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CULTURELLE COMME OUTIL DE MISE EN VISIBILITÉ

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i les sélections bibliographiques demeurent une pratique courante dans les bibliothèques françaises, elles prennent aujourd’hui place aux côtés d’autres formes de mise en valeur qui s’inscrivent dans une politique plus large d’action culturelle. Celles-ci ont longtemps été l’apa- nage des sections jeunesse, pionnières en la matière avec des « heures du conte » (proposées déjà dans les toutes premières bibliothèques enfan- tines des années 1920) et différents ateliers organisés pour les enfants, notamment dans le cadre des partenariats avec les établissements sco- laires ou, plus récemment, avec les services de la Protection maternelle et infantile (PMI)1. Jusqu’aux années 1970, les sections adultes concentraient

plutôt leur énergie sur leurs collections, se préoccupant de les enrichir, de les mettre à disposition et de les faire connaître. L’idée de conduire des politiques d’action culturelle en bibliothèque de lecture publique est née d’une volonté d’élargir les publics : la simple mise à disposition des collections, y compris en section adulte, s’avère insuffisante pour toucher les publics les plus spontanément éloignés du livre et les mouvements d’éducation populaire et de démocratisation culturelle soulignent la fonc- tion essentielle de l’action culturelle dans le rôle que les institutions sont susceptibles de jouer dans la cité2.

Alors que, comme l’a montré Bernadette Seibel, l’animation dans les sections adultes des bibliothèques n’en était encore qu’à ses prémices à la fin des années 19703, l’action culturelle s’est peu à peu imposée au fur et

à mesure que les bibliothèques devenaient plus nombreuses, plus riches et plus visibles, avec la construction de grandes médiathèques modernes. Elle est devenue une pratique commune qui fait aujourd’hui l’objet de

1. Evelyne Cévin (dir.), Conte en bibliothèque, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2005 (coll. Bibliothèques)  ; Dominique Alamichel, La bibliothécaire jeunesse, une intervenante culturelle  : 60 animations pour les enfants de 18 mois à 11 ans, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2011 (coll. Bibliothèques).

2. Francis Jeanson, L’action culturelle dans la cité, Paris, Seuil, 1973.

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journées de réflexion4, de formations professionnelles et de manuels.

Cette mise sur l’agenda renvoie à un changement de perspective des poli- tiques culturelles5. L’observation des formes d’action culturelle proposées

témoigne d’un glissement de la valorisation des collections, c’est-à-dire de types de valorisation étroitement liés aux fonds des bibliothèques, à d’autres modes d’action culturelle6 et de communication visant la valori-

sation de l’établissement lui-même7.

L’action culturelle offre de fait tout un éventail de possibilités, qui corres- pondent à des logiques différentes. Il est possible de les classifier selon leur durée, en opposant les actions au long cours aux événements éphémères, ou selon leur ampleur, en considérant d’une part, les actions mises en place par des établissements particuliers et peu médiatisées hors de leurs murs, et d’autre part, les actions mobilisant plusieurs bibliothèques d’un réseau, voire le réseau dans son ensemble, et bénéficiant d’une médiatisation plus importante. Les animations peuvent aussi s’analyser en termes de disposi- tifs, d’objets et/ou de publics visés ou touchés : plus ou moins verticales ou participatives, elles s’adressent, par leur forme et par leur contenu, à des publics différents, sans que cela soit toujours explicitement pensé.

LECTEURS CRITIQUES

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Les formes d’action culturelle les plus immédiatement reliées au livre sont celles du club de lecture et du prix littéraire, associé ou non à un ou des clubs

4. On peut citer par exemple : Bibliothèque publique d’information (dir.), Animation et bibliothèque : hasards ou nécessité ?, Synthèse du colloque organisé par la Bibliothèque publique d’information, au Centre Georges-Pompidou, les 3 et 4 avril 1995, Paris, Bibliothèque publique d’information – Centre Pompidou, 1996 (coll. La Bpi en actes) ; Thierry Delcourt, Vincent Poussou, Yolande Bacot, Exposer, éditer, rencontrer en bibliothèque : valorisation et action culturelle en bibliothèque, Journée du 3 décembre 2004, Bibliothèque nationale de France [prod.], 2004.

5. La parution du rapport sur la lecture publique au début du premier septennat de François Mit- terrand est ainsi évoquée par Livres Hebdo sous le titre «  Rapport Pingaud-Barreau  : l’action culturelle en faveur des livres » (Livres Hebdo, février 1982, n° 7).

