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Définition et cadrage du concept, un concept nouveau, une pratique ancienne,

APPROCHE CONCEPTUELLE

1. Définition et cadrage du concept, un concept nouveau, une pratique ancienne,

Concept issu des politiques anglo-saxonnes menées dès les années 1970 dans le but de lutter contre les effets de la crise qui affecte les industries traditionnelles (sidérurgie, exploitation minière, textile, etc.).

La disparition d’une partie de ces activités dans les villes provoque l’apparition de

friches qui s’accompagnent généralement d’une dégradation de l’environnement naturel et bâti du quartier où elles se situent, ainsi que d’une détérioration des conditions

économiques et sociales (diminution des investissements, chômage, précarité).

Cette décadence urbaine (urban decay), ainsi que l’ont nommée certains auteurs anglais dès la fin des années 1960 comme D. F. Medhurst et J. Parry Lewis (1969), entraîne les villes concernées sur la pente du déclin aussi bien physique

qu’économique et social.

Il s’agit alors pour les autorités locales de trouver des solutions capables d’enrayer ce déclin et de rendre à la ville son dynamisme passé.

Les politiques mises en place prennent alors le nom de politiques de renouvellement urbain « urbain renewal » : politiques qui portent tout d’abord sur la réhabilitation du bâti, l’amélioration du cadre physique et de l’environnement (notamment au niveau des friches industrielles), ce qui doit permettre de rendre le secteur concerné plus attractif pour de futurs investisseurs et de nouvelles activités.

Ces opérations physiques s’accompagnent d’interventions économiques (incitations à l’investissement, développement de partenariats) et d’actions sociales visant par exemple à favoriser le retour à l’emploi de la population au chômage.

Plus que la simple reconversion économique d’un secteur en friche, le renouvellement urbain apporte une réponse globale à la crise de la ville industrielle des années 1970-1980.

L’expression renouvellement urbain est entourée aujourd’hui d’une nébuleuse, comme cela arrive pour les termes « à la mode », que l’on utilise trop, de manière galvaudée, à tort et à travers. A.Charre48 souligne l’ambiguïté de cette notion par « La diversité

même des énonciations comme celle de son contenu réel rendent de fait difficiles, et l’approfondissement de ce concept, et la formulation globale des politiques à conduire à son propos. Car il s’agit d’un phénomène global comme en témoigne l’expression américaine « urbain renewal » il est parfois défini comme une nécessité d’action sur des secteurs urbains qui réclament des actions coordonnées, par suite d’évolutions urbaines suscitant des inquiétudes à un titre ou un autre …»

Le renouvellement d’après le Petit Robert, est le « remplacement de choses, de gens, par d’autres semblables ». C’est aussi le « changement complet des formes qui crée un état nouveau », ainsi que la remise en vigueur dans les mêmes conditions. .

On oscille donc toujours, avec l’idée de renouvellement, entre un pareil réactivé et un changement radical. Le préfixe re- montre que l’on a affaire à des sites où l’on refait la ville sur la ville, le renouvellement s’apparente alors aux notions de régénération, restructuration urbaine ; le renouvellement contient les deux notions de réhabilitation et de rénovation qui ont des définitions plus précises en terme d’action sur la ville. Dans tous les cas, on a bien l’idée de mutations urbaines qui participent de la production de la ville, et de sa reproduction, ce mode s’opposant au mécanisme d’expansion urbaine et ses dérives (étalement urbain,…).

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A.CHARRE les nouvelles conditions du projet urbain « critique et méthodes » Editions, Mardaga -France 2001 - page 67.

Si le terme, très en vogue, vient en quelque sorte requalifier aujourd’hui une politique de la ville déjà en place depuis plusieurs années, l’utilisation de la notion de

renouvellement urbain marque aussi une volonté plus forte de restructurer la ville, de maîtriser son développement, de la recentrer sur elle-même et de l’insérer dans les problématiques du développement durable.

Il s'agit en fait, de rompre avec une pratique antérieure ancienne, ancrée dans les habitudes urbanistiques, qui consistait à créer, en dehors du territoire déjà urbanisé de la ville, les ensembles de construction dont avait besoin sa croissance, tant pour l'habitat que pour les activités.

Ainsi, et face à l’étalement urbain, et aux nécessités environnementales, sociétales et économiques du développement durable, reconstruire la ville sur elle-même, sans consommer de nouveaux terrains vierges est devenu incontournable. Le

renouvellement urbain tente de faire face à ce problème en densifiant le tissu urbain existant. La ville de demain doit évoluer sur elle-même et sa croissance se fera par mutation du tissu urbain.

