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ils y déposaient leurs causes

Dans le document Le Dernier Testament des Rêveurs, Anonyme (Page 42-61)

Dans les jours suivants, Ninazu, Jezabelle et Evelyne accompagnaient un immense cortège. Cavaliers, charrettes, roulottes, piétons de tous les âges et souvent démunis, avançaient à quasi marche forcée au-delà des bois impériaux. Temujin avait proposé une yourte au Rêveur durant le trajet, mais seule Evelyne en profitait ; lui et Jezabelle dormait chaque nuit dehors, à tout temps, si bien qu'on ne faisait même plus attention à eux dans le convoi tant on s'y habitua. À la queue du cortège suivaient les pestiférés, qui lorsqu'ils tombaient parfois sous le coup de l'infection, ajoutaient de nouveaux cavaliers mortuaires de manière à alimenter la cavalcade qui menait l'épopée. À défaut d'endiguer la contagion, le nécromancien leur offrait ainsi un avant-goût de l'éternité.

Un jour, Temujin, étonné de ce qu’il avait vu, demanda à Ninazu pourquoi il dormait ainsi avec Jezabelle la nuit et à quel clan elle appartenait. L'Քարjin lui répondit que c'était pour les battements du cœur et qu'elle n'était la propriété d'aucun clan. Jezabelle, souvent durant ces longues journées de périple, baguenaudait avec Evelyne à l'arrière, aidant ceux qui survécurent à la peste à apaiser les infectés. Sa joie y fut aussi nécessaire que le pollen pour fleurir, car elle y couvrait l'odeur pestilentielle de rose et y redessinait des sourires sur les visages des condamnés. Avec Evelyne en plus, qui avait aussi terrassé la peste, prodiguant soins et joies à l'aide de sa bonne humeur et de ses grands yeux bleus, tous ceux-là recueillaient au moins un voile sur la mort le temps d'accepter leur funeste sort.

Cependant, la musique tribale de ces voyageurs ne suffisait plus à les adoucir dès lors qu'il fallait passer par la montagne. Ils savaient heureusement que des sept rivières de la Jetée, six seulement devaient obligatoirement être traversés. Ninazu, Jezabelle et Evelyne comptaient en revanche quitter au bout d'un moment le cortège pour aller malgré tout se rendre au-delà de la septième, là où normalement personne n'allait jamais. Ils devaient, rappelaient-ils parfois, rapporter son sac à une très vieille dame qui se trouvait là. Lorsqu'il s'agissait de savoir si l'on parviendrait à enjamber les eaux, le moral était toutefois raffermi, car Ninazu promettait de faire simplement s'empiler les cadavres pour en faire des ponts ; quoi de plus

normal pour un nécromancien qui ne s'encombrait pas plus du sort des morts que de celui des vivants ?

La pente à gravir avant d'entrevoir le col restait toutefois terriblement laborieuse. Au milieu de rochers coupants comme des rasoirs, sous les attrayantes ailes des papillons rouges volant sans cesse au-dessus d'eux, les gens se bousculaient et tiraient comme des forçats au bagne leurs possessions dans des sacs ou n'importe quoi qui furent capables de rouler. Une promesse d'une terre sans horreur devant eux et voilà qu'avec la mort aux trousses, ils risquaient paradoxalement leurs vies pour y résister ; quitte à devoir suivre des cadavres ambulants de leurs anciens familiers qui leur indiquaient le chemin à emprunter.

L'extrême rudesse du passage fut cependant épargnée à Evelyne qui nichait presque toujours lors de ces difficiles moments sur le cheval de Ninazu, fermement accrochée à ses lambeaux de manteaux noirs. La petite blonde se sentait là, prise sur une jument entre une faux et son cavalier au visage sombre, le plus en sécurité du monde. Jezabelle parfois femme et parfois papillons voguait autour d'eux pendant ce temps et très souvent, lui racontant des histoires et des contes d'autres temps, de temps à autre l'embrassant, s'arrangeait ainsi afin que sa proclamée fille ne ressentit jamais rien d'alarmant. Depuis peu, grâce à tout cela, les morts n'effrayaient plus la douce Evelyne. Ils ne devinrent à ses yeux que des passagers, des passants, des gens d'une vie d'une autre forme ; une forme différente d'avant.

