• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4 : L’EFFACEMENT DU MONDE SENSIBLE

4.1. Déplacements et indétermination des paysages

4.1.1. Déplacements et impossibilité de la description

Nous l’avons déjà évoqué, le déplacement est l’un des topos des fictions policières. Nombreuses sont celles qui demeurent construites autour d’une esthétique du déplacement en ville ou de ville en ville. Souvent, l’intrigue dépasse le territoire français et s’étend à d’autres pays d’Europe, d’Amérique ou d’Asie475. La pratique transitoire des lieux qu’il nous reviendra dans un premier temps de préciser, freine les tentations voire même les possibilités pratiques d’une description des lieux et des paysages.

Il est en effet nécessaire de prendre en considération l’interaction entre l’histoire des formes de la sensibilité paysagère et celle des types de dispositifs techniques comme l’automobile, l’avion ou la moto que les sociétés modernes ont interposés entre elles et le monde476. Dans plusieurs romans policiers contemporains, les personnages se déplacent sur un territoire qui peut se limiter à une ville comme c’est le cas dans La Part des chiens de Marcus Malte, ou s’étendre à un territoire plus vaste : l’Europe dans La Sirène Rouge de Maurice G. Dantec ou le Canada dans Sous les vents de Neptune de Fred Vargas.

Une cartographie du roman policier contemporain montrerait combien le déplacement est l’une de ses caractéristiques fortes477. Le mouvement est progressivement devenu un des topos obligé du récit policier dont le héros est un arpenteur du labyrinthe de la ville478 – c’est le cas du personnage de Zodiak dans La Part des chiens, mais le héros peut également être amené à quitter la ville et à étendre son champ d’investigation479.

475 L’Afrique aussi avec Le Poulpe, mais plus rares que les autres destinations, notons une série de romans policiers consacrés au continent avec un auteur comme Pierre Cherruau, Togo or not Togo, Le Poulpe-Baleine-Le Seuil, 2008

476 Jean-Marc Besse, op. cit., p. 13.

477 Ce qui n’exclut pas par ailleurs comme nous le verrons plus loin, une inspiration plus sédentaire. Certains romans perpétuent encore la tradition du huis clos qui est le propre de certains romans d’énigme dont l’action était souvent circonscrite à un lieux clos : chambre ou manoirs. C’est par exemple explicitement le cas de la collection policière « Les lieux du crimes », publiée à partir de 1987 chez Calmann-Lévy et qui met en récit des énigmes se déroulant dans un lieu célèbre ou à la mode, l’Ecole Nationale d’Administration, le TGV, Le Louvre et dont la majorité des titres commencent par « Meurtres à … ». Mais elle constitue une exception dans un roman policier français en grande majorité urbain. Ce sont davantage les romans d’inspiration policière (Viel, Garnier) qui effectuent un retour libre et décomplexé au huis clos du roman d’énigme. Nous verrons que la différence entre les tendances nomade et sédentaire de notre corpus s’abolit lorsque l’on prend davantage en considération la modalité de description des lieux que leur nature (lieu clos ou ouvert, lieu unique ou multiple)

478 Lire notamment à ce sujet Muriel Rosemberg (dir.), Le roman policier. Lieux et itinéraires, Revue Géographie et culture, n°61, printemps 2007, L’Harmattan.

479 Pour reprendre la terminologie du critique Mikhaïl Bakhtine, Le chronotope de l’enquête est en effet une variante de la route que Bakhtine considère comme le chronotope du roman d’aventure. Rappelons que le chronotope est une notion qui lie espace et temps et qui détremine l’unité artistique d’une œuvre avec la réalité. Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, Tel, Gallimard, 2006, p 235-384.