6. Viviane Cabannes, Martine Poulain et Jacques Perret (dir.), L’action culturelle en bibliothèque, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 1998 (coll. Bibliothèques)  ; Bernard Huchet et Em- manuèle Payen (dir.), L’action culturelle en bibliothèque, Paris, Éditions du Cercle de la Librai- rie, 2008 (coll. Bibliothèques) ; Claudie Tabet, La bibliothèque hors les murs, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2004 (coll. Bibliothèques) ; Gilles Pierret (dir.), Musique en bibliothèque,

3e éd., Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2012 (coll. Bibliothèques).

7. Jean-Philippe Accart, Les services de référence  : du présentiel au virtuel, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2008 (coll. Le métier de)  ; Muriel Amar et Véronique Mesguich (dir.), Bibliothèques 2.0 à l’heure des médias sociaux, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2012 (coll. Bibliothèques) ; Jean-Marc Vidal (dir.), Faire connaître et valoriser sa bibliothèque : com- muniquer avec les publics, Villeurbanne, Presses de l’enssib, 2012 (coll. La Boîte à outils, 27).

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de lecture. En France, de nombreuses bibliothèques de lecture publique ont mis en place ce type d’activité dans le but d’encourager les pratiques de lecture, en particulier des jeunes. L’enjeu est alors d’inscrire la lecture dans une sociabilité et dans des contraintes temporelles stimulantes, mais aussi de faire de la bibliothèque un lieu de culture vivante. Le travail de mise en visibilité est donc double, voire triple : il s’agit de travailler l’image de l’établissement en montrant la part qu’il prend dans la production de la valeur littéraire, mais aussi de donner une visibilité soit à des livres issus des collections soit à certaines parties de la production éditoriale.

Le prix des Mordus du polar

Dans le réseau des bibliothèques de la Ville de Paris, clubs et prix sont rela- tivement peu répandus et concernent plutôt les publics jeunes, notamment les adolescents. Le prix des Mordus du polar constitue un cas exemplaire de ce type d’activité. Lancé en 2004 et coordonné par la BILIPO, il implique une vingtaine de sections jeunesse ou bibliothèques jeunesse du réseau parisien et mobilise environ deux cents jeunes de 12 à 14 ans. Son objectif affiché est double : faire lire les adolescents, c’est-à-dire participer à une politique d’encouragement de la lecture appliquée à un public spécifique, celui des adolescents, mais aussi faire découvrir le roman policier dans sa diversité à travers ses productions les plus abouties, et légitimer ainsi le genre.

Les adolescents participant au prix ont à lire sur quelques mois quatre ouvrages sélectionnés, puis à voter pour l’un d’entre eux. Cette position de critiques peut motiver leur lecture, même si le lien supposé entre moti- vation pour la lecture et possibilité d’émettre un avis sur les livres lus ne semble pas avéré pour tous les jeunes : une bibliothécaire rapporte ainsi que certains jeunes lisent rapidement tous les livres de la sélection par goût de la lecture, mais ne voient dans la participation au prix qu’une vaine contrainte. Par ailleurs, la position de critique accordée aux ado- lescents reste limitée à double titre. D’une part, il existe assez peu d’es- paces de débat où puisse se développer un discours sur les livres nourri d’échanges : seule une ou deux des bibliothèques participant à l’opération proposent des clubs de lecture liés au prix ; le vote intervient donc le plus souvent directement après la lecture. D’autre part, le vote des jeunes porte sur une sélection de quatre ouvrages établie par les bibliothécaires en deux temps : la BILIPO procède à un repérage de l’ensemble des ouvrages publiés au cours de l’année dans la catégorie de genre et d’âge concernée,

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puis les distribue aux bibliothécaires qui les font ensuite circuler entre eux ; une réunion permet une restitution des lectures faites et donne lieu à un vote qui établit la liste des quatre ouvrages proposés. Il s’agit en ce sens au moins autant, si ce n’est plus, d’une sélection professionnelle de bibliothécaires que d’un choix de lecteurs adolescents, même si le dispo- sitif permet d’entretenir une croyance dans l’importance du rôle critique des jeunes au sein du processus.

Le prix a donc non seulement pour fonction de faire lire des ado- lescents ou de renouveler leurs pratiques, mais surtout d’impliquer les bibliothécaires dans des projets collectifs qui les amènent à travailler en partenariat. De fait, le prix des Mordus du polar est un rare exemple de collaboration entre un assez grand nombre de bibliothèques du réseau parisien et, singulièrement, entre une bibliothèque spécialisée, la BILIPO, et un ensemble de bibliothèques de prêt, au-delà de la forte opposition entre les deux types d’établissement qui marque le réseau parisien et dont l’absence de mutualisation des catalogues est un indicateur significatif. Cette collaboration permet aussi aux bibliothécaires des sections jeunesse de sortir de l’isolement relatif dans lequel tend à les maintenir une divi- sion du travail entre sections adultes, sections jeunesse et discothèques souvent renforcée, à Paris, par une sectorisation spatiale sur des étages distincts d’un même bâtiment.

