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La partie théorique a été assez difficile à traiter.

Tout d'abord, en ce qui concerne le choix du sujet, il nous a été proposé par Madame Toffoli, orthophoniste qui nous accueillait en stage. Nous ne connaissions pas les troubles neurovisuels donc la difficulté a résidé dans la compréhension et l'appropriation de ce sujet. Cette difficulté a été accentuée par le manque d'ouvrages et plus particulièrement chez l'enfant ce qui a retardé notre travail.

• De plus, à travers nos recherches nous avons constaté que les troubles neurovisuels chez l'enfant étaient délaissés au profit des troubles oculomoteurs. Aussi, pour mieux cerner les troubles neurovisuels nous avons souhaité différencier ces deux types de troubles faciles à distinguer par leur localisation anatomique mais plus complexes dans leurs incidences sur les apprentissages du langage écrit. Il est délicat de savoir s'il s'agit de confusions visuelles ou difficultés visuelles d'origine oculomotrice ou neurovisuelle. Une difficulté supplémentaire s'est ajoutée lors de nos investigations lorsque nous avons constaté que plusieurs notions semblaient se recouper tels que les troubles des saccades et de la fixation. Nous nous sommes donc demandé si les troubles neurovisuels et oculomoteurs n'étaient finalement pas qu'un même trouble avec une terminologie différente. Pour autant, il est difficile d'affirmer qu'il s'agit bien des mêmes concepts (vu les localisations différentes des lésions). Heureusement, il semblerait que de plus en plus d'ouvrages et de formations commencent à s'intéresser à ces troubles neurovisuels.

Enfin, pour le titre du mémoire, nous avons choisi de l'intituler « état des

lieux » car, le sujet étant très vaste, nous ne pouvions pas traiter le sujet dans sa

globalité. Aussi, dans les différents points sélectionnés, nous avons souhaité définir ce que sont réellement les troubles neurovisuels et connaître leurs principales répercussions sur les apprentissages. Nous sommes néanmoins conscientes de nous être trop focalisées sur la différenciation des troubles neurovisuels et des troubles oculomoteurs au détriment des apprentissages.

13. Les questionnaires

13.1 La création et l'envoi des questionnaires

13.1.1. La création

Notre première entreprise a été de réaliser un questionnaire destiné aux orthophonistes et orthoptistes pour connaître leur point de vue sur les troubles neurovisuels et savoir si chacun des deux professionnels se sentaient concernés par ces troubles.

Tout d'abord, nous avons tenté de poser des questions facilement exploitables. En effet, la majorité d'entre elles sont des questions fermées à l'exception de deux. En posant des questions fermées à choix multiples, nous avons pu choisir nous- mêmes les propositions de réponses et par conséquent faciliter l'analyse des résultats. Néanmoins, pour la plupart des questions, nous avons inséré la réponse « autre » pour permettre au thérapeute de répondre différemment des propositions soumises. Nous avons également choisi cette façon de faire pour pouvoir poser davantage de questions que si nous avions proposé uniquement des questions ouvertes. Ceci permettait aussi aux professionnels de répondre rapidement en raison de leurs emplois du temps souvent chargés et donc de nous retourner des questionnaires complets.

Néanmoins, certaines erreurs ont été commises lors de la rédaction des questions, conséquences d'un manque de recul et d'anticipation. Faute de temps et dans l'espoir de recevoir suffisamment tôt les réponses, nous avons réalisé les questionnaires au cours de la rédaction de notre partie théorique. Il aurait été préférable de finir cette partie du mémoire avant de les créer. Aussi, la question 3 « selon vous, quelles sont la ou les causes des troubles neurovisuels ? » a été mal formulée, car il ne s'agit pas de causes mais de difficultés appartenant aux troubles neurovisuels. De plus, la question 13 « selon vous, en combien de temps pensez- vous que les troubles neurovisuels peuvent-ils être atténués ? » n'avait pas lieu d'être posée car on imagine bien que la prise en charge dépend de l'enfant et de l'importance de ses difficultés.

13.1.2. L'envoi

Les questionnaires ont été envoyés dans toute la France par le biais d'internet. Nous avons voulu faciliter le travail aux professionnels en créant les questionnaires par l'intermédiaire d'un site (« enquêtes faciles.com ») où ils ne leur restaient plus qu'à répondre (une fois le questionnaire complété, celui-ci nous est directement retourné). Ces questionnaires ont été postés sur des forums d'orthophonie et d'orthoptie. Ensuite, pour obtenir davantage de réponses, nous avons contacté les différentes écoles d'orthophonie et d'orthoptie de France et certains professionnels de notre région.

13.2. Les résultats

Nous avons reçu des réponses encourageantes. Certains professionnels nous ont proposé leur aide, nous ont même laissé leurs coordonnées. Nous en avons profité pour contacter une orthoptiste, Amélie Bougrier (Tours) qui nous a donné des conseils et même corrigé la partie théorique sur l'anatomie de l'oeil et la vision périphérique. De plus, beaucoup nous ont fait part de leur vif intérêt pour ce sujet ce qui nous a motivé.