Selon la formule célèbre que nous empruntons à Raymond Chandler, un certain type de littérature policière a apporté une innovation majeure par rapport au roman d’énigme classique, car elle a jeté le roman policier dans la rue480. Une manière de dire qu’au cours de son évolution, le roman policier s’est progressivement affranchi de l’enfermement spatial et narratif du roman à énigme des origines pour narrer, en insistant cette fois sur leur caractère horrible, des faits plus ancrés dans la réalité. Car c’est bien la rue et les déplacements qu’elle induit que l’on peut considérer comme le chronotope du roman d’enquête ou peut-être devrions-nous préciser du roman noir481. Mais ce déplacement n’est pas une exploration d’inspiration géographique, il n’est pas non plus un vagabondage foncièrement optimiste fait d’ardeur exploratrice, ni l’exploration quasi sociologisante de lieux urbains, l’occasion d’une description et d’une célébration de la ville à la manière d’Izzo. Ce sont les circonstances de l’enquête et de la quête des personnages qui induisent ces mouvements, puisqu’à l’investigation se mêle le destin individuel des protagonistes. C’est le destin qui prime, le voyage psychologique et la quête des personnages qui dominent le récit davantage que la propension des personnages à s’arrêter devant un lieu pour l’admirer et le décrire.

C’est parfois indiqué très clairement dans certains récits où l’auteur insiste sur les motivations des personnages, ainsi Zodiak, protagoniste de La part des chien qui est à la recherche de son épouse disparue : « Sans son amour, il n’était plus un être humain. Pire qu’un serpent froid, pire qu’un loup blessé sans son amour il en était réduit à une créature sans nom chaque jour plus solitaire et chaque jour plus cruelle.482 » L’enquête revêt donc d’emblée un caractère personnel et vital puisque Zodiak perd progressivement de son humanité à mesure que le temps passe et que les chances de retrouver son épouse s’amenuisent. Zodiak et son compagnon ne sont ni policiers, ni détectives privés, ni anti-héros embarqués malgré eux dans une aventure palpitante à la manière des récits de Benacquista déjà évoqués. Dès les premières pages du roman on peut ainsi lire : « Il (Zodiak) avait beaucoup voyagé. Pas seulement depuis le début de la quête. Il était sur les routes depuis toujours » plaçant d’emblée le personnage sous le signe du voyage et ses recherches sous le signe de la quête davantage que l’enquête à proprement dit et donnant au récit un caractère heuristique plus marqué encore que dans le cadre du récit policier classique. C’est d’autant

480 Raymond Chandler, « The Simple Art of Murder », 1950, réed. in Les ennuis, c’est mon problème, Omnibus, 2009, p.1151 : « Hammett a sorti le roman policier du vase vénitien pour le jeter dans la rue. »

481 Notons que ce chronotope n’est qu’une variante de la route considéré par Mikhaïl Bakhtine comme le chronotope du roman d’aventures : «Dans les romans, les rencontres se font, habituellement « en route », lieu de choix des contacts fortuits. Sur la « grand route » se croisent au même point d’intersection spatio-temporel les voies d’une quantité de personnes appartenant à toutes les classes, situations, religions, nationalités et âges. », in Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, Gallimard, Tel, 2006, p. 284.

plus vrai que Marcus Malte a crée un personnage doté du pouvoir de lire l’avenir, de consulter les astres et d’interpréter des signes de toutes sortes. Nous avons par ailleurs déjà évoque le fait que, comme dans nombre de fictions policières contemporaines, la quête ne trouvera jamais son objet et que le destin de Zodiak est de rester indéfiniment sur les routes comme une mise en récit hyperbolique et extrême du chronotope de la route déjà évoqué483.

La primauté de la quête induit ainsi une relation fortuite aux lieux commandés par des facteurs extérieurs aux lieux-mêmes, que les personnages se contentent de traverser sans fixer réellement ni leur attention, ni leur regard sur ces lieux, tant ils sont obnubilé par leur quête qui on l’a vu revêt souvent un caractère vital. La description des lieux et des paysages est donc modelée par la motivation profonde des protagonistes, par la durée de la vision et la nature du déplacement. Et il est à cet égard éclairant de constater que tout déplacement, qu’il soit lent ou rapide, en voiture ou en train, ne prend en considération le cadre et le décor que de manière évasive voire impressionniste.