Au-delà de ces collaborations internes au réseau des bibliothèques, le prix des Mordus du polar donne lieu à d’autres partenariats, qui sont envisagés comme un moyen de travailler collectivement à des objectifs communs, mais qui font aussi apparaître des tensions et des divisions institutionnelles. L’analyse des archives du prix montre que les tentatives pour nouer des partenariats jalonnent son histoire depuis sa création, mais ont souvent avorté, révélant des divergences de fonctionnement et de vues. Un partenariat avec un centre de loisirs a ainsi été fortement soutenu par la tutelle, mais a fait long feu par l’effet d’un décalage entre les types de publics visés par les deux structures : les enfants du centre de loisirs n’étaient pas en capacité de lire sans difficulté une sélection de livres pensés pour des jeunes plus âgés et ne pouvaient participer au vote en n’ayant lu qu’un des livres proposés. L’échec du partenariat a ainsi résulté du fait que la collaboration a été imposée d’en haut et sur- tout que ses modalités n’ont pas été réfléchies en prenant en compte les contraintes propres des deux structures.

L’institution scolaire constitue l’autre partenaire principal associé de manière récurrente au prix des Mordus du polar depuis ses débuts,

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renvoyant à la fois à la fonction que partagent école et bibliothèque et aux divergences entre les professions d’enseignant et de bibliothécaire. Les deux institutions se retrouvent en effet autour d’une commune mission de « faire lire » et de « donner le goût de lire », qui constitue la perspective dominante des politiques de la lecture depuis les années 1960, à compter du moment où la lecture est devenue une pratique valorisée en soi et encouragée pour elle-même. De fait, des partenariats avec des lycées et des collèges ont été initiés à plusieurs reprises, soit sous la forme d’impli- cation de classes, soit via des centres de documentation et d’information (CDI). L’implication de classes, sous la houlette d’enseignants motivés, constitue la forme la plus institutionnalisée, mais aussi la plus difficile à concilier avec ce que les bibliothécaires considèrent comme l’esprit du prix. En s’inscrivant dans une pratique de classe, la participation au prix perd en effet son caractère volontaire, auquel les bibliothécaires sont par- ticulièrement attachés, rejetant à rebours toute implication obligée. Ce sont donc deux modèles de lecture qui s’opposent : l’un, développé par l’institution scolaire, qui fait de la lecture une pratique obligatoire, normée et évaluée, l’autre, promu par la bibliothèque, qui insiste au contraire sur la gratuité de la pratique et sur la liberté du lecteur ou sur ce que Daniel Pennac a nommé ses « droits imprescriptibles »8. Les participants au titre

d’une classe ne sont donc pas perçus par les bibliothécaires comme les autres participants au prix.

D’autres partenariats plus souples ont été mis en place avec non plus des classes mais des CDI de collèges. Le principe du volontariat est alors préservé, mais l’efficacité du prix en termes d’élargissement des publics et d’encouragement de la lecture est alors moins évidente : les lecteurs qui s’impliquent volontairement sont en effet souvent des lecteurs à l’aise et assidus dans leur pratique de lecture et leur fréquentation des divers lieux d’approvisionnement que forment CDI et bibliothèques. De fait, c’est ce type de public qui semble constituer l’essentiel des jurés des Mordus du polar, comme de manière générale des prix littéraires non inscrits dans une pratique proprement scolaire. L’intérêt du prix est donc moins alors de faire lire ceux qui ne lisent pas que d’entretenir la motivation de ceux qui lisaient déjà en inscrivant leur pratique dans un dispositif qui en renouvelle le sens et permette la découverte de nouveaux objets vers lesquels ces lecteurs ne se seraient sans doute pas tournés spontanément.

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Le prix joue ainsi un rôle de mise en visibilité et de légitimation : il fait découvrir une partie de la production éditoriale sélectionnée pour sa qualité et son intérêt, en même temps qu’adaptée à ce segment de public particulier. Il participe à la faire connaître et reconnaître. Cette fonction du prix n’échappe pas aux éditeurs de romans policiers pour la jeunesse, qui mentionnent l’obtention du prix dans leur catalogue et qui, pour un certain nombre d’entre eux, sollicitent désormais de leur propre initiative la BILIPO pour proposer l’envoi de services de presse et s’assurer ainsi que leur production est bien incluse dans la présélection. Les auteurs du genre sont aussi conscients du rôle légitimant du prix : ils mentionnent sur leur blog, quand ils en ont un, le fait d’avoir été présélectionnés ou lauréats du prix et se prêtent volontiers au jeu des rencontres, organisées dans les bibliothèques au cours de la phase de lecture, et à celui des dédi- caces, qui ont lieu au moment de la remise du prix, lors de laquelle les participants se voient offrir un second livre de l’auteur primé.

