3.2 Résultats
3.2.4 Cristallisation de la glace H 2 O
3.2.4.1 La glace d’eau . . . 78
3.2.4.2 Sensibilité des modes vibrationnels de la glace d’eau
aux changements de phase de la glace d’eau. . . 79
3.2.5 Echanges H/D dans des mélanges de glaces H2O :CD3OD et
H2O :CD3ND2 . . . 85
3.2.5.1 État de l’art sur les échanges isotopiques dans les
glaces au moment des expériences . . . 85
3.2.5.2 Mise en évidence d’échanges isotopiques H/D dans
des mélanges de glace H2O :CD3OD et H2O :CD3ND2 86
3.2.5.3 Cinétique des échanges H/D dans le mélange H2O :CD3OD 96
3.2.6 Cinétique de Cristallisation du mélange CD3OD :H2O . . . . 102
3.2.7 Échange et Cristallisation dans le mélange de glace H2O :CD3OD107
3.3 Discussion . . . 109
3.3.1 Manifestations spectrales du Transfert H/D dans des mélanges
de glaces H2O :CD3OD et H2O :CD3ND2 . . . 109
3.3.1.1 Des molécules spatialement liées . . . 109
3.3.1.2 État d’agrégation . . . 111
3.3.1.3 Sources de mobilité protonique . . . 112
3.3.1.4 Transfert H/D et Cristallisation : le modeνOD(HOD)112
3.3.2 Cinétique des échanges isotopiques et de la cristallisation en
3.3.2.1 Les limites de la cinétique en phase solide . . . 115
3.3.2.2 Transfert H/D, mécanismes associés et énergies
d’ac-tivation . . . 116
3.3.2.3 Calcul quantique de la réaction d’échange entre H2O
et CD3OD . . . 117
3.3.2.4 État d’avancement et énergie d’activation de la
cris-tallisation. . . 122
3.3.2.5 Cristallisation, moteur du transfert H/D . . . 123
3.3.2.6 Bilan de la cinétique des échanges H/D dans les glaces126
3.3.3 Implications astrophysiques . . . 127
3.1 Méthodes
Dans ce chapitre, il sera analysé par spectroscopie infrarouge et à basse
tem-pérature, via le système expérimental décrit au Chapitre 2, différentes glaces. Il
pourra s’agir de glaces pures, H
2O par exemple, ou de mélanges moléculaires tels
que H
2O :CD
3OD et H
2O :CD
3ND
2. A travers différentes expériences qui seront
présentées, les processus d’échanges isotopiques H/D et/ou cristallisation pouvant
se produire dans nos échantillons, seront étudiés. D’un point de vue astrophysique,
l’étude en phase condensée de molécules tels que CD
3OD ou CD
3ND
2n’est pas très
pertinente. En effet, ces deux isotopomères du méthanol et de la méthylamine, s’ils
existent dans le MIS, n’ont pas été détéctés à ce jour. Notre but cependant, est
de démontrer que des échanges isotopiques, entre l’eau et certaines molécules
orga-niques deutérées peuvent se produire dans les glaces interstellaires. Ce mécanisme
pourrait en outre permettre de comprendre une partie des fractionnements des
mo-lécules observées, mais cela implique que la substitution H/D ne puisse se produire
entre l’eau et les groupes fonctionnels méthyles de ces espèces. A ce titre là et pour
s’en assurer, nous avons donc choisis ces deux isotopologues deutérés plutôt que
d’autres (CH
3OD par exemple) pourtant plus en adéquation avec la problématique
de départ et du moins observés.
Enfin ce choix n’est pas génant puisque les résultats qui seront données dans ce
chapitre demeureront vraies quelque soit l’isotopomère deutéré du méthanol ou de
la méthylamine considéré.
3.1.1 Traitement spectral
Nos spectres infrarouges, obtenus par analyse Ir de glaces pures ou mélanges
mo-léculaires, dévoilent des bandes larges (∼300 cm
−1). Elles sont caractéristiques des
phases condensées présentant de nombreuses liaisons hydrogènes. Pis pour les
mé-langes de glaces en particulier, une forte congestion spectrale, résultat d’une
superpo-sition de plusieurs bandes, est parfois observée, sur les gammes de fréquence étudiée
(infrarouge moyen). La déconvolution des modes vibrationnels est par conséquent
extrêmement complexe. L’utilisation d’ajustement physique (gaussien par exemple)
est pour le moins périlleux.
