Chapitre 1 : État de l’art
3.5 Influence de la taille et du taux de ligand sur les propriétés magnétiques
3.5.1 Cycles d’aimantation en fonction du champ
Les cycles d’aimantation en fonction du champ pour quatre échantillons RMx-MAy (x = 1, 8 ;
y = 0, 900 s) sont présentés à titre d’exemple en figure III.18.A. Les tailles moyennes, taux de
ligand et aimantations à saturation de ces NPs@Cit sont donnés dans le tableau III.13.
Chapitre 3 : Synthèse et fonctionnalisation de nanoparticules d’oxyde de fer fonctionnalisées par des
ligands citrates (NPs@Cit)
__________________________________________________________________________________
_________________________
117
Figure III.18 : A) Cycles d’aimantation en fonction du champ magnétique à température ambiante pour 4
échantillons RMx-MAy (avec x = 1, 8 et y = 0s, 900s). B) Exemple de cycle d’aimantation à 4K sur l’échantillon
RM1-MA900 refroidi avec ou sans champ de 4 Tesla appliqué.
Échantillon Taille moyenne
MET (nm) ±
écart-type (nm)
Pourcentage
massique de ligand
(%wt)
Aimantation à
saturation (emu/g)
RM8-MA900 11,4 ± 2,3 4,0 ± 0,5 69 ± 1
RM1-MA900 10,9 ± 2,0 15,0 ± 0,5 48 ± 1
RM8-MA0 4,5 ± 0,6 13,5 ± 0,5 35 ± 1
RM1-MA0 4,2 ± 0,6 38,0 ± 0,5 8 ± 1
Tableau III.13 : Tailles, taux de ligand et aimantations à saturation des 4 échantillons donnés à titre d’exemple sur la
figure III.18.A.
L’aimantation à saturation diminue avec la taille des NPs@Cit lorsque celles-ci présentent des
taux de ligand comparables comme entre RM1-MA900 et RM8-MA0 (tableau III.13). D’autre
part, pour des tailles moyennes comparables, l’aimantation à saturation diminue cette fois
avec l’augmentation du taux de ligand dans l’échantillon comme c’est le cas entre
RM8-MA900 et RM1-RM8-MA900 ou encore entre RM8-MA0 et RM1-MA0.
Nous pouvons avancer, via ces exemples de cycles d’aimantation, que deux facteurs semblent
influencer l’aimantation à saturation des NPs@Cit : la taille moyenne et le taux de ligand.
D’autre part, les courbes ne présentent pas d’ouverture de cycle induisant une aimantation
rémanente et un champ coercitif nul comme ce fut le cas de toutes les NPs@Cit synthétisées.
De la même façon que pour les NPs de référence, des mesures d’aimantation en fonction du
champ à basse température ont été réalisées sur des échantillons refroidis avec ou sans champ
de 75 Oe appliqué. Le but de ces mesures était comme précédemment de mettre en évidence
-40000-30000-20000-10000 0 10000 20000 30000 40000
-80
-70
-60
-50
-40
-30
-20
-100
10
20
30
40
50
60
70
80
Champ magnétique (Oe)
A
im
a
n
ta
ti
o
n
(
e
m
u
/g
)
MR8-MA900
MR1-MA900
MR8-MA0
MR1-MA0
-1000 -800 -600 -400 -200 0 200 400 600 800 1000
-30
-20
-10
0
10
20
30
+ 194 Oe
- 194 Oe
M vs H. 4K 0 Tesla
M vs H. 4K 4 Tesla
Champ magnétique (Oe)
Aim
ant
at
ion
(em
u/g)
Champ magnétique (Oe)
Ai
m
ant
ati
on
(e
mu/
g)
A) B)
Chapitre 3 : Synthèse et fonctionnalisation de nanoparticules d’oxyde de fer fonctionnalisées par des
ligands citrates (NPs@Cit)
__________________________________________________________________________________
_________________________
118
une éventuelle structure cœur-coquille des NPs et donc d’un canting de spin entre le cœur et
la coquille qui se traduit, d’après la littérature, par un décalage dans la direction contraire au
champ appliqué du cycle d’hystérèse de l’échantillon refroidi sous ce champ.
