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Crises électriques et désunion des nations : les voies de la politisation

Les chapitres précédents se sont attachés à mettre en évidence l’une des modalités essentielles de la manifestation des crises énergétiques : les pénuries et les coupures d’alimentation qui, de manière régulière ou imprévue, rompent l’organisation de la vie urbaine et perturbent ses rythmes, voire la font basculer dans un tout autre fonctionnement. L’objectif de ce chapitre est de revenir sur les conséquences de ces crises, de ces rationnements programmés ou non : en particulier, on montrera comment elles interrogent l’unité nationale et l’image de l’Etat comme symbole et garant de cette unité. Mais le propos vise aussi à montrer comment leurs manifestations concrètes et leurs conséquences nourrissent la politisation de ces crises énergétiques, renforçant leur perception mais aussi conduisant à leur problématisation et à leur émergence comme question publique. Un certain nombre de problématisations particulières de ces crises, portées par divers acteurs socio-politiques en vue de mettre sur l’agenda des politiques publiques spécifiques, seront examinés dans les chapitres suivants. Il s’agit plutôt ici, en partant d’éléments du discours médiatique collectés au fil de la veille sur ces sujets – notamment de caricatures – d’illustrer une mise en politique et une contestation de l’Etat plus réactive que porteuse de contre-projet. Ces crises infrastructurelles chroniques, relativement sous-étudiées, sont en effet profondément politiques et à travers leurs manifestations, elles révèlent les hiérarchies sociales et les relations de pouvoir qui structurent la société (McFarlane, 2010).

Le chapitre se divise en deux temps : d’abord, il s’agit de revenir sur l’émergence de discours politiques critiques qui, à partir de la contestation des effets des crises énergétiques, remettent en cause l’Etat comme garant de la cohésion nationale. En analysant ces mobilisations, on verra aussi qu’elles révèlent des jeux politiques qui enrôlent l’enjeu énergétique et la puissance que lui donne le fait de structurer la vie urbaine au service de stratégies de conquête et de construction du pouvoir au sein de l’Etat ou contre lui. Dans un deuxième temps, une lecture spatiale de ces crises énergétiques révèle des inégalités socio-territoriales multiformes, qui contribuent à la reproduction voire à l’accentuation des clivages politiques. La politisation des enjeux énergétiques doit être ainsi être pensée de manière spatialisée.

L’unité nationale ébranlée

L’énergie, et plus particulièrement l’électricité, ont été utilisées par les Etats en construction comme moyens de légitimation politique, tout en contribuant à l’intégration nationale par la promotion d’une communauté de pratiques et d’horizon. Dans la mesure où le travail sur les représentations est

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une dimension essentielle de cette dynamique, partir de caricatures qui mettent en scène l’obscurité et raillent à travers elle l’inefficacité de l’Etat, de ses institutions et de ses servants est « éclairant ». C’est l’occasion de souligner en contrepoint les peurs que révèle cette mise en échec.

Les métaphores de l’obscurité

Deux caricatures glanées au cours de mes revues de presse et d’internet traitent cet enjeu de la coupure de courant. La première, sans titre, consacrée au Liban, appartient à un corpus beaucoup plus large de caricatures moquant les coupures électriques. Dans ce corpus, deux grands motifs sont en général privilégiés : le premier représente une ou des ampoule(s) éteinte(s) sur fond d’obscurité. D’autres, un peu moins fréquentes, dont celle-là, illustrent la coupure de courant par les chandelles que, pendant la guerre, beaucoup de Libanais utilisaient. Si cette pratique a un peu disparu (même si les Libanais ont encore tous des bougies à portée de main pour le cas où le générateur électrique de substitution ne s’enclenche pas), sa force politique réside à la fois dans le symbole du retour en arrière, dans le passé, à l’époque pré-électrique, et dans la fragilité de la flamme, à la merci de tous les courants d’air. Très souvent, ces caricatures mettent en scène, sous cet éclairage déficient, des politiciens dont l’inaction pour résoudre la crise électrique est ainsi stigmatisée : ainsi, plusieurs caricatures montrent le conseil des ministres agité par une interminable discussion de marchands de tapis, éclairés à la bougie, parfois totalement consumée.