En revanche la correction de la ligne de base est un traitement tout à fait
envisa-geable (cf Chapitre 2). Elle demeure indispensable lorsqu’il s’agit de mesurer des
3.1. Méthodes 61
intensités aux pics, des absorptions intégrées ou de comparer des bandes
vibration-nelles. Elle constitue de plus une solution palliative à l’isolation de certaines bandes
(ν
OD(HOD) par exemple), devant l’échec des traitements par ajustement.
Il devra être noté que les spectres infrarouges qui seront présentés tout au long de
ce chapitre, sont déjà corrigés de leurs lignes de bases, selon la méthode décrite au
Chapitre 2. Nous présentons, pour la première et dernière fois dans ce chapitre un
spectre brut avec sa ligne de base générée sous le logiciel IGOR (Fig. 3.1). Cette
ligne de base est ici utilisée pour isoler HOD (Fig.3.1).
!"#$!%&'( )*++ ),++ )-++ ).++ ))++ )/++ )+++ 0#1!$(234#&3("25'16/7 !"#$"%&'$ ( ./012 32 4562 78/196 62.2:9/811;6 78<= .>/192=78.59/81 !"#$!" %#&!' '#(# )#$'! &"%#*+,#&"%!" &"%#*-+,#&"%!"
Figure 3.1 – Spectre IR brut d’un mélange de glace CD
3OD :H
2O à 130 K, avec
une ligne de base en bleu permettant d’isoler le mode vibrationnel ν
OD(HOD) .
La sélection des points qui a permis l’interpolation et par lesquels passe la ligne
de base (spline cubique) est montrée. Nous pouvons observer sur la gamme de
fré-quence présentée de larges bandes superposées. Les différentes bandes infrarouges
sont également assignées mais cette attribution est davantage décrite dans les pages
suivantes de ce chapitre.
3.1.2 Des traceurs spectraux pour la cristallisation et les échanges
Afin de suivre les différents processus, échanges isotopiques et/ou cristallisation,
se produisant dans les différents films de glace étudiés, différents traceurs spectraux
sont utilisés. Ils sont rapidement présentés dans cette section.
3.1.2.1 Contrôle spectral de la cristallisation
Dans les expériences qui vont suivre, où des mélanges de glaces seront étudiés, la
glace d’eau est largement prédominante. En conséquence les caractéristiques
ther-Table 3.1 – Les modes vibrationnels observés de H
2O en phase condensée, ainsi
que leur largeur à mi-hauteur correspondante (FWHM).
Modes vibrationnels Fréquences des modes (cm
−1) FWHM (cm
−1)
ν
1,ν
3H
2O ∼3300 ∼300
ν
2H
2O ∼1700 ∼100
ν
LH
2O ∼830 ∼400
ν
2+ν
LH
2O ∼2250 ∼200
modynamiques et cinétiques de cristallisation des mélanges de glaces seront proches
de ceux de la glace H
2O pure. En particulier, il était attendu un comportement
spectral très voisin dans le cas de mélanges à faible concentration (quelques%), tels
que ceux étudiés par la suite.
La figure 3.2 décrit un spectre infrarouge typique d’une glace d’eau avec
at-tribution des principaux modes vibrationnels. La table 3.1 donne les fréquences
vibrationnelles associées à ces modes.
!"# !" !$# !$ ! # ! %&'()&*+,-. /# / "# " $# $ # 0(1&)-234(+3-'25,16$
7
!"# $%& '(")* !"#$% #&'()*$+$,(% -./ $( .01 23,45),4 67 !"#$ #$ 8"+9),3)%", -.: ; .<1 !"#$ #$ =5)34$ .: !"#$ #$ 5)9*3()", .< .0 >6:Figure3.2 – Spectre IR d’un film de glace d’eau pure déposé à 20 K. Nous observons
les bandes fondamentales ainsi que le mode externe de libration de la glace d’eau.
