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CHAPITRE I. INTRODUCTION GENERALE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

1.6 Méthodologie

1.6.1 Définition des concepts et revue de la littérature

Pour une meilleure compréhension, la définition des termes importants du sujet permet de rendre lisible la démarche méthodologique. Les concepts retenus concernent la structuration paysanne, la coopérative, le développement rural… La « structuration paysanne » est le résultat de l’encadrement des producteurs afin de les amener à travailler de manière collective et affronter les difficultés collectivement (Wanyama et al. 2009). Les coopérateurs se réunissent pour produire plus et mieux. Ce sont de meilleures institutions susceptibles de véhiculer le développement agricole et économique du pays (Ton et al. 2007). Le producteur dispose d’une capacité potentielle de promouvoir le développement du monde rural par le travail en équipe où les coopératives deviennent la pierre angulaire de développement du monde rural dans les zones où elles sont érigées (Prakash et al. 2003). Au cours des années 2000, la plupart des gouvernements, des bailleurs, des ONG étaient persuadés que le développement de l’agriculture passerait par la promotion des coopératives en tant que mesure d’accompagnement d’une action collective. Elles devaient permettre aux producteurs de créer des nouvelles opportunités, un gain matériel de revenu, un espoir pour l’avenir, un sentiment d’appartenance à un groupe des personnes (Ton et al. 2007, Gisaro, 2003)10.

Le facteur clé du processus de structuration est souvent la présence d’une usine de transformation agricole. En effet, dès que les producteurs commencent à négocier individuellement avec les usines, ils constatent qu’ils ne sont pas en position de force et ont tendance à s’organiser en associations. A travers la structuration des producteurs, l’organisation de solidarité et le capital social se créent en faveur des membres. Cette solidarité s’insère dans l'économie sociale qui désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. Certains auteurs ont tendance à qualifier l’économie sociale de troisième secteur (Third sector) une intersection entre l’économie publique et privée (Jeantet et al, 2007, Defourny, 2009, Draperi, 2011).Ce secteur économique agit sur le marché et procure des avantages monétaires et non- monétaires avec les principes suivants : gestion démocratique (une personne = une voix et non

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une action = une voix), patrimoine collectif et impartageable, rendre service à la collectivité (intérêt général et utilité sociale), autonomie de gestion et l’ancrage territorial. C’est à travers cette action collective que les membres accèdent aux avantages offerts par la coopérative (semences sélectionnées, plants, engrais, vulgarisation, stages, prix, débouchés, crédits…), et à d’autres services sociaux indispensables au développement des adhérents.

L’exploitation agricole11 : c’est une unité de base de la production agricole. L’exploitation du café se réfère à la filière, une approche relativement récente dans les études économiques. Elle implique des circuits d’échanges et des relations qui interagissent les unes avec les autres et désigne un ensemble d’activités, d’industries, relatives à un produit de base. On y observe des liens verticaux (le champ, la récolte, le traitement, la commercialisation et la consommation) et horizontaux (coopération entre les acteurs et organisations concernées) afin de promouvoir l’industrie mettant en exergue la succession d’activités : produire, transformer, vendre un produit. Pour Lebailly et al. (1992), il appartient au chercheur de donner les limites du cadre d’analyse de la filière choisie. La présente recherche s’étend de la production au traitement et à la commercialisation du café en prenant les caféiculteurs, la SLC et les coopératives comme acteurs et organisations de structuration paysanne dans les zones d’étude.

