I. 1.3.4.2. Activation et régulation de la voie Nrf2
I.3. Les monocytes et les macrophages (M φφφφ )
I.3.2. Définition et caractérisation du système monocyte/M φφφφ
I.3.2.1. Origines des monocytes et des Mφφφφ
À l’origine, les Mφ ont été décrits par Elie Metchnikoff comme cellules effectrices majeures
de la réponse immunitaire lorsqu’il caractérisa une fonction fondamentale de ces cellules, la
phagocytose (237). Ces cellules sont conservées dans la plupart des espèces allant des invertébrés aux
vertébrés (238, 239). Longtemps, les Mφ ont été considérés comme «des éboueurs de l’organisme» :
cette notion a cependant beaucoup évolué depuis les dernières décennies pour étendre leur champ de
compétence. Ainsi, les Mφ constituent une population essentielle dans la réponse inflammatoire et la
réponse innée aux pathogènes, mais également dans le maintien et la restauration de l’homéostasie
tissulaire. Ils sont également impliqués dans la genèse de pathologies inflammatoires chroniques. Les
Mφ et les monocytes font partie du système phagocyte mononucléé qui regroupe également les
cellules dendritiques (DC) et les précurseurs de la lignée myéloïde dont ils sont issus. Les monocytes
sont des cellules circulantes dans le sang et constituent le réservoir périphérique des précurseurs
myéloïdes chargés du renouvellement des Mφ résidents au sein des tissus et des DC d’origine
myéloïde. Ils représentent 5 à 10% des leucocytes circulants chez l’homme et 4% chez la souris.
L’origine ontogénique des monocytes se situe dans la moelle osseuse. Ils sont issus de cellules souches
hématopoïétiques pluripotentes qui se différencient sous l’effet de différents facteurs de croissance en
précurseurs myéloïdes communs aux lignées granulocytaires et monocytaires ou en précurseurs
lymphoïdes (Figure 15). Le développement des monocytes est ensuite sous la dépendance d’un
facteur de croissance, le Macrophage-Colony Stimulating Factor (M-CSF). Les souris déficientes pour
le récepteur au M-CSF (appelé M-CSFR ou CSF-1R) ou pour ses ligands présentent un nombre de
monocytes circulant très faible (240–242). Les précurseurs myéloïdes vont passer par le stade de
différenciation monoblaste puis pro-monocyte avant d’atteindre celui de monocyte mature à partir
duquel, ils pourront quitter la moelle osseuse et rejoindre la circulation sanguine (Figure 15).
La sortie de la moelle osseuse s’effectue sous l’effet de facteurs de croissance et de
chimiokines. Les souris déficientes pour les récepteurs aux chimiokines CCR2, CCR5 ou CX3CR1 ont
un nombre de monocytes circulants diminué par rapport aux souris sauvages (243, 244). Les
monocytes circulent dans le sang 1 à 3 jours avant de migrer dans les différents tissus de l’organisme
et d’achever leur différenciation en Mφ résidents. Ce processus bien établi fut décrit dès 1939 par
Ebert et Florey (245).
53
Figure 15: Origine et différenciation des monocytes et des macrophages (Mφφφφ). D’après (246)
I.3.2.2. Hétérogénéité des monocytes
Les monocytes ont d’abord été considérés comme une population cellulaire homogène
caractérisée au niveau morphologique par un aspect irrégulier avec un noyau ovale ou en forme de
« rein », de nombreuses vésicules cytoplasmiques et un ratio cytoplasme/noyau élevé. Depuis, les
travaux de différentes équipes basés sur la purification des cellules sur gradient de densité ont montré
une forte hétérogénéité de cette population en termes de taille, de forme et de structure. Ils ont ainsi pu
mettre en évidence une population majoritaire de monocytes d’aspect régulier et de grande taille
présentant une forte activité de phagocytose ainsi qu’une production élevée d’anion superoxyde. Ils
ont aussi distingué une autre population moins importante de monocytes de plus petite taille avec une
faible activité péroxydase mais possédant une plus grande capacité de libération d’IL-1 (247–250). La
faible sensibilité de ces techniques de purification a limité les études plus approfondies. Il a fallu
attendre l’essor des techniques moléculaires utilisant les anticorps monoclonaux dirigés contre les
antigènes à la surface des cellules pour permettre de caractériser ces deux populations de monocytes
sur la base de leur expression différentielle de marqueurs de surface. Chez l’Homme, trois populations
de monocytes ont été définies par l’expression différentielle du CD14 (un corécepteur du LPS) et du
CD16 (FcγRIII).