Il nous semble intéressant afin d’approfondir notre réflexion sur le déplacement, de confronter, La Part des chiens, roman construit nous l’avons dit sur un déplacement lent puisque les protagonistes circulent en ville à pied à un roman aux choix radicalement opposés comme La Sirène rouge de Maurice Dantec484. Ce dernier met en scène une course poursuite vertigineuse à la manière d’un « road movie » au rythme haletant485. Dans ce roman, Alice, fillette de douze ans, vit à Amsterdam avec sa mère et son beau-père. Elle découvre que ces derniers commettent des crimes et qu’ils filment leurs forfaits. Alice vole une cassette et s’enfuit. Sa mère lance à sa poursuite une bande de tueurs. La fillette trouve un appui inespéré en Hugo, rencontré par hasard et qui va l’aider dans sa fuite. Une folle poursuite s’engage à travers l’Europe, d’Amsterdam à Porto.

La vitesse caractérise l’ensemble des déplacements des protagonistes. Les lieux ne sont pas nommés lorsque Alice, poursuivie par des tueurs court et dévale les rues. Dès qu’elle ralentit son regard peut reconnaître le quartier d’Amsterdam dans lequel elle se trouve:

483 Le roman s’achève en effet sur une impasse, et une indifférence aux lieux qu’il reste à explorer : « Neuf cent quarante sept jours s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient pris la route. Depuis le début de leur quête. Cette ville ou une autre. Il y avait un train à quai ce matin-là. Ils le prirent. », La Part des chiens, p 300.

484 Maurice Dantec, La sirène rouge, Folio policier, Gallimard 1993.

485 Le terme apparaît lui-même dans le roman à la manière d’un métatexte tenu par Hugo l’un des protagonistes du récit, interrogé sur la teneur du roman qu’il projette d’écrire, Hugo répond : « Je ne sais pas vraiment…c’est mon premier….Un roman sur la fin du monde…maintenant je le vois comme un road movie, sur la route avec une petite fille poursuivie par les flics et par sa mère, et un type qui revient du noyau actif de l’enfer (...)», Dantec, La Sirène rouge, op. cit., p.195.

Au bout d’un moment Alice réalisa qu’elle courait en ligne droite depuis deux ou trois cents mètres et qu’il convenait de quitter cette rue au plus vite. Elle s’engagea dans une petite allée sur sa droite et aperçut les lumières roses si particulières du quartier chaud à quelques maisons de là. Elle ralentit sa course et se mit à marcher, à bonnes foulées. Elle se dirigea d’instinct vers le labyrinthe des rues tortueuses.486

Et lorsque Hugo accepte de la transporter en voiture jusqu’au Portugal, la vitesse se fait de plus en plus vertigineuse et empêche toute prise sur les lieux :

Elle se coucha sur un côté et contempla le paysage mécanique de l’autoroute défiler par la portière. Alice vit le paysage de lampadaires, de rambardes et de pelouses accélérer, de manière croissante, et finalement vertigineuse. Elle préférait être couchée, tout compte fait. Elle aurait détesté voir quel chiffre pointait l’aiguille de l’indicateur de vitesse487.

Alors même que le paysage implique un contemplateur capable de prendre du recul, l’impossibilité d’un déplacement lent réduit à néant toute prise en compte des lieux. Il n’est pas rare d’ailleurs que les protagonistes ignorent où ils se trouvent exactement pendant leur course : « Il avait quitté l’Allemagne sans même s’en rendre compte. Bienvenue en Europe, pensa-t-il. Welcome to Autobahn488 City, rectifia-t-il aussitôt489. »

On pourrait donc croire que c’est la rapidité du déplacement qui efface ainsi les lieux et permet de souligner l’uniformité des paysages, mais en réalité cet effacement est bien trop hyperbolique pour être le résultat d’une modalité réaliste de la représentation. La vitesse n’est qu’un prétexte à la mise en récit d’un monde insaisissable. C’est d’autant plus vrai qu’un mode de déplacement radicalement différent en arrive lui aussi à réduire la consistance des lieux traversés.