La fonction de légitimation remplie par le prix est susceptible de nour- rir la motivation des jeunes lecteurs mais aussi celle des bibliothécaires participants. S’impliquer dans le prix, c’est en effet contribuer à faire reconnaître un auteur qu’on a jugé digne d’intérêt et donc participer à son niveau à la production des valeurs littéraires. Ce rôle, peu reconnu des autres acteurs du champ littéraire, est particulièrement important pour les bibliothécaires, qui deviennent à la fois des garants d’une certaine qualité et des diffuseurs qui rendent visibles, donc participent à faire exis- ter ces productions et ces auteurs qu’ils jugent de qualité.

Impliquer les usagers dans les sélections ?

L’association d’usagers à la sélection est un autre type d’action, mais qui s’adresse de fait à des individus suffisamment dotés en capital cultu- rel pour se sentir autorisés à exprimer un avis et pour le formuler sans crainte d’être jugés. Elle s’inscrit dans une problématique plus large de participation des usagers aux services publics qui modifie le rapport des individus à ces services, mais aussi les équilibres entre professionnels et usagers, posant à nouveaux frais la question de la spécificité du savoir- faire professionnel. C’est là un point essentiel pour des bibliothécaires dont l’identité professionnelle s’est construite au fil du xxe  siècle par

distinction avec le travail des bénévoles et par l’affirmation de savoir- faire techniques, mais aussi d’une vision d’ensemble qui fait défaut aux

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profanes. Si l’implication des usagers dans les acquisitions est rare, elle est plus fréquente sous la forme de clubs de lecture organisés autour du partage de « Coups de cœur » qui jouent un double rôle de sociabilité et de prescription par les pairs. En fournissant à la fois des idées de lecture et un espace d’expression des points de vue, ces clubs sont susceptibles de nourrir la pratique9. Ils restent toutefois assez peu répandus dans les

bibliothèques parisiennes.

Le dispositif « Premiers romans » offre un autre exemple de parti- cipation des usagers à une opération de mise en visibilité : il ne s’agit pas d’un club permettant d’échanger sur des livres lus, mais d’un travail critique individuel proposé aux usagers. Ce dispositif, qui existe depuis 1998, consiste en une analyse critique de l’ensemble de la production de premiers romans de langue française, qui aboutit à la sélection et à la pré- sentation d’une petite trentaine d’entre eux. Ce travail critique est d’abord le fait des bibliothécaires participants, qui endossent ainsi un rôle de médiation et de légitimation similaire à celui des critiques de presse. Mais la onzième édition, conduite en 2008, a fait une place aux lecteurs non professionnels : les usagers sont invités à laisser leur avis sur des fiches glissées dans les ouvrages. Les différents avis recueillis, qu’il s’agisse des avis de lecteurs ou des analyses réalisées par des bibliothécaires, sont censés être pris en compte dans l’élaboration de la sélection finale.

Cette possibilité de donner son avis est conçue comme un possible facteur de motivation de la lecture de premiers romans. On retrouve là le principe qui préside au prix des Mordus du polar et aux différents prix littéraires décernés par des lecteurs, souvent conçus par leurs organisa- teurs institutionnels, qu’il s’agisse de bibliothèques ou d’établissements scolaires, comme des stratégies de motivation à la lecture. Inviter les usa- gers à donner leur avis sur les premiers romans, c’est en effet les valoriser en tant que lecteurs, susceptibles de produire des critiques ou du moins des avis, même s’ils ne sont pas des professionnels. C’est aussi attirer leur attention sur une catégorie de la production éditoriale qui bénéficie a priori d’une moindre visibilité, dans la mesure où les premiers romans ne sont par définition précédés d’aucune œuvre qui aurait permis à l’au- teur d’acquérir un premier capital symbolique. L’opération « Premiers romans » et l’implication des lecteurs amateurs dans son déroulement 9. «  Il est probable qu’on lit quand on a un marché sur lequel on peut placer des discours concernant les lectures », écrit Pierre Bourdieu (Pierre Bourdieu et Roger Chartier, « La lec- ture  : une pratique culturelle  », in Roger Chartier [dir.], Pratiques de la lecture, Marseille, Rivages, 1985, pp. 218-239, ici p. 224).

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sont donc des outils de mise en visibilité de ce qui est spontanément

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