L’exemple présenté figure III.18.B pour l’échantillon RM1-MA900 montre une absence totale
de décalage du cycle d’aimantation en fonction du champ pour l’échantillon refroidi sous un
champ magnétique de 75 Oe. Ce cycle est en effet parfaitement symétrique autour de l’origine
et totalement superposable avec le cycle de l’échantillon refroidi sans champ magnétique
appliqué. Il n’y a donc pas de structure cœur coquille pour cet échantillon. Sur toutes les
mesures similaires effectuées sur d’autres échantillons au cours de ce travail, ce type de
structure n’a d’ailleurs jamais été observé.
Nous ne pouvons pas présenter ici tous les cycles d’aimantation mesurés. Cependant, la
totalité des valeurs d’aimantation à saturation des échantillons peut être consultée dans le
tableau A.1 présenté en annexe 2.
Pour avoir une idée des résultats sur l’ensemble des échantillons, deux représentations
graphiques des aimantations à saturation sont proposées (figure III.19) en fonction de la taille
moyenne des NPs mesurée par MET et du taux de ligand.
Figure III.19 : A) Représentation des aimantations à saturation des échantillons synthétisés en fonction du diamètre
moyen des NPs@Cit et B) représentation des aimantations à saturation des échantillons synthétisés en fonction du
pourcentage massique de ligand dans l’échantillon. Les points de données rouges sur le deuxième graphique
correspondent aux échantillons dont le diamètre moyen est inférieur à 6 nm.
Globalement, l’aimantation à saturation (ou à 4 Tesla si la saturation n’est pas atteinte) tend à
augmenter rapidement avec la taille des NPs@Cit de 4 à 8 nm en passant d’une aimantation
très faible de l’ordre de 10 ± 5 emu/g pour les plus petites nanoparticules à une aimantation
Chapitre 3 : Synthèse et fonctionnalisation de nanoparticules d’oxyde de fer fonctionnalisées par des
ligands citrates (NPs@Cit)
__________________________________________________________________________________
_________________________
119
qui se stabilise aux alentours de 70 ± 5 emu/g pour des tailles supérieures à 8 nm (figure
III.19.A).
Celle-ci reste ensuite constante autour de cette valeur moyenne de 70 ± 5 emu/g pour
l’ensemble des NPs de 8 à 14 nm de diamètre. Ces valeurs d’aimantation à saturation sont
cohérentes avec les données de la littérature pour des nanoparticules d’oxyde de fer de
diamètre moyen équivalent et fonctionnalisées par des ligands organiques (tableau Annexe
3)26–29.
Par ailleurs, la diminution de l’aimantation à saturation est directement corrélée à
l’augmentation du pourcentage de masse de ligand (figure III.19.B). Cette variation est
d’autant plus marquée que la taille moyenne des NPs@Cit est faible. En effet, la baisse de
l’aimantation à saturation peut être expliquée par deux principaux effets:
- La rupture de la symétrie cristalline en surface des nanoparticules réoriente la direction des
spins magnétiques des atomes de fer de l’extrême surface de manière perpendiculaire à
l’interface induisant l’anisotropie magnétique de surface. Ces atomes ne participent donc plus
à l’aimantation globale des nanoparticules ce qui entraîne la création d’une couche morte en
terme de magnétisme et diminue l’aimantation à saturation mesurée. Cet effet est
particulièrement visible pour des nanoparticules très petites où le rapport surface/volume est
le plus élevé.
- Par ailleurs, d’après R.Sondjaja et coll.30, la diminution de l’aimantation à saturation pourrait
également s’expliquer par les interactions magnétiques dipolaires qui se créent entre les
molécules de ligand organique et les atomes de l’extrême surface des nanoparticules. Comme
les spins magnétiques des atomes de surface sont orientés par la liaison chimique entre le
ligand et la nanoparticule, ils ne participent plus à l’aimantation à saturation des
nanoparticules. Le rapport surface/volume étant plus important pour des petites
nanoparticules, ces dernières sont d’autant plus affectées par cet effet.
Dans le document
Synthèse et caractérisation de nanomatériaux hybrides innovants pour le biomédical
(Page 126-129)