Pour Dufumier (2004) l’exploitation agricole est une unité de production agricole dont les principaux éléments constitutifs sont la force de travail (familiale12, salariée, etc.), les terrains agricoles, les plantations, le cheptel, les matériels… C’est le lieu où le responsable d’exploitation combine ces diverses ressources disponibles pour mettre en œuvre son système de production ; une unité de production où le facteur important est le « travail ». Dans le présent travail, il est question de l’exploitation du café en analysant les activités exercées par tous les actifs13 au sein du ménage caféiculteur : la taille, le système des cultures, les outils et matériels, les investissements, le revenu et son affectation. Les notions d’exploitation du café seront revues en détail au deuxième chapitre portant sur la phytotechnie et le traitement du café. La station de lavage de café (SLC) est une unité de transformation de cerises en café parche. Elle est spécialisée dans le dépulpage, le lavage des cerises, afin d’obtenir du café « entièrement lavé ». La station de lavage est perçue comme un procédé de traitement autour de la coopérative qui est un élément structurant. Le traitement revêt une importance capitale, car le gouvernement du Rwanda vise à réorienter la politique caféière en mettant en œuvre un vaste programme d’amélioration de la qualité du café en vue d’accroître la proportion de café entièrement lavé et limiter les coûts de production. En vue d’atteindre les objectifs de cette politique, le gouvernement a exhorté les opérateurs économiques à construire les SLC dans toutes les zones caféicoles et le regroupement des paysans en coopératives afin d’augmenter les revenus et réduire la pauvreté rurale (Schlüter et al. 2000). La coopérative 14 est un moyen de lutte contre la pauvreté. La « coopération » étymologiquement dérivé du latin « Cum : avec, et Operare : faire quelque chose, agir… »

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Cabane C. et al. (1992). Lexique de géographie humaine et économique, 2ème édition, Paris, Dalloz, p.176. 12

Pour Tourmin C. et Guèye B. (2003). L’exploitation familiale revêt trois dimensions : Economique (production du ménage), Socio-culturelle (famille-réseau des relations) et Technique (amélioration des facteurs : terre, capital, ressources en général afin de réduire les risques).

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Selon Locoh cité par Mugabe J.M. (2005), un ménage veut dire « une personne ou un groupe de personnes qui vivent sous le même toit et partagent les mêmes arrangements domestiques ». La plupart des ménages rwandais habitent dans leurs exploitations de manière isolée au sein des Rugo. Tous les membres actifs sont impliqués dans l’exploitation du café. Par exemple le transport des cerises à la SLC exercé par des écoliers soit avant ou après les cours. Dans la plupart des cas, le mari reste le responsable de la production et du revenu tiré de la vente du café au sein de son ménage. Néanmoins, il y a des ménages gérés par des Enfants Chefs de Ménages (ECM).

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signifie « Travailler conjointement avec (quelqu’un) ». C’est une association des personnes qui ont les mêmes besoins, qui décident de se mettre ensemble volontairement afin de les résoudre efficacement au moyen d’une entreprise gérée démocratiquement (ACI, 2012). La coopérative agricole fournit des intrants, des crédits agricoles aux sociétaires, transforment et commercialisent leurs produits, offrent des services à l’échelon local et effectuent des activités de défense de droits. Elle effectue des opérations de production, de transformation et de conservation des produits nécessaires à celle-ci. Sa fonction est l’utilisation en commun des moyens techniques et économiques en vue de faciliter la production agricole et de valoriser le fonctionnement de l’exploitation (Laflamme et al. 1981).