13.2.1. Les difficultés rencontrées

Lors de l'analyse des premiers résultats, nous nous sommes aperçues que les orthoptistes en répondant aux questionnaires avaient « cliqué » sur le lien des orthophonistes. Aussi, toutes les réponses étant mélangées nous avons dû les reprendre individuellement pour pouvoir classer les résultats selon les professions.

Lorsque nous avons récupéré les résultats définitifs, nous avons été déçues de voir le peu de réponses malgré le nombre conséquent de questionnaires envoyés. Nous nous attendions à plus de résultats grâce à la facilité de renvoi et le gain de temps ainsi obtenu. Il nous semble important de préciser que nous n'avons obtenu que 23% de réponses des orthophonistes et 45% des orthoptistes sur tous les questionnaires envoyés (385 envois aux orthophonistes et 54 envois aux orthoptistes). Nous avons donc choisi dans un premier temps d'observer les résultats des orthophonistes et orthoptistes séparément puis de les comparer. La difficulté a

résidé dans la sélection des informations que l'on voulait mettre en relief par rapport à d'autres moins pertinentes.

13.2.2. L'analyse des résultats

Nous avons réalisé des statistiques à partir des questionnaires envoyés ce qui a permis une analyse quantitative et qualitative. La réalisation des graphes a facilité l'étude des résultats.

Sur les 105 réponses recueillies auprès des deux professions confondues, nous avons été surprises de constater que la majorité connaît les troubles neurovisuels chez l'enfant tout venant alors qu'aucun cours sur les troubles neurovisuels n'est dispensé lors de la formation initiale. Ils indiquent en effet, les connaître à travers leur patientèle ce qui nous laisse supposer qu'ils ressentent le besoin de s'informer (formations professionnelles, forums, blogs ou lecture d'ouvrages). Aussi, nous nous sommes demandées si leur connaissance était exacte ou erronée (confusion ou amalgame avec les troubles oculomoteurs). Or, nous savons que les professionnels sur les forums sont actifs dans leur profession, documentés et curieux d'apprendre toujours plus.

Nous avons constaté par les remontées de nos questionnaires, de la méconnaissance de cette pathologie par ces deux professionnels. Ce qui nous interpelle est le nombre de professionnels, certes restreint, à avoir répondu qu'un trouble fusionnel est un trouble neurovisuel alors qu'il s'agit d'un trouble purement oculomoteur. Est-ce une méconnaissance ou une confusion ? Quant aux troubles des saccades et de la fixation considérés comme neurovisuels, ils sont en réalité oculomoteurs et neurovisuels. Peu ont donné des troubles purement neurovisuels. Par ailleurs, le signe d'appel «position particulière pour travailler » ne fait en aucun cas partie des troubles neurovisuels. Notre première intuition sur la méconnaissance des troubles neurovisuels est ici confirmée et renforce la nécessité de réaliser un outil d'informations. De plus, il nous semble curieux que les professionnels, notamment les orthophonistes, accordent aussi peu d'importance à la présence de troubles neurovisuels dans la dyscalculie. Est-ce une fois de plus un oubli, un manque d'informations ?

D'autres réponses concernant le diagnostic et la rééducation retiennent notre attention.

Tout au long des questionnaires, nous avons trouvé les orthoptistes plus confiants en leurs compétences. En effet, ils sont unanimes pour dire qu'ils ne rencontrent aucune difficulté dans la reconnaissance des troubles en raison de leur matériel de bilan suffisamment adapté. Or, des épreuves de leur bilan ne sont pas étalonnées ce qui peut parfois rendre le diagnostic plus complexe à poser. De plus, ce sentiment est renforcé par les réponses des orthophonistes. Ces deux catégories professionnelles pensent que les orthoptistes sont les plus compétents pour la prise en charge des troubles neurovisuels. Les orthoptistes placent même les psychomotriciens avant les orthophonistes. Ceci peut s'expliquer par la place qu'ils accordent aux troubles neurovisuels dans la dyspraxie. Néanmoins, ces deux types de professionnels reconnaissent que les orthophonistes sont les premiers à repérer et diagnostiquer ces troubles. Nous observons donc deux réponses totalement contradictoires. Nous avons le sentiment que les orthophonistes doutent de leurs capacités (matériel de bilan et de rééducation insuffisant), se sous-estiment alors qu'ils sont les principaux concernés par la prise en charge des « Dys » et donc par la même occasion des troubles associés, qui sont ici, les troubles neurovisuels. Les troubles neurovisuels étant des troubles cognitifs, ils relèvent de la compétence des orthophonistes.

Une autre contradiction a été relevée dans la précocité du diagnostic. Il faut rappeler que les orthophonistes conseillent un bilan et une prise en charge orthoptique lorsqu'ils soupçonnent un trouble visuel chez leur jeune patient. Aussi, les réponses de ces deux professionnels ne sont pas cohérentes. Les orthophonistes trouvent leur dépistage tardif, aussi comment celui des orthoptistes pourrait-il être précoce étant donné que l'enfant est envoyé dans la majorité des cas par l'orthophoniste.

L'interprétation de ces questionnaires nous a permis de noter de réelles contradictions dans la connaissance des troubles neurovisuels entre ces deux catégories professionnelles ce qui met en avant un manque d'informations et de formations.

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