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à vocation industrielle ?

II.1.2. Volonté politique

II.1.2.2. Démarches inter et intra communales

On observe des actions communales, mais aussi de plus en plus des formes intercommunales de redynamisation économique, permettant de mutualiser les efforts et les débouchés possibles. On trouve donc des actions à l’échelle des agglomérations, et à l’échelle des communes, développant chacune des formes de partenariats avec des acteurs économiques.

II.1.2.2.1. Les apports de l’intercommunalité.

De plus en plus, les communes ne faisant pas partie d’intercommunalités, utilisent cet outil sur des projets particuliers plutôt que de façon institutionnalisée. L’emploi et la redynamisation économique en font souvent partie. Cela a été le cas par exemple pour l’implantation de Toyota à Onnaing dans le Valenciennois.

La venue du constructeur automobile nippon s’est réalisée dans un contexte de quasi totale désindustrialisation où le chômage atteignait près du quart de la population active. La réussite de Toyota créant 2800 postes, quasi immédiatement, sans compter les sous-traitants directement dépendants a permis d’envisager la transformation de friches industrielles en zone d’activité, en ayant recours notamment à la création de zone franche urbaine. Elle est aussi envisagée comme la preuve que les délocalisations ne sont pas inévitables. L’ensemble du Valenciennois a bénéficié de cette dynamique de réindustrialisation. On note l’extension de zones d’activité sur

le plateau d’Hérin, ou à Onnaing avec le site logistique Gazeley, à Petite Forêt avec la relance de l’usine Ontex, fabricant de couches pour bébés.

D’autre part, cette agglomération anciennement spécialisée dans le secteur ferroviaire voit celui-ci renforcé et apparaître comme une nouvelle opportunité par l’arrivée de l’Agence ferroviaire européenne et l’obtention de la labellisation du pôle de compétitivité à vocation mondiale « I-trans ». L’agglomération valenciennoise est donc bien à l’image de ce changement d’interface des anciennes villes industrielles, bénéficiant de soutiens locaux et européens notamment via les financements alloués au titre de l’objectif 1.

Toutefois, la globalité de l’agglomération valenciennoise se tourne de plus en plus résolument vers le tertiaire, avec l’installation d’un centre d’appel B2S dans un bâtiment HQE, sur le site de l’ancienne friche industrielle Corona.

Le territoire, nous l’avons vu avec la ZFU Néoval, s’est aussi lancé dans l’économie du numérique avec le pôle image soutenu par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Valenciennois. L’arrivée du tramway dans l’hypercentre urbain accompagnée du nouveau centre commercial « Cœur de ville », Place d’Armes, contribuent au façonnement d’une nouvelle identité tertiaire de la ville.

Photographie 8 – L’arrivée du tramway en centre ville de Valenciennes constitue l’un des symboles de la revitalisation économique de la ville. 13 novembre 2006.

II.1.2.2.2. Actions communales.

Les démarches communales, même si elles ne concernent pas la revitalisation économique d’une région comme le Valenciennois ne signifient pas que les projets et les décisions se construisent à l’écart des autres institutions. Bourges ou Gennevilliers en sont aussi des exemples avec des Zones Franches Urbaines, des Zones de Redynamisation Urbaine71 ou des projets de pépinières d’entreprises.

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Les Zones de Redynamisation Urbaine, mises en œuvre après la loi de relance pour la ville de 1996, sont caractérisées par un taux de chômage élevé, une large proportion de personnes peu diplômées et un faible potentiel fiscal. A Gennevilliers, cela concerne le quartier des Grésillons. Cela se traduit, pour les entreprises de moins de 150 salariés, par une exonération de taxe professionnelle, de charges salariales et d’impôts sur les bénéfices durant cinq ans. Les Zones Franches Urbaines ont un fonctionnement identique pour des territoires de plus de 10 000 habitants.