54
La première sous-population de monocytes est dite « classique » car son phénotype correspond
à la description des monocytes initialement établie (Figure 16). Elle correspond à la population
majoritaire de «grands» monocytes et se caractérise par une forte expression du CD14 combinée à une
faible expression du CD16 (CD14
haut/CD16
bas). Elle représente 80 à 90% des monocytes circulants et
possède une forte expression du récepteur aux chimiokines CCR2 et une expression faible de CX3CR1
(récepteur à la fractalkine) (251, 252). Ces monocytes classiques ont une capacité de phagocytose
importante et in vitro, ils sécrètent préférentiellement de l’IL-10 plutôt que du TNFα ou de l’IL-1
(253).
Figure 16: Représentation biparamétrique des trois populations de monocytes humains par cytométrie de flux d’après (254). Les monocytes humains dérivant du sang de donneurs sains ont été doublement marqués à l’aide d’anticorps anti-CD14 et anti-CD16 afin de détecter les différentes populations de monocytes humains.
Les travaux du groupe de Ziegler-Heitbrock (1992) (253) ont permis de caractériser la
deuxième sous-population minoritaire de « petits » monocytes par l’expression du CD16. Ces
monocytes ont une capacité de production de cytokines pro-inflammatoires plus importante que les
autres monocytes après stimulation au LPS et sont donc considérés comme des monocytes
« inflammatoires » (255). Ils sont retrouvés en plus forte proportion dans le sang de patients atteints
d’inflammation aigue (256) ou de maladies infectieuses (257). À l’inverse des monocytes classiques
(CD14
+/CD16
-), ces monocytes inflammatoires expriment fortement le récepteur CX3CR1 et
faiblement CCR2 (251). Des études montrent que cette sous-population de monocytes exprimant le
CD16 peut être subdivisée en deux populations distinctes possédant des fonctions propres (258). La
première dite « intermédiaire » regroupe les monocytes exprimant à la fois le CD14 et le CD16
(CD14
+/CD16
+) (Figure 16). Cette population exprime également des récepteurs aux fragments
constants (FcR) tels que le CD64 et le CD32. Ces monocytes possèdent une activité de phagocytose et
sont responsables de la sécrétion de TNFα et d’IL-1 en réponse au LPS. A l’inverse, une deuxième
population « non classique » de monocytes caractérisée par une expression du CD16 mais de très
faibles niveaux de CD14 (CD14
bas/CD16
haut) (Figure 16)n’expriment pas les récepteurs Fc, ont une
faible activité de phagocytose et ne sécrètent pas de TNFα et d’IL-1 après stimulation au LPS. A
55
l’heure actuelle la fonction de ces monocytes n’est pas élucidée, ils peuvent cependant être retrouvés
en proportion plus importante dans le sang de patients atteints de choc septique (259).
Les cellules du système phagocytes mononuclées de souris sont caractérisées par l’expression
du marqueur F4/80 qui appartient à la famille des EGF-TM7. La majorité des Mφ résidents au sein des
tissus expriment ce marqueur phénotypique (260). Les monocytes murins l’expriment également, mais
dans une moindre mesure et sont caractérisés plus précisément par l’expression de F4/80, CD11b et
CSF-1R. Il existe aussi une hétérogénéité de la population de monocytes chez la souris. Comme chez
l’homme, on peut distinguer deux sous-populations de monocytes basées sur l’expression différentielle
du CCR2, de CX3CR1, CD62L (L-selectin) et de Ly6c, un épitope du Granulocyte antigen 1 (Gr1).
