La transmission réelle d'un signal diffère de la transmission idéale, du fait des défauts des
modules d’émission et de réception, ainsi que des perturbations introduites par le canal de
propagation. En réalité, du bruit se superpose au signal lors de sa propagation et le déforme.
Dans le cas d'une information numérique (comme c’est le cas dans cette étude), le bloc de
réception prend des décisions, à partir du signal reçu, pour reconstituer une suite de données
binaires, en assignant à chaque pulse optique détecté un bit 0 si le niveau du pulse est en
dessous d’un seuil défini, ou un bit 1 dans le cas inverse. Cependant, l'atténuation, la
dispersion et les différents bruits que subit le signal entraînent des erreurs. L’élément
déterminant de la qualité de la transmission devient alors le nombre d'erreurs existant dans le
signal régénéré. Le critère de qualité utilisé au bout d’une liaison est le taux d'erreur binaire
(TEB). Mais ce critère n’est mesurable qu’une fois que l’on a extrait les données propres d’un
canal (utilisateur), donc seulement en sortie du système de démultiplexage.
Cela dit, on peut mesurer les performances des transmissions en sortie du système de
multiplexage grâce à d’autres critères de qualité, ces critères ayant eux même un impact sur la
valeur du TEB après démultiplexage. La mesure de ces critères permet d’avoir une première
idée sur la qualité de la transmission, et de conclure quant à l’évolution ultérieure du TEB.
Parmi ces critères figure le facteur Q, qui est lié au rapport signal à bruit, ainsi que le taux
d’extinction. Ces deux critères peuvent être mesurés sur un oscilloscope à échantillonnage, à
partir du relevé du diagramme de l’œil du signal en sortie du système de multiplexage.
Nous disposons à la plateforme de test de l’oscilloscope numérique à échantillonnage
Agilent 86100B Infinium DCA. Cet appareil constitue un outil de visualisation et de mesure
de la qualité de transmission du signal numérique, puisqu’il permet de relever et d’analyser le
diagramme de l’œil en sortie du système de multiplexage, et d’en extraire un certain nombre
de facteurs significatifs, liés à la qualité de transmission [11] [12].
La construction du diagramme de l’œil se fait par superposition, dans une fenêtre
temporelle, de l’ensemble des symboles binaires constituant la séquence de données binaires
transmises. La Figure.II.8 montre un exemple du relevé du diagramme de l’œil obtenu pour 4
canaux multiplexés dans le temps, et affiché dans une fenêtre temporelle de 100 ps. Sur cet
exemple, les données sont codées en RZ, et chaque canal a un time slot de 25 ps.
Figure.II.8 : Exemple de diagramme de l’œil.
À partir du relevé du diagramme de l’œil, l’oscilloscope détermine les niveaux de
puissance correspondant aux niveaux logiques ‘1' et ‘0’. Ces niveaux sont déterminés en
analysant l’histogramme des parties supérieure et inférieure de l’œil dans une fenêtre
temporelle centrée au milieu de celui-ci. Dans le cas du codage en RZ, la fenêtre correspond à
5% de la largeur de l’œil (Figure.II.9). On mesure par conséquent la puissance accumulée
pour le niveau ‘1’ ainsi que pour le niveau ‘0’ dans un même laps de temps.
Figure.II.9 : Eléments de mesure sur un digramme de l’œil en RZ.
Il est à noter que la puissance mesurée au centre du niveau ‘1’ est différente du la
puissance maximale du niveau ‘1’. Cette dernière représente la valeur maximale de puissance
optique atteinte par le niveau ‘1’ parmi l’ensemble des valeurs superposées dans le
diagramme de l’œil. L’histogramme tracé à partir des puissances accumulées permet alors de
déduire la valeur moyenne de puissance du niveau ‘1’ : µ
1(respectivement ‘0’ : µ
0), qui est la
moyenne centrée de l’histogramme tracé pour le niveau ‘1’ (respectivement ‘0’).
L’histogramme permet également de mesurer les écarts types des deux niveaux σ
1et σ
0.
L’ensemble de ces éléments permet de mesurer les critères de qualité suivants :
• Le taux d’extinction ou Extinction Ratio (E.R.)
Il est défini en linéaire par :
1 0
µ - niveau d'obscurité
E.R. (lin.) =
Le niveau d’obscurité représente le niveau de signal résiduel dans l’oscilloscope quand
aucun signal n’est appliqué à son entrée. Pour déterminer ce niveau, il est nécessaire
d’effectuer une calibration de l’entrée du canal avant toute mesure du taux d’extinction.
L’oscilloscope permet de faire une mesure directe en dB du taux d’extinction.
• Le facteur Q
Le signal mesuré à l’entrée du canal de l’oscilloscope contient une contribution due au
signal ‘utile’ ainsi qu’un apport en bruit dû à l’ensemble des éléments de la chaîne de
transmission. Dans le diagramme de l’œil qui retrace le signal mesuré, ‘le signal utile’ est
représenté par les niveaux moyens µ
1et µ
0. Le ‘bruit’ représente les déviations des puissances
optiques autour de ces niveaux moyens, il est quantifié en combinant les écarts-types µ
1et µ
0.
On définit donc le facteur Q à partir de relevé du diagramme de l’œil par :
1 0
1 0
µ - µ
Q =
σ + σ (eq.II.2)
L’oscilloscope permet également de mesurer d’autres éléments tels que :
• L’amplitude de l’œil
L’amplitude de l’œil représente simplement la différence entre les deux niveaux moyens
µ
1et µ
0. Cette mesure ne prend pas en considération le bruit superposé au signal utile
(Figure.II.10).
Figure.II.10 : Mesure de l’amplitude de l’œil.
• L’ouverture de l’oeil
L’ouverture de l’œil permet de quantifier l’impact du bruit sur l’ouverture verticale de
l’œil (Figure.II.11). L’oscilloscope calcule ce facteur à partir de µ
1, µ
0, σ
1et σ
0par
l’expression :
1 1 0 0µ - 3.σ
ouverture de l'oeil =
µ - 3.σ (eq.II.3)
Figure.II.11 : Mesure de l’ouverture de l’œil.
Dans le document
ÉTUDE D'UN SYSTÈME BAS COÛT DE TRANSMISSION OPTIQUE PAR MULTIPLEXAGE TEMPOREL
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