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Je m’attache à les situer comme événements et à comprendre leur relation au territoire. Ainsi, il ne s’agit pas d’analyser les émeutes pour elles-mêmes ni de déterminer les caractéristiques de la confrontation. Je veux interroger la signification de l’espace urbain dans le conflit, et particulièrement en quoi la position de frontière entre catholiques et protestants peut favoriser le combat1.

2-21. Les sources

Il n’a pas été possible d’interroger les officiers de police ou les militaires en poste au début des années 1970, ni de retrouver les participants aux émeutes. L’essentiel des sources pour cette période sont des données documentaires. Sur les émeutes, les documents et travaux sont peu nombreux. Les statistiques de la police ne les recensent pas. Cependant, H. Lyons a publié un article isolé sur les caractéristiques sociales des émeutiers de Belfast, à partir des statistiques des arrestations de 1969 à 19722. Les sources principales dont je dispose sont les rapports des deux

enquêtes officielles, menées immédiatement après le début des Troubles, par des commissions nommées par le gouvernement nord-irlandais. La commission d’enquête parlementaire présidée par Lord Cameron a rendu son rapport Disturbances in Northern Ireland en septembre 19693. Il s’attache à

décrire les causes des désordres survenus en Irlande du Nord entre octobre 1968 et janvier 1969. Un second rapport a été réalisé par une autre commission d’enquête parlementaire, présidée par

1 Ainsi la description des émeutes n’intervient que pour tenter de montrer une relation entre les lieux d’affrontement et l’intervention de l’armée sur l’espace urbain par la construction de peacelines. Il n’est pas question ici d’une sociologie de la mobilisation ni d’étudier les répertoires d’action des émeutiers, car ce n’est pas central à l’objet d’une part et d’autre part, je ne dispose pas des données de première main, notamment d’observations ou d’entretiens.

2 H.A. Lyons, Riots and Rioters in Belfast, Community Forum (Northern Ireland Community Relations Commission, Belfast), n° 2, 1973.

3 Government of Northern Ireland, Disturbances in Northern Ireland. Report of the commission appointed by the governor of

Lord Scarman, intitulé Violence and civil disturbances in Northern Ireland in 19691, et publié en 1972. Il

reprend les conclusions du rapport Cameron et analyse les troubles d’avril à août 1969. Des ouvrages d’histoire locale ont été réalisés sur des quartiers de Belfast, dans un cadre associatif, portant une volonté de témoignage et de mémoire des habitants. Le Ballymacarrett Research Group fait l’histoire de l’enclave catholique de Belfast-Est, le Short Strand, de 1886 à 19972, tandis que Ciaran

de Baroid raconte celle du quartier républicain de Ballymurphy, dans Belfast-Ouest de 1969 à 19993.

Les archives des Political Collections de la Linen Hall Library4 de Belfast contiennent une partie des

revues de presse réalisées par l’administration gouvernementale, le Northern Ireland Office (NIO). Elles regroupent les articles des journaux locaux, le Daily Telegraph, le Belfast Telegraph, la News Letter, pro-unionistes et l’Irish News, pro-nationaliste, ainsi que des journaux d’audience britannique et irlandaise, notamment le Guardian et l’Irish Times, classés par période et par thèmes. Le corpus n’est pas exhaustif, soit parce que l’archivage n’a pas été systématique, soit parce que des éléments ont été perdus. Mais grâce à ces archives, j’ai obtenu des articles de presse sur les émeutes de 1969 à 1972. Le Sunday Times Insight team a en outre compilé une histoire des Troubles qui couvre une période identique5. Quant aux peacelines, elles sont mentionnées dans les rapports officiels des

commissions parlementaires Cameron et Scarman, qui n’en font cependant pas une étude détaillée. Les journaux contiennent des mentions éparses au fil des articles, elles sont elliptiques dans la compilation du Sunday Times. Les peacelines ne figurent pas dans le récit sur le Short Strand, tandis que Ciaran de Baroid les évoque brièvement dans son livre sur Ballymurphy, qui se concentre sur les événements touchant spécifiquement ce quartier catholique.