La première population de monocytes murins ayant comme phénotype
CCR2
+/CD62L
+/CX3CR1
bas/Ly6c
+correspond chez l’Homme à la population majoritaire de
monocytes CD14
+/CD16
-dit « classiques ». Ces monocytes sont associés à des fonctions
inflammatoires du fait de l’expression du CCR2 et de CD62L (molécules connues pour être
impliquées dans le recrutement de cellules inflammatoires). Parallèlement, la seconde population
caractérisée par le phénotype CCR2
-/CD62L
-/CX3CR1
haut/Ly6c
-est associée aux monocytes
CD14
+/CD16
+humains. Ces monocytes joueraient le rôle de patrouilleur dans la circulation sanguine
et seraient rapidement mobilisés vers les tissus en cas de lésions (261).
Malgré de fortes similitudes dans les populations de monocytes humains et murins, les
résultats des études chez la souris restent souvent difficiles à extrapoler complètement chez
l’Homme, car les systèmes expérimentaux utilisés diffèrent entre les deux espèces.
I.3.2.3. Les macrophages humains dérivés des monocytes
La majorité des tissus possède des populations de Mφ résidents. Ces cellules sont les plus
grandes du système immunitaire et possèdent un appareil vacuolaire (lysosome, phagosome,
phagolysosome, endosome) plus développé comparé à leur précurseur monocyte. Ces cellules sont
bien caractérisées pour leur rôle de sentinelle du système immunitaire au niveau des premières lignes
de défense tissulaires où ils résident et où ils sont transcriptionnellement programmés pour rencontrer
les pathogènes et les toxiques environnementaux. Pour assurer ces fonctions, les propriétés principales
des Mφ sont leur capacité de phagocytose combinée à la présentation antigénique, leur mobilité et leur
capacité sécrétrice. Les Mφ sécrètent un large panel de médiateurs cellulaires comme des cytokines
principalement, mais aussi des facteurs de croissance, des EAO et des EAN ainsi que des fractions du
complément et des métabolites de l’acide arachidonique.
56
Les Mφ jouent un rôle primordial dans le maintien de l’homéostasie tissulaire en assurant
notamment la clairance des cellules sénescentes. Ils assurent également la restauration de
l’homéostasie tissulaire en participant au remodelage et à la réparation de lésions tissulaires après une
phase inflammatoire. Ces Mφ résidents au sein des tissus sont extrêmement hétérogènes
phénotypiquement. Cette grande diversité est une conséquence nécessaire des fonctions spécifiques de
maintien de l’équilibre qu’ils assurent au niveau des différents tissus et niches au cours du
développement et de la vie adulte. Les Mφ associés aux tissus adipeux sont impliqués par exemple
dans le contrôle de la sensibilité à l’insuline et de la thermogénèse adaptative (262, 263). Les
ostéoclastes quant à eux, sont les Mφ du tissu osseux qui sont des cellules multinucléées qui
participent au remodelage osseux en résorbant l’os par dégradation de la matrice minérale (264).
Enfin, les Mφ alvéolaires présents dans les poumons sont caractérisés par une très forte expression de
nombreux récepteurs de reconnaissance de motifs conservés pour permettre l’élimination de particules
et de microorganismes de ce tissu continuellement exposé aux agressions extérieures. D’une manière
générale, ces phénotypes et ces caractéristiques fonctionnelles uniques reflètent plus l’influence du
microenvironnement cellulaire auxquels ils sont exposés qu’une origine distincte.
En effet, dans un contexte inflammatoire, l’origine des Mφ résidents comme dérivant des
monocytes sanguins circulants et recrutés aux niveaux des tissus reste la théorie prépondérante.