« Prions les Dieux ! » s'égosillaient parfois les anciens lorsque les sentiers étaient méchamment étroits ou trop escarpés pour eux et ce qu'ils emportaient. Mais aucun Dieu ne répondait jamais, il n'y avait que Ninazu avec ses funèbres cavaliers qui parfois tractaient leurs bagages.

Une journée quand affluaient les premières ombres du crépuscule, un amas d'âmes épuisées et gémissantes s'agglutinait derrière l'un des appontements. Ils refusaient de traverser en pleine nuit malgré le pont que leur avait construit le nécromant. Le cavalier n'attendit cependant pas de délibération et outrepassa son ouvrage, laissant tous ces malheureux derrière lui. Par-delà le pont, il fallait grimper une pente plus abrupte encore, rocher par rocher, en vue d'avoir le droit de pénétrer dans les racines de la montagne et personne ne souhaitait encore s'y aventurer de nuit, car disait-on, souvent les chants des nécromanciennes y résonnaient là-bas, tel un requiem voué à la barbarie.

Néanmoins, avant d'entendre les chants des nécromanciennes, il fallait passer le col et ce n'était guère la nuit qui allait retenir le Rêveur. Ce qui n'aurait pas le courage ou la force de le suivre serait laissé derrière sans remords pour lui. Sur une crête loin de là, les anciens et leurs femmes qui voyaient Ninazu partir avec Jezabelle et Evelyne en levaient les mains au ciel, en appelant à son supplice ou au retour du nécromancien, qu'il ne les abandonne pas à leur mauvaise fortune. Le cavalier ne fit pourtant pas demi-tour en entendant leurs appels et le ciel ne répondit rien de plus qu'un nuage gris et menaçant à l'horizon. Larmes et colère furent insignifiantes et quelques audacieux suivirent finalement le trio au-delà du pont, quitte à risquer au cœur des bois l'immolation.

Lentement, le lendemain, ils se déverseraient tous plus tard dans le col avec leurs fourniments et leurs malades, pour laisser la sélection naturelle faire a posteriori ses choix. Ceux d'entre eux suffisamment vaillants ou chanceux parviendraient alors enfin au Pays de la Terre, n'ayant qu'à marcher sur les ponts que bâtissait sur sa trajectoire le nécromancien : s'il venait à manquer de matière, songeait-il en prenant l'antre du djebel, il n'aurait qu'à attendre de voir combien d'entre eux seraient tombés en chemin.

Tandis que de leur côté ils investissaient les forêts de la racine de la montagne, la voie lactée pour une fois n'était plus obscurcie par le voile nuageux. Ninazu continuait de suivre sa constellation des chiens de chasse et allait si vite à cheval qu'il laissait rapidement loin derrière lui les quelques courageux qui s'y étaient aventurés. Parmi eux, le manchot qui l'était à cause de son coup de faux. La perte d'une main l'avait finalement plus ragaillardi qu'autre chose. Lui ne se dirigeait pas par les étoiles, ni par l'odeur des cadavres, il ne cherchait que le bruit de l'eau dans l'écho des bois sombres. Il avançait à tâtons, rapidement et seul, car tous ceux qui suivirent le trio dans la nuit tombante se perdirent. La première rivière étant passée, il lui fallait ensuite franchir la deuxième, mais n'entendant pas de clapotis, il suivait plutôt ce parfum qui l’obsédait depuis qu'il l'avait aussi vu que sentit : la rose.

Evelyne s'était déjà endormie dans le manteau de Ninazu pendant ce temps. Les pas du mort destrier la berçaient autant que le parfum de la tendre Jezabelle et l'ingénue de surplus la recouvrait de ses papillons, lui chantant une berceuse pour s'assurer de l'achever d’un sommeil. Bassement, en avançant sous la direction que lui destinaient les étoiles, Ninazu

parla avec l'adolescente dès qu'elle cessa de chanter : « Elle sera l'enfant d'un désir, le plus ancien et le plus pur des désirs.