2-22. L’émeute comme événement

Les émeutes sont des événements dont la signification est construite par les protagonistes et par les documents qui les retracent. Le rapport Scarman est la contribution la plus détaillée sur les émeutes de 1969 et à ce titre constitue un document précieux6. Toutefois, il construit l’événement

en fonction du contexte de l’enquête parlementaire. L’un des rôles implicites de la commission

1 Government of Northern Ireland, Violence and civil disturbances in Northern Ireland in 1969. Report of Tribunal of Inquiry. (Cmd. 566). Belfast : HMSO, avr. 1972, 2 vol. [rapport Scarman].

2 Ballymacarrett Research Group, Lagan Enclave. A history of conflict in the Short Strand, 1886-1997, Belfast, 1997. 3 Ciaran de Baroid, Ballymurphy and the Irish war, Londres : Pluto Press, 2000.

4 La Linen Hall Library, bibliothèque privée tirant son nom du bâtiment dans lequel elle est située, dans le centre de Belfast, rassemble depuis 1968 des documents liés aux Troubles dans un fonds politique ouvert au public.

5 Sunday Times Insight team, Ulster, The story up to Easter 1972, Penguin Books, 1972.

6 Le rapport Scarman contient 12 parties. General survey; Attack on public utilities and post offices; The initial disturbances; The

Londonderry riots; The spread of the riots; The army; The Belfast riots 14 August; The Belfast riots 15 and 16 August; Belfast outside the riot area; Armagh; Crossmaglen; Social cost.

Scarman est de trouver les causes des désordres pour désigner des coupables, qu’ils soient des manquements dans l’organisation de la police ou des déficiences des structures sociales. Dans la première partie intitulée « enquête générale », après un bref chapitre présentant le cours des événements, le rapport consacre deux chapitres aux « origines et à la nature des désordres » et aux responsabilités des forces de police. Ainsi, il examine les responsabilités des différents protagonistes. Il affirme que les émeutes n’ont pas été programmées. Il souligne le fait que la rareté de l’usage d’armes à feu par les civils prouve le caractère spontané des désordres intercommunautaires et l’absence d’insurrection organisée. Les émeutes ont souvent été déclenchées par des incidents mineurs, tels que des jeunes lançant des pavés sur les forces de police ou les processions de l’Ordre d’Orange. Les incidents ont alors dégénéré en une confrontation entre la police et les lanceurs de cailloux, appuyés par une foule sympathisante. D’après la commission Scarman, l’influence de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA) est certaine, mais elle n’a pas déclenché les émeutes. Au contraire, elle a été prise par surprise et critiquée par les républicains pour son manque de réaction. L’IRA était démobilisée et ne comptait plus qu’une cinquantaine de membres en 1969. La direction avait pris une orientation marxiste décourageant la lutte armée. Pour la raison idéologique de ne pas s’affronter entre ouvriers, et par manque de moyens, l’IRA n’est pas intervenu. Les catholiques ironisaient, traduisant IRA par I Run Away, je me suis enfuie1. Du côté des organisations protestantes, la commission Scarman attribue une part active

des désordres à la Shankill Defence Association (SDA). Mais celle-ci n’a planifié ni les attaques ni les incendies. Si ses leaders, notamment John Mc Keague, n’ont rien fait pour apaiser les tensions, ils ont été débordés par la base, prise dans la spirale de la violence. Quant aux loges orangistes, déterminées à maintenir leurs cérémonies, elles n’avaient selon Scarman aucune volonté délibérée de déclencher les émeutes, malgré la provocation évidente2. Sur le rôle de la police, le rapport

conclut que, malgré des déficiences, elle a fait à peu près son travail3.

Toutefois, en confondant causes et responsabilités, l’enquête officielle manque à comprendre le phénomène qu’elle tente d’expliquer. Les émeutes apparaissent comme un produit réifié d’une situation, particulièrement le fait de foules irrationnelles, d’humeur méchante (in a ugly mood). Le rapport cite un policier décrivant les foules « en proie à l’amok4 » et un témoin parlant de

« frénésie » (frenzy)5. La commission d’enquête procure une vision globale qui intègre les points de

1 John Conroy, War as a way of life, A Belfast diary, Londres, 1988, p. 35. 2 Rapport Scarman, vol. 1, chapitre 2, p. 10 à 13.