Néanmoins, à l’heure actuelle de nombreux travaux viennent nuancer cette vision des choses. Des
études chez la souris démontrent que certaines populations de Mφ résidents adultes comme les cellules
de Langerhans et celles de la microglie ont des origines embryonnaires. Ces populations seraient
maintenues tout au long de la vie par un auto-renouvellement local (265, 266). Par ailleurs, après une
greffe de moelle osseuse, l’observation de la reconstitution des populations de Mφ tissulaires à l’aide
de cellules marquées a permis de montrer que seul 61% des Mφ alvéolaires et hépatiques sont
remplacés par des cellules marquées du donneur un an après la transplantation. Ces résultats suggèrent
un faible renouvellement de la population de Mφ tissulaires en dehors de conditions inflammatoires
(267, 268).
Dans un contexte inflammatoire de type Th2 associé à une infection parasitaire, des études ont
mis en évidence une prolifération locale de Mφ tissulaires dépendante de l’IL-4 (269).
Ainsi, dans des périodes d’homéostasie, dans des contextes infectieux particuliers ou lors de la
résolution de l’inflammation, la contribution des Mφ d’origine embryonnaire ainsi qu’un faible niveau
d’auto-renouvellement semble suffisant pour maintenir une population de Mφ résidents. Ce
phénomène semble cependant tissu-spécifique. Néanmoins, lors de phase d’inflammation, la source
majeure de Mφ tissulaires reste toujours le recrutement des monocytes circulants.
57
I.3.2.4. Facteurs de croissance et différentiation des macrophages (Mφφφφ)
Le M-CSF et le GM-CSF regroupés sous le terme de Colonny Stimulating Factor (CSF) sont
deux facteurs de croissance hématopoïétiques essentiels dans le contrôle du nombre et de la fonction
des Mφ (270, 271). Le M-CSF est produit de façon ubiquitaire par de nombreux tissus tandis que le
taux de GM-CSF circulant est faible en condition normale et peut augmenter lors de réaction
immunitaire inflammatoire (272). Ces deux CSF transduisent leur signal via des récepteurs et des
voies de signalisation distinctes. Les deux types de récepteurs sont distribués différemment sur les
populations cellulaires myéloïdes (273). Le M-CSF et le GM-CSF favorisent la différenciation, la
survie, la prolifération et l’activation des Mφ avec cependant des réponses différentes (271, 274). Les
souris déficientes en M-CSF fonctionnel (op/op) montrent des atteintes majeures de nombreuses
populations de Mφ. Cette carence impacte gravement le développement de nombreux tissus,
soulignant le rôle essentiel de ces cellules au cours du développement et pour le maintien de
l’homéostasie (275). Les souris déficientes en GM-CSF présentent entre autre comme pathologie une
protéinose alvéolaire, suggérant un rôle primordial du GM-CSF dans la maturation des Mφ alvéolaires
(276, 277).
En condition physiologique, les Mφ sont susceptibles d’être exposés à ces deux cytokines
simultanément. Les quelques études qui ont exposés in vitro la même population de monocytes à ces 2
CSF pour mimer cette situation montrent qu’ils peuvent entrer en compétition et avoir des effets
opposés conduisant à la suppression de la réponse cellulaire à l’autre facteur de croissance (278, 279).