La dérive490 empêche, elle aussi, toute inscription durable dans les lieux. Dans le roman de Marcus Malte, les deux personnages déambulent dans une ville qui n’est jamais explicitement nommée et dont la toponymie n’est jamais dévoilée : « L’avenue descendait en pente douce jusqu’à ce qui semblait être un grand boulevard, une de ces artères

486 Ibidem., p. 83.

487 Ibid., p. 111.

488 Terme allemand qui désigne les autoroutes. 489 Ibid., p.176.

490 Il est possible de reprendre à notre compte da définition que donne Guy Debord de la dérive comprise dans le cadre théorique spécifique du situationnisme comme: « une technique de passage hâtif à travers des ambiances variées », Guy Debord « Théorie de la dérive », Internationale situationniste n°2, p.13. Nous retiendrons de cette définition la tension entre le terme « passage » qui implique une durée et l’adjectif « hâtif » qui insiste sur la brièveté de cette durée.

incontournables dont chaque habitant connaît le nom.491» Cette absence de nom rend les lieux insaisissables et identiques à beaucoup d’autres : « Partout les villes se ressemblaient. Partout les mêmes règles, les mêmes codes, les mêmes subtiles frontières492 ».Certes quelques indices émaillent le récit de Malte, nous sommes dans une ville portuaire, probablement du sud de la France, Nice ou à proximité de Nice493, mais l’auteur prend bien soin de maintenir l’indétermination.

Ce qui nous amène à déduire une volonté de mettre an avant par des techniques narratives différentes voire radicalement opposée une uniformisation des lieux et l’impossibilité d’une prise en compte véritable des paysages. Malte et Dantec signalent de ce fait l’incapacité dans laquelle se trouvent les personnages à se situer dans un lieu précis, potentiellement source d’identité et de stabilité. L’impossibilité de décrire renvoie d’une certaine manière à l’impossibilité d’être. Constat que résume parfaitement le personnage principal de Pascal Garnier dans son roman intitulé l’A 26, lorsqu’il envie un motard qui lui semble prendre le temps et posséder la capacité d’admirer et de contempler les paysage : « Bernard se sent bien au volant de sa voiture, pour la première fois depuis longtemps. Il aime ces étendues brunes, à perte de vue, on se croirait presqu’à la mer. Sur le bord de la route il croise un motard appuyé sur son engin. Il fume une cigarette, perpendiculaire à la ligne d’horizon. Il n’y a aucune maison alentour. C’est juste un type qui s’est dit : « Tiens, je vais m’arrêter et fumer une cigarette ici parce que c’est sans doute le meilleur endroit au monde pour faire ça. » Ça n’a duré que quelques secondes, le temps que la vision du motard disparaisse dans le rétroviseur, mais Bernard a ressenti dans sa chair tout le bonheur de ce type : « Je suis bien là ». 494»

491 La Part des Chiens, p. 14. 492 Ibid., p. 14.

493 Unique occurrence d’un nom de ville française dans la partie du récit qui concerne les recherches de Zodiac et de Roman.

4.1.2. « Mondialisation » des récits

Les romans policiers de facture plus classique n’échappent pas eux aussi aux déplacements. Pour ceux qui ont fait leur le chronotope de la rue ou de la route, l’innovation se situe le plus souvent au niveau de la variété des destinations, passant si l’on peut dire de la rue au monde, traversant des distances de plus en plus longues. Les vols long-courriers apparaissent donc dans de nombreux romans, supplantant la voiture et le train, modes de déplacement habituels du roman policier.