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La présente caricature, dessinée par Abdelhalim Hammoud pour un organe de presse proche du Hezbollah (Al Ahad News), appartient pleinement à cet ensemble mais en transformant le Liban entier en bougie dont la cire fond, menaçant de faire disparaître le pays lui-même, elle déplace la question de la responsabilité du gouvernement à l’existence même de la nation : le temps n’est plus aux polémiques, le pays s’embrase et perd consistance dans le même mouvement. Au-delà de l’Etat, c’est donc le pays et sa collectivité humaine qui, minés par les conflits internes et en butte à l’hostilité des voisins ou de puissances extérieures, sont menacés de ne plus exister. On ne saurait mieux exprimer cette idée que c’est l’électricité qui fait tenir le Liban moderne.

La Tunisie, touchée à deux reprises ces dernières années par des coupures spectaculaires et traumatisantes, dans un contexte politique postrévolutionnaire lourd d’incertitude, offre une autre illustration des peurs que suscite l’obscurité. Le contexte est plus précisément le blackout du 31 aout 2014 qui a plongé Tunis et une bonne partie de la Tunisie dans le noir pour plus de deux heures (cf. chapitre 2 pour une analyse de ses causes). Le pays, alors en pleine campagne pour les élections législatives, sort d’une période politiquement traumatisante. Les islamistes vainqueurs des élections de 2011 ont suscité beaucoup de déceptions. Le pays vit dans la hantise de basculer dans l’anarchie comme le voisin libyen ou comme la Syrie. Des groupes jihadistes défient les forces de l’ordre, tandis que de nombreux jeunes s’engagent chaque jour pour aller combattre sous les bannières du jihadisme international. Les assassinats de deux figures de l’opposition de gauche, non résolus, laissent penser à une connivence entre ces éléments de la contestation jihadiste violente et le parti En Nahda, qui a dû accepter la formation d’un gouvernement de technocrates en attendant les élections. Mais la presse « progressiste », ici francophone (Le Temps), craint leur retour au pouvoir à l’issue des élections.

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Pour être d’une facture graphique moins séduisante que la précédente, cette caricature dans Le Temps, procède tout autant qu’elle à une construction du sens politique de l’obscurité pour les classes « progressistes » tunisiennes. La Tunisie (dont on voit émerger le cap Bon en guise de nez) dans sa cabine d’essayage rend sa burqa, noir symbole de l’obscurité (et de l’obscurantisme) et veut la troquer pour une robe d’été, et fort courte. La vendeuse s’éclaire à la bougie ; au bas de la scène, le bras d’un pauvre affamé serre sa baguette de pain, et suggère la ruine du pays et de l’économie. Dans le même journal, le même jour, une chronique humoristique illustre les craintes suscitées par cette panne, en particulier l’idée qu’elle résulte d’une attaque terroriste visant à plonger le pays dans le chaos. Elle ajoute un élément supplémentaire à ces angoisses : la trahison potentielle des « Stéguistes », les agents de la STEG qui, dans cette période, enchainaient les manifestations et les grèves contre la loi de promotion de l’énergie renouvelable ouvrant le secteur à l’investissement privé. Les rumeurs vont bon train et voient dans le blackout une action des agents dans le cadre de cette action. Trahison, aux yeux du public, car la STEG incarne justement la lumière comme cela a été souligné plus haut. Mes recherches ne m’ont pas permis d’identifier de caricature équivalente sur cet événement dans le journal Achchourouk lié au parti islamiste Ennahda43. On peut douter que ses partisans se fassent une vision aussi outrancière de la menace qui pèse sur la Tunisie. Mais on peut affirmer sans crainte de se tromper que l’attachement à un service public de l’électricité fonctionnel y est partagé et que sa déstructuration serait perçue dans ces milieux comme une régression socio-économique44.