Les monocytes du sang exposés in vitro au M-CSF sont capables de se différentier en Mφ en 5
à 6 jours. Ils constituent un bon modèle in vitro de Mφ tissulaires (274, 280). En fin de culture, ces Mφ
dérivés des monocytes et différenciés au M-CSF sont adhérents et présentent un faible niveau
d’expression membranaire du marqueur monocytaire CD14 comparés aux monocytes. Ils possèdent
une morphologie fusiforme de type fibroblastique. A l’état inactivé, ils sécrètent de très faibles
quantités de médiateurs comme des cytokines et des chimiokines inflammatoires (TNFα, IL-12, IL-8)
ou des EAO. Les monocytes traités au GM-CSF sont couramment utilisés comme modèle pour la
différenciation fonctionnelle des DC. Cependant, l’analyse in silico révèle que leur transcriptome est
plus proche de celui des Mφ que des DC inflammatoires (281, 282). Dans ce contexte, la costimulation
avec de l’IL-4 permet de favoriser la différenciation des monocytes vers un profil de DC (283). Les
Mφ différenciés in vitro en présence de GM-CSF à partir de monocytes sanguins sont également
adhérents et présentent une morphologie ronde, caractéristique dite en « œuf sur le plat ». Ils ont perdu
l’expression membranaire du marqueur monocytaire CD14 et ont une faible capacité de sécrétion de
médiateurs en absence de stimulation. L’implication distincte de ces deux facteurs de croissance dans
58
le conditionnement transcriptionnel des Mφ lors de leur activation sera discutée ultérieurement dans le
paragraphe I.3.3.
I.3.3. Propriétés fonctionnelles des monocytes/macrophages (Mφφφφ)
I.3.3.1. Les pattern recognition receptors (PRR)
A l’origine la réponse immunitaire innée était vue comme une réponse complètement
aspécifique. Cependant, la découverte de grandes familles de récepteurs à la surface des Mφ a montré
que la reconnaissance des pathogènes par les effecteurs cellulaires du système immunitaire inné était
spécifique. Cette spécificité s’appuie sur la reconnaissance de PAMPs (Pathogen Associated
Molecular Patterns) qui regroupent des structures moléculaires exclusivement exprimées par les
micro-organismes. Ces structures sont reconnues par une superfamille de récepteurs particuliers
nommés PRR pour « Pattern Recognition Receptor ». Les PRR reconnaissent également des molécules
endogènes comme des médiateurs libérés par des cellules endommagées, des lipides ou encore des
cellules mortes. Une caractéristique fondamentale du système monocyte/Mφ est leur large spectre
d’expression de ces PRR. Les différents sous-types de Mφ peuvent même être distingués en fonction
de leur profil d’expression de ces PRR. Les PRRs comptent plusieurs familles de récepteurs incluant
les TLR (Récepteurs Toll-like), les récepteurs lectines de type-C (RLC), les récepteurs scavengers
(SR). L’activation de ces récepteurs à la surface des Mφ conduit à des processus de phagocytose ou de
sécrétion de molécules effectrices qui vont soutenir et orienter la réponse immunitaire adaptative.
I.3.3.1.1. Les récepteurs Toll-Like (TLR)
Les TLR forment une famille de récepteurs découverts dans les années 1990 comprenant 10
membres chez l’Homme et 12 chez la souris. Ces TLR sont des protéines transmembranaires de type I
possédant un ectodomaine composé de motifs riches en leucine chargé de reconnaitre les PAMPs.
C’est ce domaine qui assure la spécificité des différents TLR pour des classes de PAMPs distinctes. Ils
se composent également d’un domaine transmembranaire et d’un domaine intracytoplasmique Toll
Interleukin-1 Receptor (TIR) chargé de la transduction intracellulaire du signal. Les différentes
catégories de PAMPs reconnues par les TLR incluent des protéines, des lipides, des lipoprotéines et
des acides nucléiques dérivés d’une grande diversité de micro-organismes comme les bactéries, les
virus, les parasites et les champignons. Les différents TLR ont des spécificités distinctes en termes de
59
reconnaissance des PAMPs et de réponse immunitaire. Les TLR peuvent être divisés en deux
sous-groupes en fonction de leur localisation cellulaire (Tableau 3).
Tableau 3: Les TLR et leurs ligands connus chez l’Homme (d’après (284).
