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Je préfère me définir comme acousticien, parce que entre concepteur sonore et acousticien pour moi c’est la même chose, c’est comme entre concepteur lumière et éclairagiste. Quand vous demandez à un peintre est-ce que vous être peintre du bâtiment ou artiste peintre, il n’y a que les cons qui veulent être artiste peintre. Les autres, ils acceptent uniquement d’être peintre, que ça. Je ne veux pas plus être artiste peintre qu’être designer sonore. (CS17)

Comment nommer ces professionnels qui, d’une manière ou d’une autre, font les am- biances sonores c’est à dire ceux qui agissent sur l’environnement sonore, qui modifient l’espace sonore paysager, urbanistique, architectural, scénographique … ; ceux qui conçoivent les ambiances sonores de la ville, qui créent de nouveaux paysages sono- res ?

Cette activité n’étant pas définitivement reconnue en tant que telle, il est naturel de se retourner en premier lieu vers les professionnels qui la pratiquent. Comment se définis- sent-ils eux-mêmes ? Quelle image souhaitent-ils renvoyer ? Sont-ils reconnus comme concepteurs sonores au travers de leurs diverses activités ? Qu’est-ce qui les amène, pour certains d’entre eux, à changer d’identité professionnelle en cours de parcours ? La discussion sur les dénominations conduit inévitablement à entrer dans le contenu des différentes activités pratiquées par les professionnels que nous avons, par commodité, nommés a priori « designer sonore ». Dans ce premier paragraphe, nous voulons sim- plement faire le point sur la terminologie utilisée, pour essayer de comprendre :

- comment ces termes les positionnent dans les différents domaines disciplinaires ;

- en quoi ces termes désignent des activités lorsque celles-ci renvoient à la fabri- cation d’ambiances sonores architecturales et urbaines, sans jugement aucun sur ces dites activités.

1.1. Une identité qui n’est plus à faire

Plutôt que d’utiliser une nouvelle dénomination, un certain nombre d’entre eux continue à utiliser des titres déjà reconnus : compositeur, musicien, acousticien, faisant ainsi entrer le projet sur les ambiances sonores architecturales ou urbaines dans un champ d’activité plus large, celui qu’ils pratiquent par ailleurs, qu’ils ont pratiqué avant de faire du design sonore. S’ils agissent ainsi, c’est bien parce qu’ils ne ressentent nullement le besoin de préciser, ni d’ajouter d’autre mot qualifiant la spécificité de leur geste.

Cette attitude est assez naturelle pour le compositeur comme pour l’acousticien, deux métiers déjà impliqués dans la fabrication, manipulation de « matière sonore ». Par ail- leurs cela indique peut-être aussi un souci de ne pas se différencier de leurs confrères ; la pratique spécifiquement liée à la conception sonore étant une diversification comme une autre, au sein d’un métier pluriel dans ses modes d’exercice.

Ce positionnement est évident pour ceux qui ont déjà réussi à faire valoir leur singularité (celle de travailler aussi sur les ambiances sonores) et qui, après plusieurs années d’activités parfois, reviennent à leur identité originale. Si l’attitude de changement d’identité est monnaie courante notamment dans les milieux en cours de reconnaissance, elle tend aussi à disparaître avec l’expérience, étant donnée la notoriété acquise.

Maintenant je mets « compositeur », on ne m’en parle plus, on ne m’embête plus, on ne me demande plus rien. Je me souviens de discussions avec l’AGESSA74, de tenter de leur expli-

quer que je faisais des installations sonores, alors là c’était impossible ! Quand j’ai vu ça, et puis ils me cassaient les pieds sur les droits, sur des machins et tout, j’ai dit « arrêtez, je suis compositeur, point barre. » (CS09)

De même le terme «acousticien» offre l’avantage de se positionner dans un domaine clairement délimité, de se situer dans l’image non ambiguë d’un métier cadré et sérieux.

