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REMEDIATION DES SITES MINIERS ARTISANAUX DE DIAMANT

4.1. Définitions dans le domaine de la remédiation environnementale

Selon une définition extraite de "Pédagogie : dictionnaire des concepts clés de Raynal et Rieunier (Raynal, et al., 1998)", le mot remédiation a la même racine que remède, et qui, dans le domaine des sciences de l'action, est synonyme d'action corrective ou mieux, de régulation. La remédiation peut donc être perçue dans le contexte environnemental comme un processus de « réparation », qui s’inscrit dans des modalités d’aménagement des territoires et d’organisation des activités économiques minimisant les impacts anthropiques sur l’environnement. Elle renferme donc les notions de restauration écologique, de réhabilitation, de réallocation, de nettoyage écologique et de récupération écologique.

4.1.1. La restauration écologique

Il s’agit d’un processus dont l’objectif consiste à remettre un écosystème dégradé dans sa forme initiale. Employer le terme restauration revient à adopter un objectif de «reconstruction» d’un écosystème endommagé. Certains spécialistes comparent ce procédé à une volonté de « faire la nature » (l’expression « to do nature » avait été utilisée par Laura

164 Jackson en 1995 en mobilisant des moyens financiers et un savoir-faire technique en fonction de l’état de dégradation de l’écosystème concerné (Jackson, et al., 1995). La restauration écologique est « un processus d’assistance à la restauration et à la gestion de l’intégrité écologique. L’intégrité écologique inclue une série importante de variables qui relèvent tant de la biodiversité, des processus et des structures écologiques, du contexte régional et historique que des pratiques culturelles durables » (Machado, 2001).

Sur le plan strictement technique, la restauration poursuit un objectif de « remise en état » : « Nous parlerons de restauration écologique au sens strict du terme quand l’objectif consiste à ramener un écosystème à son état naturel équivalent à son état original, auquel il correspondait avant les détériorations subies ayant généralement des causes humaines » (Gann, et al., 2006).

Les processus mobilisés peuvent être le fruit soit d’une régénération naturelle, mais elle est souvent assistée, afin de favoriser le rétablissement ou la recomposition de l’ancien écosystème. La restauration consiste donc « (…) à augmenter le capital naturel et les services écologiques par les actions de réparation des dommages causés aux niveaux des communautés, écosystèmes et paysages » (Barnaud, 2007).

4.1.2. La réhabilitation

Le concept de réhabilitation est fréquemment utilisé pour décrire des actions de natures différentes. Une certaine confusion règne donc autour du concept de réhabilitation qui est souvent employé comme un terme générique, couramment utilisé pour faire référence à toutes les actions ayant comme finalité de « réparer », en partie ou dans leur entièreté, des écosystèmes ayant été endommagés. Dans tous les codes miniers des États membres de l’UFM, c’est le seul terme choisi en matière de protection environnementale. A titre d’exemple le Code minier Guinéen stipule que : « La réhabilitation et la fermeture des sites d'exploitation impliquent notamment l'enlèvement par le titulaire de toutes les installations y compris toute usine d'exploitation se trouvant sur le terrain. Autant que faire se peut, les anciens sites d'exploitation doivent retrouver des conditions stables de sécurité, de productivité agricole, sylvicole et d'aspect visuel proches de leur état d'origine, adéquats et acceptables par les Administrations chargées des mines et de l'environnement» (Code minier, Guinée, 2011). Tout comme le processus de restauration, la réhabilitation prend comme référence l’écosystème tel qu’il était supposé fonctionner avant la dégradation. Pourtant, la réhabilitation

165 vise des objectifs plus modestes que ceux envisagés dans un processus de restauration : « (…) la réhabilitation met plus l’accent sur la réparation des processus et d’un certain nombre de services que sur le rétablissement d’une intégrité ou authenticité écologique ce qui est l’apanage de la restauration » (Aronson, et al., 1993).