A Bourges, la pépinière d’entreprises, « Le Carré des créateurs »72, est installée sur un ancien terrain du GIAT, Lahitolle, depuis 2003, à proximité de l’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs (ENSI) et du Centre Technique des Industries Mécaniques – Centre Ressources Technologiques en Conception (CETIM-CERTEC). Le Centre national de recherches sur les risques industriels et l’école d’ingénieurs se sont édifiés sur d’anciens terrains des industries de défense. Toutefois, les emplois de substitution ne compensent pas les pertes ni en quantité ni en qualité, ils sont souvent précaires ou peu rémunérés. Cette pépinière d’entreprises est inscrite parmi les mesures du CIADT de décembre 1998 en faveur de la création d’un pôle national sur les risques industriels à Bourges. Mais là comme pour l’ensemble des friches de la ville, ce n’est pas de l’industrie qui réinvestit l’offre économique.

A Gennevilliers, la pépinière d’entreprises 73 s’accompagne d’autres aménagements. Elle est implantée depuis mai 2005 dans les 1500 m² des locaux de l’ancienne Douane dans le quartier du Port autonome de Paris et offre une capacité maximale de 47 places. L’objectif de cette structure est de stimuler et dynamiser la création d’entreprises. Des locaux de 8 à 60 m², des structures d’accueil et d’accompagnement forment l’essentiel de ce qui est proposé. La pépinière est avant tout dédiée aux jeunes entreprises de négoce international, d’import-export, de transport, de logistique, d’e-commerce et de services aux entreprises. La proximité d’un port en pleine expansion et qui prévoit de développer sur 900 m² un hôtel d’activités, est donc un atout supplémentaire pour cette redynamisation économique.

On le voit, si cette initiative est d’abord intra communale, elle résulte du partenariat de différentes institutions telles que la Chambre de Commerce et d’Industrie, le Port, le Groupement des entreprises du Port, en sus de la municipalité de Gennevilliers.

Pour bien comprendre la particularité et l’importance de la présence du Port autonome de Paris à Gennevilliers, il est nécessaire de rappeler quelques chiffres pour le caractériser :

Il occupe 400 hectares dont 100 de plans d’eau et 12 km de quais et bénéficie d’une desserte en voie fluviale et fluvio-maritime à grand gabarit, d’une ligne fluviale de conteneurs avec Le Havre et Rouen, de routes, autoroutes, chemin de fer et oléoduc. Vingt millions de tonnes de marchandises y transitent par an. Les entreprises de logistiques sont fortement représentées, ce qui confère un milieu privilégié pour les nouvelles venues de la pépinière. On compte 300 000 m² d’entrepôts de stockage et distribution, 190 000 m² d’entrepôts logistiques. Actuellement, les entreprises les plus importantes présentes sur le port figurent parmi les plus grands groupes : Calberson, Lafarge, Schenker, Monoprix, Renault, La Poste, UPS, Auchan… La capacité du terminal à conteneurs du port doit se trouver doublée à la fin des travaux courant 2010, pour répondre à la demande d’un trafic qui, pour l’année 2005, à augmenter de 41,4 %, plaçant le Port autonome de Paris au premier rang des terminaux fluviaux.

L’augmentation des coûts liés au pétrole favorise le développement des transports fluviaux de la grande distribution et des déchets. Enfin, le terminal de Gennevilliers devrait bénéficier des retombées de l’entrée en service du nouveau terminal du Havre, Port 2000, permettant le doublement du trafic fluvial sur la Seine, puis de l’ouverture prévue pour 2012 du canal Seine – Nord Europe qui reliera la Seine et le port de Paris au nord de l’Europe.

Photographie 9 - Paris Terminal S.A. et Logiseine, le port autonome de Paris présente sa plus importante plate-forme logistique de conteneurs à Gennevilliers. 13 août 2008.

Dans ce cas précis, on peut prendre toute la mesure de l’intérêt et des potentialités que représente un tel équipement pour de nouvelles entreprises, spécialisées notamment dans les domaines de la logistique, ou de négoce. La réussite de la pépinière est bien entendu fonction de la communication avec ces grandes entités.

Gennevilliers conserve donc, grâce au port et aux différents acteurs locaux, une activité de transport-logistique qui favorise par là même la permanence ou l’arrivée d’industries pour qui la proximité du port est un atout.