On a plus d’image à faire, l’image elle est faite… On dit acousticien, tout le monde comprend. Il n’y a pas de souci de ce côté là. (CS13)

Le second avantage du terme est de se référer à des activités relativement larges, dé- passant le domaine restreint de l’acoustique architecturale pour s’appliquer aussi bien à l’acoustique industrielle qu’à l’acoustique musicale et donc aussi à l’acoustique urbaine et environnementale.

J’écris sur ma carte de visite, BD, acousticien. C’est à dire que… Moi, mon domaine, c’est le son. Je fais acousticien du bâtiment, des fois, ça c’est un métier très technique, c’est avec ça que je gagne ma vie, 90% mon revenu, c’est l’acoustique du bâtiment. Donc, je fais l’ingénieur là. Puis des fois, un petit peu acoustique de l’environnement. Des fois, c’est créatif, des fois , c’est juste mesure, mais c’est rare, puis je fais un petit peu de design sonore. (CS14)

Même si le travail sur les ambiances sonores peut déborder la connotation technique que recouvre le mot « acoustique », il est parfois plus évident de garder un métier largement reconnu pour se présenter ; surtout lorsque ce dernier peut faire valoir des qualités, en l’occurrence ici une légitimité scientifique que l’on perdrait à utiliser des mots moins clai- rement identifiés.

Moi je fais du paysage sonore. Je m’appellerais plutôt acousticienne, ça ne me dérange pas qu’on me dise « acousticienne », bien que je me sente des compétences plus larges que sur la seule acoustique, des intérêts en tout cas plus larges sur le seul son. Je travaille sur la relation entre l’espace et les ambiances. (CS10)

1.2. Plusieurs casquettes

Parmi les nouveaux titres cités, nous avons repéré deux attitudes possibles pour faire valoir la spécificité du concepteur sonore :

- celle d’associer deux métiers déjà reconnus : architecte-acousticien, paysagiste-

acousticien, musicien-paysagiste75 ;

- celle d’ajouter le mot « son » ou « sonore » pour qualifier son activité : designer

sonore, architecte sonore, paysagiste sonore, plasticien sonore, sculpteur so- nore, concepteur sonore.

L’ajout d’un adjectif ou d’un deuxième titre est plus tentant, presque nécessaire parfois, pour le plasticien, l’architecte ou le paysagiste qui veut se différencier de ses confrères non spécialistes du son. Ce deuxième titre lui permet de se distinguer, de faire valoir sa spécialité, voir une certaine originalité.

74 L'AGESSA est une association chargée depuis le 1er janvier 1978, d'une mission de gestion pour le compte de la sécurité sociale. Elle est placée sous la double tutelle du Ministère des Solidarités, de la Santé et de la Famille et du Ministère de la Culture et de la Communication. L'AGESSA n'est pas une caisse de sécurité sociale. Elle sert de passerelle entre les auteurs et les caisses primaires d'assurance maladie pour déterminer les conditions d'affiliation au régime spécifique créé par le législateur en 1975, et faire assurer le service des prestations dues aux affiliés et la délivrance de la carte d'assuré social.

1.3. Double métier

Architecte–acousticien : dans ce cas, l’accolement des deux mots permet d’affirmer la dimension conceptuelle dans le métier d’acousticien pas toujours présente en pratique. Le double métier est aussi un moyen de jouer sur les mots, de changer de titre en fonc- tion des circonstances c’est à dire du contexte de la commande, de la nature des projets, des commanditaires.

Il faut reconnaître, qu’il est parfois bien utile d’utiliser plusieurs titres en fonction des projets qu’on est en train de mener. (CS14)

Dans le double titre « paysagiste-acousticien », le positionnement en deuxième lieu du mot acousticien signifie que l’acoustique est une spécificité acquise après des études de paysage et que le métier de base reste celui du paysagiste.

