• Aucun résultat trouvé

Définition et épidémiologie

Dans le document en fr (Page 53-56)

Partie II : La dermatite allergique de contact aux fragrances

1. Définition et épidémiologie

Les substances parfumantes, ou fragrances, sont des composés organiques ayant une odeur plaisante, qui peuvent provenir de sources naturelles ou être le résultat d’une synthèse chimique. De nombreux cas d’allergies de contact aux substances parfumantes ont été recensés et la prévalence estimée dans la population générale est de 1,7 à 4,1% (Johansen, 2003; Schnuch et al., 2002). Il est difficile pour les patients allergiques d’éviter leur contact car ces substances sont omniprésentes dans les produits du quotidien. Elles sont utilisées dans les parfums et les biens de consommation parfumés tels que les détergents et autres produits à usage domestique, mais aussi dans les produits cosmétiques.

Un produit cosmétique est défini comme étant : toute substance ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles (European Commission, 1976).

Il est possible que la sévérité et la fréquence de l’allergie de contact décroissent si le contact avec l’allergène est réduit ou évité. Le consommateur doit connaître avec exactitude le contenu des produits cosmétiques afin d’éviter l’utilisation de substances auxquelles il est allergique.

Jusqu’en 2003, les parfums et les composés aromatiques des produits cosmétiques, alors régis par la directive 76/768/EEC, pouvaient être référés par les termes « parfums » et « arômes », sans fournir d’information sur leur composition exacte. C’est la raison pour laquelle en 1999, le SSCPNFP (Scientific Committee on Cosmetic Products and Non-food products) a identifié 26 fragrances allergéniques dont la présence dans les produits cosmétiques doit être indiquée aux consommateurs. Ces 26 substances ont été introduites dans l’annexe III du septième amendement de la directive cosmétique (2003/15/EC). Elles doivent être inscrites sur le packaging des produits si leur concentration est supérieure à 10 ppm dans les produits non rincés et à 100 ppm dans les produits rincés (Tableau 3) (European Commission, 1976).

Introduction – Partie II : La dermatite allergique de contact aux fragrances

I

56

Tableau 3. Liste des vingt-six allergènes qui sont spécifiés sur l'emballage des produits cosmétiques D’après le septième amendement de la directive européenne des produits cosmétiques. Liste A : fragrances qui sont les plus fréquemment reportées dans la littérature

Nom INCI Numéro CAS

Amyl cinnamal 122-40-7 Amylcinnamyl alcohol 101-85-9 Benzyl alcohol 100-51-6 Benzyl salicylate 118-58-1 Cinnamyl alcohol 104-54-1 Cinnamal 104-55-2 Citral 5392-40-5 Coumarin 91-64-5 Eugenol 97-53-0 Geraniol 106-24-1 Hydroxycitronellal 107-75-5 Hydroxymethylpentyl-cyclohexenecarboxaldehyde 31906-04-4 Isoeugenol 97-54-1

Liste B : fragrances qui sont moins fréquemment reportées

Nom INCI Numéro CAS

Anisyl alcohol 105-13-5 Farnesol 4602-84-0 Benzyl benzoate 120-51-4 Hexyl cinnamaldehyde 101-86-0 Benzyl cinnamate 103-41-3 Linalool 78-70-6 Citronellol 106-22-9

Methyl heptine carbonate 111-12-6

Lilial 80-54-6

d-Limonene 5989-27-5

3-Methyl-4-(2,6,6-trimethyl-2-cyclohexen-1-yl)-3-buten-2-one 127-51-5 Liste C : fragrances rajoutées

Nom INCI Numéro CAS

Oak moss 90028-68-5

Tree moss 90028-67-4

Dans le but de diagnostiquer les patients potentiellement allergiques, il existe des tests épicutanés ou « patch test ». Ces tests permettent de reproduire la lésion en appliquant diverses molécules suspectées de provoquer une allergie chez le patient. Pour tester les allergies aux fragrances, plusieurs mélanges sont utilisés :

o le premier est appelé « fragrance mix I », c’est le mélange le plus relevant pour le le diagnostic des allergies aux substances parfumantes (Mortz and Andersen, 2010). Il contient 1 % de

Introduction – Partie II : La dermatite allergique de contact aux fragrances

I

57

chacune des substances suivantes : amyl cinnamal, cinnamyl alcohol, hydroxycitronellal, geraniol, eugenol, isoeugenol et extrait de mousse de chêne. La prévalence estimée pour ce mélange dans la population générale est de 7,2 % à 11,5 %.

o le deuxième mélange de fragrances ou « fragrance mix II » inclut 6 fragrances : lyral, citral, farnesol, hexyl cinnamic aldehyde, coumarin et citronellol (Krautheim et al., 2010). Sa prévalence est de 5% dans la population générale et il est considéré comme le deuxième marqueur pour la détection des allergies aux fragrances. Le lyral est un allergène très commun en Europe, avec une prévalence estimée de 1 % à 3 %. En 2003, la législation a limité sa concentration maximale dans les cosmétiques à 1,5 % (Braendstrup and Johansen, 2008) et dès lors, une diminution de la sensibilisation a été observée (Schnuch et al., 2012).

o le baume du Pérou est également un marqueur pour la détection des allergies aux fragrances. Il s’agit d’une résine naturelle extraite de l’arbre myroxylon pereirae. Il contient approximativement 250 substances chimiques différentes, la plupart étant non identifiées. Certaines de ces substances sont des fragrances telles que l’alcool cinnamique, le CinA, l’eugenol et l’isoeugenol. Il est positif chez environ 50 % des patients suspectés d’être allergiques aux substances parfumantes (Eguino et al., 2006).

Une étude menée en 2013 et 2014 sur plus de 30 000 patients allergiques dans près de 12 pays européens a montré que la prévalence pour les fragrances restait inchangée depuis 2004 (Uter et al., 2017). Pour les fragrances mix I, II et le baume du Pérou, la prévalence est de 7,3 %, 3,8 % et 5,3 % respectivement. Les fragrances ont longtemps été considérées comme les premières causes d’allergie aux produits cosmétiques. Mais les cas d’allergie aux conservateurs ont considérablement augmenté ces dernières années, passant de 1,7 % en 1996 à 11 % en 2013, ce qui classe maintenant les fragrances à la deuxième position.

Cette augmentation de cas d’allergie aux conservateurs peut s’expliquer entre autres par la haute fréquence de tests positifs à la methylisothiazolinone, utilisée dans les produits cosmétiques, dont la prévalence est passée de 3,5 % en 2012 à 8,8 % en 2013 (Zaragoza-Ninet et al., 2016).

En comparaison, les allergies de contact aux métaux tels que le nickel, le cobalt et le chrome semblent stables avec 18,1 %, 5,9 % et 3,2 % respectivement et le nickel reste la première cause d’allergie de contact en Europe (Uter et al., 2017).

Introduction – Partie II : La dermatite allergique de contact aux fragrances

I

58

Dans le document en fr (Page 53-56)

Documents relatifs