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diversité génétique complexe

B. La biologie de Blastocystis sp. 1Un organisme polymorphe 1Un organisme polymorphe

B.2 Cycle de vie et mode de contamination

B.2.1 Un cycle de vie encore hypothétique

De nombreux cycles de développement, parfois contradictoires, ont été proposés pour Blastocystis sp. (Boreham and Stenzel, 1993b; Singh et al., 1995; Stenzel and Boreham, 1996; Tan, 2004, , 2008). Les raisons principales de ces discordances proviennent essentiellement de la nature pléiomorphe de ce parasite, de l’absence de modèles animaux

Figure 11. Cycle de développement de Blastocystis sp. proposé par Tan, 2004.

L’infection est initiée lorsque le kyste de Blastocystis sp. est ingéré par un hôte (humain ou animal). Le kyste se développe alors en formes vacuolaires dans l’intestin, qui vont se multiplier par fission binaire. Certaines formes vacuolaires vont ensuite redonner des kystes qui seront disséminés dans l’environnement par l’intermédiaire des fèces, et pourront contaminer un nouvel hôte (ou le même) par une transmission de type oro-fécale. Le développement des autres formes étant peu connu, celles-ci sont représentées par des flèches en pointillés.

Figure 12. Cycle de développement de Blastocystis sp. revisité par Tan, 2008.

Ce cycle de développement fait intervenir l’existence de sous-types zoonotiques, suggérant que l’homme peut être potentiellement infecté par au moins 7 sous-types, et que certains animaux peuvent représenter d’importants réservoirs de contamination. Le sous-type 3 (ST3) semble être le seul uniquement retrouvé chez l’homme.

Page | 21 propices à la vérification du postulat de Koch, mais également de la conviction que

Blastocystis sp. utilise plusieurs modes de reproduction (Govind et al., 2002; Singh et al.,

1995; Zhang et al., 2007). Ainsi, il a été proposé que cet organisme pourrait se diviser par schizogonie (Singh et al., 1995), plasmotomie (Tan and Suresh, 2007), ou endodyogénie (Zhang et al., 2007). Pour certains chercheurs, l’observation de ces modes de reproduction n’est qu’artéfactuelle, et n’est due qu’au caractère pléiomorphe de cet organisme (Tan, 2008). A l’heure actuelle, en l’absence de preuve prouvant de manière certaine l’existence in

vivo de ces modes de division, seule la fission binaire, qui est régulièrement observée dans

les selles, est acceptée.

Les études menées sur l’observation et les mécanismes de différenciation de certaines formes morphologiques de Blastocystis sp. ont fourni d’importantes données sur la compréhension du cycle de développement de ce parasite. Ainsi, le cycle de vie proposé par Tan (2004), postule que l’infection est initiée lorsque le kyste de Blastocystis sp. est ingéré par un hôte, humain ou animal. Le kyste ainsi ingéré se développe alors en formes vacuolaires, au niveau de l’intestin, qui vont ensuite se diviser par fission binaire. Certaines formes vacuolaires vont s’enkyster, conduisant à l’apparition de kystes dans les selles, qui pourront à leur tour contaminer un nouvel hôte, voir le même hôte (Figure 11) (Tan, 2004). Le rôle exact des formes amiboïdes et granulaires n’est pas clairement élucidé, celles-ci n’apparaissent pas de manière active dans le cycle de développement proposé. Plus récemment, Tan (2008) décide de réaliser une mise à jour de ce cycle, en incluant les données liées aux sous-typages de Blastocystis sp., et à leur éventuelle spécificité d’hôte(s) (Figure 12). Ce nouveau cycle prend de surcroît en considération l’aspect zoonotique de la plupart des sous-types rencontrés chez l’homme, certaines groupes d’animaux pouvant constituer un important réservoir de contamination (Tan, 2008).

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B.2.2 L’eau comme source de contamination

Les informations apportées au mode de contamination par Blastocystis sp., qui serait de type oro-fécale (Yoshikawa et al., 2004c), couplées au caractère résistant de la forme kystique dans l’eau (Moe et al., 1996), ont conduit certaines équipes de recherche à prendre en considération l’hypothèse selon laquelle la prévalence observée pour certaines populations ou certains pays, pourrait être liée à la consommation d’eau contaminée, ou à la proximité avec des animaux tels que le porc (Banaticla and Rivera, 2011; Eroglu and Koltas, 2010; Leelayoova et al., 2008; Li et al., 2007b; Navarrete and Torres, 1994; O'Gorman et al., 1993; Taamasri et al., 2000; Torres et al., 1992; Zaman et al., 1994).

Dans une analyse réalisée à partir d’une population composée de soldats de l’armée thaïlandaise et de leur famille, Taamasri et collaborateurs (2000) constatent que Blastocystis sp. est le parasite le plus fréquemment rencontré dans les selles de ces personnes, avec une prévalence supérieure à 20% (Taamasri et al., 2000). De manière significative, les auteurs relient cette forte prévalence avec la consommation d’eau non filtrée ou non stérilisée, potentiellement contaminée par des kystes de Blastocystis sp.

Le manque d’hygiène, de structures sanitaires, et l’absence complète de systèmes de purification de l’eau de boisson sont également des facteurs favorisant la contamination par

Blastocystis sp. Malheureusement, certains pays en développement n’ont pas les moyens

pour satisfaire ces exigences en matière d’hygiène, expliquant la forte prévalence de ce parasite. Ainsi, dans le cadre d’une analyse coprologique réalisée sur une population d’enfants au Chili (sur la côte de la province de Valdivia), Blastocystis sp. est le protozoaire intestinal le plus représenté (29,4%). Cette forte prévalence est intimement liée au caractère oro-fécal de la contamination. En effet, l’environnement dans lequel vivent ces enfants est totalement dépourvu de structures sanitaires, et comporte un péril fécal important du fait de la contamination fécale de la rivière Valdivia (Navarrete and Torres, 1994).

Page | 23 Il est important de noter qu’en 2006, Bastocystis sp. a été ajouté par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans les protocoles de recherche de parasites pour la vérification de la qualité de l’eau de boisson (http://www.who.int/water_sanitation_health/ gdwqrevision/blastocystis/en/), montrant l’intérêt croissant de ce parasite vis-à-vis des problèmes de santé publique qui pourraient apparaître.