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VI. Conseil au patient et rôle du pharmacien à l’officine concernant les biothérapies

2. Délivrance du traitement

a. Posologie, administration

Lors de la délivrance, le pharmacien doit rappeler au patient la posologie de ses traitements, et plus particulièrement le rythme de prise : hebdomadaire, bimensuel, mensuel…

Il doit également rappeler aux patients les horaires de prises de tous ses traitements : au moment du repas pour les anti-inflammatoires et les corticoïdes, par exemple.

L’administration des biothérapies fait l’objet d’une séance d’éducation thérapeutique à l’hôpital. Les patients peuvent s’injecter eux-mêmes leur traitement. Le pharmacien doit rappeler au patient que les modalités d’administration se trouvent dans la notice, si besoin.

(69,173)

Figure 44: Mode d'administration en injection sous-cutanée de l'Humira® (69). b. Conservation, élimination

Rappeler aux patients que les biothérapies se conservent au réfrigérateur (et jamais au congélateur). Si besoin, le pharmacien peut donner au patient une pochette isotherme permettant le respect de la chaîne du froid. En cas de chaîne du froid non respectée, (coupure de courant, transport sans glacière), le patient peut appeler le laboratoire commercialisant le médicament afin de savoir si celui-ci est toujours utilisable (numéro de téléphone indiqué dans la notice). Par exemple, pour l’Humira®, il peut être utilisé pendant 14 jours au maximum après maintien à une température n’excédant pas 25°C. (69,168,173)

L’élimination des déchets (seringues ou stylos usagés) est réalisée selon un processus spécifique. Les stylos ou seringues usagés doivent être jetés dans un collecteur DASRI (Déchets d’Activités de Soins à Risque Infectieux) disponible sur demande dans les officines ou auprès du laboratoire commercialisant le médicament. Une fois rempli, le collecteur doit être refermé hermétiquement puis rapporté dans un point de collecte DASRI (qui peut être l’officine) afin d’être éliminé. (69,173)

c. Observance

L’observance du traitement est un point essentiel afin d’obtenir si possible une rémission de la maladie. Le pharmacien joue un rôle important dans la détection de l’inobservance des patients, doit rappeler à ceux-ci l’importance de la prise régulière de leur traitement et, le cas échéant, conseiller les patients sur la démarche à suivre afin d’être le plus observant possible. L’inobservance peut survenir en raison d’un nombre parfois important de médicaments, l’apparition d’effets indésirables, les difficultés d’administration du médicament ou le caractère permanent de leur prise. Celle-ci peut être détectée par le questionnaire de Morisky qui comprend 8 questions :

 « « Oubliez-vous parfois de prendre vos médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde ? »

 « Au cours des deux dernières semaines, y a-t-il des jours où vous n’avez pas pris vos médicaments contre la polyarthrite ? »

 « Avez-vous déjà réduit ou cessé de prendre votre médicament sans en parler à votre médecin ou pharmacien, parce que vous vous êtes senti moins bien lorsque vous l’aviez pris ? »

 « Lorsque vous voyagez ou quittez la maison, oubliez-vous parfois d’emmener votre médicament ? »

 « Avez-vous oublié vos médicaments hier ? »

 « Lorsque vous sentez que votre polyarthrite est sous contrôle (moins de symptômes), avez-vous parfois tendance à arrêter de prendre vos médicaments ? »

 « Prendre tous les jours des médicaments est un véritable inconvénient pour certaines personnes. Avez-vous déjà ressenti un sentiment de lassitude vis-à-vis des prises de votre traitement pour la polyarthrite ? »

 « Éprouvez-vous souvent des difficultés à vous souvenir de prendre tous vos médicaments ? ». » (167)

Une bonne observance est déterminée par une réponse négative à au moins 7 des questions. En cas de détection d’une inobservance, le pharmacien peut proposer des solutions. Parmi celles-ci, on peut retrouver l’utilisation d’un pilulier, d’alarmes sur le téléphone, la tenue d’un carnet de suivi où le patient note toutes les injections réalisées… L’écoute attentive du patient

et la recherche de la cause de l’inobservance peut également être un moyen de la comprendre et d’y remédier. (167)

Le pharmacien doit aussi rappeler les règles en cas d’oubli des traitements.

En cas de traitement hebdomadaire, si l’oubli date de moins de 3 jours, réaliser l’injection. Sinon, attendre l’injection suivante.

En cas de traitement bimensuel, si l’oubli date de moins de 7 jours, réaliser l’injection. Sinon, attendre l’injection suivante.

En cas de traitement mensuel, si l’oubli date de moins de 2 semaines, réaliser l’injection. Si l’oubli date de plus de 2 semaines, il faudra changer le jour d’injection du mois en prenant comme date le jour où le patient reprend le traitement (date de la prise après l’oubli).

(69,71,171)

d. Gestion des effets indésirables

i. Cancers

Risque de cancer cutané sous anti-TNFα : indiquer au patient de consulter un dermatologue régulièrement et en cas d’apparition ou de modification de lésions cutanées ou de naevi sous traitement.

Il est également recommandé de faire des bilans biologiques réguliers afin de détecter une éventuelle hémopathie. (168,173)

ii. Infections

Les anticorps anti-monoclonaux ont une activité immunosuppressive. Les patients sont exposés à un risque plus important d’infection que dans une population lambda. Les infections représentent une contre-indication à l’utilisation des anticorps monoclonaux. Il est donc important d’indiquer au patient qu’en cas d’infection ou de suspicion d’infection (fièvre, frissons) il ne doit pas réaliser son injection et doit contacter immédiatement son prescripteur afin de décider de la conduite à tenir. L’injection ne sera réalisée qu’après accord du médecin.

iii. Réactions au point d’injection

Les réactions aux sites d’injection sont fréquentes. Quelques conseils simples peuvent être prodigués au patient afin de limiter ces réactions ainsi que la douleur liée à l’injection.

- « Sortir le médicament, 15 à 20 minutes avant l'injection afin qu'il ne soit pas trop froid.

- Placer une poche réfrigérée sur la zone d'injection permet de désensibiliser la peau. - Désinfecter.

- Laisser sécher la zone de la peau désinfectée pendant une minute. - Injecter le produit lentement (10 secondes).

- Varier les sites d'injection (cuisse, abdomen). Les sites d'injection doivent être au moins espacés de 3 cm.

- Choisir une zone de la peau sans plaie, ni veine apparente pour réaliser l'injection. Ne pas injecter à un endroit où la peau est rouge ou contusionnée ou épaissie.

- Ne pas masser, ni frotter la zone après l'injection.

- Si la sensation de la piqûre se maintient après quelques minutes, placer une poche réfrigérée sur la zone d'injection pour désensibiliser la peau. » (173)

(168,173)