— Mais le voudront-elles ? s'inquiéta l'adolescente.

— Trois nécromanciennes déjà vieilles quand j'étais enfant. Aussi vieille que l'Origine. L'une qui ne parle qu'au passé, l'autre qu'au présent et l'autre qu'à l'avenir, que pouvons-nous espérer comme meilleures nourrices d'Athalie ? N'est-ce pas depuis toujours et chaque fois prévu ainsi ? »

Les papillons s'embusquèrent tout autour du chaperon de Ninazu, certains se posant sur sa capuche et ses épaules, tandis que le visage de Jezabelle prit toute sa forme devant lui : « Ne l'appelle comme ça s'il te plaît. »

Le Rêveur tenta de caresser les traits de sa bien-aimée, mais il n’effleura que des ailes de papillons, alors se ressaisissant de ses reines, il hocha simplement la tête. Parvenant lentement encore plus tard là où la lumière ne pénétrait plus, entre les branches des vieux arbres sans feuilles et déracinées, ils entendirent un hurlement derrière eux ; la voix d'un manchot au timbre sans mue, maintenant fort malheureux et sûrement désespéré. Au son de ces cris tourmentés, s'en vint alors Jezabelle verser des potions mielleuses dans les oreilles de sa chérubine : « Elle a commencé à se servir, dors ma chérie, elle ne pousse pas pour toi.

— J'ai pas peur, lui répondit-elle courageusement. »

Quand arrivaient subséquemment les premières lueurs du jour, Ninazu avait déjà réalisé trois ponts pour passer les trois premières des six rivières. Là à l'aube, profitant des coruscations de l'aurore, la masse s'engagea dans le passage qu'elle avait refusé d'emprunter de nuit. Ils y espéraient tous en entrant rencontrer ceux des leurs qui s'y étaient antérieurement aventurés, mais ils ne rencontrèrent que le morne silence des bois chancelant de l'hiver, un intervalle sinueux où se mouraient toutes sympathies. Temujin et ceux qui le suivaient à la tête n'y craignaient pas de piétiner les cadavres qui comblaient les flots, car quelques jours avec le nécromancien avaient suffi à les y préparer et le voyant passer avec quelques-uns des jeunes siens, cela rassura même assez ce qui emboîta le pas pour que les traversées suivantes se fissent sans encore moins d'encombre. Hélas, loin du terme qu'ils s'étaient fixé, leur fallait-il d'abord de toute façon trouver comment passer dans les bois dépourvus de route, sans chemin parfois, avec chevaux, brouettes et charrettes. Plus grave encore, la forêt n'aidait en rien l'hygiène de cette foule dont les pestiférés à la queue peinaient

tant à suivre que certains s'écroulaient au sol maintenant qu'ils n'avaient plus Jezabelle et Evelyne pour s'occuper d'eux. Personne ne s'arrêtait jamais pour les ramasser, c'était choisir entre crever ou marcher et la majorité choisissait bien sûr de les ignorer.

S'arrangeant des heures durant comme ils purent avec leurs obstacles, ils abandonnèrent sur leur parcours des meubles, tout ce qui devenait trop lourd ou intransportable, y compris ce qui avait parfois une immense valeur à leurs yeux. Ils se retrouvèrent enfin lorsque la nuit tomba, totalement démunis sur la berge de la quatrième rivière ; ils s'y découvrirent affables bien que mal nourris, glacés malgré les quelques feux qu'ils constituaient. On les trouvait puisant pieds nus dans le ruisseau, dont un pont fait de dépouilles servait de barrage naturel. L'eau était bouillie avant consommation, mais qui savait ce qu'ils allaient boire là alors qu'ils avaient si soif que pour un peu de flotte, une nouvelle vie de liberté, ils avaient accepté la damnation.