Une bande forte est observée vers 3300 cm
−1. Elle est due aux modes
intramo-léculaires de vibration d’étirement symétrique ν
1et antisymétrique ν
3. Un mode
externe de libration apparaît sous la forme d’une bande large avec une position au
pic vers 800 cm
−1(Fig. 3.2, Tab. 3.1). Les modes de librations correspondent à un
mouvement de rotation de la molécule autour de son centre de gravité. Dans le cas
de la glace d’eau, un mode est observé à basse fréquence (∼830 cm
−1) et implique le
3.1. Méthodes 63
mouvement d’au moins trois molécules d’eau. Ils sont causés par les oscillations des
moments dipolaires des molécules d’eau autour d’une des directions x, y ou z à
diffé-rentes fréquences dans des cônes d’angles variables (Amir,2003). De plus, la région
spectrale autour de 2300 cm
−1contient une combinaison de modes vibrationnels de
la glace d’eau,ν
2etν
L. Enfin la largeur des modes fondamentaux et la présence de
petites et étroites bandes vers 3650 cm
−1qui témoignent de liaisons libres OH dans
la glace (appelées aussi "dangling" OH), indiquent que la glace est amorphe.
Certains de ces modes vibrationnels sont particulièrement sensibles à la transition
amorphe-cristalline. Ils pourront par conséquent être utilisés pour suivre la
cristalli-sation de nos mélanges de glaces où l’eau est prédominante. Ces traceurs spectraux
sont :
• le mode de pliage ν
2(e.g.Schmitt et al. ,1992;Schmitt et al. ,1989)
• le mode de librationν
L(Hagen,1982)
• les modes d’étirementsν
1etν
3(Schmitt et al. ,1989)
Les figures 3.3et 3.4présentent brièvement les variations spectrales enregistrées
sur ces modes vibrationnels au cours de la transition amorphe cristalline de la glace
d’eau (cf AnnexeC).
Nous reviendrons plus en détail, dans une section ultérieure sur la sensibilité de
chacun de ces modes vibrationnels à la cristallisation mais aussi au changement de
phases métastables de la glace.
Néanmoins, il est à noter que le mode de libration et les modes d’étirements
sont les plus sensibles à la transition amorphe cristalline. De plus, dans les spectres
de mélanges CD
3OD :H
2O et CD
3ND
2:H
2O, tels que ceux étudiés au § 3.2.5.2,
ces modes présentent l’avantage, à contrario de la bande fondamentale ν
2, d’être
fortement découplés des autres modes vibrationnels (caractéristiques de CD
3OD ou
CD
3ND
2). De fait ils demeurent facilement isolables et surtout leur évolution
spec-trale ne peut être induite par les variations des autres modes vibrationnels. Ils nous
garantissent ainsi un contrôle sur et uniquement sur le processus de cristallisation.
En conséquence, le mode de libration ν
let les modes d’étirements ν
1et
ν
3ont été retenus comme traceurs privilégiés de ce processus.
3.1.2.2 Contrôle spectral de l’échange
Lorsque le processus d’échanges isotopiques, suivi par infrarouge, se déclenche
dans les mélanges de glaces CD
3OD :H
2O et CD
3ND
2:H
2O, spectroscopiquement
un nouveau mode vibrationnel apparaît autour de 2420 - 2440 cm
−1, pouvant se
décaler dans cette gamme de fréquence au fur et à mesure de l’échange. Ce mode,
correspondant à ν
OD(HOD)
1et caractéristique de l’espèce HOD, sera
par conséquent considéré, tout au long de ce chapitre, comme le traceur
privilégié des échanges isotopiques.
1. Pour un spectroscopiste, il n’existe stricto sensu que des modes normaux. Ici néanmoins, le mode vibrationnel d’étirement demeure fortement découplé en raison de m(D)
m(H) =2 (avec m(H) et m(D), les masses respectivement des atomes H et D).