Mais là encore, les effets d’exotisme ou de pittoresque produits dans le récit sont souvent nuancés et contrebalancés par un personnage qui pour sa part vit le voyage sous le mode de l’angoisse et de l’indifférence mêlées. Ainsi dans le roman intitulé Sous les vents de

Neptune, un stage ADN au Québec, envoie une partie de l’équipe du commissaire Adamsberg au Canada. Tandis que les uns se réjouissent à la perspective de ce voyage : « A huit jours du départ, les pensées d’Adamsberg avaient déjà décollé vers les forêts du Canada, immenses lui disait-on, trouées de millions de lacs » d’autres trouvent un intérêt propre à leurs préoccupations :

Tout mouvement était bon pour Noël et ce voyage ne pouvait que lui plaire. De même qu’à Voisenet. L’ex-chimiste et naturaliste attendait du séjour des apports scientifiques mais aussi des émotions géologiques et faunistiques de tous ordres. Pour Retancourt aucun problème évidemment, elle était l’adaptation faite femme, se callant avec excellence à la situation demandée. Quant au jeune et timide Estalère, ses grands yeux verts étonnés ne demandaient qu’à se poser sur toute source de curiosité nouvelle. Il n’en sortirait que plus étonné. Bref, se dit Adamsberg, chacun y trouvait quelque profit ou liberté, déterminant une bruyante excitation collective.495

Il reste Danglard, l’adjoint du commissaire et son double négatif qui rappelle en maugréant qu’il s’agit en réalité de fixer des écrans d’ordinateur et en aucun cas les surfaces des lacs. Il est le seul qui semble conscient que le voyage ne sera pas une exploration vagabonde et joyeuse, contrebalançant l’attitude d’Adamsberg qui pour sa part est en constant décalage avec le monde qui l’entoure : à Paris ou ailleurs il ne prend des lieux que ce qu’il aime et souhaite voir. La suite du récit donnera raison à Danglard. Préoccupé par une affaire criminelle non résolue et dans laquelle son frère est impliqué496, Adamsberg ne réussira pas à communier avec la nature, malgré son goût pour la marche et l’exploration vagabonde. Il

495 Sous les vents de Neptune, p.10.

496 On retrouve encore une fois en filigrane l’idée que le destin particulier des protagonistes a tendance à envahir le récit et éloigner les personnages de leurs obligations immédiates.

refuse catégoriquement de passer son séjour devant un ordinateur, comme l’y obligerait le stage :

A sept heure du matin, il était déjà sorti, aimanté par le fleuve. Non, la rivière, l’immense rivière des Indiens Outaouais. Il parcourut la piste jusqu’à l’entrée d’un chemin sauvage. Sentier de portage, lut-il sur un panneau, emprunté par Samuel de Champlain en 1613497.

Le personnage manifeste certes le bonheur de suivre la piste des anciens, mais celle-ci n’est pas facile à suivre498 et le chemin est cahoteux499.

Le passé hante Adamsberg et l’affaire en cours l’empêche de contempler les paysages : « il avait projeté de s’attarder longtemps en forêt mais le Lac Pink lui fit rebrousser chemin. Partout, il se cognait dans le juge mort, partout il touchait les eaux inquiétantes de Neptune et les traces de son maudit trident.500 ». Tandis que la nature lui a jusque là toujours réussi501, celle-ci va être le cadre d’un incident calamiteux pour le commissaire. Il va en effet en traversant le sentier qu’il affectionne tant, perdre connaissance et être accusé d’un meurtre. Il ne saura lui-même s’il l’a commis suite à une amnésie qui l’empêche de rassembler ses souvenirs. Cet épisode constitue l’illustration que les destinations lointaines sont rarement source d’un dépaysement joyeux et les paysages décrits se limitent à quelques contours entr’aperçus qu’effacent très vite les événements et la nécessité d’agir. Ainsi le personnage des Morsures de l’aube se rendant à Bangkok et faisant escale constate-t-il : « ça avait l’air joli la Birmanie, du haut de la passerelle. Une jungle colorée, des arbres géants, des frondaisons humides. On n’a pas le droit de descendre de l’avion. Dommage. », résumant ainsi la situation de nombre des personnages de nos fictions policières contemporains placés