Dans des aires dégradées, la réhabilitation consiste donc à réintroduire peu ou quelques éléments ou services écologiques importants. Cette action ne vise pas à ramener l’écosystème à son état original mais plutôt à créer un écosystème alternatif viable, éventuellement différent en termes de structure, composition et fonctionnement. Selon les travaux de Barnaud, « ce nouvel écosystème présentera une certaine valeur en termes de biodiversité et valeur d’usage en lien avec des activités humaines. En d’autres termes, l’exercice de réhabilitation doit permettre à un écosystème, ayant subi une dégradation, de retrouver ses fonctions essentielles qui lui permettront de bénéficier d’un équilibre naturel, même si ce dernier fait évoluer cet écosystème vers des dynamiques et formes alternatives » (Barnaud, 2007).

4.1.3. La réallocation

La réallocation désigne une série d’actions conduisant à assigner à un écosystème dégradé, une biodiversité, un fonctionnement et un nouvel usage sans rapport écologique avec l'écosystème avant dégradation. Ces apports et usages nouveaux englobent la transformation en vue d’un passage vers l'agriculture et/ou le reboisement. Le processus de réallocation consiste en la création d’un écosystème alternatif, destiné à remplacer celui d’origine trop fortement dégradé pour retourner à son état originel : « La réallocation est un terme général décrivant les actions conduisant à assigner à une forêt [ou une aire] dégradée une biodiversité, un fonctionnement et un usage nouveau sans rapport écologique avec l’écosystème avant dégradation » (WWF, 2000).

Généralement la réallocation est adaptée pour les écosystèmes fortement dégradés (zones minières ou sols en zones urbaines) qui sont destinés à être récupérés à des fins d’exploitation pouvant bénéficier à ses usagers. Le processus de réallocation peut également permettre une reconversion de sols dégradés, qui sont désormais impropres à soutenir l’activité qui a généré une série importante de dégradation, comme c’est le cas dans le secteur minier artisanal et industriel.

166 4.1.4. Le nettoyage écologique

Ce processus est souvent assimilé, à tort, au processus de réhabilitation. Il consiste à nettoyer des aires dégradées des éléments physiques ou de composants qui sont des sources de pollution et de dégradation. Il s’agit en fait d’une phase préliminaire qui doit être menée avant toute entreprise de restauration, de réhabilitation ou encore de réallocation: « Ce terme a été employé occasionnellement comme synonyme de réhabilitation. Cependant nous préférons l’appliquer à des cas précis dans lesquels on élimine certains éléments étrangers au système naturel, qu’ils soient physiques (poubelles, contaminants) ou qu’il s’agisse d’espèces exotiques. Dans un certain sens, il s’agit d’un mode de réhabilitation » (Jackson, et al., 1995). 4.1.5. La récupération écologique ou régénération naturelle

Il est fait mention du concept récupération écologique ou de régénération naturelle quand un écosystème, une fois libéré des facteurs de stress qui ont contribué à son altération, débute une succession progressive de phase de régénération naturelle. L’écosystème entame alors un processus spontané de recomposition qui est souvent limité par les dégradations subies.

Par exemple dans les cas de régénération naturelle en forêts, la régénération apparaît comme un processus discontinu. « Selon Alexandre D.Y., seule la disparition d’une partie du couvert permet l’apparition de nouvelles espèces ou le démarrage de celles qui restaient inhibés » (Alexandre, 1982).

La régénération naturelle est une composante fréquemment mobilisée dans les projets de restauration, puisque les formes de la régénération naturelle peuvent permettre de retrouver certains éléments et dynamiques de l’écosystème original quand les dégradations ont été minimes. La récupération écologique peut aussi être « dirigée » ou « assistée ». On parle alors de régénération ou récupération assistée (Larwanou, et al., 2006 ; Botoni, et al., 2010).

4.2. Sierra Leone, terrain privilégié d’expérimentation de la remédiation