Sur mon CV, je mets « paysagiste acousticien ». Mais en fait je suis paysagiste, c’est vrai, mais je ne suis pas vraiment acousticien non plus. Un vrai, c’est dans le domaine justement de l’architecture, Mais ce titre m’intéresse justement pour la transposition qu’il a dans le domaine du paysage. Pour l’architecte, c’est celui qui va s’occuper des matériaux isolants, de mettre en scène un espace sonore dans l’architecture. C’est la transposition que j’ai choisie. Souvent l’acousticien, dans le domaine même de l’aménagement, c’est celui qui va construire les murs antibruit ou les trucs comme ça. Donc en accolant les termes de « paysagiste » et d’« acousticien », j’avais envie un peu de transposer aussi cette idée-là. CS06

Inversement, si le concepteur sonore se définit comme acousticien dans l’urbain, c’est parce que son métier d’origine est bien la connaissance des phénomènes de propagation du son dans un espace, qu’il soit architectural et extérieur.

C’est quelqu’un qui est censé travailler le modelé de la ville en fonction des sons. Il doit être ca- pable, comme quand on prévoit un bâtiment, de prévoir l’acoustique des lieux et de faire un choix que tel lieu de vie aura tel type de particularité acoustique … il s’occupe du son, et des matériaux évidemment qui vont renvoyer les sons. (CS09)

Quant au double titre de « plasticien-musicien », c’est parfois un bon moyen pour le plas- ticien de montrer qu’il n’est pas peintre (comme beaucoup le pensent au premier abord) et de se situer tout de suite dans un ailleurs, un entre deux, entre les arts plastiques et la musique.

Plasticien-musicien, entre les deux. D’ailleurs j’ai l’impression d’être dans un triangle indétermi- né, parce que je ne suis pas spécialiste de la lutherie, ni d’un instrument, pas virtuose d’un ins- trument, et je ne suis pas un spécialiste plastique non plus. Donc je suis dans un espace indé- terminé entre ces trois points-là, entre le mouvement, le son et le visuel. (CS04)

1.4. Le sonore comme spécialité

Puis finalement, je me dis que si, je suis un architecte du son. Il y en a bien qui disent « je suis architecte du bois, moi de la pierre, moi je suis du béton… Moi, je suis du son, c’est pas pour être prétentieux, c’est la matière que je sais le mieux agencer, dont je sais le mieux tirer parti, pour construire, pour organiser un espace. (CS14)

Faire valoir une spécificité par l’ajout de l’adjectif sonore à sa discipline d’origine est une manière de marquer sa différence dans un métier qui existe déjà ; de faire valoir une originalité vis-à-vis d’une formation d’origine qui ne fait à priori pas du tout valoir ces di- mension sensorielle. Designer sonore, architecte sonore, paysagiste sonore. Cela produit parfois des expressions ambiguës.

Designer sonore

Si le métier de designer est aujourd’hui largement reconnu, en revanche celui de desi-

gner sonore ne fait pas l’unanimité. Pour commencer, il peut être utile de se remémorer

ce que designer signifie. L’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE) identifie quinze em- plois/métiers utilisant le terme, se rapportant à trois codes ROME76 :

Code ROME 21121 : Stylicien (designer) industriel/Stylicienne (designer) industrielle (produit) - Stylicien/Stylicienne (designer) produit - Stylicien/Stylicienne (designer) textile - Stylicien/Stylicienne (designer) en mobilier - Ingénieur stylicien/Ingénieur stylicienne (designer) – Designer - Designer industriel(le).

Le terme générique designer définit l'emploi/métier suivant : Crée de nouvelles formes de produits

(matières, procédés, systèmes, formes, impressions) destinés à être fabriqués en série et parfois à l'unité. Conçoit ces produits en s'appuyant sur une analyse pluridisciplinaire (technologique, socio- logique, esthétique et économique) et en tenant compte des contraintes techniques de fabrication. Peut être chargé de tout ou partie de la conception, ou participer au suivi de la fabrication du pro- duit et de la diffusion.

Code ROME21122 : Stylicien/Stylicienne (designer) d'environnement - Designer d'envi- ronnement.

Le terme designer d’environnement définit l'emploi/métier suivant : Crée ou choisit les structures,

volumes, matériaux, éclairages, couleurs, utiles à l'aménagement ou à la décoration d'un lieu (ap- partement, boutique, scène de spectacle, entreprise...). Elabore son projet en cohérence avec les choix du client (commerçant, particulier, réalisateur, industriel...) et en fonction des contraintes budgétaires, techniques et souvent réglementaires. Adapte son travail selon la durée de vie du produit, qu'il soit conçu pour un événement ponctuel (scène, stand, vitrine...) ou pour durer dans le temps (immeuble, appartement, bureau...). Peut être responsable ou maître d’œuvre du projet, dont il suit et contrôle la réalisation jusqu'à son terme ou la réception des travaux.