Encadré 4-1 : « Angoisses «obscurantistes». Babils autour d’une panne électrique. Chronique de Badreddine Benhendra pour Le Temps, le 2/9/2014

Dimanche dernier, constatant que la coupure d’électricité allait encore se prolonger au-delà de vingt heures, et que nous n’avions que de petits bouts de bougies, nous sortîmes en acheter dans l’une des nombreuses épiceries du quartier. Malheureusement, il n’y en avait plus dans aucun commerce du coin, ni dans des magasins un peu plus éloignés. D’après les marchands, les chandelles manquent sur le marché ! A quoi était due la pénurie ? Ils n’en savaient rien ! Nous rentrâmes donc bredouilles au moment où le courant fut rétabli. Cela ne nous empêcha pas de nous poser des questions et sur la panne « nationale » et sur la pénurie de bougies. En ce qui concerne la coupure de l’électricité, elle nous a donné un avant-goût des ténèbres dans lesquelles certains ennemis de la lumière tiennent à nous replonger. Nous espérons que nous n’étions pas les seuls à éprouver l’angoisse de voir la Tunisie éclairée tomber aux mains des obscurantistes. C’est dans pareilles situations concrètes qu’on mesure l’importance vitale de la lumière : que l’on imagine les Tunisiens sans électricité et sans bougies durant

43 En revanche, l’été précédent, le célèbre caricaturiste algérien Ali Dilem jouait lui aussi sur la correspondance entre l’islamisme et les coupures d’électricité. Son dessin représente, à la fin d’un Ramadan estival difficile, notamment à cause des coupures électriques chroniques en Algérie, des touristes algériens arrivant à la frontière tunisienne qui demandent : « vous avez du courant ? ». Et un barbu de répondre : « oui, le courant salafiste ». Voir Eric Verdeil, Eté électrique, Rumor, le 27/8/2012. En ligne : http://rumor.hypotheses.org/2697.

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L’électorat d’EnNahda se recrute davantage dans le sud du pays et appartient aux classes moyennes, sans rupture franche avec les classes populaires (Gana, Hamme, Rebah, 2012). Pour certains commentateurs, la majorité de la main d’œuvre de la STEG est acquise au Parti islamiste.

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une semaine ou un mois. Les voisins qui, dimanche soir, saluèrent par des youyous et des hourras le rétablissement du courant ont bien raison de manifester aussi bruyamment leur joie, parce qu’un Tunisien digne de cette nationalité, ne supporte pas le retour aux temps sombres des cavernes.

Nostalgie

Hélas, il existe parmi nous des nostalgiques de ces nuits du temps, qui ne se contentent pas d’en souhaiter la résurrection, mais qui tiennent aussi à faire partager leurs goûts passéistes par le reste de leurs compatriotes, voire par l’humanité entière. Les prédicateurs fondamentalistes et leurs disciples jihadistes font de leur mieux, depuis quelques années et à la faveur de l’instabilité politique et sécuritaire successives aux révolutions du « Printemps arabe, pour diffuser leurs vues anachroniques et persuader leurs ouailles que celles-ci se conforment strictement à l’esprit de l’Islam authentique. Et le venin de donner très vite son effet parmi des milliers de jeunes dans chaque contrée arabe. Sur le terrain, cela donne des esprits bornés, imperméables à la tolérance, incapables de rationalité ; cela donne aussi de plus en plus de filles entièrement voilées et de barbus à la mode talibane qui revendiquent la supériorité de l’homme sur la femme, qui manifestent contre le Code du Statut Personnel, qui maudissent Bourguiba pour sa promulgation et dénoncent toute velléité d’émancipation féminine au sein de la famille et de la société. L’Occident dont ils exploitent les inventions et découvertes est perçu par eux comme le monde impie et dénué de valeurs morales. Les autres religions sont présentées comme inférieures à la leur. Bref, ils prônent un attachement exclusif à la Tradition et bannissent ce qui, de près ou de loin, sent la réforme, l’innovation et la modernité.

