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Le cycle traditionnel de culture

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1930 à 1945 (Page 52-56)

Les modalités de la culture traditionnelle du maïs pratiquée en Béarn sont exposées par Hubert de Baillenx lors du congrès international du maïs de 193040.

Elles caractérisent un processus de production exigeant en Main d’œuvre.

A-1 Assolement

On pratique en Béarn un assolement biennal ou triennal.

L’assolement biennal permet d’alterner les cultures blé et maïs. L’assolement triennal fait se succéder maïs, blé et trèfle. On pratique aussi une variance en quatre soles, dans les riches terres des vallées : Le maïs revient alors deux fois consécutivement.

Mais sur les terrains les plus favorables, la céréale peut être cultivée jusqu’à cinq ou six ans de suite.

A-2 La fumure

En Béarn, on emploie le fumier seul, ou fumier et supers, ou sidération et supers. Les agriculteurs les plus avancés font des ajouts de potasse et d’engrais azotés aux formules précédentes.

Un chaulage est nécessaire tous les quatre ou cinq ans car les terrains locaux sont dépourvus de chaux.

40 Comptes rendus du premier congrès international du maïs à Pau, en 1930, Compagnie des

A-3 La préparation du sol

Cette opération doit retenir toute l’attention de l’agriculteur car le maïs demande des labours très profonds, la terre doit être rendue très meuble par des hersages répétés. Les mottes doivent être bien réduites, la terre bien assise.

Quelques coups de rouleau suffisent généralement dans les plaines pour asseoir le sol. En revanche, dans les terres lourdes et compactes, il faut faire précéder la préparation du sol par celle du sous-sol. L’opération s’effectue au moyen d’un brabant fouilleur ou d’une fouilleuse.

A-4 Les semis

Ils se font en Béarn du 20 avril au 1er juin. Ils se pratiquent de trois façons :

1°) à la main et au carré, à soixante centimètres en tous sens ; 2°) au semoir au carré, à soixante centimètres ;

3°) au semoir en ligne, avec écartement de soixante centimètres. Le semi à la main est exigeant en main d’œuvre.

Au préalable, la semence a été sélectionnée en retenant les plus beaux grains des plus beaux épis de la récolte passée.

A-5 Les soins aux jeunes plants

Le grain en terre met six à douze jours à germer. Un hersage léger peut être nécessaire en cas de pluies violentes.

Dès que les jeunes plants ont atteint huit à dix centimètres, un premier binage est effectué dans le sens de la longueur. Dix à douze jours après, on procède à un second binage, un peu plus profond.

Aussitôt après viennent l’éclaircissage et le sarclage. L’éclaircissage se fait en arrachant à la main ou à la binette les pieds qui doivent être supprimés.

On élimine l’herbe que la houe n’a pu atteindre, on ameublit le terrain autour des pieds.

Il faut ensuite attendre que les plants parviennent à une hauteur de soixante-dix à quatre-vingts centimètres.

On donne alors un troisième coup de houe dans le sens de la longueur, et on butte aussitôt après.

Le buttage donne de la résistance aux plants et permet d’éviter la verse en cas de vent violent.

Ces façons successives s’achèvent au début du mois de juillet.

A-6 La fécondation et l’arrivée des épis

Au 15 août, le maïs a atteint sa taille maximale, entre 1,5 et 3 mètres. Les fleurs mâles et femelles apparaissent, la fécondation se produit et engendre les épis dont le nombre varie de un à trois.

A-7 Écimage et effeuillage

La plante commence alors à flétrir par la cime, qui se dessèche, alors que l’épi est bien formé.

L’écimage consiste à supprimer la partie de la tige située au- dessus du nœud suivant l’épi le plus haut. Les cimes procurent du fourrage pour les animaux, mais il est de qualité médiocre et doit être associé à du fourrage vert ou du bon foin.

Certains agriculteurs pratiquent l’effeuillage des pieds. Cependant, cette opération a tendance à nuire au développement de l’épi. C’est aussi le cas de l’écimage.

A-8 Les ennemis de la plante

Le maïs a de nombreux ennemis susceptibles de l’attaquer tout au long de sa croissance, en particulier les chenilles et les vers.

Les agriculteurs disposent de peu de moyens pour faire face à tous les nuisibles. Une chenille est particulièrement redoutée, il s’agit de la pyrale qui s’introduit dans les tiges et les ronge intérieurement.

Des vers, tels que le vers blanc, la courtillère, le taupin, sévissent également. La chlorose, le charbon peuvent également atteindre la plante.

A-9 La récolte

Le maïs atteint sa maturité entre le 20 septembre et le 15 octobre. Il faut alors procéder à la récolte. Les épis sont détachés des tiges à la main, avec leurs spathes, et transportés en bout de champ au moyen de paniers pour être déversés dans un char.

Le char, tiré par des bœufs, transporte les maïs jusqu’à la grange dans laquelle ils sont déversés.

A-10 Le dépouillage

Il faut ensuite séparer l’épi de ses spathes. C’est un travail qui se fait en groupe, à la grange, dans le cadre de veillées auxquelles sont conviés les parents, les amis, les voisins (cf. L’« espérouquère » annexe 8).

Les travailleurs dégagent les spathes à l’aide d’un poinçon de bois ou de fer relié au poignet de la main droite par un cordon. Puis ils jettent l’épi par-dessus leur épaule, pour former un tas.

Les épis sont transportés en suivant au grenier, dans des sacs portés par les hommes sur le dos, et déversés à même le plancher.

Il peut arriver d’en trouver suspendus au plafond de la cuisine.

A-11 Le séchage et la conservation

Il y a lieu par la suite de remuer le tas d’épis assez souvent, surtout au début, pour empêcher la moisissure de s’attaquer au grain. Certains greniers sont toutefois équipés d’un plancher à claire- voie, constitué de lattes de sept à huit centimètres de largeur et espacées de trois à quatre centimètres.

L’air peut ainsi circuler au-dessus et au-dessous du plancher, produisant une parfaite aération qui permet une dessiccation régulière et une bonne conservation.

A-12 L’égrenage

Il reste à détacher les grains de l’épi. L’égrenage traditionnel se fait à la main, par frottement de l’épi contre une queue de poêle, ou une lime ou autre objet équivalent.

D’autres régions peuvent utiliser des procédés sensiblement différents.

L’égrenage se fait au fur et à mesure des besoins de la ferme, pour l’alimentation des animaux ou au moment de la vente, pour l’écoulement des surplus.

Le cycle de la production traditionnelle pèse donc lourdement sur les prix de revient.

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1930 à 1945 (Page 52-56)