0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 A b s o rb a n c e 2500 2000 1500 1000 500 Nombre d'ondes H2O pur T=110K - amorphe H2O pur T=140K - cristallin !"#$"#$%!&'()*(+!) !"#$"#$,-(*.# !"#$"#$-('/*0(!)
Figure 3.3 – Spectres IR d’un film de glace d’eau pure à 110 et 140 K. A 110 K
la glace d’eau est amorphe alors qu’à 140 K elle est cristalline. On observe la bande
fondamentale ν
2ainsi que les modes externes de libration et de combinaison de la
glace d’eau, avant et après la transition amorphe cristalline. A l’inverse des autres
modes, le mode de combinaison, quant à lui, est très peu sensible à cette transition.
!" !# !$ !% !& !' ! ()*+,)-./0 %" %$ %& % 1+2),0345+.40*36/27'8 !"# $%& '())*+ , -./&$01 !"# $%& '()2*+ , 3&456-7748 !"#$%"&'()*#+#,($
Figure 3.4 – Spectres IR d’un film de glace d’eau pure à 110K et 140 K. A 110 K la
glace d’eau est amorphe alors qu’à 140 K elle est cristalline. On observe les bandes
fondamentales ν
1et ν
3, avant et après la transition amorphe cristalline de la glace
d’eau.
3.1. Méthodes 65
La figure 3.5 dévoile un spectre infrarouge d’un mélange de glace CD
3OD :H
2O
centré sur le mode vibrationnelν
OD(HOD). Ce mode apparaît et croît au cours du
temps à 120 K.
0.16 0.14 0.12 0.10 0.08 0.06 0.04 0.02 0.00 A b s o rb a n c e d u m o d e vO D (H O D ) 2440 2430 2420 2410 2400 2390 Nombre d'ondes (cm-1) T=120K - t=6h T=120K - t=30h T=130K - t=90hFigure 3.5 – Spectre IR d’un mélange de glace CD
3OD :H
2O à 120 K centré sur
le mode vibrationnel ν
OD(HOD). On observe la croissance de ce mode au cours du
temps et à température fixe.
3.1.3 Traitement cinétique
Dans ce chapitre, avec le mélange de glace CD
3OD :H
2O, il sera exploré la
cinétique des échanges isotopiques H/D d’une part et de la cristallisation d’autre
part. Le but est d’extraire de l’analyse spectroscopique infrarouge de ce mélange,
les constantes de vitessek
exetk
cret l’énergie d’activationEade ces deux processus.
Dans ce but, plusieurs expériences infrarouges sur le mélange moléculaire CD
3OD :H
2O
ont été menées. La description de ces expériences sera faite ultérieurement, au §3.2.1.
Dans cette section, nous revenons simplement sur les méthodes employées pour
étu-dier la cinétique en phase condensée de ces différents mécanismes.
3.1.3.1 Traitement cinétique du premier ordre des échanges
Nous donnons premièrement le traitement cinétique associé aux échanges H/D.
Cinétique chimique de la réaction entre H
2O et CD
3OD
Les échanges H/D sont observés dans un mélange de glace CD
3OD :H
2O. Il se
produit alors la réaction non réversible :
CD
3OD + H
2O
kex−−→CD
3OH + HOD (3.1)
avec k
ex, la constante de vitesse de la réaction 3.26, définie ici en s
−1.
