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Chapitre V: La Guerre Humanitaire

V.3- Critiques de la guerre humanitaire

La "guerre humanitaire" entreprise par l’OTAN en Libye fit l’objet de beaucoup de critiques venant des médias alternatifs. Ces critiques concernent principalement le refus par les États-Unis et les pays membres de l’OTAN de ne pas avoir donné une chance au dialogue pour tenter de sortir le pays de la crise. En effet, Patrick Cockburn revint sur la Guerre de Libye en s’interrogeant premièrement sur le processus de prise de décision de l’ONU. En effet, l’ONU n’a pas consulté l’Union Africaine (UA qui est pourtant un organe représentatif des pays africains) avant de donner son aval pour une intervention militaire en Libye. Ensuite, il évoqua la tentative de dialogue proposée par l’UA en vue d’instaurer un dialogue entre le gouvernement de Kadhafi et les rebelles, en même temps qu’un cessez-le- feu. Il nous rappela alors que la tentative de dialogue fut acceptée par Kadhafi mais rejetée par les pays membres de l’OTAN et les rebelles car ils souhaitaient un changement de régime.195

Dans un article paru dans Reuters le 3 mars 2011, on nous expliqua que le Venezuela avait proposé une plateforme de dialogue entre le CNT et le gouvernement Kadhafi. Cette plateforme qui se présentait comme une commission internationale pour le dialogue, devait se placer sous la direction de l’ex président brésilien Lula pour la médiation. Cette proposition fut aussi acceptée par Kadhafi, par les pays d’Amérique latine, par l’UA et même par la Ligue arabe, mais rejetée par l’OTAN et le CNT.196

Rappelons que la Ligue arabe avait apporté tout son soutien à cette proposition au début de l’intervention en Libye mais à la fin, elle avait fini par cesser complètement de les encourager dans leur démarche.

dans le monde soient perçus comme assujettis par la CIA. Nous avons vécu cela dans les années 1960... Nous n'avions plus la capacité de réitérer ce passé et c'est pour cela que la NED a vu le jour."

195 Patrick Cockburn, "African Union’s Ceasefire Rejected," Counterpunch, site internet

<http://www.counterpunch.org/2011/04/12/african-union-s-ceasefire-rejected>, dernière mise à jour le 12/04/2011, visité le 23/06/2012.

196 Frank Jack Daniel, "Venezuela Hopes Lula Could Lead Libya Peace Talk," Reuters, site internet

<http://www.reuters.com/article/2011/03/03/libya-venezuela-lula-idUSN0322174420110303>, dernière mise à jour le 03/03/2011, visité le 24/06/2012.

C’est en prenant en compte du rejet par l’OTAN et par le CNT des deux tentatives de médiation proposées successivement par l’UA et par le Venezuela que Cockburn se demanda si l’intervention militaire en Libye visait réellement à protéger des civils. Selon lui, dès le début, cette mission n’avait pas de but humanitaire mais était focalisée sur un changement de régime en Libye.

En dépit de la polémique autour du refus de l’OTAN de dialoguer avec Kadhafi pour une sortie de crise, d’autres critiques vinrent alimenter la presse autour de la situation en faisant état de la violation de la résolution 1973 (qui a permis à l’OTAN d’intervenir en Libye). En effet, cette résolution appela les États membres à se rassembler autour d’une cause commune :

à prendre toutes les mesures nécessaires […] pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne, tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen […] et pour faire respecter l’interdiction de vol et faire en sorte que des aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques aériennes contre la population civile.197

Pierre Peccinin, dans un article publié dans Le Grand Soir le 30 aout 2011, nous rappela que nulle part dans la résolution, il ne fut question d’une quelconque autorisation de l’ONU donnant droit à l’OTAN d’offrir son aviation aux rebelles libyens. En outre, il n’a jamais été question dans la résolution de faire la guerre contre Kadhafi. Mais l’objectif assigné suggérait seulement de porter secours aux civils en les protégeant de l’armée loyaliste. Il argumenta aussi : « En outre, des instructeurs états-uniens et français et des éléments de régiments de commandos britanniques ont été déployés sur le sol libyen, en totale violation de la résolution 1973 ».198 Pour lui, l’OTAN lui-même aurait violé la résolution 1973 car l’aide militaire, en termes d’armes et de formateurs octroyée aux rebelles, ne rentrait pas dans le cadre de la protection des civils.199

197

ORGANISATION DES NATIONS UNIES, "Libye : Le Conseil de Sécurité Décide d’instaurer un Régime d’Exclusion Aérienne Afin de Protéger les Civils Contre les Attaques Systématiques et Généralisées," Un.org, site internet <http://www.un.org/News/fr-press/docs/2011/CS10200.doc.htm>, dernière mise à jour le 26/02/2011, visité le 28/06/2012.

198 Pierre Peccinin, "L’OTAN aurait-il Oublié l’Objet de sa Mission en Libye," Le Grand Soir, site internet

<http://www.legrandsoir.info/l-otan-aurait-il-oublie-l-objet-de-sa-mission-en-libye.html>, le 30/08/2011, visité le 28/06/2012.

199 Pierre Piccinin, "Libye-D’Une Ingérence décomplexée aux dérives néocolonialistes," Le Grand Soir, site

internet <http://www.legrandsoir.info/Libye-D-une-ingerence-decomplexee-aux-derives- neocolonialistes.html>, dernière mise à jour le 30/08/2011, visité le 28/06/2012.