4. Méthode
4.1. Définition de la question de recherche (méthode PICOT)
Suite à la recherche exploratoire et à la définition des concepts, nous
avons pu cibler davantage notre question de recherche, tout en essayant de
rester au plus près du questionnement d’origine. Pour aider à la formuler de
manière spécifique et structurée, nous utilisons la méthode PICOT, acronyme
de population/problème, intervention/intérêt, comparaison, outcomes
(résultats) et enfin T pour temps. Avant de spécifier ces composantes, nous
définissons le type de question clinique (intervention, pronostic, diagnostic,
étiologie ou meaning), qui oriente la question PICOT (Melnyk &
Fineout-Overholt, 2013).
4.1.1. Le type de question
La question de départ, provenant de l’institution Alfaset, est pour
rappel « En quoi l’examen clinique multidisciplinaire présente-t-il ou non un
bénéfice pour le client». Parmi les cinq types de questions, la nôtre
appartiendrait plutôt au type « Intervention » qui consiste à choisir le
meilleur traitement ou soin pour le patient (Melnyk & Fineout-Overholt,
2013). En effet, l’examen clinique est une intervention infirmière et nous
nous posons la question du bénéfice ou non de cette intervention.
4.1.2. Population/problème
Suite à notre première recherche, nous nous apercevons que la
littérature n’est pas suffisante pour pouvoir cibler notre problématique sur un
type de population particulier. De plus, le lieu de pratique nous ayant soumis
la question ne visait pas non plus un contexte de soin en particulier ; il
s’agissait plutôt d’un questionnement suite à l’arrivée de cette nouvelle
compétence dans les soins infirmiers en Suisse. Nous avons donc choisi de
traiter la question de l’examen clinique infirmier de manière générale, et pas
uniquement dans un contexte de soin précis, bien que nous illustrions nos
propos avec des exemples issus de différents contextes. La population
concernée par notre question est donc large, il s’agira de patients adultes en
milieu intra et extrahospitalier, car si l’examen clinique est principalement
pratiqué dans les milieux hospitaliers, il est également de plus en plus utilisé
au sein de cliniques entièrement gérées par des infirmières, principalement
centrées sur la promotion de la santé et l’éducation.
Comme vu précédemment, la littérature scientifique autour de cette
question provient de différents pays, bien que peu de textes concernent
directement la Suisse ou même l’Europe. L’introduction de l’examen clinique
comme compétence infirmière s’opère cependant au niveau international,
avec une plus grande ancienneté en Amérique du Nord, d’où est issue la
majorité de la littérature et dont la Suisse s’inspire. De ce fait, nous ne
pouvons pas non plus centrer notre question sur le seul contexte suisse,
mais les données recueillies pourront être transférables et fournir des pistes
pour le développement de l’examen clinique infirmier en Suisse, comme nous
l’ont montré les quelques travaux helvétiques que nous avons pu trouver.
4.1.3. Intervention/Intérêt
L’examen clinique est une intervention infirmière et elle se situe au
centre de notre question. La littérature faisant essentiellement référence à
l’examen physique, qui est une partie de l’examen clinique tel que nous
l’avons défini, nous avons décidé de centrer notre problématique sur celui-ci.
En effet, les infirmières pratiquent depuis longtemps l’examen clinique même
si cette compétence n’était pas nommée en tant que telle, tandis que
l’examen physique (incluant l’observation, la palpation, la percussion et
l’auscultation) constitue l’élément nouveau dans l’enseignement et la
pratique infirmière actuellement en Suisse.
4.1.4. Comparaison
Dans la question de départ, il était question d’examen clinique
« multidisciplinaire ». Les infirmières se demandaient s’il était pertinent de
réaliser un examen clinique physique alors que le médecin le réalisait déjà.
La littérature apporte des éléments concernant la comparaison entre les
infirmières et les médecins dans la pratique de l’examen clinique, mais ce
n’est pas le but de notre question. Ce point sera tout de même abordé dans
la réflexion autour de la définition et de la frontière des rôles qui est un sujet
de débat dans la littérature scientifique et à l’origine de la question de
départ. Il s’agit de savoir dans quelle mesure l’examen clinique physique
infirmier représente une expansion ou une extension du rôle infirmier. Est-ce
une nouvelle compétence pour une infirmière autonome? Est-ce une
délégation de la part du médecin? L’examen clinique physique appartient-il
au rôle propre infirmier ou est-ce un rôle médico-délégué? Les implications
sont très différentes selon la réponse à cette question.
4.1.5. Outcomes (résultats)
La question de départ porte sur les bénéfices de l’examen clinique
pour le patient. La recherche de résultats quant à l’efficacité de l’examen
clinique infirmier pour le patient a été à la base de notre recherche dans la
littérature. Or, nous avons constaté qu’elle apporte peu de réponses
concrètes à cette question. En effet, il y a un manque d’études sur le sujet,
et surtout des études méthodologiquement fiables, mais il en existe certaines
ayant mesuré les résultats de la pratique de l’examen clinique par les IPA. Il
est possible d’utiliser ces études, mais il n’est pas sûr que ces résultats soient
transférables aux infirmières de tous les niveaux de formation confondus.
Devant ce constat, nous avons décidé d’élargir davantage la question en
recherchant les bénéfices de l’examen physique infirmier de manière
générale et non uniquement, pour le patient. Nous souhaitions cependant
garder le lien avec le patient dans notre question de recherche, car il est au
centre de notre profession. Nous trouvons ainsi pertinent de replacer la
question de l’évaluation physique dans toute la démarche de soins infirmiers,
l’examen clinique se trouvant à la base de ce processus.
4.1.6. Formulation de la question de recherche
A l’issue de ce travail de lecture et de réflexion, nous arrivons à la
formulation de notre question de recherche : L’intégration de nouvelles
compétences en examen clinique physique dans la pratique infirmière
enrichit-elle la démarche de soins infirmiers ?
Dans le document
L'examen physique dans la pratique infirmière : quels bénéfices ?
(Page 54-58)