Par définition, le renouvellement urbain est une forme d'évolution de la ville. C'est une notion large qui désigne une action de reconstruction de la ville sur elle-même. Cela permet en particulier de se pencher sur les divers dysfonctionnements des quartiers anciens. C'est un outil privilégié de lutte contre la paupérisation, contrel'habitat indigne, les « villes dortoirs » et la ségrégation sociale. Dans ce contexte, le renouvellement urbain se définit comme « un nouveau mode de développement et de fonctionnement de la ville visant à économiser les espaces et l’énergie, à régénérer les territoires urbains dégradés et à accroître la mixité sociale (Jegouzo, 2001, p.12)49.

En somme, Le renouvellement urbain est, dans le domaine de l’urbanisme opérationnel, une forme d'évolution de la ville qui désigne l'action de reconstruction de la ville sur elle-même et de recyclage de son bâti. Il vise en particulier à traiter les problèmes sociaux, économiques, urbanistiques, architecturaux de certains quartiers anciens ou dégradés,

49

Jegouzo Yves (2001) La loi SRU. Dossier in L’actualité juridique - droit administratif, 20 janvier 2001, p. 9-17

ainsi qu’à susciter de nouvelles dynamiques de développement notamment

économiques, et à développer les solidarités à l'échelle de l'agglomération (meilleure répartition des populations défavorisées, au travers de l’habitat social notamment). C'est un outil privilégié de lutte contre la paupérisation, contre l'habitat indigne et, et la ségrégation sociale et spatiale (pour faire face au risque de le gentrification) au sein des agglomérations.

Cette activité de renouvellement urbain, ancienne et d’intensité variable, a également connu des modalités différentes de mise en oeuvre au cours du temps. À ce titre, on peut distinguer deux formules principales qui coexistent encore aujourd’hui: le

renouvellement spontané (la formule la plus ancienne) et le renouvellement planifié.

1.1. Le renouvellement urbain spontané, d’initiative privée,

En terme d’action sur la ville, le renouvellement urbain n’est pas nouveau : la restructuration de la ville sur elle-même est un phénomène « naturel » qui s’opère depuis toujours dans la constitution de la ville. On a toujours démoli pour mieux reconstruire. Certaines périodes de l’histoire ont été effacées par le mécanisme de destruction des monuments et de reconstruction. Bien souvent en se servant des fondations, ou en utilisant des matériaux récupérés, niant d’ailleurs toute notion de patrimoine.

Le renouvellement est donc l’un des deux modes de la production de la ville, avec l’étalement urbain. Jusqu’au XIXème Siècle, la ville se construisait par l’initiative privée dans une logique de marché qui n’était soumise à aucun droit. Le droit de l’urbanisme et plus globalement l’intervention de l’acteur public (urbanisme opérationnel) dans l’aménagement de la ville remonte à la fin du XIXème Siècle notamment pour des objectifs de salubrité et de sécurité (Haussmann à Paris).

Ainsi l’acteur privé est celui dont l’action sur la ville est la plus ancienne et même le plus courant de la construction et de l’aménagement d’une ville.

Par conséquent il existe bien un renouvellement de la ville qui est spontané et se fait par le libre jeu du marché.

1.2 Le renouvellement planifié, d’initiative généralement publique,

Son action est généralement concentrée sur un espace circonscrit, ou encore d’initiative publique car il a lieu dans le cadre d‘opérations planifiées d’aménagement.

On observe ici une forme de renouvellement bien plus récente que le renouvellement diffus. En effet, les procédures planifiées de renouvellement n’existaient pas aux époques antérieures.

Pour exemple, en France, le renouvellement planifié trouve ses racines les plus

profondes dans le fameux édit de 1607, plus précisément dans son article 05 instituant les plans d’alignement, et donnait à l’administration le pouvoir théorique de contraindre les particuliers à respecter ces plans, empêchant les empiétements sur la voie publique de façon à faciliter la circulation.

En fait, C’est le Préfet Haussmann qui a mis au point la formule du renouvellement planifié la plus efficace, en le concevant comme une opération d’urbanisme complète50, associant un véritable remembrement urbain à une opération de démolition et de

reconstruction : la réalisation des percées intégrait en effet la maîtrise foncière d’un secteur, son dégagement, sa viabilisation, et finalement sa reconstruction en accord avec un plan d’ensemble.

D’autres opérations urbanistiques ont par la suite perpétué ces premières expériences de renouvellement urbain planifié, notamment à l’occasion d’opérations de percées qui se sont réalisées dans des villes de province, ou dans d’autres villes du monde

(Bruxelles, Mexico, Barcelone, ...). Mais toutes ces opérations ne correspondent qu’à des répliques, dans l’ensemble, elles se contentent de suivre l’exemple parisien et la méthode des percées de Haussmann.

50

Il s’agit des célèbres opérations de Haussmann menées à Paris à partir de 1852, qui seront imitées dans le monde entier et donneront à la capitale son aspect actuel.