Le premier groupe est composé des TLR 1, 2, 4, 5, 6 et 11 qui sont exprimés à la surface
cellulaire, au niveau de la membrane plasmique et qui reconnaissent la plupart des composants des
membranes et des parois microbiennes tels que les lipides, les lipoprotéines et les protéines. Le
deuxième est formé des TLR 3, 7, 8 et 9 dont l’expression est exclusivement localisée dans des
vésicules intracellulaires (ER, endosome, lysosome, endolysosome) où ils reconnaissent les acides
nucléiques microbiens. La localisation subcellulaire des différents TLR est importante pour
l’accessibilité à leur ligand spécifique, pour le développement d’une tolérance immunitaire vis-à-vis
des molécules du soi ainsi que pour la transduction du signal.
Le TLR4 forme un complexe avec la protéine MD2 (Myeloid Differentiation Factor) et
ensemble ils lient le LPS, un composant de la membrane externe des bactéries gram négative (285).
Un complexe multimérique se forme alors, composés de deux ensembles TLR4/MD2/LPS et initie la
transduction du signal par le recrutement de protéines adaptatrice intracellulaire. D’autres protéines
peuvent favoriser cette interaction avec le LPS. Le CD14, une protéine dépourvue de domaine
intracellulaire et ancrée à la membrane plasmique par un groupement Glycosyl-Phosphatidyl-Inositol
(GPI) lie la protéine LPS Binding Protein (LBP) en présence de LPS et le présente au complexe
60
TLR4/MD2 (286). Cette association permet la transduction du signal intracellulaire conduisant à
l’activation des voies NF-κB et Interferon Regulatory Factor 3 (IRF3) (285) (Figure 17).
Figure 17: Activation des voies de signalisation MyD88 et TRIF dépendantes par la reconnaissance de PAMPs par les TLR de surface et intracellulaires. Adapté de (285).
Le TLR2 est impliqué dans la reconnaissance d’un grand nombre de PAMPs dérivés de
bactéries, de parasites et de virus, il interagit aussi avec le zymosan, un composé de la membrane des
levures (287). Le TLR2 forme généralement des hétérodimères avec le TLR1 ou le TLR6 permettant
une reconnaissance plus spécifique des ligands. L’hétérodimère TLR2/TLR1 reconnait les
lipoprotéines triacylées dérivées des bactéries gram négatives et des mycoplasmes, tandis que
l’hétérodimèreTLR2/TLR6 reconnait les lipoprotéines diacylées issues des bactéries gram positives et
des mycoplasmes (Figure 17). L’activation du TLR2 par un agoniste induit la production de cytokines
inflammatoires comme le TNFα par les Mφ et les DC mais pas d’interféron de type I (285).
Le TLR5 reconnait la flagelline, une protéine constituant les flagelles bactériens. Le TLR3
reconnait les ARNs double brins, lesTLR7/8 les ARNs simple brin provenant de virus à ARN (Figure
17).
61
Après l’engagement des TLR avec leur ligand, ces derniers induisent une réponse biologique
spécifique en fonction de la protéine adaptatrice qui est recrutée au niveau du domaine TIR. Par
exemple, le TLR4 et le TLR3 induisent la production d’interféron de type 1 et de cytokines
inflammatoires alors que les TLR2/TLR1, TLR2/TLR6 et TLR5 induisent exclusivement l’expression
de cytokines inflammatoires. La signalisation induite en aval des TLR peut être divisée en deux voies
principales selon la protéine adaptatrice impliquée : une voie de signalisation est dépendante de la
protéine adaptatrice myeloïd differentiation factor 88 (MyD88) et une autre dépendante de la protéine
TIR-domain-containing adaptater-inducing interferon-β ( TRIFF) (Figure 17).
La protéine MyD88 est utilisée par tous les TLR à l’exception du TLR3. Son recrutement au
niveau du domaine TIR en partenariat avec d’autres protéines telles que TIR adaptor protein (TIRAP),
IL-1R Associated Kinase 4, 1 et 2 (IRAK4, 1 et 2) et TNF receptor associated factor 6 (TRAF6)
Dans le document
Impact des extraits organiques de particules diesel (DEPe) sur la physiologie de macrophages humains polarisés in vitro
(Page 64-200)