Lorsque la nuitée du deuxième jour fut tombée, Ninazu était déjà parvenu au septième flot, celui où personne n'allait jamais, car il n'y avait pas besoin de le traverser pour atteindre les Crocs-Rocheux et enfin en être rendu au Pays de la Terre. Le nécromant avançait avec Evelyne et Jezabelle sur un arbre presque horizontal d'abord, fleuri malgré l'hiver ; il montait, s'entremêlant avec d'autres arbres, dans un gouffre interminable et étouffant qui ne laissait aucune place à la lumière. Ils y accédèrent en suivant d'abord la constellation des chiens de chasse, puis arpentèrent la piste d'un tronc taillé dans l'écorce du symbole poissonneux où l'on trouvait cette fois sur le ventre le symbole du soleil noir ; six faux alignées en éventail, la lame pointée dans le sens des aiguilles d'une montre pour fermer le cercle. Ils y avancèrent suffisamment longtemps pour entendre le bruissement d'une chute d'eau, d'une cascade qui apparut d'abord petitement au fond d'un gouffre. S'en rapprochant et cette vision devenant plus nette, ils débouchèrent jusqu'à celle-ci en pénétrant dans un passage circulaire.

« Elle était sa Tashlultum, sa Corisandre, son Ève, murmura une première douce et belle voix.

— Elle est la Jezabelle, son désir éternel, sonna ensuite un timbre tout aussi féminin et plus âgé.

— Mais qu'aucun nom ne lui suffira, renauda après une troisième voix plus éthérée. — Aucun nom ne vous suffirait non plus nécromanciennes, s'en amusa enfin Ninazu. »

Le cavalier fit encore avancer de quelques pas sa jument et là, les nécromanciennes sortirent une à une de leur repaire. Elles étaient au bord d'un petit précipice, aux racines de la montagne où l'eau s'écoulait de sa cascade vers la région ruisselante de l'aval qui menait jusqu'à l'Empire. Ici, il soufflait le vent, ici coulait l'eau, ici poussait la flore et rares étaient pourtant ceux qui avaient connaissance de ce petit coin de paradis. Si peu de place y tenait, un banal parterre de prairie verdoyante baigné sous la luminescence d'un croissant lunaire trop timide pour éblouir de toute sa magnificence. Parmi les arbres d'abord, aux racines entremêlées dans la roche que la cascade d'eau franchissait, sortait des ténèbres la première. Elle jaillissait du bois, ses jambes comme des troncs tentaculaires qui ne pouvaient jamais se délester du sol. Une robe rouge les recouvrait, remontant sur le corps d'une jeune femme brune aussi pâle que la mort, arborant une trogne qu'on aurait trop maquillée pour masquer l’œuvre du trépas. Ses cheveux et ses bras étaient attachés aux branches d'autres arbres qui se mouvaient avec l'ensemble, tant qu'on peinait à s'assurer que ce fut elle qui commandait aux bois et non l'inverse.

« Pontyfisse... s'annonça Ninazu en la voyant apparaître.

— Pythonisse, le reprit-elle en avançant lentement vers lui. »

Sous sa capuche, voilé par son ombre, Ninazu en sourit et répondit : « J'avais oublié, cela faisait si longtemps. »

Ce qui ne manqua pas de la faire rire.

Puis de l'écume, de la brume de la cascade, là où l'eau tranchait le sol pour s'engouffrer plus bas encore, s'émulait une autre femme. Elle, était nue, aussi translucide que l'eau dont elle semblait naître. On en distinguait mal ses traits, mais de sa silhouette rien ne pouvait être décriée. Elle scintillait en reflétant les moindres éclats de lumière qu'elle captait en étant nimbée de ce brouillard étrange et bleuâtre qui lui donnait son allure si mystique. Elle n'avançait pas, elle. Elle restait sous la cascade au son du souffle des eaux à dévisager particulièrement Jezabelle qui était éblouie par la parure d'étoiles qui se reflétaient sur ses courbes de par la grâce de la nuit.

Enfin ne restait qu'une dernière voix qui n'avait ni lèvres, ni regards pour l'accompagner, pas même un corps. Une voix dans le vent, un zéphyr qui ne cessait jamais de souffler sur l'endroit comme une brise nocturne, fraîche, dépourvue de sens ou de destination, n'ayant à

s'encombrer du moindre écho. Jezabelle ignora cette dernière, les yeux pétillants d'innocence, elle s'en alla plutôt prestement en direction de la nécromancienne faite d'eau. Elle en approcha la main vers elle, mais sachant qu'elle ne pourrait la toucher, se contenta de mimer un geste impulsé par son émerveillement.

