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Le diagnostic initial du mélanome est aujourd’hui basé sur l’analyse du site d’origine de la tumeur et de sa classification clinique internationale (voir page 30). Mais de nouveaux marqueurs, non invasifs pouvant être utilisés en complément, sont à l’étude pour améliorer la survie et le suivi des patients tout au long de leurs traitements.

Les cellules de mélanome en circulation (CMC) ont été décrites pour la première fois dans le sang de patients il y a environ 30 ans (Smith et al. 1991). Dans cette étude, les chercheurs sont partis du postulat qu’étant donné que les mélanocytes normaux ne circulent pas dans le sang périphérique, la détection d’un gène spécifique des mélanocytes, la tyrosinase, devrait indiquer la présence de cellules cancéreuses en circulation. Cependant, cette détection moléculaire a été difficile car les techniques existantes étaient très peu sensibles.

Toutefois, des mises au point ont permis de rendre possible la détection d’une seule cellule de mélanome introduite dans 2 ml de sang sain. Les échantillons de sang de quatre des sept patients atteints de mélanome malin testés dans cette étude (Smith et al. 1991) ont également donné des résultats positifs, tandis que les huit sujets sains ont donné des résultats négatifs.

Chapitre III

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Les Cellules Tumorales Circulantes

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Une deuxième étude allant dans le même sens et basée sur la même méthode de détection (Kunter et al. 1996), portant cette fois sur un échantillon plus grand de 64 patients atteints de mélanome malin à différents stades a été évaluée de manière prospective et a également suggéré qu'une détection de la tyrosinase dans le sang périphérique pouvait être utile dans la détection précoce de cellules tumorales en circulation dans le mélanome. Les résultats de cette étude démontrent pour la première fois que la détection de l'ARNm de la tyrosinase dans les cellules présentes dans le sang périphérique pourrait servir de marqueur rapide de la progression tumorale. Déjà en 1996, la question de la standardisation des méthodes entre différents laboratoires et pour une meilleure définition de la sensibilité et du traitement était abordée.

La PCR a été la méthode prédominante utilisée pour l’analyse des CTC du mélanome, ce qui diffère des cellules provenant de cancers d’origine épithéliale, pour lesquels la détection des CTC est principalement basée sur un enrichissement par des anticorps qui ciblent les antigènes de la membrane plasmique (comme EpCAM). En effet, l’absence d’EpCAM à la surface des cellules du mélanome complique l’utilisation de la méthode standard actuelle (CellSearch), développée pour l’étude des carcinomes (Khoja et al. 2014).

En effet, dans le mélanome, un kit spécifique pouvant être utilisé avec la plateforme CellSearch n’en est qu’au début de son développement. Il utilise les anticorps CD146 (MelCAM) et HMM-MAA (High Molecular Weight-Melanoma-Associated Antibody) respectivement pour la capture et la détection des cellules du mélanome.

Encore peu de rapports utilisant ce test spécifique sont publiés. La première étude (Khoja et al. 2013) avec ce kit spécifique a montré que la détection des CTC pouvait fournir des données pertinentes sur le pronostic des patients atteints de mélanome métastatique.

Une étude plus récente (Hall et al. 2018) réalisée sur un total de 93 patients atteints d'un mélanome de stade I à IV montre que la présence d’au moins une CTC lors de la prise de sang initiale est associée à une survie sans progression raccourcie pour les patients atteints de mélanome métastatique (stade IV). Néanmoins, aucune association entre l'identification de CTC et l'épaisseur de Breslow ou le statut de la mutation BRAF n’a été trouvée. Des études supplémentaires sont nécessaires afin de s’assurer de la spécificité de ce kit.

Chapitre III

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Les Cellules Tumorales Circulantes

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Toujours dans le mélanome, et pour s’affranchir de cette spécificité liée aux anticorps, d’autres études utilisent des techniques, telles ClearCell FX (ClearBridge Biomedics, Singapour), un instrument avec une puce microfluidique (Lim and Hoon 2014) permet l’isolement des cellules d’intérêt à travers leur taille et leur masse sans biais de l’expression des antigènes de surface.

Également, certaines études (De Souza et al. 2017) (De Roeck et al. 2015) ont réussi à montrer que la détection des CTC était associée à une progression tumorale chez les patients atteints de mélanome avancé. La technique EPISPOT (voir page 54) dans le mélanome basé sur la protéine S100 permet l’étude des propriétés fonctionnelles des CTC viables.

L’utilisation de ce test comme d’autres tests pourrait être proposée pour la détection des CTC chez les patients atteints de mélanome. Cependant, comme de nombreuses méthodes différentes et non standardisées ont été utilisées, les informations obtenues sur les CTC, qui auraient pu servir au suivi des patients, n’ont pas pu être introduites dans la pratique clinique pour le mélanome.

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Chapitre IV | La technologie ScreenCell

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Les dispositifs ScreenCell sont indépendants de tout équipement lourd et conçus pour les plateformes et les essais IVD standardisés. Ces dispositifs sont à usage unique, de faible coût et utilisent une membrane poreuse pour isoler les cellules tumorales selon leur taille (Desitter et al. 2011). La technologie ScreenCell est capable d'isoler les cellules tumorales rares avec un taux de recouvrement élevé (91.2% pour 5 cellules et 74% pour 2 cellules). Les cellules étant bien préservées morphologiquement, les analyses d'immunocytochimie, d’immunofluorescence et de FISH peuvent être effectuées directement sur le support d’isolement. Les dispositifs ScreenCell permettent également d’isoler des cellules vivantes capables de survivre et de proliférer en culture. Du matériel génétique de haute qualité peut également être isolé directement à partir des cellules tumorales isolées vivantes ou fixées sur la membrane des dispositifs. Cette technologie permet l’isolement et la caractérisation de différents sous-groupes de cellules dont les CTC, les microemboles tumoraux (CTM), les CAML, les CAVE, etc. (Wechsler 2015) (Voir page 48).

Néanmoins, cette technique basée sur la taille capture en plus des CTC, des cellules sanguines de grandes tailles, comme les monocytes ou certains lymphocytes activés (Awe et al. 2017). Par leur taille réduite, leur polyvalence et leur capacité à isoler les CTC en quelques minutes, les dispositifs ScreenCell peuvent être en mesure de simplifier et d'améliorer l'accès non invasif aux cellules tumorales.