Code ROME 32212 : Stylicien/Stylicienne (designer) graphique - Stylicien/Stylicienne (designer) graphiste – Webdesigner - Designer d'interactivité - Designer graphique

Le terme designer graphique définit l'emploi/métier suivant : Participe à la réalisation ou réalise un

support de communication visuelle (dessin, graphisme, mise en pages, mise en volume) ou crée des messages publicitaires sous une forme écrite, graphique, audiovisuelle. Peut concevoir l'en- semble ou une partie du support dans le cadre de la commande d'ouvrage, à partir d'un thème, d'un message, d'un texte, des objectifs d'une campagne publicitaire... Peut aussi assurer des fonc- tions d'encadrement ou la responsabilité complète d'un projet.

Du point de vue de l’ANPE, le mot designer est donc francisé sous le vocable stylicien, correspondant à huit des quinze métiers précédemment identifiés. Toutefois, cette utilisa- tion du terme stylicien, voulant être une traduction littérale, peut être considérée comme une définition extensive du mot, le stylicien étant un spécialiste de la stylistique, c’est-à- dire analysant l’expression écrite des écrivains.

Dans un deuxième temps, ne trouvant pas trace de designer sonore dans ces définitions officielles, il nous semble utile d’essayer de préciser les significations contenues dans l’expression « design sonore », objet de l’activité que revendiquent les designers sono- res. Que disent les dictionnaires ?

D’origine anglaise, le mot design, est apparu en France dans les années 60. Ces défini- tions françaises sont similaires à leurs voisines anglophones où le design est la « disci-

76 Le Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (ROME) sert à identifier aussi précisément que possible chaque offre et chaque demande d’emploi afin de pouvoir les rapprocher. Un peu plus de 10 000 appellations de métiers et emplois sont traitées à travers 466 fiches emplois/métiers. Le code ROME à 5 chiffres est celui d’un de ces emplois/métiers (Source : site internet de l’ANPE).

« discipline visant à une harmonisation esthétique de l’environnement humain, depuis la

conception des objets usuels et des meubles jusqu’à celle de l’urbanisme77 ».

Quant à l’emploi du pur anglicisme designer, si de nombreux concepteurs s’en sont em- parés, c’est en partie parce que le terme transcende les échelles, allant de l’objet à la ville (en anglais, l’urbaniste fait de l’urban design). Ce jeu des échelles paraît donc pou- voir s’adapter à l’espace sonore, qui est plus difficilement sécable que la partition habi- tuelle des échelles du construit -design d’objet, architecture, urbanisme, s’appliquant chacun d’elle à trois métiers identifiés : designer, architecte, urbaniste-, étant entendu par exemple que le claquement d’une porte peut avoir une incidence perceptive bien au delà du bâtiment qui l’abrite.

De même l’équivalent anglais sound design a une influence sur les représentations et connotations de la traduction française design sonore. L’origine industrielle des premiers travaux de design sonore, ceux qui ont été largement médiatisés (claquement des portiè- res automobile, klaxon, sonneries de téléphone, bruits des appareils ménager) véhicule une image fortement associée à l’industrie.

Les gens qui sont très demandeurs de ça, ce sont tous les constructeurs automobiles, d’électroménager, parce qu’il y a une demande de qualité d’objet qui est très forte au niveau du grand public, c’est un argument de vente. […] C’est un terme qui vient de l’industrie. Donc pour nous c’est lorsqu’on applique un geste pour designer un son qui a comme perspective de s’implanter dans un processus de reproduction en nombre. Par exemple j’ai un fabricant […] d’aspirateurs qui me dit « voilà j’ai un look d’aspirateurs terrible, mais dès que j’appuie sur le bouton c’est la cata, il fait fuir tout le monde, donc il faudrait me designer le son de cet aspira- teur ». Là je trouve que le terme est tout à fait approprié, parce que la résultante ça va être un prototype… Moi je dis « on va MANUFACTURER le son », et cette manufacture sonore va être ensuite reproduite à échelle industrielle pour développer une gamme bien précise. Donc là on a l’équivalent sémantique du design visuel, qui est quand même une application esthétique sur des objets destinés à la série. (CS02)