3 Ibid., vol. 1, chapitre 3, p. 14 à 19.

4 Amok est un terme provenant du malais, désignant une forme de folie homicide. 5 Rapport Scarman, vol. 1, p. 159.

vue des émeutiers et des autorités et tend à créer une vision commune, objective, « officielle » de l’événement, reconstituée a posteriori. Cela masque le fait qu’elle est elle-même un microcosme qui reproduit la compétition pour la définition légitime de l’événement, où les représentations des autorités priment, notamment celles de la police. L’analyse détaillée des émeutes s’appuie essentiellement sur les rapports de police, même si elle cite aussi quelques témoignages des chefs des comités de défense des quartiers, de quelques habitants ou journalistes spectateurs des émeutes, pour établir une chronologie plausible des événements. Elle retrace le déroulement des émeutes, en s’interrogeant à chaque étape sur les responsabilités de la police, l’insuffisance de ses moyens et l’origine des tirs. La description des émeutes est ainsi directement liée à la recherche de responsabilités.

Quant aux médias, ils construisent les émeutes comme des événements au jour le jour sans cause bien identifiée. Elles sont décrites comme des sortes de paniques morales, en leur donnant une unité qu’elles n’ont pas toujours, alors que ce sont en fait des événements très variés. Dans le corpus de presse, les troubles (désordres) désignent une violence collective qui est l’expression de la colère, donc d’un comportement émotionnel. Deux mots, crowd et mob, sont utilisés pour décrire la foule prenant part à la violence collective. Crowd est un terme neutre, désignant une masse de gens rassemblés, dans des lieux publics divers : pubs, magasins, rues, places. Mob désigne une foule dans la rue, une foule mobilisée, voire hostile. La foule dont parle la presse est une entité sans visage, une masse, crowd rassemblée aux carrefours, mob agissant sous l’emprise de l’émotion, telle que la colère et la rage, ou de l’alcool. Les articles ne différencient pas les émeutiers par sexe, âge, ni même par l’appartenance confessionnelle. Les foules sont rarement qualifiées de nationalistes ou loyalistes, mais la qualification est implicite par leur localisation ou leur provenance. Le schéma descriptif répétitif utilisé pour décrire l’émeute inclut toujours une attaque d’une foule sur une autre, le plus souvent à la suite d’une provocation. De plus, en fonction de leur lectorat, les journaux ont tendance à incriminer l’une ou l’autre communauté pour le déclenchement de la violence.

2-23. Le flashpoint

Le rapport Scarman interprète les défilés orangistes comme l’élément déclencheur des désordres d’août 1969. En effet, il écrit : « Suite aux événements d’août 1968 à avril 19691, les

défilés protestants ont été l’occasion de l’éruption de la violence qui devint incontrôlable par les leaders politiques et les forces de l’ordre »2. Le rapport Scarman emploie une métaphore volcanique

1 NDLT : i.e. les manifestations pour les droits civiques et les désordres liés. 2 Rapport Scarman, vol. 1, p. 14.

pour désigner l’apparition de la violence. Cela rejoint une explication relativement commune des désordres urbains, qui décrit une situation de tension ou de conflit, dans laquelle un incident banal devient le catalyseur de désordres de grande ampleur. Le chercheur britannique David Waddington appelle cet incident flashpoint1, qu’il définit comme une cassure dramatique dans la structure des

interactions, pouvant expliquer l’apparition du désordre. Un incident particulier a une propre préhistoire. Elle est composée des incidents de la même nature dans un passé récent, qui font partie du sens commun des participants. Ce niveau explicatif est appelé niveau contextuel. Mais chacun des participants interprète également l’événement en fonction de ses représentations. Le conflit a aussi une dimension politique et idéologique. De plus, des questions plus larges relatives au pouvoir économique et politique sont en jeu : il s’agit aussi d’un conflit structurel. Waddington décrit un modèle dans lequel les conditions au niveau structurel, les idéologies et les interactions entre les groupes sont facteurs de désordres2. Le rapport Scarman utilise un schéma interprétatif semblable,

dans lequel l’hostilité des deux communautés entre elles et envers la police est importante dans le déclenchement des émeutes.

