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culeux, pas plus qu'il ne faudrait aveuglément adopter tel

autre, parcequ'on n'y en

voit

pas. »

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-Il

n'y

a donc pas d'air spécifique contre la tuberculose.

Dans un autre ordre de faits, les eaux tant prônées sont souvent un médiocre adjuvant. Les chances qu'on a de trouver par elles une amélioration à sa santé sont ba¬

lancées et au delà par les risquesque l'on courtdansles sta¬

tions thermales.

Le vrai traitement de la tuberculose est un traitement hy¬

giénique : aération permanente, repos, forte nourriture, telles en sont les bases, ou pour résumer : minimum de dé¬

penses, maximum de recettes pour l'organisme. Le corps du phtisique est comme une balance dontl'équilibre est rompu

au profit du mauvais plateau. Il faut le rétablir. Où trou-vera-t-on donc les meilleures conditions pour rétablir cet équilibre ?

Partoutoù existera le régime de vie, ou pour mieux dire la discipline médicale sévère, qui écartera judicieusement les

causes de déperdition et au contraire accumulera autour du malade les causes de régénération.

Chez soi ? Oui, chez soi, à la campagne bien entendu, si l'on estdirigé par un médecin expérimenté.

Il suffira au

phtisique d'avoir

en sa possession une tente

ou un kiosque munis de stores en paille, facilementmobiles,

une chaise longue et des couvertures. N'oublions pas un thermomètre pour la tente et un second qui servira au malade à prendre sa température. Muni de ce petit

bagage,

le médecin n'aura qu'à faire suivre à son malade legenrede vie que nous allons décrire plus loin. Mais le docteur devra être assez énergique pour lutter contre tous les obstacles qu'il ne manquera pas de trouver autour de lui. Ces obsta¬

cles seront les parents du malade, d'abord. Ils résisteront, choqués dans leurs préjugés traditionnels, lorsqu'ils ver¬

ront qu'on laisse les

fenêtres

ouvertes la nuit. Dans leur tendresse inquiète, ils lutteront contre le médecin, ils écou¬

teront tous les racontars, toutes les sornettes; ils essaieront toutes les panacées, dans les campagnes surtout. Ils fatigue¬

ront le malade de leurs obsessions, Pépuiseront en inutiles

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conversations ou en distractions dangereuses, en prome¬

nades fatigantes.

Le malade estun être à la volonté déprimée qui se sent périr ; c'est une cire molle, sur laquelle chaque volonté plus

forte que la sienne fait empreinte, qui ne sait pas se sous¬

traire à ces mille influences, chez qui Ton ébranle la confiance au médecin, confiancesi facilement chancelante!

Ce sont là quelques inconvénients de la cure à domicile. Il

en est d'autre sorte. Le malade, au milieu des siens, est le seul malade; il n'ose pas être franchement un malade. Il aspire à mener la vie de tout le monde, à prendre sa part des travaux ou des plaisirs de ceux qui l'entourent et qui

sont ses amis. Tout le sollicite à fairece qui est contraire au traitement.

Nous ne parlons pas des soins qui s'imposent comme mesures prophylactiques, pour préserver les autres mem¬

bres de la famille. Ceux-ci en ont un besoin d'autant plus grand, que, nés sous les mêmes influences physiologiques, participant aux mêmes hérédités, ils portent en eux peut-être les mêmes tendances de maladie. Et ces mesuresétablis¬

santunesorte de cordon sanitaire autour dumalade, le signa¬

lantcomme un danger permanent,"une source d'infection, pénibles à lui-même et à ceux au profit desquels elles sont prises,enfontunesorte de paria. Ilenestaffecté,ilensouffre.

Ces inconvénients sont assez graves. Et c'est parce que le régime de vie qui convient aux tuberculeux est difficile à faire accepter par les malades et leur entourage, que l'idée est venue de l'appliquer rigoureusement dans des établisse¬

ments fermés, hôtels et hôpitaux en même temps, qu'on a appelé : Sanatoria.

Il nous reste à en parler.

Les Sanatoria.

Le premier sanatorium pour phtisiques a été fondé par Brehmer à Gœbersdorf, en Silésie ; citons ensuite celui de

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Falkenstein

(Taunus)

fondé par

Dettweiler,

et celui de Davos, dans

TEngadine,

fondé par Turban. Ily a trois ans, Sabou-rin a créé au Vernet, dans les

Pyrénées-Orientales,

sur le mont

Canigou,

.un sanatorium qui ne le cède en rien aux établissements similaires de l'étranger. Il y a quelques années, on a inauguré le sanatorium de Leysin, dans la Suisse

française.

Nousavons visité ce sanatorium, nousy avons conduit un maladeet vécu là quelques jours avec lui. Nous pouvons doncle décrire.

Quand on quitte à Villeneuve les rives du lac Léman, on entre dans la vallée du Rhône et dans les massifs des Alpes Vaudoises.Aigle est la station qui dessertLeysin. Leysin est

un petit village situé sur un plateau à 1.200 mètres d'alti¬

tude, dans un site triste, solitaire, grandiose; en face, le massifépais, escarpé du

Chamossaire,

dans le fond la Dent du Midi, blanche et rose sous ses neiges éternelles. De grandes montagnes rocheusesferment la vallée au nord et à l'est. Elle n'est ouverte qu'aux vents plus doux du sud-ouest.

C'est dans ce village de montagnards vaudois, dans des chalets depaysans que l'on commença la cure d'air. Devant les résultats obtenus, uneSociété résolut de fonder ungrand hôtel qui offrirait aux malades, de jour en jour plus nom¬

breux, une installation confortable. Elle choisit un emplace¬

ment à 1.500 mètres

d'altitude,

à 300 mètres au-dessus du village, au pied des rochers qui dominent de 7, 800, 1.000 mètreset plus.

L'hôtel, tourné au midi, est absolument protégé des vents du nord.

Il compte 120 chambres, toutes bien aérées, la plu¬

part ayant un balcon. Elles sontpeintes à l'huile. Beaucoup

deplanchers ne sont pas cirés. Tousces détails ontleur im¬

portance.

Un médecin est à la tête de

l'établissement,

en est le direc¬

teur et organise la vie des habitants

jusque

dans ses moin¬

dresdétails.

Voici d'ailleurs quelle en est la

distribution.

Le

malade

en arrivant est reçu par

le docteur, qui l'ausculte, le pèse,

dessine son thorax, analyse ses

crachats,

en un

mot

cons¬

titue son dossier.

11 doit se pourvoir de deux

crachoirs. L'un qui

est un vase

en verre, enfermé dans un autre vase de fer émaillé, est

destiné à rester dans la chambre. L'autre est un crachoir de poche en verre, muni

à

une

extrémité d'un bouchon à vis

nickelé, pour le vider;

à l'autre extrémité d'un couvercle

également

nickelé,

fermant

hermétiquement à l'aide d'une

rondelleen caoutchouc, et s'ouvrent par un ressort

à

pres¬

sion. Le malade doit toujours l'avoir sur lui. 11 lui est

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