Bizarrement la référence au design sonore des produits de luxe est beaucoup moins citée ; pourtant cette image qui renvoie du côté du packaging, du marketing est égale- ment présente chez certains designers sonores. Si à l’heure actuelle cette terminologie est surtout employée dans le monde industriel, on parlera du design sonore d’une voiture pour désigner sa signature sonore, il faut reconnaître que le design sonore commence aussi à entrer dans le domaine de l’aménagement.

L'origine anglaise du mot, rappelle que le design est d'abord un dessin et plus exacte- ment le « plan d’un ouvrage d’art », si l’on s’attache à définition du XVIIème siècle. Cela renvoie donc a quelque chose que l’on compose, comme un plan d’architecture ou bien une partition musicale. Si on l’applique stricto sensu au champ de l'audible, cela veut aussi dire que le designer ne s'occupe pas seulement du pur fonctionnement acoustique d’un objet, mais aussi de sa disposition et de sa forme dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire d’une configuration sonore. Mais le mot anglais est lui-même d’origine latine : la racine latine « designare » montre que « design » contient également la notion de « dessein » qui signifient à la fois dessiner, montrer, indiquer.

Appliquée au champ de l'audible, cette notion indique que les dimensions sonores des objets urbains ne sont pas de l’ordre du résiduel, c’est à dire de quelque chose contre lequel il faut lutter , mais que le son peut :

- prendre un statut informationnel : C’est-à-dire être porteur d’informations sur les caractéristiques construites de la ville. Par exemple l’acoustique d’une place peut informer des matériaux et de la forme globale qui la constitue, comme elle peut

être porteuse d’informations sur les usages de la ville (par exemple le claque- ment des stores de devanture de magasin indiquant les horaires de fermeture des commerces) ;

- prendre un statut conceptuel : Dans ce dernier cas, le son n'est pas le fruit du hasard, il fait l'objet d'une intention créatrice particulière. Par exemple, l’art cam- panaire témoigne d’un geste culturel sonore très pointu. En effet, les cloches qui trament nos villes contribuent pour partie à la construction de notre oreille, en rapport étroit avec le langage musical occidental, tout en fabriquant une géogra- phie spatiale sensorielle pour tout un chacun.

Le design sonore serait donc à la fois :

- invention d'objets sonores au sens de Pierre Schaeffer, c'est-à-dire du matériau sonore proprement dit ;

- production de signes immatériels, qui se manifestent par et pour l'écoute et peu- vent donner sens ;fabrication d'objets sonifères, c'est-à-dire des objets concrets matériels qui ont une sonorité identitaire reconnaissable.

Au delà du design sonore d’objet industriel largement reconnu, se développe aujourd’hui en France un design sonore d’espace, repris dans l’expression design sonore des milieux

urbains habités78. Cette nouvelle activité implique d’ajouter une dimension supplémen- taire à la conception des objets. Il faut bien comprendre que dans ce contexte, nous n’avons plus affaire à des créations matérielles isolées mais à l’ancrage d’objets sonores dans un contexte spatial et temporel. La principale différence tient donc au fait que, conçu pour un milieu donné, le design sonore ne pourrait faire abstraction de l’environnement, au sens premier du terme c’est à dire du contexte qui l’entoure. On se trouve dans la même logique que les projets urbanistiques complexes où il faut tenir compte à la fois :

- du contexte sensible (données sensorielles) ;

- du contexte spatial qui détermine la volumétrie, donc l’acoustique ;

- du contexte social qui détermine les fonctionnalités et pratiques habitantes ;

- du contexte culturel qui renvoie aux représentations usagères.

Dans ce cadre précis, le design sonore serait donc l’acte de concevoir, de penser de