Tandis que Waddington ne spatialise pas le concept de flashpoint, le rapport Scarman utilise ce mot avec une autre acception, celle d’un lieu potentiel de l’affrontement3. Le terme de flashpoint est

certes peu cité par le rapport Scarman. Les journaux relatant les émeutes de 1969 mentionnent des

troubles (désordres) ; les lieux de confrontation interconfessionnelle sont appelés trouble spots4.

Toutefois, à partir des années 1990, le terme de flashpoint5 sera employé par la presse et par la police

et celui de riots (émeutes) remplacera l’expression de troubles6. Fred Boal et Russel Murray,

chercheurs à l’université de Queen’s à Belfast, utilisent la notion d’interface flottante (floating interface) dans leur description des émeutes inter-raciales aux Etats-Unis dans les années 1960, pour désigner un lieu où le conflit peut se produire. Le lieu précis de l’émeute est alors déterminé par les tactiques de la police ou des participants7. Pour Belfast, Boal et Murray emploient le terme de flashpoint. Dans

leur article A city in conflict, ils posent que les flashpoints sont les lieux fixes d’une violence quasi-

1 Waddington, David, et al. Flashpoints. Studies in public disorder. NY/Londres : Routledge, 1989, p. 21. 2 Ibid., p. 58 et suiv.

3 Notamment p. 50 et p. 224.

4 Le dictionnaire Robert & Collins donne la traduction de « point de conflit », « point chaud ».

5 Le dictionnaire Robert & Collins donne la traduction du terme technique utilisé en chimie « point d’ignition » Le dictionnaire ajoute la traduction au figuré de « situation critique, situation explosive ».

6 D’après l’analyse du corpus d’articles de cette période.

7 F.W. Boal, R.C. Murray, The social ecology of urban violence, in D.T. Herbert, D.M. Smith, (eds) Social problems and the

ritualisée1. L’hypothèse est qu’à Belfast, la structure résidentielle communautaire a peu évolué

jusqu’en 1969 et est restée constante pendant plusieurs générations. Cette structure favorise des affrontements sur des frontières fixes, notamment la ligne de séparation entre le Shankill et les Falls. Ainsi, le flashpoint peut être défini comme un lieu frontière entre les quartiers qui, par sa position, est un terrain d’affrontement récurrent. Et les émeutes joueraient un rôle de marqueur des frontières territoriales entre les communautés catholiques et protestantes.

Lyons, à partir des statistiques des arrestations, affirme que les émeutiers sont principalement des habitants du quartier, auxquels s’ajoutent ceux qui se déplacent vers les lieux d’affrontements. De mars 1969 à avril 1970, la majorité des personnes arrêtées (61,5 %) participaient aux émeutes de leurs quartiers. Ceux qui se déplaçaient (30,8 %) provenaient des lotissements périphériques d’habitat social du grand ouest de Belfast, vers les zones « traditionnelles » de confrontation, les Falls et le Shankill, dont ils étaient originaires. Les nouveaux lotissements abritaient les personnes relogées par les programmes de résorption de l’habitat insalubre menés dans les années 1960. Ballymurphy et Turf Lodge ont accueilli des catholiques, et Glencairn, Highfield, Springmartin et Ballysillan ont relogé de nombreux protestants du Shankill. Les personnes arrêtées sont rarement les meneurs, mais des participants plus prompts à injurier les forces de l’ordre qu’à prendre la fuite. Entre mars 1969 et avril 1970, ils sont pour la plupart de jeunes ouvriers non qualifiés, dont 45,6 % ont entre 20 et 29 ans, 21,8 % entre 30 et 39 ans. Donc près de 70 % des émeutiers ont entre 20 et 39 ans. Et on ne compte que 3,6 % de femmes. Les caractéristiques sociales des personnes interpellées reflètent également la composition de la population des lieux des émeutes, qui connaît un fort taux de chômage et des conditions de logement médiocres2.