Néanmoins, la ville se tourne elle aussi vers le tertiaire avec différents programmes. La communication de la ville envers les entreprises est de ce point significative :

« Vers un renouveau tertiaire de la zone de Gennevilliers : les projets d’aménagement : L’ère industrielle s’achève à Gennevilliers avec le lancement d’un important programme immobilier baptisé « Cœur de Seine ». » « Cœur de Seine : le nouveau visage de Gennevilliers », « 50 % des terrains « mutables » du département sont aujourd’hui sur le territoire d’une commune qui parie sur la reconversion tertiaire et une qualité de vie retrouvée. »74.

La ville attire donc les entreprises tertiaires à partir en mettant en avant les atouts pouvant favoriser leur arriver, notamment en encadrant sept grands projets immobiliers sur d’anciennes friches industrielles.

Ainsi, le parc tertiaire, «Carré 92 », est installé sur une ancienne friche industrielle restructurée en parc tertiaire de 150 000 m² destiné à accueillir des entreprises, un investissement motivé par la taille du site, sa proximité de Paris et sa visibilité le long de l’A86. S’y sont déjà implantées les sociétés Actébis France, 3e grossiste en produits informatiques sur le marché français, Omen, spécialisée dans l’aménagement d’espaces de travail, du diagnostic, d’études de faisabilité et d’aménagement, Sebac, entreprise de distribution de produits d’anesthésie et d’exploration fonctionnelle respiratoire.

« Cœur de Seine » est un programme immobilier en lieu et place des établissements d’emboutissage et de tôlerie Chausson. Il s’agit d’un nouveau quartier avec 100 000 m² de logements, 150 000 m² de bureaux et 5 000 m² de commerces et de services en pied d’immeubles. 12 000 m² de locaux sont réservés pour l’arrivée de Gaz de France en septembre 2008.

« Parc de Seine » positionné sur les terrains de Thalès, est constitué de 57 400 m² de bureaux et d’activités dans un parc arboré, desservi par les axes autoroutiers A1, A15, et A14 par l’A86, et proche des boulevards périphériques et des quartiers d’affaires de Paris, de La Défense.

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« Avenue du pont d’Argenteuil », le projet de reconversion d’une friche industrielle (ancien terrain EDF) pour l’extension de l’activité portuaire est en cours. Pour cela, une étude est menée par le Port autonome et son prestataire la SEM 92.

Ces exemples sont révélateurs de la volonté politique des acteurs locaux gennevillois de rediversifier l’économie de la ville et de renforcer l’attractivité tant pour les entreprises industrielles que tertiaires.

Carte 13 - Répartition des programmes de bureaux. Gennevilliers. (source : http://economie.ville-gennevilliers.fr.

Pour chacune de ces deux villes, par le biais des pépinières des entreprises et des synergies qui s’établissent avec d’autres entreprises, l’enjeu est bien de créer une nouvelle dynamique en s’appuyant sur une spécialisation et des savoir-faire préexistants : la prévention et la gestion des risques industriels pour Bourges ; la logistique pour Gennevilliers.

II.1.2.2.3. La scolarité comme levier

La scolarité et plus particulièrement la proposition de certaines filières participe d’une volonté de jouer d’un levier supplémentaire dans la redynamisation économique. Nous avons pu le constater à Valenciennes avec les Ateliers numériques et l’implantation d’écoles de conception de logiciels informatiques, à Bourges avec les Ecoles d’ingénieurs précédemment liées aux métiers de l’armement. C’est le cas au Creusot avec l’IUT, ou à Gennevilliers avec le pôle universitaire regroupant l’IUT et l’hôtel régional des CFA, à proximité du parc d’activités des Barbanniers.

Les filières proposées dans chaque cas, logiciels pour Valenciennes, nucléaire pour Le Creusot, métiers du bois, de l’hygiène pour Gennevilliers, restent d’une part liées à l’industrie, mais s’inscrivent aussi dans un renouvellement des emplois industriels.