équipement est réparti sur le territoire national. En vingt ans, les IUT ont « rejoint » les autres premiers cycles universitaires, se démarquant des formations sélectives plutôt implantées dans les lycées que sont les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE) et les Sections de Techniciens Supérieurs (STS) et desquelles ils étaient très proches au milieu des années 1980 (Baron et Perret, 2006).

Au-delà de ces principaux constats et résultats, les mobilités étudiantes entre pôles universitaires nationaux méritent d’être intégrées de plus en plus dans ce qui peut être appelée la mise en concurrence des mobilités. Certes la notion de concurrence peut paraître excessive mais il s’agit d’appréhender les effets, les conséquences des mobilités « encouragées » dans le cadre des licences et des masters,

tels que les semestres ou les années Erasmus passés dans des universités européennes avec lesquelles il existe un partenariat, sur les mobilités « révélées » entre villes universitaires voire entre universités d’une grande agglomération comme Paris. Or, jusqu’à maintenant, les mobilités effectuées dans le cadre de programmes Erasmus ou autres n’ont pas été intégrés dans les renseignements relatifs aux étudiants, que la DEPP centralise. Pour l’instant, il est donc impossible d’articuler, de mettre en regard ces deux formes de mobilité et donc d’analyser leurs complémentarités diront les uns, leurs concurrences diront les autres mais aussi leurs concordances ou encore leur indépendance.

Le chantier de l’université Paris Diderot – Paris 7, illustration des équilibres de la structuration spatiale universitaire ? © Baron M., 2003

es dynamiques enregistrées par les IUT au sein du système universitaire français semblent avoir quelques liens avec les comportements des étudiants provinciaux. Parmi ces derniers, ceux qui décident d’être géographiquement mobiles pour poursuivre leur parcours universitaire, sont peu attirés par une des 17 universités parisiennes mais bien davantage par des établissements situés dans des agglomérations de même importance (cf. figure III.1). Parmi les étudiants qui changent de ville universitaire en cours de formation, 55 % se dirigent vers un pôle plus grand tandis que 45 % se déplacent vers un pôle de taille équivalente voire plus petite. Ces mobilités ont des conséquences variées d’un ensemble de villes à l’autre. Tandis que les villes universitaires de plus de 500 000 habitants (Paris exclu) gagnent un peu moins de 5 % de leurs effectifs étudiants, celles dont la population est comprise entre 200 et 500 000 habitants perdent plus de

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6 % de leurs étudiants. Ces villes qui comptent plus de 500 000 habitants paraissent les plus attractives quelle que soit la taille de la ville de départ. En particulier lors d’une entrée en 2e cycle, les étudiants, qui quittent les villes de moins de 50 000 habitants, se dirigent dans 8 cas sur 10 vers des villes de plus de 500 000 habitants (cf. figure III.1). Les mobilités géographiques étudiantes bénéficient surtout aux plus grandes villes de province tandis que celles qui comptent moins de 500 000 habitants sont toujours perdantes.

Quant aux étudiants franciliens, ils sont peu nombreux à quitter leur région pour continuer leurs études et « préfèrent » plutôt arbitrer entre les 17 universités franciliennes. Ils sont ainsi moins de 5% à choisir une université de province pour poursuivre leurs formations, à mettre en regard avec les quelques 9% qui optent pour une autre université parisienne. Le positionnement de Paris dans le paysage universitaire français dessiné par les mobilités étudiantes se dessine alors dans toute sa complexité et son originalité. Plutôt que le centre voire le cœur de ce système universitaire, la région capitale tendrait à devenir un isolat – figure déjà rencontrée pour caractériser les cohabilitations de Masters entre les universités parisiennes et celles du Bassin parisien (cf. infra Figure I.2). Sa moindre attraction au profit des pôles universitaires majeurs de province peut être due en partie à la stabilisation du processus de déconcentration de l’équipement universitaire sur le territoire métropolitain, à la croissance des formations à finalités professionnelles dans le paysage universitaire et, au niveau des seuls 3e cycles, à l’érosion continue des formations à la recherche au profit des formations dites « professionnelles ».

et espace, le territoire universitaire francilien selon les uns, parisien pour les autres est l’occasion d’évoquer dans un premier temps l’actualité des différents niveaux de structuration du fait universitaire tant il semble au cœur de nombreuses recompositions lourdes de conséquences sur son fonctionnement. Il convient alors de rappeler que, pour faire face aux conséquences des 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat et au passage à « l’Université millionnaire », le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche avait décidé non seulement de prendre en compte la proximité spatiale à l’équipement universitaire mais aussi d’associer, ou plutôt d’associer de nouveau, l’ensemble des

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collectivités territoriales dans le financement de cette entreprise. A partir du moment où les régions, les départements, les villes voire les communes ont été autant sollicitées, quels sens, quelles significations donner à la densification de la trame universitaire ? Souligne-t-elle des concurrences accrues entre territoires ? Révèle-t-elle surtout une mission d’aménagement du territoire ? Autant de questions qui conduisent à se pencher sur le difficile exercice d’évaluer les conséquences de la mise en œuvre des politiques publiques concernant l’enseignement supérieur et la recherche. Cette dernière conduit à envisager les différents territoires dans lesquels s’inscrivent les équipements universitaires : académies, villes et régions.

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Pendant longtemps en France, l’implantation d’une université était conditionnée au fait que la ville avait rang de chef-lieu d’académie (Liard, 1890). Il en est résulté une carte relativement simple des universités « complètes » ou « de plein exercice » : à chaque académie son chef-lieu … et son université. Ainsi, même la période des années 1950 et du début des années 1960, marquée par une croissance spectaculaire du nombre d’élèves, de lycéens et d’étudiants emblématique d’une progression dans l’économie de l’éducation (cf. infra ; Figure III.2), a obéi en grande partie à cette règle. C’est durant cette période que de nouvelles académies ont été créées, que des villes sont devenues chefs-lieux d’académies pouvant ainsi accueillir une université : ce qui devait permettre une meilleure répartition de la croissance des effectifs étudiants. L’exemple de Nantes illustre cette dynamique : l’académie a été créée en 1961 tout

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