2-24. L’analyse détaillée de la localisation des émeutes en août 1969

En 1969, les affrontements entre foules rivales se déroulent sur des lignes de démarcation récurrentes, sur les « frontières » entre les quartiers catholiques et protestants de Belfast-Ouest. Les

flashpoints sont situés sur les limites du Shankill avec les quartiers catholiques voisins, les Falls et

Ardoyne (Figure 22) et circonscrits à des lieux bien précis. Toutefois, les lieux privilégiés des affrontements sont aussi différents dans le temps. A partir du mois de mai 1969, les émeutes prennent une tournure plus grave qu’auparavant. Le rapport Scarman les prend comme référence pour dater les débuts des Troubles et les analyse comme les prémices de la violence de la mi-août. Il distingue donc 3 périodes successives des désordres à Belfast : de mai à juillet, le premier week-end

1 F. Boal, R. Murray, A city in conflict, Geographical Magazine (Londres), vol. 44, 1977, p. 365. 2 Lyons, op. cit., p. 13-14.

d’août et du 14 au 16 août. Dans les deux premières périodes, les émeutes sont circonscrites à deux

flashpoints : Hooker Street, situé entre le Shankill et Ardoyne, et Unity Flats, entre le Shankill et les

Falls. A la mi-août, lorsque les affrontements prennent une ampleur considérable, ils se déroulent principalement le long de la longue limite entre le Shankill et les Falls. Cette section s’attache à décrire les lieux et la spatialisation du conflit en resituant la logique des incidents déclencheurs.

Figure 22 : Belfast, 1969 (Source : Sunday Times Insight team, Ulster. The story up

Hooker Street, dans Ardoyne, est décrit dans le rapport Scarman comme un foyer de désordre récurrent à partir de mai 19691. Ardoyne est un quartier à forte majorité catholique situé

au nord de Crumlin Road, entre Brompton Park et Flax Street. Il s’agit d’une frontière instable, car le territoire catholique s’étend autour de l’église Holy Cross (Sainte Croix). Le carrefour d’Hooker Street et Crumlin Road marque la limite tacite d’Ardoyne avec le Shankill. Exclusivement protestante avant 1968, Hooker Street ne compte plus que 24 familles protestantes en 1969. Au sud de Crumlin Road, Disraeli Street et les rues avoisinantes sont à majorité protestante, bien que des catholiques habitent dans Chief Street et aux alentours. Le rapport Scarman souligne que Crumlin Road constituait la frontière entre les deux quartiers et que les affrontements se déroulaient généralement dans la zone où Hooker Street et Disraeli Street se font face. Le centre des affrontements était l’Edenderry Inn, pub situé à l’angle de Hooker Street et Crumlin Road, et fréquenté par des catholiques (Figure 23).

Des heurts entre la foule et la police y ont eu lieu pendant deux week-ends d’affilée à la fin du mois de mai 1969. Il s’agissait d’affrontements mineurs impliquant les clients du pub. Ils ont été déclenchés le soir du vendredi 16 mai. La police, appelée à la suite d’un accident dans le pub - un homme ivre blessé suite à une chute dans un escalier – a été attaquée par la foule. Le lendemain, les clients de l’Edenderry Inn ont attaqué une patrouille. La police a envoyé des renforts et une foule plus importante, de 200 personnes environ, lui a jeté des pierres et des bouteilles. Les patrouilles mobiles ont ensuite dispersé les émeutiers. Ces événements se sont répété le week-end suivant, puis ont cessé. Mais ils ont dégradé les relations entre la police et la population catholique. A la mi-juillet, les tensions ont augmenté. Le rapport Scarman relate de nombreuses provocations. Il cite une dame âgée, vivant dans une rue à majorité catholique. Elle accrochait habituellement un drapeau britannique à sa fenêtre pour les commémorations annuelles. Début juillet, son drapeau a été déchiré et sa fille, habitant Hooker Street, injuriée et menacée. Le 12 juillet 1969, de nouveaux désordres ont eu lieu, dont le pub Edenderry Inn était à nouveau le centre. Au retour des loges orangistes, en début de soirée, la police avait demandé au responsable de fermer les portes de son établissement. Mais celui-ci ne put empêcher ses clients d’agiter un drapeau irlandais par la fenêtre. Les membres du service d’ordre de la première loge réussirent à contenir leurs hommes et la police