Scénario terrifiant

Revenons un peu à nos bougies : où sont-elles passées justement ? Ce ne sont tout de même pas les familiers des mausolées de marabouts qui en ont vidé les boutiques de commerçants, ni non plus les participants aux sit-in nocturnes, ni les familles qui fêtent mariages ou circoncisions ! A moins que là aussi les terroristes ne soient derrière la pénurie : la bougie leur est diversement utile dans leurs campements sylvestres et sous leurs tentes sahariennes. Que nous laissent-il en cas de coupure de courant : des fumigènes pétaradants qui tous les soirs troublent notre sommeil et terrorisent nos enfants. Un peu pour nous dire préparez-vous à l’ambiance des guerres, à la vie dans le noir de jour comme de nuit, à la pénurie de tout, et en particulier à l’absence de lumière aussi blafarde soit-elle ! A la STEG, il paraît que quelqu’un s’est amusé à anticiper ce scénario terrifiant ; c’est du moins la première version donnée pour expliquer la coupure de courant sur l’ensemble du territoire ! Ah bon ! Il y a donc des gens que ça amuse de voir les autres patauger dans l’obscurité ! Oui, c’est plausible, même si l’argument invoqué n’a convaincu presque personne ! Hier lundi, le directeur général adjoint de la STEG a fourni une explication différente : une panne technique dans le réseau du Sahel serait à l’origine de la coupure d’électricité. Qui sait si l’enquête diligentée par le chef du Gouvernement n’apportera pas de nouveaux éléments qui infirmeront ces deux versions ; Ainsi les Tunisiens n’auront peut-être aucun « éclairage » définitif sur cette panne grave. Comme toujours quoi, dans les grandes affaires ténébreuses de ce genre !

Tuyaux lumineux

C’est d’ailleurs ce qui a autorisé plus d’un citoyen à donner sa version des causes de l’accident. En effet, dimanche dernier, chacun y alla de sa révélation : tout le monde avait son informateur haut placé à la STEG, sinon un expert-technicien au fait des pannes suspectes qui ont daigné apporter « toute la lumière » sur l’étrange coupure de courant. Ce serait pour les uns un coup « syndicaliste » pour faire pression sur la direction de leur société et sur le Gouvernement à propos d’un projet de privatisation très controversé. Selon d’autres, la panne serait due à une attaque armée contre une centrale électrique du Sud tunisien. Une troisième explication impute l’accident à des actes de

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vandalisme ; tandis qu’une quatrième variante en fait porter le chapeau à des agents incompétents de la STEG. Nous n’avons pas eu le temps d’enregistrer d’autres interprétations ; mais dimanche soir et lundi matin, nous eûmes de quoi meubler nos discussions et de quoi remplir les colonnes de nos journaux ! Merci à la STEG et à ses « tuyaux » lumineux !

Cette mise en parallèle entre la Tunisie et le Liban n’est pas un simple hasard de lecture : une éditorialiste tunisienne l’établissait elle-même, dès avril 2011, quelques mois après le début de la révolution tunisienne, alors que la presse rapportait les difficultés de la STEG à collecter les factures électriques (près de 25% des échéances étaient alors en retard). Cette journaliste agitait comme un chiffon rouge la situation de pénurie électrique du Liban et implorait que toutes les mesures soient prises pour éviter un tel destin à la Tunisie, tout en soulignant à quel point l’électricité, et la STEG, représentent aux yeux des Tunisiens un acquis de la construction de l’Etat indépendant :

« Au Liban, les consommateurs n’ont droit qu’à 4 à 12 heures d’électricité par jour. Bien avant que les délestages n’atteignent ces niveaux, notre société se scindera en deux : ceux qui auront les moyens de s’acheter des générateurs individuels et ceux qui n’auront pas d’autre choix que de réapprendre à s’éclairer à la bougie et de voir les aliments s’abimer dans leurs réfrigérateurs. […]