Nous avons considéré (hypothèse) qu’aux températures d’étude la réaction inverse
entre CD
3OH et HOD, autrement dit la deutération de CD
3OH est statistiquement
improbable dans nos conditions expérimentales. Ces deux espèces sont en effet
ré-parties de manières aléatoires dans une matrice de glace d’eau en large excès. En
conséquence HOD transférera préférentiellement son deutérium à l’eau, qui diffusera
ultérieurement au travers de la glace H
2O. La loi de vitesse de la réaction 3.26, qui
lie la vitesse et les quantités de réactifs et produits présents dans le système, peut
s’écrire dans ce cas :
v= d(X
HOD)
dt =−d(X
CD3OD)
dt (3.2)
ou encore
v=k
ex(XH2O)
a(X
CD3OD)
b(3.3)
X
HODreprésentant la fraction molaire en HOD dans le mélange, X
CD3ODet
X
H2Oreprésentant respectivement les fractions molaires en CD
3OD et H
2O. a etb
sont respectivement les ordres partiels par rapport à l’eau et au méthanol deutéré
Dans notre mélange, un des réactifs (ici H
2O) est en large excès (∼98% d’eau
dans le mélange) et par conséquent sa concentration au cours du temps demeure
pratiquement constante. En conséquence, la méthode d’isolement d’Ostwald (dite de
dégénérescence de l’ordre) peut être appliquée. La loi de vitesse précédente (eq. 3.3)
peut donc être réécrite comme s’en suit :
v=k
ex(X
H2O)
a0(X
CD3OD)
b(3.4)
v=k
′(X
CD3OD)
b(3.5)
k
′=k
ex(X
H2O)
a0(3.6)
avec k
′, la constante de vitesse apparente.
De plus, puisque la fraction molaire initiale en eau dans le mélange est proche
de 1, nous en déduisons la relation d’équivalence suivante :
k
′∼k
ex(3.7)
Nous devons alors supposer un ordre global b. Ici, nous avons premièrement
présumé que la destruction du méthanol deutéré suit une simple loi de vitesse d’ordre
1, autrement dit que b=1. De là, nous obtenons la relation ci-dessous :
−d(X
CD3OD)
3.1. Méthodes 67
qui par intégration conduit à
(X
CD3OD)
t= (X
CD3OD)
t=0×exp(−k
ex×t) (3.9)
(X
CD3OD)
t=0représente la fraction molaire initiale de CD
3OD dans le mélange
de glaces et (X
CD3OD)
tdécrit la fraction molaire de CD
3OD à l’instant t dans le
mélange de glaces.
De plus, au cours de la réaction entre l’eau et le méthanol deutéré, à tout instant
t, il y’a conservation de la matière :
(X
CD3OD)
t+ (X
HOD)
t= (X
CD3OD)
t=0(3.10)
(X
HOD)
tconstitue la fraction molaire en HOD à l’instant tdans le mélange de
glaces.
(X
HOD)
t= (X
CD3OD)
t=0×(1−exp(−k
ex×t)) (3.11)
Nous devons alors confronter les résultats expérimentaux à la loi de vitesse
ob-tenue après intégration. S’ils s’accordent, l’hypothèse d’une réaction pseudo d’ordre
1 est pertinente.
Extraction de la constante de vitesse k
exà partir des mesures infrarouges
La méthode est basée sur l’évolution spectroscopique, à la température d’étude
et au cours du temps, du mode vibrationnel ν
OD(HOD) (∼2420 cm
−1), traceur des
échanges H/D dans le mélange de glaces CD
3OD :H
2O.
Premièrement, l’absorbance intégrée de ce mode est directement proportionnelle à
la fraction molaire en HOD. En effet, les densités de colonne des molécules dans un
solide sont données par l’équation suivante (Watanabe & Kouchi,2008) :
N = cosθ
2ξ
Z
A
νdν (3.12)
N représente la densité de colonne (molécules cm
−2),θest l’angle d’incidence du
rayon infrarouge,ξ correspond au coefficient d’absorption intégré (molécules.cm
−1)
etA est l’absorbance.
Nous devons par conséquent intégrer cette bande d’absorption en nombre d’ondes
et au cours du temps. L’incertitude résultante de l’intégration de la bande infrarouge
ν
OD(HOD) est négligeable.
En revanche, la correction de la ligne de base génère une erreur importante quant à
la valeur de l’absorbance intégrée de ν
OD(HOD). Cette erreur doit par conséquent
être considérée dans notre étude.