Les agriculteurs membres bénéficient de la possibilité d’avoir recours à des intrants agricoles à prix équitables qui leur permettent d’améliorer la qualité de leurs produits. Ce faisant, ils font des économies d’échelle tout en augmentant la valeur ajoutée de leurs produits.C’est par exemple des techniques d’écoulement des produits de base permettant de réaliser des épargnes en baissant le coût de production unitaire d’un produit ou d’un service donné par la hausse de la production. L’importance des organisations de producteurs va de pair avec l’attention croissante accordée à la chaîne de valeur reliant les producteurs aux consommateurs. La chaîne de valeur est un ensemble de produits (biens et services) et de producteurs concourant à la desserte d’un marché. Les coopératives agricoles permettent aux agriculteurs d’améliorer leur position et les liens dans la chaîne de valeur, ce qui se traduit par de meilleurs revenus (Ton et al, 2007). C’est dans ce cadre que s’insère la présente recherche sur la structuration paysanne autour des stations et des coopératives caféicoles. On peut s’interroger sur la performance et la compétitivité de ces organisations du point de vue économique tenant compte de la concurrence et des conditions de fluctuations du marché. C’est la théorie néo-institutionnelle développée à la fin des années 70 (Powell et al. 1997). Dans le présent travail, l’organisation est entendue comme un ensemble d’acteurs qui agissent conjointement dans le processus de la production du café où un groupe d’individus poursuivent des objectifs communs (Mintzberg, 1982). C’est dans ce sens que s’inscrit la démarche de la présente étude qui vise le développement socio-économique de petits producteurs du café. Les paysans se regroupent, relancent les coopératives afin de favoriser la diffusion des techniques modernes au plus grand nombre. Ces techniques concernent le traitement du café en voie humide pour produire un café entièrement lavé. Ainsi les coopératives caféicoles jouent un rôle important dans l’accroissement de la valeur générée tout au long de la chaîne garantissant que la qualité des produits est conforme aux normes. Le développement est l’ensemble des changements sociaux, économiques et mentaux qui favorisent la croissance et sa poursuite à long terme, son processus comporte 3 dimensions : (i) Economique : base économique et productive dont une société a besoin pour produire les biens et services qui lui sont indispensables (ii) Social : la mise en place des services pour satisfaire les besoins non productifs de la société : la santé, l’éducation, la protection sociale… (iii) Humain : ressources humaines, individuelles et collectives afin que la population puisse utiliser pleinement son potentiel, mettre à profit ses connaissances, ses aptitudes, et prendre une part active à l’édification de sa propre société. Pour Kimpianga (2007)15 le développement est un ensemble de transformations économiques, sociales et culturelles. Un progrès pour le pays et ses habitants, l’amélioration qualitative des conditions de vie de l’individu et de la communauté, sans compromettre l’environnement. C’est une évolution durable des mentalités et des structures, qui est à l’origine du phénomène de croissance et de sa prolongation dans le temps. Le développement suppose une combinaison

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Kimpianga M. (2007), La problématique du développement, Kinshasa : Presses de l’Université Libre de Luozi.

des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à accroître cumulativement et durablement son produit réel global. Il s’agit du changement des structures, les modifications sociales qui conditionnent la croissance et permettent qu’elle soit durable 16 et cumulative. Le développement socio-économique est un ensemble de transformations intimement liées qui se produisent dans la structure d’une économie donnée et qui sont nécessaires à la poursuite de la satisfaction des besoins de sa population. Elles peuvent se faire directement ou indirectement par l’intermédiaire du revenu et des ressources économiques disponibles ou à pourvoir (Nations-Unies, 2003).

Le développement est social lorsqu’il met au centre de ses préoccupations le progrès social et culturel des populations, par l’éradication de la pauvreté, de l’ignorance, de la famine, de la misère et des conflits sociopolitiques et économiques. Le développement rural se réfère à la transformation du monde rural, au changement des méthodes de production et des institutions économiques, de l’infrastructure sociale, politique et culturelle. Ce développement permet de créer des emplois plus nombreux, la croissance d’institutions plus fortes, l’amélioration de la santé, de l’alimentation, de l’éducation. C’est un ensemble d’activités qui accroissent le bien- être des populations rurales, la satisfaction des secteurs impérieux vitaux : l’alimentation, le logement, la santé, la paix par des programmes d’éducation, de nutrition, d’instauration des infrastructures économiques et sociales en zones rurales (écoles, hôpitaux, routes, centres d’appui agricole, télécommunications, postes, banques rurales, centres commerciaux, infrastructures agricoles). L’innovation résulte de l’établissement d’institutions longtemps méconnues par le groupe : les coopératives des producteurs, les sociétés de crédit agricole, l’accroissement des investissements en matière de traitement, de transport, d’énergie, d’adduction d’eau, de mécanisation, d’irrigation (Gisaro, 2003, NU, 2009).

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