Les macrophytes – l’ensemble des plantes aquatiques, immergées, émergées, racinées ou non,
et se développant soit directement dans l’eau soit sur un substrat – sont reconnues pour leur
tolérance plus élevée aux PTTE que les plantes terrestres (Sinha and Pandey, 2003; Marchand
et al., 2010). Leur participation à la décontamination d’une masse d’eau contaminée sera
détaillée dans la seconde partie de l’introduction, ainsi que dans les chapitres I et IV.
Les macrophytes diffèrent peu des plantes terrestres pour les mécanismes de tolérance à une
exposition excessive au Cu ; elles mettent en place un réseau d’enzymes similaire impliquant
APX, GPX, Cu-SOD ainsi que l’utilisation des MT et PC (Srivastava et al., 2006 ; Huang and
Wang, 2010 ; Delmail et al., 2011). Elles présentent cependant un stockage facilité dans les
vacuoles de leurs racines et rhizomes (Caldelas et al., 2012). Avec une exposition croissante
de 0,1 à 25 µM Cu, Hydrilla verticillata accumule jusqu’à 770 µg Cu g
-1MS dans ses tissus,
alors que le seuil de toxicité est défini aux alentours de 20-30 µ g Cu g
-1MS (Srivastava et al.,
2006). Cette accumulation de Cu s’accompagne d’une diminution du ratio de chlorophylle a/b
et de l’ensemble des teneurs en pigments, se traduisant par une chlorose foliaire et une
réduction de la biomasse de la plante entière. La teneur en malondialdehyde (MDA)
augmente, traduisant un stress oxydant et la production de ROS. En réponse, les activités
SOD et APX s’accroissent sur l’intervalle de concentrations en Cu testées, pour éliminer les
radicaux superoxydes dès leur genèse, alors que celles des GPX et CAT ne sont stimulées
qu’aux faibles expositions (0,1 - 1 µM Cu). Ces résultats recoupent les données chez
Ceratophyllum demersum L (Devi and Prasad, 1998). Les MTs ont un rôle chez les
macrophytes. L’excès de Cu augmente la production des MTs de type 2 dans les feuilles de
Bruguiera gymnorrhiza (Huang and Wang, 2010), d’Avicennia germinans (
Gonzalez-Mendoza et al., 2007) et d’Avicennia marina (Huang and Wang., 2010). Tous les
macrophytes ne disposent pas du même arsenal pour faire face à une forte exposition au Cu
(et aux PTTE en règle générale). Selon Larue et al. (2010), l’activité et l’exsudation de
peroxydases sont plus élevées chez Phragmites australis que chez Typha latifolia et Iris
pseudacorus. A l’inverse, notamment au début de la période de croissance, I. pseudacorus a
des concentrations en phénols dans les racines plus importantes que T. latifolia et P. australis.
Ces phénols complexeraient des PTTE, dont Cu, dans les cellules mais aussi dans la
rhizosphère lorsqu’ils sont exsudés. L’exsudation de composés (ex: acides organiques,
mucilage) permettant la sorption du Cu dans la rhizosphère est communément admise, avec
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des nuances. Aux fortes expositions en Cu, l’exsudation d’oxalate par Juncus maritimus est
stimulée mais pas celle d’autres acides organiques tels le citrate, le malate, le malonate ou le
succinate. Scirpus maritimus n’exsude pas d’acide organique en réponse à une forte
exposition au Cu (Mucha et al., 2010). Un grand nombre de macrophytes, notamment ceux de
la classe des géophytes rhizomateuses (Raunkiaer, 1934) produisent des rhizomes (Figure
13). Lors de fortes expositions aux PTTE, dont Cu, une première étape de détoxification est
leur sorption sur les membranes cellulaires du rhizoderme, conjointement avec la cascade de
réactions enzymatiques impliquées dans la détoxification du Cu décrite ci-dessus. Lors d’une
forte exposition chronique, ce système ne suffit pas à contenir le contaminant sur les parties
externes de la racine. Les PTTE pénètrent alors dans les espaces intercellulaires et le
cytoplasme des rhizomes et des racines. Il sont piégés dans les vacuoles, par formation de
granules de stockage (Caldelas et al., 2012). Cette compartimentation dans les vacuoles
rhizomatiques confère aux macrophytes une capacité à mieux tolérer les expositions aux
PTTE, dont Cu.
Figure 13 : Vue en microscopie à transmission d’électrons de cellules de parenchyme cortical de
rhizomes d’Iris pseudacorus. (a) Plantes control, (b, c) plantes exposées à 0.75 mM Cr(III). am:
amyloplates, g: granule, vac: vacuole. (a, b) grossissement x 3000, (c) grossissement x 4500. (Caldelas
et al., 2012).
Références : Les références de cette première partie de l’introduction sont présentées
38
Introduction : partie II
La Phytoremédiation, les éléments traces, l’eau, les macrophytes et les
zones humides construites
Cette partie a été publiée sous forme d’une review dans Environmental Pollution
(158. pp 3447-3461) en 2010.
39
Environmental Pollution, 158. (3447-3461).
Metal and metalloid removal in constructed wetlands, with emphasis on the
importance of plants and standardized measurements: a review
L. Marchand
1, M. Mench
1, D.L. Jacob
2, M.L. Otte
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UMR BIOGECO INRA 1202, Écologie des communautés, Université Bordeaux 1, Bat B8
RDC Est, Avenue des facultés, F-33405 Talence, France. lilian.marchand@hotmail.fr
2Wet Ecosystem Research Group, Department of Biological Sciences, NDSU Dept. 2715,
P.O. Box 6050, Fargo, ND 58108-6050, USA
Abstract
This review integrates knowledge on the removal of metals and metalloids from contaminated
waters in constructed wetlands and offers insight into future R&D priorities. Metal removal
processes in wetlands are described. Based on 21 papers, the roles and impacts on efficiency
of plants in constructed wetlands are discussed. The effects of plant ecotypes and class
(monocots, dicots) and of system size on metal removal are addressed. Metal removal rates in
wetlands depend on the type of element (Hg>Mn>Fe=Cd>Pb=Cr>Zn=Cu>Al>Ni>As), their
ionic forms, substrate conditions, season, and plant species. Standardized procedures and data
are lacking for efficiently comparing properties of plants and substrates. We propose a new
index, the relative treatment efficiency index (RTEI), to quantify treatment impacts on metal
removal in constructed wetlands. Further research is needed on key components, such as
effects of differences in plant ecotypes and microbial communities, in order to enhance metal
removal efficiency.
Keywords: metal, pollution, ecotype, macrophyte, micro-organism, phytoremediation,
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Dans le document
Phytoremédiation en zones humides construites d'eaux contaminées en cuivre
(Page 38-42)