En effet l’absorbance intégrée d’une bande peut en effet être significativement altérée
selon la ligne de base considérée. Dans l’optique d’identifier cette erreur, plusieurs
corrections particulières de lignes de base ont été produites. Les intégrations
résul-tantes sont notées respectivement A
pavec p variant de 1 à n et n représentant le
nombres de correction. Pour chaque temps d’acquisition, une moyenne de toutes ces
absorbances intégrées est déterminée et notée A
moy(t):
A
moy(t) = 1
n ×
nX
p=1A
p(t) (3.13)
Cette absorbance intégrée moyenne est adoptée pour représenter l’absorbance
intégrée du mode vibrationnel ν
OD(HOD). Nous choisissons de donner son
incerti-tude à chaque temps, par la valeur maximale de |A
moy(t)−A
p(t)|(Fig. 3.6). Nous
aurions pu prendre l’erreur type d’une moyenne, donnée par :
σ
√
n (3.14)
où σ représente l’écart type et n la population (ici, l’ensemble des absorbances
intégrées calculées pour un t donné)
mais il semble judicieux de faire ainsi compte tenue de la forte dispersion des points,
observée d’une correction de ligne de base à l’autre ou même entre les points d’une
même correction. La figure 3.6 montre que l’erreur n’est pas surestimée de cette
manière.
En résumé, une absorbance intégrée moyenne deν
OD(HOD) avec sa barre
d’er-reur est déterminée à chaque temps d’acquisition, et son évolution au cours de
l’expérience est directement proportionnelle à l’évolution de la fraction molaire en
HOD dans le mélange de glace CD
3OD :H
2O.
D’autre part, nous avons également pris en compte la dispersion des points de
mesure de l’absorbance intégrée de ν
OD(HOD) pour la dernière acquisition
expé-rimentale àt=t
max. Pour ce temps, l’absorbance intégrée deν
OD(HOD) sera notée
A
moy(t
max). Cette dispersion est liée :
• aux erreurs sur les absorbances intégrées.
• mais également à la durée d’étude. En effet, au terme de l’expérience, les
échanges isotopiques ne sont pas complètement achevés. Autrement dit, si
le temps total expérimental avait été plus long, l’absorbance intégrée de la
bande caractéristique de l’espèce HOD aurait continué à croître légèrement
(A
moy(t
max)≃A
moy(t
∞)) .
Pour obtenir des données homogènes et comparables entre elles, elles doivent
être normalisées. Dans ce but, nous définissons une fraction notée, f(t). Elle est
calculée de la manière suivante :
f(t) = A
moy(t)
A
moy(t
max) (3.15)
A partir des équations 3.11 et 3.12, nous pouvons écrire f(t)sous la forme (à
la condition certes que la fraction suive effectivement une loi de vitesse d’ordre 1) :
f(t) = 1−exp(−k
ex×(t−t
0)) (3.16)
avec k
ex, la constante de vitesse de l’échange.
A partir de l’equation 3.2.1, un ajustement de la fraction en fonction du temps
est donc généré sous le logiciel Igor. L’ajustement s’appuie sur la méthode des
3.1. Méthodes 69
!" !# !$ ! %&'()&*+,-./+012)1-.34.5'3-.6/&)*0/'++-7.6 89 .:;89< $!#=$ > $! !? !> !@ !# ! 0-5A(.:(< .*&(')&*+,-./+012)1-.:%$< .*&(')&*+,-./+012)1-.:%#<. .*&(')&*+,-./+012)1-.:%"<. .*&(')&*+,-./+012)1-.:%@<.*&(')&*+,-./+012)1-.5'B-++-Figure 3.6 – Variation de plusieurs absorbances intégrées du mode vibrationnel
ν
OD(HOD) à 130 K et au cours du temps. Ces différentes absorbances intégrées
sont le résultat de corrections de lignes de base différentes. Pour chaque temps
d’acquisition, une moyenne de toutes ces absorbances intégrées, indiquée par un
carré rouge, est calculée. Cette absorbance intégrée moyenne avec sa barre d’erreur
est choisie pour représenter l’absorbance intégrée du mode vibrationnelν
OD(HOD).
moindres carrés, en tenant compte des barres d’erreurs de chaque points de
me-sure. Cette méthode consiste à minimiser le χ
2:
χ
2=X
i
(f−f
iσ
i)
2
(3.17)
f
iest la valeur mesurée,f est la valeur ajustée pour la mesuref
i,σ
iest l’erreur
de la mesure f
iet
1σ2
i