« Vous êtes tellement belle ! s'esclaffait-elle sans parvenir à délier son regard de la silhouette. Comment vous appelez-vous, je ne me rappelle pas de vous ?

— J'étais Marah l’Amertume à notre dernière rencontre. »

Au même moment, la petite Evelyne s'accrochait fermement au manteau de Ninazu tandis que Pythonisse la Réponse s'approchait d'eux. Elle se méfia de son allure et de son sourire de carnassier. Le nécromant en lâcha ses reines et posa une main sur l'épaule de l'enfant à cet instant, afin de la rassurer. « Elle ne vient pas pour te manger » lui dit-il amusé. « Nooooooooooooooon » l'affirmait-elle dans un murmure craquelé en les atteignant, « Je viens pour te couver ». Evelyne en relevait les yeux vers le trou sombre de la capuche, en appelant à des explications, mais Ninazu ne descendit pas son regard sur elle, il demeura obstinément fixé sur Pythonisse la Réponse. La nécromancienne en forme d'arbre fît ensuite pousser une branche vers Evelyne. Au bout de cette branche, il y avait une pomme rouge que la mouflette hésita à prendre.

« Sers-toi mon enfant, goûte le fruit, insista Pythonisse.

— Il donnera l'enfant à couver pour s'assurer de la possession de la Jezabelle, murmura alors le vent sur l'endroit. Il offrira un réceptacle en vue du prochain passage. Le nouveau cycle de ce monde sera ordonné. »

Evelyne osa ensuite se saisir de la pomme et y croqua goulûment.

« Cybèle a raison, ajouta Ninazu en penchant la tête, je viens offrir l'innocence de la création parce que je veux encore en posséder l'origine. Tel est le pacte conclu avec le Très-Haut, vous devez vous y tenir. J'ai déjà entamé le rituel. Le changement de cycle pour ce monde est lancé. »

Evelyne mangea candidement sa pomme et pendant ce temps, deux des nécromanciennes rirent à l'unisson tandis que la dernière s'exaspéra : « Aucun Dieu ne bénira encore cette union ! » s'emportait en effet le vent Cybèle en causant grand souffle et une grande peine sur le visage de Jezabelle. L'adolescente dès cet instant retourna un regard suppliant sur Ninazu qui ne se complut pas dans le silence pour cette fois-ci : « Ce n'est pas sous l’œil d'un Dieu

que je ferai bénir cette union. Que m'importent les volontés de la source, je fais ce que je dois, car je sais que ma volonté ne m'appartient pas. »

Et Pythonisse rit encore plus fort que Cybèle s'emportait... « Tu comptes te rendre dans les catacombes ? »

Le silence glaçant de Ninazu suffisait cette fois pour y répondre.

« Il sera puni pour ça, murmura encore nerveusement le vent, il sera puni par la plaine. — Où est mon sac ? J'engage toujours un Rêveur de la Roche pour me le faire parvenir, tu es d'ailleurs en retard, - très - en retard, se dressa Pythonisse au-dessus du Rêveur tout en lui parlant. »

Le nécromancien sortit donc un sac de son manteau et le jeta au sol à côté des troncs qui lui servaient de jambes. S'en emparant, Pythonisse renvoyait après le visage de la colère vers le cavalier noir : « Où est ma drogue ?! Misérable !

— Allons vieille sorcière, se servir des Rêveurs comme mules n'était pas très honnête, je trouve. Toute déesse que tu es, la source ne t'a donc pas appris à ne pas te jouer des mortels ? Je l'ai vendu moi-même et fait distribuer dans le nord de l'Empire où la guerre fait rage. Elle traverse en ce moment même le fleuve Yugure avec des bateliers. Cela a conduit la famille qui la distribuait à la disette, une famille qu'on appelait les Nesbit. Tu vois où je veux en

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