L’électricité 24 heures sur 24, sept jours sur sept, sur la quasi-totalité du territoire est un des acquis les plus importants de la Tunisie indépendante. Si la plus grande vigilance n’est pas exercée pour le protéger, l’espoir des jeunes Tunisiens «de voir la Tunisie de demain dans un meilleur état que la Tunisie d’hier» ne tardera pas à se briser. Lénine a eu raison, au moins à moitié, de penser que «l’électrification et les soviets étaient les piliers du socialisme». Nous aimerions tous vivre la démocratie non pas dans l’obscurité, mais dans la lumière éclatante à laquelle la Steg nous a habitués depuis sa création. » (Moalla-Fetini, Rakia. 2011. « L’électricité 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Un grand acquis national est en danger ». La Presse de Tunisie. avril 18. http://www.lapresse.tn/17042011/27217/lelectricite-24-heures-sur-24-et-sept-jours-sur-sept.html.

)

Cette citation construit non seulement un pont direct entre les expériences libanaises et tunisiennes mais tisse aussi un lien entre ce chapitre et le premier consacré à l’électrification. De fait, les mots mêmes de Rakia Moalla-Fetini, liant l’unité du territoire et de la nation post-indépendance à l’opérateur électrique national et évoquant son œuvre d’électrification comme un « acquis », évoque les propos d’Alain Nadaï et Olivier Labussière selon qui

« les politiques de l’énergie sont insérées dans la construction de "communs énergétiques nationaux" au sens d'un actif national composé des infrastructures énergétiques, des opérateurs historiques, de la progressive construction des choix et des modes de

contractualisation auprès des consommateurs/usagers, le tout constituant des éléments d'un sentier de croissance voire d'une identité nationale" (Nadaï, Labussière, 2015, p. 71).

Du Liban à la Tunisie, les coupures d’électricité alimentent l’imagination des dessinateurs et, au-delà, font parler les sociétés arabes de leurs angoisses. Alors qu’apporter la lumière électrique, ce projet

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d’Etat, a été une manière de construire et d’unifier des nations fragiles, l’obscurité fait revenir sur le devant de la scène les menaces de délitement et élargit les failles du corps social et politique.

La politisation des crises électriques (Liban/Egypte)

Alors que ces représentations des crises énergétiques soulignent que pour beaucoup d’habitants, l’électricité et plus largement les énergies modernes constituent des « communs énergétiques nationaux », les débats qui se nouent autour des pénuries électriques contribuent à politiser ces crises et à les placer aux cœurs des enjeux nationaux. Par là même, ils mettent en évidence les désaccords et les divisions politiques à ce sujet. Plus encore, ces débats placent l’électricité et l’énergie au cœur de la compétition politique, comme un moyen de construire une légitimité – apparaître comme l’homme ou le parti grâce à qui la lumière est revenue – ou à l’inverse, comme une menace de la perdre. Cette politisation des enjeux, qui va être détaillée à travers deux exemples pris dans l’actualité politique récente au Liban et en Egypte, apparaît en même temps comme une forme de confiscation du débat par les élites politiques traditionnelles et ne donne pas naissance à l’émergence d’acteurs politiques alternatifs – on y reviendra aussi à la fin de ce travail.

La politisation en trompe l’œil de la crise électrique libanaise sous la gestion de Gebran Bassil

Face à la crise électrique que connaît le Liban à la fin des années 2000, le parti du Courant patriotique libre du général Michel Aoun, qui rentre dans le gouvernement d’union nationale en 2008, se fait fort de mettre fin à l’incurie et de mettre en place des solutions pragmatiques. Deux ministres sont successivement en charge du dossier : d’abord l’industriel Alain Tabourian, puis l’ingénieur et homme d’affaire Gebran Bassil, neveu du général. Le premier prend des positions très peu consensuelles auprès des milieux d’affaire, en refusant toute idée de privatisation. Par ailleurs, il avance l’idée d’une génération électrique au charbon, à l’encontre des projets qui tablent sur le gaz. Assez rapidement désavoué, il cède le ministère dès le premier remaniement. Bénéficiant d’une faible